Chapitre 6 - Partie 1
Chapitre 6 – Kaze ni Naru
Rouge s'affale nonchalamment sur un fauteuil, plaquant ses mains contre son visage. Son visage est tiré de toute part par la panique. Je reste là, un sourire penaud sur mon visage. Je racle doucement ma gorge. Elle semble exténuée et complètement désemparée. Je tente de trouver un regard de soutient de la part de Luffy, mais celui-ci a l'air tout aussi affolé que sa mère. Il grimace et s'agite. Mes doigts s'enroulent entre eux encore et encore. Leurs émotions sont contagieuses. Je me frotte lourdement les yeux avant de me rapprocher de Rouge.
- Rouge, commencé-je. Tu devrais te poser et réfléchir. Je suis sûre que tu finiras par la trouver, ta robe de marier, terminé-je avec un sourire calqué sur un regard rempli de compassion.
- Oui. (elle se redresse et replace gracieusement ses cheveux derrière ses épaules) Je vais en essayer encore quelques-unes et si je ne trouve pas, j'aviserai avec une autre boutique.
Elle retourne en cabine, intimant à l'assistant de rapporter trois autres robes. Celui-ci affiche une moue gêné, puis une grimace vient traverser son visage lorsque Rouge se cache derrière les rideaux. Je l'observe s'éloigner, cherchant de nouveau modèle, se perdant parmi les nombreuses robes de qualités. Je retiens un sourire en comprenant que garder une cliente de l'importance de Rouge pourrait être un ressort pour la vente du magasin. La perdre serait alors un échec. La robe qu'elle portait lui collait sensuellement au corps, traçant ses courbes parfaites. Elle était faite d'un tissu semblable à la soie, ornée de petites perles formant des arabesques. Je sautille jusqu'à me rasseoir sur un siège mit au préalable à cet endroit. Je fixe Luffy sans réellement le cacher. Il croise mon regard.
- Tu pourrais complimenter ta mère... soupiré-je.
- Eh j'suis pas un pro de la mode, ok ? dit-il la voix tremblante.
- (je ne peux m'empêche de laisser un rire franchir mes lèvres) Calme-toi, elle ne va pas t'en vouloir. Tu as déjà accepté de venir, c'est déjà ça.
- Oui, mais je me suis senti obligé de venir, m'explique-t-il. J'avais le sentiment que je devais me faire pardonner.
- Te faire pardonner de quoi ?
- Ren... continue-t-il d'une voix suppliante. J'ai loupé les derniers examens, et vue que ça fait plusieurs échecs d'affiler, je dois faire une punition. Elle est à rendre pour la semaine prochaine et je n'ai fait que la moitié. Je n'y arrive pas. Reeeeeeeen...
Coupé dans un élan non dissimulé, Luffy se tait lorsque sa mère refait apparition dans le salon du magasin. La robe qu'elle porte est semblable à la précédente ; seul détail, un voile couvre élégamment la partie basse de la robe, à partir du bassin. Cependant, lorsqu'elle se regarde dans le miroir, son visage semble encore plus tiré par la déception. Ses joues prennent une affreuse teinte rouge. Le vendeur, se reculant doucement, doit sentir l'ouragan qui se prépare.
- Non, toujours pas, annonce-t-elle fermement avant de retourner dans la cabine d'essayage.
En fixant le style incalculable de robes, une idée me vient. Mes yeux se posent sur l'une d'elles, derrière moi. Typiquement le contraire de celles qu'elle essaye depuis le début. Une forme bustier, parsemé de détails gracieux, s'évasant sur une jupe un peu plus ample recouvert de plusieurs voiles. Le bustier épouserait parfaitement sa taille et sa poitrine et le bas ample ferait plus « robe de mariée ». Sans la quitter des yeux, j'interpelle l'assistant qui se presse de m'écouter.
- Vous pourriez lui apporter ce modèle, s'il vous plaît ? dis-je tout en pointant le vêtement.
Sans sourciller, il retire le mannequin servant d'exposition et vient glisser son bras entre les deux rideaux, en prenant soin de ne pas la froisser, ni la salir. Luffy me regarde, les sourcils redressés, complètement incrédule. Je lève innocemment les épaules, lui offrant un sourire.
- La demoiselle a insisté pour que vous la portiez.
Rouge ne semble pas broncher. Nous observons les rideaux onduler en fonction de ses gestes. Puis, elle balaye ceux-ci d'un revers de la main. Ses longs cheveux ondulés tombent sur sa poitrine, cachée par ce bustier blanc orné de perles méticuleusement placées. Comme je l'avais pensé, la forme de cette robe lui marque la taille. Ses jambes sont cachées dans cette jupe que je trouve maintenant légèrement trop longue. Lorsque son regard rencontre son reflet, son visage se métamorphose ; ses traits se radoucissent instantanément pour laisser place à des yeux ronds, dont une lueur pétillante s'échappe. Je perçois même un léger sourire étirer ses lèvres. Elle s'observe, se tourne, lentement, se dévisageant de haut en bas.
- C'est... Beaucoup mieux, dit-elle tout en se contemplant. Ren, c'est toi qui as eu l'idée ?
- Oui, ricané-je doucement. Je me suis basée sur ce que j'aurais voulu pour le mien... hésité-je à aborder.
- Oh, je vois... En tous cas c'est... (elle se mordille la lèvre inférieure) Parfait. Je pense que je vais prendre dans ce style... (elle se retourne vers nous, un grand sourire sur le visage) Luffy, qu'en penses-tu ?
- J'en pense que le style princesse te va très bien, rit-il.
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Quelques jours sont passés depuis les essayages de Rouge. Finalement, après maintes heures à enlever et remettre des robes, sans arrêt, son choix s'est volontairement porté sur une robe, définie comme ayant un style « princesse ». D'ailleurs, en y repensant, elle m'a pleinement remercié de l'avoir aidé à dégoter une solution comme celle-là ; il faut également dire que j'en suis timidement fière. Le fait d'avoir aidé une impératrice de la mode à trouver sa tenue m'a fait retrouver le sourire, malgré ma blessure à la cheville.
Celle-ci s'est notamment atténuée, j'arrive même à marcher quelques heure sans l'utilisation perpétuelle des béquilles ; l'air de rien, cette situation est plutôt plaisante. Je n'ai presque plus besoin de ces deux bâtons encombrants de chaque côté de mon corps. La blessure était peut être superficielle, mais demandait tout de même un temps de réhabilitation non négligeable.
Pendant que les pensées affluent ma tête, la classe semble s'agiter quelque peu à l'entente d'une annonce de mademoiselle Nico, notre professeure principale. Bien que mes rêveries m'ont parues un peu plus intéressantes, mon attention se porte instinctivement vers l'enseignante ; peut être est-ce le bruit ambiant, qui semble s'élever, qui m'a permis de me reconnecter à la réalité.
Notre professeure est légèrement penchée contre le bureau, faisant directement face à la salle de classe. Elle tient un stylo entre ses doigts, comme prête à noter quelques inscriptions contre le tableau. Machinalement, j'observe les élèves, certains pointant leur doigt vers le haut. Je me mets à papillonner frénétiquement des yeux ; que se passe-t-il ? Mon nez s'amuse à parcourir toutes les directions possibles et inimaginables de la classe, personne ne croise mon regard perdu. Les informations se présentent à mes oreilles, mais elles ne semblent pas vouloir entendre les alentours.
Mon regard croise très vite celui de Vivi, qui a l'air particulièrement divertie à me regarder fureter la salle sans comprendre un moindre instant. Un léger rire timide traverse ses lèvres dans une mélodie aiguë. Je la vois faire rouler son crayon entre deux doigts de sa main, habilement, une main posée contre sa joue.
Bon, il faut peut être avouer que je n'ai pas réellement cherché à comprendre ce que nous allions faire dans ce cours... Il s'agit d'une heure, dans la semaine, où les élèves peuvent faire des requêtes aux professeurs, discuter de la vie au sein du lycée, des difficultés rencontrées, et même proposer un palmarès d'activités à prévoir. Mais à l'inverse, les enseignants peuvent également évoquer certaines attitudes déplaisantes, ou encore le programme d'évaluations de la semaine qui suit, engager le sujet complexe des devoirs pendant les vacances d'été -qui arrivent très prochainement, d'ailleurs. Cette heure est censée rapprocher les deux générations ; les faire interagir, les écouter, prendre en note...
Apparemment, je viens encore une fois de me perdre dans les méandres de mes réflexions... Vivi fronce gentiment les sourcils, tout en étirant les lèvres. Le jeu machinal qu'elle était en train d'exercer sur le crayon semble arrêté depuis quelques petites minutes déjà.
- Allô la terre, ici Nefertari Vivi. Mademoiselle Ren, m'entendez-vous ? chuchote Vivi tout en laissant un second rire traverser ses lèvres.
- Oui, grogné-je. Excuse-moi, tu disais ?
- Nous sommes actuellement en train de débattre sur l'activité que notre classe va choisir pour les portes ouvertes de cette année, explique-t-elle tout en surveillant que Nico ne nous réprimande pas pour bavardages. L'année dernière, on a joué une pièce de théâtre plutôt... Catastrophique, fit-elle tout en affichant une grimace involontaire.
Je suis alors surprise de l'écouter marmonner quelques exemples de scènes ratées, ou alors de prestations mal-choisies. Tout en l'écoutant, mes doigts se mettent à jouer machinalement avec le premier crayon qu'ils ont pu attraper. Quelques rires, très vites étouffés, viennent gâcher le ton sérieux du cours aux fausses allures de recherches intenses. Les situations qu'elle a pu me raconter prêtent à la rigolade, tant elles avaient échoué une fois sur la grande scène de spectacle.
[Bonjour tout le monde ! Comment allez-vous ?
Me revoici avec un nouveau chapitre ! J'espère que ce commencement vous plaît ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.]
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