Chapitre 1 - Partie 1
Point de vue de Ren
Mes yeux sont fermés, mes tympans vrillent aux pulsations régulières de la musique, les tonnassions me parcourent le corps, je frisonne quelques fois. Mes lèvres bougent, se remuent, mais restent silencieuses. J'aime la musique, j'aime ces sons délicats, bruyants, psychédéliques, mélancoliques et doux. Une seule note, un seul couplet, une seule chanson peut exprimer tellement de sentiments.
Je reprends mes esprits après cet instant d'inattention involontaire. Mes pupilles retrouvent la page du livre que j'avais abandonné plus tôt, trop occupée à partir dans mes égarements incompris. Je retire les écouteurs de mes oreilles pour me permettre de me concentrer sur la lecture d'un roman absurde. Pourquoi est-ce dans les écrits que les sentiments amoureux sont si exploités d'une imperfection sans nom ? Vraiment, je n'arriverai jamais à me mettre à la place des personnages de ce genre de livres ; Pourquoi tomber amoureux de son exact opposé si tout cela mène à des regrets et des larmes ?
Notre sujet en philosophie concerne les sentiments, le partage ainsi que les relations avec l'extérieur. Sujet sensible –ou exploitable-, pour moi, qui suis née d'un père français et d'une mère japonaise. Pourtant, je garde des traits bien distincts ; je ne ressemble pas à une asiatique. Mes yeux sont bleus et ronds, de longs cheveux blonds longent mes épaules pour s'arrêter au niveau de ma poitrine. La seule chose que je possède de ma branche maternelle est ma peau étrangement blanche, avec un revers maladif. Enfin bref, je m'égare.
Ce chapitre est particulièrement difficile à comprendre ; pour le maîtriser, il faut connaître l'être humain, et surtout ses limites, qu'elles soient poussées à ses valeurs mélioratives, ou, son contraire, qu'elles régressent jusqu'aux valeurs péjoratives. Etre capable d'évaluer jusqu'où l'être humain est prêt à aller pour une seule personne, que ces raisons soient sentimentales, physiques, ou autres. Etre capable d'ouverture d'esprit, de comprendre les dires des autres et de débattre librement. Seulement, je n'arrive pas à comprendre certaine choses encore inaccessibles pour moi.
Je pose nonchalamment le livre sur le rebord de ma table de chevet. Un long soupir traverse ma gorge. Décidément, je ne comprendrai sûrement jamais rien aux sentiments. Ce sont des mélanges étranges, capable d'exploser dans les pires moments.
- Ren ! hurle mon père. Viens manger, tout de suite !
Je suis victime d'un spasme incontrôlé avant d'écarquiller les yeux. Au sons et à l'intonation de sa voix, je peux clairement dire qu'il a dû m'appeler plusieurs fois avant que l'information atteigne mes oreilles. Je décolle du lit pour me précipiter dans les escaliers, -que je descends à une vitesse impressionnante. J'entre timidement dans l'encadrement de la pièce, scrutant le repas sur la table. Organisé, complet et... Trop complet, en fait. Je plisse les yeux. Mon père ? Faire toute cette nourriture ? Je l'observe siffloter un air qui m'est familier, un sourire béat jusqu'aux oreilles. Sa main droite manie la poêle avec dextérité. Sérieusement, ne trouve-t-il pas qu'il y en a déjà assez sur la table ?
- Ah, te voilà enfin ! (il se tourne vers moi) Je t'ai appelé plusieurs fois.
- Je sais, souris-je avant de m'installer à table.
Il n'engage pas la conversation et se contente de déposer le contenu de la poêle dans mon assiette. En temps normal, il me demande toujours comment s'est passé ma journée, si les professeurs n'ont pas été barbants, ou encore si ce que je mange le midi est bon. Mais le silence résonne à travers la pièce ; pas un silence pesant, non, un simple silence sans importance. Un silence communicatif qui signifiait tout.
- Qu'est-ce qui te rend si joyeux ? Questionné-je, jouant avec les légumes de mon assiette.
J'observe sa réaction ; ses gestes se stoppent brusquement et son visage se redresse pour me faire face. Il semble analyser ma question, mot à mot, me regardant dans les yeux. De sa main libre, il se gratte nerveusement la tête.
- Ça se voit tant que ça ?
- Papa, je suis ta fille, je vois bien lorsque tu es un peu trop content, m'amusé-je.
- J'aurais voulu t'en parler plus tard dans la soirée, mais je me suis piégé moi-même (je distingue un sourire timide apparaître sur son visage). Mais, s'il te plaît, ne t'agite pas avant que j'ai terminé. (je hoche la tête) Très bien, je vais aller droit au but ; Je vais me remarier.
Mon cerveau met longtemps à décortiquer la phrase lettre par lettre ; r, e, m, a, r, i, e, r. Le temps et l'espace m'abandonne, me quittant. Un vide émotionnel s'installe progressivement en moi. Le vide que l'on ressent lors d'une rupture, ou d'une certaine trahison. Ce genre de vide, où le cerveau envoie tellement d'informations que les sentiments nous emplissent, et finissent par déborder. Ce genre de vide qui rend fou, qu'on ne comprend pas et qui nous submerge, lentement, jusqu'à exploser et nous détruire de l'intérieur.
- Je te demande pardon ?
- Ren, je t'en prie, laisse-moi terminer.
- Je te demande PARDON ? bouillonné-je, me levant brusquement de la table. Tu veux recommencer après ce qu'il s'est passé avec elle !
- Ren, s'il te pl-...
- D'abord, c'est qui cette fille ? Tu la vois depuis combien de temps ? Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ?
- Ren. (sa voix se fait plus ferme, mais il reprend vite un ton doux et rassurant) Je ne t'en ai pas parlé, puisque j'attendais le bon moment. Je sais que tu t'inquiètes pour moi, enfin... Depuis ce jour, mais je suis un adulte, tu dois te concentrer sur tes projets d'avenirs et personnels. Je la vois depuis un long moment, déjà. C'est une femme qui pourrait nous apporter beaucoup plus que ce qu'on a déjà là.
- Tu sous entends qu'elle est riche ? m'énervé-je. Tu rigoles, j'espère, dis-moi que c'est une blague. Qu'est-ce qu'une riche irait faire avec des gens comme nous ? Déjà que c'est assez dur pour toi de payer les factures à la fin du mois, c'est qu'elle veut nous prendre l'argent qui nous reste ? (je monte le ton) Qui nous serre à vivre ?
- Elle est veuve.
Une pression énorme s'abat sur mes épaules. Je me rassois, dans un silence assourdissant. Ma gorge se noue, regrettant amèrement ces mots. Je reste silencieuse un long moment. Mon père souffle, comme rassuré que je me calme.
- Ren, je sais très bien que la nouvelle te chamboule, mais mes erreurs du passé ne regardent que moi, et seulement moi. Tu sais que je regrette tout ce que j'ai fait jusqu'à maintenant, mais j'aimerais tout reprendre à zéro, avec toi, moi, nous deux et notre nouvelle famille.
Mes joues s'humidifient. Je n'arrive plus à distinguer les différents sentiments qui me parcourent. Mes pensées sont embourbées dans un filet compliqué. Je sais juste que mes larmes perlent le long de mon visage et que je souhaite plus que tout que mon père soit enfin heureux. Je renifle, et sèche mes larmes absurdes.
- Je veux seulement que tu sois heureux.
Mes balbutiements semblent le toucher, son regard se fait plus doux et un léger sourire vient habiller son visage.
- Ren, tu es, pour l'instant, la seule bonne chose qui me soit arrivée, alors s'il te plait (il me prend doucement la main) ne me laisse pas tomber maintenant.
- Jamais, enchainé-je sans réfléchir.
- Tu sais, Rouge est une femme merveilleuse, je suis presque sûr que tu t'entendras avec elle. Et tu ne seras plus seule, puisqu'elle a trois enfants, des garçons.
L'idée que la famille s'agrandit ne me fait strictement rien. Ils ne seront pas mes frères, puisque nous ne partageons pas le même sang. Tout ce que je convoite, c'est de voir mon père heureux, comme avant. Avant que cette femme ne lui vole tout ce qu'il avait et le blesse d'une cicatrice indélébile.
- Je t'en parle ce soir, puisqu'il est prévu que vous vous rencontriez demain.
Mes paupières clignent plusieurs fois, ne cherchant sans doute pas à comprendre. Je vais rencontrer ma belle-famille ? Celle dont je viens tout juste d'apprendre l'existence ? Trop d'informations en un seul soir.
- Quoi ? paniqué-je, je devrais m'habiller comment ? Mes beaux vêtements ? Si c'est une personne riche, il faut que je fasse bonne impression, non ? Je vais devoir parler en langage soutenu ?
Il me dévisage, surpris. Ses yeux ronds me regardent interloqués. Puis, un rire au son amusé glisse entre ses lèvres.
- Sois toi-même, c'est le plus important.
J'acquiesce silencieusement. Etre moi-même ? Me connaissant, je serai timide, et rougirai à la moindre petite remarque. Cette Rouge, comment est-elle ? Grande ? Petite ? Gentille ? Simplette ? Douce ? Je me le demande bien. Sans m'en apercevoir, mes lèvres s'étirent. Je prends ma fourchette et commence à manger le contenu froid de mon assiette. Un amusement naissant se pressa contre mon corps. Toutes ces questions attisent lentement ma curiosité. Au fur et à mesure de la soirée, je me suis rendue compte que je voulais rencontrer celle qui rendra mon père heureux.
[ Bonjour et bienvenu sur cette fanfiction ! Tout d'abord je voulais te remercier d'avoir porté un intérêt pour celle-ci. Ca me touche et j'espère qu'elle te plaît ^^
En fait, je l'avais commencé il y a 2 ans, en 2017. Certaines tournures de phrases sont sûrement maladroites, car j'ai évolué durant ces 2 années. Cependant, j'ai gardé le principal du style d'écriture, en modifiant seulement les fautes d'orthographe et quelques tournures superficielles.
J'ai décidé de la reprendre, petit à petit ; écrire est un réel passe-temps que j'affectionne particulièrement. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas penchée sur une fanfiction comme celle-ci. De nombreuses pages sont déjà pré-écrites, ce qui me permettra d'avoir une publication régulière.
N'hésite pas à laisser un commentaire pour me dire ce que tu en penses : tous les avis sont acceptés, positifs comme négatifs.
A la prochaine :) ]
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