5. jours sombres
tw : mention de cigarettes, drogues et alcool, mention de sexualité moyennement consentie, pensées sombres/intrusives
Mardi 9 Janvier, 13:30
Hey !
Je m'appelle James. On est dans la même école.
Je sais qu'on se connait pas et tout donc t'as totalement le droit de pas répondre mais j'avais genre trop envie de te parler.
Deux jours et pas de réponse. Deux jours et pas n'importe lesquels.
James ne put pas aller à l'école le vendredi, malgré toute sa volonté, c'était au delà de ses forces et il se détestait d'avoir besoin de repos. Il se dirait qu'il était resté pour surveiller Sirius, pour ce que ça valait.
Durant leurs adolescence, pour faire enrager ses parents, le jeune homme était tombé dans toutes les addictions possibles et imaginables, de plus en plus sombres. Pendant un temps James avait même eu peur qu'il n'en revienne pas. Il avait commencé par le suivre, amusé, dans l'alcool, les joints et les baisers, quelque vols dans des magasins et quelques désobéissances... Mais ses parents avait rappelé James à l'ordre, Remus l'avait rappelé à l'ordre, et les joints avaient eu un effet désastreux sur son hyperactivité et sa concentration. Et puis, à cette époque, il n'avait pas de raison d'être malheureux. Il était au sommet de son art.
Ce n'était pas le cas de Sirius. Il séchait les cours pendant des jours, parfois des semaines entières pour revenir avec des cernes encore plus prononcés et parfois des blessures. On ne savait trop ce qu'il faisait. Le peu qu'il racontait était cool aux yeux de celleux qui l'écoutait, glaçant aux yeux des autres. James ne le reconnaissait plus et se sentait impuissant. À cette époque là, lui et Sirius n'avaient encore jamais eu de discussions sérieuses. Dès qu'il essayait d'intervenir, son ami le faisait rire et il cédait à la facilité de rire avec lui.
C'était Remus qui était doué pour le sérieux, mais lui non plus ne parvenait pas à faire changer les choses. À l'époque, James ne comprenait pas bien pourquoi.
« T'étais où ? » l'avait-il entendu demander un soir alors qu'ils avaient prévu de tous se réunir chez Remus. James était à l'étage en train de faire une partie de Mario Kart avec Peter. Ils avaient coupé le son pour ne pas alerter les parents. Remus était allé accueillir Sirius, James tendit l'oreille.
Il n'y avait rien de drôle mais on entendit Sirius rire tout seul pendant de longues secondes.
« Alors ? insista l'autre sans se laisser démonter.
James avait posé sa manette et s'était aventuré dans le couloir, laissa Peter à moitié endormi sur les coussins avec lesquels on avait tapissé le sol. De là où il était à présent, James pouvait voir une partie des pieds de ses amis.
- Qu'est-ce que t'es chiant ! Au bar !
- Tu as bu ?
- Haha, de la limonade ouais.
- Me prends pas pour un con. Quel bar ?
- Devine.
- Quel bar ?
- Celui où je t'ai emmené, chéri. avait-il dit en faisant mine de caresser la joue de Remus qui s'était reculé aussitôt, le regard dur.
James avait senti un grand frisson lui parcourir le corps. Il avait honte. Honte pour Sirius qui n'était à l'évidence pas en état d'avoir honte. Il ne voyait plus son ami, n'avait plus envie de rire, plus envie de le rejoindre dans ses prétendues aventures. Il le trouvait juste pathétique.
- Du temps où t'étais pas alcoolique, ouais.
James fronça les sourcils, étonné d'entendre Remus parler d'un ton aussi dur, lui qui avait toujours été si bienveillant.
- Tout de suite les grands mots. Tu es jaloux parce que c'était pas toi dans mon lit, ce soir. Je te raconte pas comment était le mec avec qui je suis rentré ce soir ! Mmm ! Un délice !
Remus du se concentrer pour rester calme, on l'entendit prendre une grande inspiration. James, de son coté, avait écarquillé les yeux pour toutes sortes de raisons. Il n'était pas au courant que Sirius aimait les garçons avant ce jour, pas au courant qu'il en était au stade de mettre qui que ce soit dans son lit, pas au courant qu'il se permettait de faire ce genre d'insinuation à Remus pour, quoi ? Le rendre jaloux ?
- Qu'est-ce que tu essayes de faire, là ?
- Rien, chéri, tu me demande où j'étais, je te le dis. J'étais avec un mec et je peu te raconter tout ce qu'il m'a fait, si tu y tiens tant. Je peux même te montrer.
Il avait fait mine de se pencher pour un baiser mais Remus le poussa - sans doute un peu trop brusquement. James n'avait pas pu s'empêcher de descendre pour de bon cette fois, choqué. Sirius se tenait désormais à une distance raisonnable de son ami et tout deux se regardaient d'une façon étrange, comme s'ils se retenaient de fondre en larmes.
Sirius se tut en voyant James. Remus décida de continuer la conversation malgré tout.
- Quoi ? Tu as honte devant James ? Ou bien tu viens de réaliser à quel point c'était déplacé de ce que tu viens de faire ? Tu crois que je vais te prendre en pitié ? Mais écoute moi bien, maintenant : J'en ai rien à foutre de ce que tu as bien pu faire avec qui, rien à foutre de quel âge il avait, de s'il a été violent ou doux, de si vous vous êtes protégé ou pas. Parce que tout ce dont tu as l'air, là, c'est d'un petit con. Tu te comportes comme un petit con !
Un sanglot se coinça dans sa gorge et James observa les deux adolescents se faire face, les bras ballants.
... Tu veux savoir si je suis jaloux ? Je crois que c'est plutôt de toi que ça vient, tu ne crois pas ? Je suis près à dire que je t'aime moi, je m'en fou ! Je suis près à ce que tout le monde le sache. Je n'ai pas honte. Mais toi ! Toi, tu es incapable de me le dire. Tu es incapable de faire un pas vers moi et tout ce que tu trouve à faire c'est quoi ? Me manipuler pour me rendre jaloux ? Tu crois que c'est comme ça que tes problèmes vont se régler ? En crachant à la gueule de tout ceux qui te proposent de l'aide ? Bah tu sais quoi, j'ai été suffisamment gentil, j'ai assez essayé, mais j'abandonne. Sors de chez moi. »
Un silence de mort s'en suivi. James digérait les informations et Sirius les encaissait, ou peut-être ne comprenait-il même pas ce que Remus lui racontait.
« Dégage ! »
Cette fois Sirius regarda autour de lui, perdu, cherchant les yeux de James qui les baissa et regretta son geste à la seconde où son ami franchit la porte. Son claquement résonna plus fort que n'importe lequel, alertant M. Lupin, à l'étage, qui cria de faire moins de bruits.
James ne savait pas qui suivre ni quoi faire. Remus restait paralysé dans l'entré, les yeux grands ouverts mais brouillés de larmes et fixés sur le sol. Il y avait un paquet de choses qu'il n'avait jamais dites avant ce jour là, ou pas comme ça.
« Rem' ?
Je... Qu'est-ce qui se passe ? C'était quoi tout ça ?
Rem' ?
L'interpellé se laissa tomber sur l'escalier, la tête dans les mains sans même essayer de cacher à quel point il était démuni.
- Merde. dit-il quand il parvint à sortir de son mutisme.
Merde. Rattrape-le.
- Hein ?
- Vas rattraper Sirius. Il va faire une connerie dans l'état où il est si on le laisse tout seul, il va se mettre en danger.
- Tu viens de dire qu'il n'avait qu'à se...
- Rattrape-le tout de suite ! »
Et James avait couru dans le froid, retrouvé Sirius sur la balançoire grinçante d'un parc et lui avait ôté une cigarette de la bouche. Ils avaient eu leurs première discussion sérieuse ce soir là, et, sans doute grâce à cette dispute avec Remus, le jeune homme avait arrêté ses conneries.
Mais si James avait appris quelque chose, c'était qu'il suffisait d'un grain de sel pour le faire rechuter. Le temps avait passé et en vivant avec Sirius chaque jours il avait pris l'habitude de se le tenir loin de l'alcool et des drogues, d'être plus attentif à Remus et à lui, d'aller le chercher s'il se retrouvait dans une galère, de ne jamais le considérer comme un cas désespéré mais de ne jamais trop se réjouir non plus.
Les jours comme celui-ci le rendait encore plus méfiant, envers Sirius comme envers lui-même. Parce qu'il comprenait, maintenant, ce qu'il n'avait pas compris à seize ans. Il comprenait l'envie qu'on pouvait avoir de se détruire pour se tuer ou se sentir vivant. Il lui arrivait même, des jours comme celui-ci, d'avoir envie de rejoindre Sirius dans certains de ses démons.
James regardait les autres il trouvait toujours de la valeur en chacun d'elleux. Il aurait pardonner aux pires criminels, trouver beaux les visages les plus reconnus comme repoussant, essayer de comprendre les propos les plus graves. Quand il se voyait lui, il voulait mourir, briser le miroir pour ne plus voir son reflet, effacer tout ce qu'il avait fait. Il était une mauvaise personne au point qu'il se figurait une partie de son cerveau pourri. Il pensa à tout ces gens qui s'aimaient et se dit qu'on ne pourrait jamais l'aimer comme ça. Il pensa à Regulus qui était si beau, si doux et en même temps si puissant et si froid. Il pensa à Lily qui était si parfaite puis il se voyait lui, dans le miroir. Il retira ses lunettes pour ne plus avoir supporter son image.
Mais l'apparence partie, la tête resta et les pensées sombres avec.
Quand on lui souriait
Ce n'est pas sincère
Sa mère l'appelait deux fois par semaine
Elle ne t'aime pas vraiment, elle fait semblant. Tu es sa mère alors elle se sent obligé, mais dès qu'elle raccroche elle soupire et pense à la honte que c'est de t'avoir pour fils.
Il voyait Sirius et Remus échanger un baiser, il aurait du être heureux pour eux
Mais ça te rappelle seulement que toi, personne ne t'aime et que c'est bien normal.
Tu ne le mérites pas, après ce que tu as fait.
Mais il ne ceda pas à la tentation. Parce qu'il savait ce que c'était d'être un proche. Il savait que c'était un piège et que rien n'irait mieux. Il connaissait l'engrenage. Il se souviennait de la honte qu'il avait ressenti un voyant Sirius se comporter aussi mal avec Remus, il se souviennait de la façon dont Remus avait été brisé, les jours, les semaines, les mois d'après. Il ne voulait pas faire vivre ça à qui que ce soit. Il devait rester fort, pour Sirius au moins.
Salut James. C'est Regulus.
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