39. nul part

Tw : mention de mort, disparitions, pensées intrusives 

À son réveil, James était de retour en Angleterre et de retour dans sa chambre, cherchant par habitude de la main la présence de Regulus. Et puis il ouvrit les yeux, se redressa et se souvint. Regulus n'était plus là, ses affaires non plus. Ses vêtements ne s'accumulaient plus dans la valise qu'il n'avait jamais pris le temps de déballer, sa pile de livres ne menaçait plus de tomber sur la chaise qui lui sevrait de table de chevet. James ne sentait ni son corps, ni son coeur, ni son souffle. Il était seul, il ne restait que sa vie à lui, éparpillée dans tout les coins dans la chambre, sans résonance et sans impact. Plus personne avec qui la partager. 

Il se demanda comment tout avait pu se dégrader si vite. Si leurs histoire n'avait jamais été faite pour marcher. 

Il ruminait. Il ne sortit pas, il ne voulait pas croiser Sirius. Avouer à quel point il avait échoué sur toute la ligne. 

Il juré qu'il prendrait soin de Regulus. Il avait dit qu'il serait toujours là. Mais il n'avait pas été là l'avant-veille, au soir. 

Il essaya de penser à autre chose mais il n'y arrivait pas, toutes ses pensés étaient tournées vers son amour déchu, tout le ramenait à l'absence de l'homme qu'il aimait comme si son propre  esprit cherchait à le piéger. 

Il tourna en rond, rejoua les scènes, imagina ce qu'il aurait pu ou du dire ou faire. Est-ce que c'était la veille que tout s'était brisé ou est-ce que, sans qu'il ne s'en rende compte, ça avait commencé bien avant ? N'était-ce pas né pour mourir ? 

« James ! s'écria Sirius, entrant sans frapper. L'interpellé était de retour sur son lit, le regard perdu dans une imperfection du plafond, l'esprit bien plus loin dans le vide.

... James ? 

- Quoi ? soupira-t-il. 

- Il est où Regulus ?

Cette question le frappa de façon plus violente qu'il ne l'aurait voulu. Comment ne se l'était-il même pas posée ? Où était parti Regulus ? Il était d'un point de vue administratif sans domicile fixe : il ne vivait plus chez ses parents et n'avait jamais déclaré vivre dans la colocation. Maintenant il n'y était plus là et ce n'était pas comme s'il connaissait grand monde chez qui se réfugier. James en eut mal au coeur, cette fois plus par inquiétude qu'autre chose. Il espérait que Regulus n'allait pas avoir à dormir dans la rue... ou pire encore. 

- J'en sais rien... on s'est disputé. Il a rompu avec moi, en fait. »

Il pensait que Sirius allait se mettre en colère contre lui mais celui-ci soupira juste, s'appuyant contre la porte pour réfléchir. 

James ne dit rien, son coeur battait trop fort, son cerveau rejouant des cauchemars tous plus horribles les uns que les autres, inventant des réalités où Regulus était déjà mort. Il avait déjà essayé de mourir, après tout, qui pouvait lui assurer qu'il ne tenterait pas de nouveau ? Surtout dans une situation comme celle-ci, dans laquelle il n'avait plus rien. Cette fois celleux qui l'aimaient seraient trop loin pour le sauver. Il serait trop loin pour le sauver. Quand il le trouverait il serait trop tard. 

Encore un mort.

Il vit du coin de l'oeil Sirius saisir son portable, lui ne pouvait pas bouger. Il écoutait sans réagir, juste en paniquant. 

« Moony ? dit Sirius, son téléphone en haut parleur, par habitude. 

À l'autre bout du fils, la voix de Remus fut prise d'une quinte de toux qui alarma le regard de son petit-ami et qui en d'autres circonstance aurait alerté James aussi, mais ce n'était pas le moment. 

- Ouais ? fini par répondre la voix fatigué du jeune homme en question. 

- T'es encore malade ? 

- Je vais passer des examens, promis. J'ai pris rendez-vous. T'inquiètes je suis bien entouré. Qu'est-ce qui se passe ?

- Ça va te paraitre bizarre mais, est-ce que Regulus est chez toi ? 

- Euh... Il est à Paris non ? Avec James...

- Non. Ils sont rentrés. (Sirius jeta un regard à James, que celui-ci lu comme teinté de reproches.) Regulus a rompu avec James, il a du partir dans la nuit. Toutes ses affaires ont disparues. 

- Oh, merde. (il toussa de nouveau) Vous avez prévenu la police ?

- Pour leurs dire qu'un adulte sdf et surement recherché par les parents Black a quitté l'endroit ou il squattait plus ou moins ? grommela James. Au mieux ils en auront rien à foutre et au pire ça nous mettra tous dans la merde. 

- Non. dit Sirius avec plus de mesure. Ça ne servirait à rien. 

- Son travail ? Sa collègue, là... Mary ? Ou bien Andromeda ? 

- Oh, oui bonne idée. On va le faire. »

Remus toussa encore, Sirius fronça les sourcils. 

« Rem', si c'est un truc grave il faut que tu me le dise. T'as l'air bien malade quand même. 

- Tu sera le premier au courant, je t'assure. Tenez moi au courant pour Regulus.

- Bisous, je t'aime. 

- Moi aussi. »

Regulus ne te dira peut-être plus jamais je t'aime, souligna une voix dans la tête de James. 

Il enfouit son visage dans ses mains une seconde. Sirius alla s'assoir à ses cotés en recherchant le numéro d'Andromeda dans sa liste de contact. Pas là. Frank, Alice, les parents de James, pas là. À son travail, personne. La librairie était fermée et éteinte, Mary leurs assura au téléphone qu'elle ne l'avait pas vu. 

Personne ne l'avait vu. James essayait de ne pas se persuader qu'il était mort, tandis qu'ils sortaient tout les deux chercher un peu partout. Ils allèrent fouiller ses endroits préférés. La bibliothèque, le parc, d'autres librairies. 

Rien. 

Il est mort. Il est parti. 

C'est ta faute. 

Tout est encore ta faute. 

Tu ne l'as pas assez bien traité, tu n'as pas su l'aimer.

 Comment as-tu pu faire ça ? Sirius venait de le retrouver. Il était en train de se reconstruire. 

Tu as tout gâché. 

Tu es vraiment un monstre. 

Peter avait raison, tu ne sais pas aimer, tu ne sais pas prendre soins des autres, tu ne sais que faire du mal, tu brises les gens et ils meurent à cause de toi. 

James s'arrêta au milieu d'une rue, assaillit de pensé, les laissant déborder en paroles. Il ne savait même pas ce qu'il disait, il savait juste que Sirius entendait tout et qu'il essayait de le rassurer, sans succès. Ses sanglots étaient trop fort et il n'entendait rien. Ce n'était pas vraiment d'avoir rompu, de ne plus pouvoir avoir Regulus, c'était l'inquiétude qu'il lui soit arrivé quelque chose et que ce soit sa faute. 

Il avait encore pris une vie, pensa-t-il. 

Il était assis par terre, sur les petites marches de pierre de l'entrée d'une maison quand il parvint à se calmer, les bras de son meilleur ami l'encerclant. 

« Chut, je suis là. » répètait ce dernier en boucle, et James se demanda comment c'était encore possible d'ailleurs. Il viennait de le priver de son petit frère. Son petit frère était peut-être mort. 

« Il est vivant. rassura Sirius en sortant son téléphone. Regarde. 

La messagerie de Sirius est ouverte, de petites bulles bleues et grises s'étalaient devant les yeux du garçon à lunettes - qui du d'ailleurs les nettoyer pour y voir quelque chose. Le dernier message en date remontait à quelques minutes, adressé à Sirius :

Hello, on s'est disputé avec James et j'ai eu besoin d'une pause. Je suis chez une amie, ne t'inquiète pas, je vais bien et je suis en sécurité. Dis à James que je l'aime. Je pouvais juste pas gérer Paris, tu sais pourquoi. 

À bientôt. 

James aurait pu relire ses lignes en boucle, avide de la moindre nouvelle. Il se sentit idiot, de l'avoir cherché, de s'être inquiété à en pleurer en pleine rue et en même temps il lui en voulait. Il se serra davantage contre son ami, épuisé. 

Ils restent là un moment, perturbés par tout les sentiments qui les avaient traversés depuis le matin, sans savoir quoi en faire. 

« On bouge ou tu veux qu'on reste ici ? demanda Sirius au bout d'un moment. 

- On bouge. murmura l'autre. 

- Viens alors, je t'achète un bubble tea, ça te changera les idées. »

James hocha la tête, se levant sans grand entrain. L'agitation puis l'apaisement qu'il avait ressentit formaient un mélange brumeux dans sa tête, comme un tas de noeuds confus qui se traduisaient par un grand vide. 

Mais Regulus allait bien, se dit-il. Au moins, Regulus allait bien

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