34. changements

Tw : mégenrage et deadnaming involontaire


Hey Dory ! J'espère que ça va

J'aurais des questions à te poser sur les études de cinés, on va se boire un verre un de ces quatre ? 

Je m'appelle DORCAS, pense à la sorcière de Salem dont tu viens d'insulter la mémoire, moldu ! Je ne suis pas un PUTAIN DE POISSON CLOWN !

Sinon je vais très bien :)) <333

Je voudrais bien mon James chéri mais je suis en campagne toute la semaine vu que les élections sont ce week-end, j'ai pas une minute à moi ! Tu peux venir si tu veux par contre, on fait du porte-à-porte. 

C'est un poisson CHIRUGIEN, c'est Nemo le poisson clown 

Et ça se dit fan de cinéma 🙄

Ça dépend pour qui tu fais campagne, DORCAS CHÉRIE. Je ne touche pas un pamphlet pro-Voldemort. 

Tu en connais beaucoup des femmes lesbiennes et noires qui militent pour Voldemort, abruti ? Moi c'est Edgar Bones et Dumbledore dans mon petit coeur 

VOTEZ ORDRE DU PHÉNIX !

C'est prévu.

Mais je commence à envisager de prévenir Marlène 

Oh elle est au courant on est en quatrouple /j

Avec Dumbledore ? 💀 

eww

Je remets beaucoup en question ton lesbianisme 

IT'S NOT ABOUT HIS PHYSICAL PRESENCE, IT'S ABOUT HIS HEART

HIS PHYSICAL PRESENCE HAS A PENIS

Comment diable James Potter peut-il avoir une référence à Buffy ?

Je ne répondrais même pas je suis outré que tu remettes ma culture geek en question

Demain, 16h, devant chez moi ?

Ok, perfect. Merci !

♠︎ 

La cloche de la boutique tinta contre la porte et son cadran de verre. Regulus huma les odeurs des livres, incapable de sourire à cause du stress mais pour toujours apaisé par leurs présences. Il y avait des ouvrages partout, empilés en tourelles, du sol au plafond. Certaines tenaient dans un équilibre si douteux qu'il retint le réflexe de les rattraper. Un visage souriant sorti de derrière une étagère et une jeune fille apparue. Elle devait avoir son âge, l'analysant un court moment avec ses yeux pétillants et ses vêtements marrons, un pendentif caribéen autour du cou. Un drapeau aroace, en dessous du drapeau Jamaican et du pach Bluey, cousus comme des brassards sur les manches de sa veste, en boule sur le sol. Elle inspira confiance à Regulus. Une fille qui regardait Bluey ne pouvait pas être transphobe, se dit-il d'abord, avant de se rappeler qu'aujourd'hui il n'était pas censé être un homme. 

« Bonjour, si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas ! dit la jeune fille en question qui descendit de l'échelle sur laquelle elle était perchée - il en fallait bien une, pour atteindre les livres des étagères tout en haut. 

- En fait je viens pour la formation... j'ai passé un entretien il y a une semaine avec... eu... 

- Oh oui ! tu es Despina Black ! Je suis sotte, on nous a prévenues ce matin ! Elle sauta presque devant lui, lui serrant la main non sans se prendre les pieds dans sa robe longue. Moi c'est Mary McDonald. Tu as du voir la patronne, Irma Pince. Apparemment elle t'aime bien, c'est une chance. Elle n'est pas toujours commode. 

- Elle a creusée loin dans mes connaissances pour m'embaucher. 

- Pareil. Elle m'a posé une colle à Ian Reid. T'es arrivée jusqu'où ? 

- Tove Jansson. 

- Plus loin que moi, bravo. Viens, je te fais visiter. »

Iels firent le tour de la librairie - plus grande qu'elle n'y paraissait, passant du rayon jeunesse, aux policiers, classiques, young adult, bande dessinées et manga, essais, même jusqu'au rayon érotique. 

« Mme Pince veut pas qu'on vende des trucs bizarres aux trop jeunes donc fais attention. Si un∙e gamin∙e te demande du Marquis de Sade, essaye de le∙a dissuader. Enfin... on ne peut légalement pas vraiment leurs interdire mais, crois-moi, c'est pour leurs bien. 

- Ça arrive ? 

- Jamais. La plupart des ados qui passent par là sont gêné∙es d'acheter Heartstopper alors tu imagines ! Tu serais surprise du nombre de mamies qui achètent des Arlequins, par contre. »

Il n'eut pas le temps de réagir qu'elle lui expliquait déjà le fonctionnement de la caisse, les horaires d'ouverture et de fermeture, les habitudes des uns et des autres. Elle était sans doute plus stressée que bavarde car elle fut réduite au silence dès que le premier client pointa le bout de son nez, soufflant juste de temps en temps à Regulus comment il fallait agir.

Le premier client fut facile à gérer, il se contenta de choisir son livre, de le payer et de repartir. Ce n'était pas bien difficile, il fallait juste le regarder dans les yeux et faire un grand sourire au moment de dire au revoir. 

« Ça, ça va, il ne faut pas oublier de demander s'iels veulent le ticket de caisse, un paquet cadeau, s'iels ont un compte, etc. C'est un coup de main à prendre mais ça vient. Le plus dur c'est celleux qui veulent des livres impossibles. Ou celleux qui ont jamais ouvert un livre de leurs vie mais qui en veulent un pour leurs tantes lectrices tout en étant incapable de nous dire ce qu'elle aime. Il y a aussi les moments pénibles où il faut tout réorganiser, parfois nettoyer... ça demande une sacrée patience. »

Ce n'était pas de ça que Regulus était inquiet. Quand il était question de livres, plus rien n'était si dur à comprendre. Il savait quoi dire, comment trouver, comment aiguiller. C'était tout le reste qui l'effrayait. Les soupirs qu'il ne saurait pas interpreter, les situations incompréhensibles, les expressions des autres qu'il ne savait pas lire. Il se sentait de retour au lointain premier jour de CP (il n'avait jamais mis les pieds en maternelle). Il en avait presque tout oublié sauf cette sensation de solitude et de panique. Ses parents n'avait même pas pris la peine de l'accompagner mais Sirius lui avait expliqué comment ça se passerait sur le chemin : l'heure à laquelle le majordome il viendrait les rechercher, à quoi ressemblait une salle de classe, une maitresse. Il n'avait rien dit par contre, de la façon dont on était supposé se faire des amis, et Regulus n'avait pas demandé. Ça semblait évident pour tout le monde, mais lui n'avait jamais engagé une conversation, pourquoi personne ne lui expliquait comment faire ? À cet âge, n'était-ce pas le plus important ? Comme il ne savait pas il était resté seul. Quand on lui avait proposé de jouer - ce qui semblait être le code pour aller vers les autres -, il avait accepté et puis il s'était enfuit. Il détestait jouer à chat. Les autres fois il avait aussi refusé, puisqu'il n'aimait pas courir. 

Il n'avait compris qu'à l'âge adulte que ce n'était pas la question d'aimer le jeux ou pas, il fallait jouer si on ne voulait pas être tout seul. Mais personne ne lui avait expliqué ça. Personne ne l'avait compris non plus, il ne pouvait pas l'expliquer et ce n'était pas comme si qui que ce soit avait essayé. Sirius se contenait de lui ré-expliquer que se faire des amis c'était facile, un truc d'intuition. 

« En tout cas ça fait plaisir d'avoir une autre fille avec moi, dit Mary à la fin de la journée. Toute seule avec Mme Pince, on a vite le cafard. 

- Oh... oui ça fait plaisir de travailler là aussi. » répondit Regulus, refaisant son sac et s'apprêtant à passer la porte. Seule l'odeur amère de la dysphorie et de l'anxiété l'empêchait d'être sincère. 

Mais il y avait écrit Despina sur ses papiers à coté d'un petit "f", c'était ça ou pas de travail. 

Il n'en serait donc jamais débarrassé, de cette fille, de ce nom, de ce passé. 

Mais à chaque "Madame", "elle", "Despina", il se sentait démuni. Bien plus qu'avant, parce qu'il avait gouté au bonheur d'être considéré et qu'il y renonçait. C'était comme retourner dans la caverne après avoir enfin vu la lumière. Mais comme toujours il ne dit rien, il subit et il sourit en disant "à demain !", pressé de retrouver James, Sirius, et son bonheur. 

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