33. suivre les traces
Tw : une remarque moyenne niveau transphobie
Sa bouche se tordit et tandis que tout le monde tendait l'oreille, lui sentait le silence s'éterniser. Il considérait toutes les façons de commencer. Aucune ne lui paraissait convenable. Parler de quoi d'abord ? Comment ? Par anecdotes ou éléments abstraits ? Il avait écrit une lettre et enregistré une video sur son portable, au cas où le secret se relevait impossible à reveler, mais il espérait ne pas y avoir recours. Il préférait le dire de vive voix.
« Je ne vais plus en cours depuis des mois. Lâcha-t-il au bout d'un moment, comme une bombe. Les yeux fermés pour ne pas voir les réactions. Mais... laissez-moi continuer s'il vous plait.
...J'y vais plus parce que c'est pas du tout ce que je veux faire. Pour être honnête je ne sais pas bien ce que je veux faire. Quelque chose dans le cinema, peut-être, ou autre chose. Mais ses études là ne me plaise pas. Pas du tout.
Après le grand saut il était facile de parler, il aurait put en dire beaucoup plus, mais il se tut. Le grand vide qui suivit faillit le faire partir en courant, mais sa mère finit par reprendre la parole, les sourcils haussées et les lèvres pincées :
- Hé bien... C'est sûr qu'on aurait aimé que tu marches dans nos pas, que tu reprennes le business de notre famille, que tu sois sûr de pouvoir gagner ta vie mais... Tu es adulte maintenant, James. Tu fais ce que tu veux.
- On ne pourra pas payer ton appartement pour toujours si tu ne sais toujours pas quoi faire à trente ans, jeune homme, j'espère que tu le sais. Si tu veux changer de voix il faudra que ça marche. Si ça ne marche pas tu devras travailler à coté. Pour le reste on te fait confiance.
James hocha la tête, conscient que ses parents avaient placés beaucoup d'espoirs en lui et que, état donné qu'il venait d'en briser la plupart et qu'il s'apprêtait à faire de même avec ce qui restait, c'était plutôt une bonne réaction.
- C'était tout ce que tu voulais nous dire ? Il n'y avait pas de quoi être anxieux, tu sais. On s'attendait bien à l'éventualité que notre enfant ne suive pas tout à fait nos traces. Ce sont des choses que les parents ont en tête. On s'y fera.
Certains parents ne s'y font jamais, crièrent les regards de Sirius et Regulus, d'un coté et de l'autre de James. Mais les Potter n'en firent rien. Bien sûr iels ne pensaient pas à ça.
- Mais on veut un objectif précis. Pas que ça te serve d'excuses pour ne rien faire de tes journées. Il te faut un travail ou une autre école. précisa Fleamont Potter sans dureté, avec cependant un regard direct envers son fils.
Il se sentait de retour au collège, lorsque ses bulletins arrivait et qu'il devait baisser les yeux face aux remontrances. Il savait être brillant mais il savait échouer dans une matière si ça ne l'intéressait pas, et la plupart des matières scolaires ne l'avait jamais intéressé. Il lui en avait voulu, à son père, de lui faire croire que les résultats scolaires étaient une mesure d'intelligence, que si on ratait son brevet ou son bac on s'en sortait pas dans la vie. Aujourd'hui il avait comprit qu'il avait voulu bien faire, mais le souvenir restait gravé : lui qui pleurait sur son lit en se disant qu'il n'y arriverait jamais, Sirius avec son téléphone secret qui le réconfortait depuis le manoir Black.
- Tu peux y réfléchir quelque semaines, nuança Euphemia posant une main sur celle de son mari assis sur la chaise d'à coté, en face du canapé. Et on peut te payer tes charges encore quelques années, on gagne suffisamment pour ça. Ce qu'on essaye de te dire, c'est qu'on ne le fera pas pour toujours et que si tu t'engages dans une autre voix, d'autres responsabilités viendront avec.
- Ok. » encaissa James, sachant que la sévérité de ses parents revenaient quand iels parlaient de travail, ce n'était pas trop mal.
Il pourrait demander conseil à Dorcas, essaya-t-il de penser, mais une seule préoccupation régnait dans son esprit et elle ne laissait la place à personne d'autre. Il se tourna vers Regulus, espérant un regard, un sourire. Le jeune homme avait l'air encore plus effrayée que lui. De façon paradoxale, ça lui donna la force de parler.
« Et à propos de suivre les traces, il y a autre chose.
Il attendait une perche, n'importe quoi. Rien ne vint, il soupira et s'imagina à mille lieues de là, glissant une prière dans la foulée alors que ça faisait des années qu'il ne croyait plus en Dieu. Dans dix ans, il en rirait. Dans dix ans il serait fier de ce moment.
... J'ai rencontré quelqu'un.
- Oh ! C'est une super nouvelle ça ! Se réjouit sa mère, le visage si lumineux qu'il fut hanté par l'idée de le voir s'éteindre.
Dans une réalité alternative on le jetait dehors, dans une autre on le câlinait en lui disant les mots magiques : « Ce n'est pas important, on t'aime ». C'était ce qu'iels avaient fait quand Sirius le leurs avait dit. Mais ce n'était pas pareil. Sirius n'était pas leurs fils unique, iels appréciaient beaucoup Remus, ça semblait logique quand on les observait assez bien, qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Et puis Sirius n'était pas pakistanais, il n'était pas de leurs famille, pas leurs héritier, leurs relève. Iels avaient été si heureux∙ses de rencontrer Lily, si belle, équilibrée et normale. Que penseraient-iels de Regulus ? Il n'était pas...
Le flot de ses pensés s'arrêta aussi tôt. Lily n'était pas meilleure que Regulus, et n'avait pas vécu les mêmes choses. Si ses parents la regrettait, ce serait tant pis pour elleux. C'était Regulus qui était à ses cotés maintenant, pour qui il faisait tout ça, qui l'avait accompagné ses derniers mois. C'était Regulus dont il était amoureux et cet amour dépassait l'estime que pouvait avoir sa famille de ses relations.
- C'est un garçon, lâcha-t-il alors.
Le sourire de sa mère se flétrit un peu, les mains de son père se croisèrent devant lui comme elles avaient l'habitude de le faire devant une situation délicate.
... En fait, vous le connaissez, c'est Regulus. »
Il sentit se dernier se raidir. Les deux adultes échangèrent un regard et rendirent leurs expressions moins démunies sans pour autant réagir.
« Dites quelque chose ! s'écria James, suppliant. Il ne voulait plus écouter une seule seconde de ce foutu silence.
- Tout va bien James, on digère l'information.
Le jeune homme sentit une certaine rage bouillonner en lui. Qu'y avaient-iels à digérer, sérieusement ? Il avait besoin de réconfort, n'y avait-il pas le droit ? Sirius n'avait jamais reçu de grimaces, lui. Les situations étaient différentes, James ne s'était pas fait viré de chez lui mais... mais lui aussi aurait rêvé de paroles rassurantes. Il n'avait pas de temps à laisser pour que l'information soit digérée, il était mort de trouille, chaque seconde était pire que la précédente. Regulus colla son bras au sien en toute discrétion, tout les regards étant braqué sur eux.
- Mais tu es sûr ?
- Oui.
- Depuis combien de temps ?
- Quoi ? Regulus et moi, quelque mois.
- Depuis combien de temps tu le sais ?
- Oh.. un ou deux ans.
- Mais... Et Lily ?
- J'aime aussi les filles. Les filles, les garçons, tout le monde.
- Mais... Regulus, excuse-moi de te demander ça mais... Tu es...
- Transgenre, oui. affirma Regulus prêt aux questions mais loin cependant d'être défait de son angoisse. En fait il espérait que personne n'avait deviné, mais bien sûr qu'iels avaient deviné.
- Mais alors, James... Je veux dire : c'est normal. C'est sa part féminine qui t'attire.
Ça, ce n'était pas quelque chose qu'il s'était attendu à entendre. Le garçon à lunettes fronça les sourcils tendit que Regulus et Sirius baissaient la tête d'un même mouvement, mortifiés.
- Tu trouves que Regulus ressemble à une fille ? Sérieusement ? Il avait gagné plusieurs points de confiance en lui et il était scandalisé mais son petit-ami le raisonna d'un faible touché. C'était normal ce genre de réaction, malheureusement. Les gens n'y connaissait pas grand chose à la transidentité mais ce n'était pas malveillant. Euphemia n'avait pas conscience de la répercutions de ses paroles. J'ai aimé des garçons avant lui et ils avaient des vraies bites si tu veux tout savoir !
- James, langage ! s'exclama son père en se levant.
- Regulus est un vrai garçon comme n'importe quel garçon ! s'écria James en se levant à son tour. Je veux bien des réactions de merde sur ma bisexualité, je m'en fiche, je vous aime alors je tolère. Mais vous n'avez pas de droit de dire ce genre de trucs à Reg'! Votre psychologie de comptoir, vous pouvez vous la garder.
- On ne parle pas comme ça à ses parents, jeune homme ! s'écria Fleamont, remonté.
- Mon coeur, je ne cautionne pas la forme mais James a raison, visiblement ma remarque était un peu déplacée, je suis désolée.
- Ça va, j'ai l'habitude. marmonna Regulus pour qui ça n'allait pas du tout, honteux que la situation ne soit ramenée à lui.
- On va... vous laisser réfléchir à tout, ça, d'accord ? » interrompit Sirius, se levant à son tour maintenant qu'iels étaient tous∙tes debout.
« Ça s'est pas si mal passé », reprit-il quand ils eurent franchit la porte d'entrée.
James attendait que tout ça ne passe, ne se tasse. Pas si mal passé, pour lui. Comme il s'y attendait, en fait. Mais Regulus versa une larme avec la fâcheuse impression d'avoir heurté le sol après avoir trop volé sur un nuage. Iels savaient alors. Iels savaient et iels trouvaient ça bizarre. Mais au point où il était il s'en fichait. James était en colère pour Regulus, qui ne semblait pas l'être. Il n'était jamais en colère contre les autres, celui-là, il trouvait toujours un moyen de ramener la faute sur lui ou de faire comme si rien de mal n'avait été fait. Sur le chemin du retour il resta silencieux, James ne cessant de faire des reproches à ses parents, Sirius nuançant, parce qu'Euphemia et Fleamont lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises. Au bout d'un moment iels s'arrêtèrent, voyant que leurs compagnon de route ne se sentait pas mieux comme ça.
Il n'en dit rien pourtant quand ils décidèrent d'acheter une pizza pour le diner, peignant un faux sourire que trahissait ses yeux. Il ne dit rien non plus quand Sirius leurs proposa un film pour se remonter le moral. Ni pendant, ni après. Il parla au coucher du soleil, quand James vint le rejoindre sur le grand lit où il lisait, pour changer.
- Je suis désolé pour mes parents. répéta James.
- C'est pas grave. C'est normal. Vos réactions à vous sont exceptionnelles, mais je sais que le reste du monde a du mal à comprendr-
- REG !
- Quoi ?
- Ton téléphone vibre ! s'écria James en désignant le pauvre objet abandonné sur un coin du matelas, entre deux t-shirts oubliés.
- QUI T'AS APPRIS À VIBRER ?! s'exclama Regulus, s'adressant directement au téléphone. Je crois que c'est pas la première fois que je l'entends faire ça. »
James rit mais n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit avant que son petit-ami ne décroche, faisant les cents pas dans le lit et tout son possible pour paraitre naturel. Amusant spectacle que le garçon à lunettes ne se lassa pas de regarder.
Quand ce fut finit le plus jeune le remarqua et laissa ses lèvres s'étirer en un sourire timide :
« J'ai une formation à la librairie, demain ! »
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