27. passé

Tw : conversations autour de santé mentale, de maltraitance et de violences sexuelles et de p*docriminalité (rien d'explicite ou de graphique mais tout de même, ne lisez pas ou lisez en diagonale si ça peut vous faire du mal. Votre santé mentale est plus importante qu'une histoire <3)

« Viens avec moi.

Nous étions quelques jours plus tard, espace de temps durant lequel les frères Black ne s'étaient échangé que de petits mots gênées, se croisant le moins possible. 

Au lieu du canapé qui n'offrait pas beaucoup de possibilité de vie privée, Regulus s'était installé dans la chambre de James qu'ils quittaient peu, ce qui avait permis à leurs colocataires de se rendre compte qu'ils n'allaient plus en cours depuis des semaines et de poser des questions. Regulus cherchait de quoi travailler et entrer en fac littéraire, Molly lui avait même proposer un boulot de baby-sitter pour ses enfants qu'il avait laissé en suspens, par sûr d'en être capable (il ne savait pas comment être un bon parent, il n'en avait jamais eu)  alors c'était surtout la passivité de James qui inquiétait. Remus et Sirius. Remus en éternel allié de l'école - au point qu'il souhaitait être professeur - n'hésitait pas à exprimer son désaccord, quand Sirius se montrait juste inquiet. 

Alors, quand ce dernier débarqua une après-midi, dans l'encadrement de la porte de James, sa veste à la main, son frère ne sut pas bien quoi en penser. Il était assis sur le lit, dévorant un livre qu'il n'aurait pas oser lire en plein milieu du salon, au coté de James qui avait essayé de l'imiter, puis avait commencé trois films sans en finir aucun et avait finit par scroller sur son téléphone. 

- Où ? 

- J'ai trouvé un endroit qui va te plaire. répondit simplement Sirius avec un sourire en coin, mystérieux. 

Regulus avait horreur des surprises, aussi hésita-t-il à l'envoyer sur les roses. Il avait encore en tête leurs précédente dispute, après tout. Le jeune homme à ses cotés, en revanche, aurait sauté sur n'importe quoi qui aurait pu le faire changer d'air. Non pas qu'il s'ennuie avec Regulus, mais ça faisait des jours qu'ils faisaient la même chose : rien. 

- Je viens avec vous ! »

Il se leva d'un bond et son copain se sentit bien obligé de le suivre, non sans une grimace. 


Ils furent agressés par le soleil en sortant. En ce mois de mars il faisait déjà une chaleur étouffante. Où qu'il aille, l'étoile semblait trouver une solution pour étinceler dans ses yeux et l'éblouir. Regulus préférait la nuit au jour et l'hiver à l'été. Sauf au réveil, peut-être. Malgré la chaleur, il s'était emmitouflé dans son sweat-shirt et portait un pantalon, parce qu'il n'avait rien d'autre et qu'il n'avait pas envie qu'on voit son corps. Une certaine dysphorie le frappa en observant James et Sirius qui étaient habillés tout à fait différemment et qui, sans avoir à le cacher, avait un corps bien plus masculin que lui. Ça faisait mal mais il devait bien faire avec.

Son attention fut dissipée malgré tout quinze minutes plus tard, lorsqu'il découvrit le lieu dans lequel son frère l'avait emmené. 

C'était une librairie. Une librairie à vous rendre claustrophobe tant des piles de livres envahissait ses moindre recoins. 

Il y avait des livres tout neufs et les plus beaux des livres abimés par le temps, emplis de mystères dans de vielles éditions, de vieilles langues. Les étagères montaient si haut qu'on avait installé des échelles pour atteindre les derniers étages. Les tranches colorés des bouquins donnaient l'impression d'être coincé dans un arc en ciel. Il y en avait beaucoup mais une place pour chacun. Quelqu'un avait fait de petits espaces pour lire aux enfants sur un tas de peluches et de coussins aux couleurs vives. Quelques affiches occupaient les coins vides. Ça n'avait pas été fait par un∙e minimaliste. 

Il y avait une session pour enfants et pour ado qui n'était pas plus petite que celle des adultes, tout un morceau de couloir consacré aux mangas, bande-dessinées et comics. De grands noms avoisinaient de tout petits et une petite pastille arc-en-ciel avait été collée sur quelques livres. C'était les signes indicateurs d'une bonne librairie pour Regulus : un lieu qui n'était pas qu'un temple impersonnel de consommation, mais un lieu où tout les livres, comme toutes les personnes, avaient leurs place à égalité l'un à coté de l'autre. Un endroit dans lequel on aurait pu passer sa vie tant il semblait renfermer de trésors. Des milliers de monde étaient cachés là. Il avait l'impression de contempler une galaxie.

« Bonjour, vous avez besoin d'aide ? risqua une vendeuse, ce qui fit réaliser à Regulus qu'il regardait sans doute depuis trop longtemps.

- Merci mais il admire seulement, dit Sirius pour lui, il est amoureux de la littérature. »

Elle répondit quelque chose. Regulus ne sut pas tout à fait quoi car pour une raison ou pour une autre ils furent trop vite dehors, trop près du soleil étouffant et trop loin du refuge. La magie s'évaporait déjà. 

La main de James vint adoucir le choc, se glissant dans la sienne. Regulus se colla à lui un moment, bras contre bras, sentant son coeur et sa respiration. Il n'avait jamais compris ça, avant, mais maintenant il le sentait fort : il aimait ressentir sa peau, son souffle et ses battements de coeur, juste pour constater sa présence et sa vie si près de lui, savoir qu'il n'était pas seul, qu'il était aimé et qu'ils étaient là l'un pour l'autre. 

Je t'aime, James. Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. pensait pour de bon son coeur, et il comprenait tout les mots qu'il avait lu sur le sujet sans y croire. James avec lui, un refuge à deux pas et le sourire amusé de son frère pas très loin, c'était le bonheur. C'était se sentir vivant, pas au travers une fiction mais pour de bon. 

« Je veux travailler ici. dit-il au lieu de tout ça. Je dois travailler ici. 

- Je sais vraiment pas ce que vous foutez ensemble, plaisanta Sirius. James n'a jamais réussit à finir un livre. »

Mais son frère n'était pas d'accord, pas du tout. Parce qu'en ce moment il n'y avait pas plus grande évidence que James et lui, peut importe qu'il lise ou pas. Ça n'avait aucune importance, puisqu'il l'aimait et que personne ne l'avait jamais aimé comme ça.

« On leurs déposera ton CV. » rit James. 

♠︎

« Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? demanda Sirius 

- Quoi ?

Nous étions plus tard dans la soirée, une heure bien plus douce pendant laquelle on pouvait laisser les fenêtres ouvertes et humer l'odeur de la nuit. Regulus aurait pu passer l'éternité dedans. Ils avaient mangé tous ensembles, à un moment il avait raconté à Sirius le pont, la vie (ou plutôt le vide) après son départ. Ça l'avait boulversé, quand lui arrivait à parlé de ça avec un air détaché, la voix tremblotante sur quelques mots trop durs. Il détestait ça, il aurait préféré parler de livres, s'incruster dans les débats politiques des autres, dans les anecdotes de lycées. Mais il savait qu'il devait encore en parler pour ne pas que ça devienne un non-dit qui gâcherait les choses et auquel il ne pourrait plus cesser de penser. Pour ne pas que la spirale ne se re-déclenche. 

- Pourquoi tu ne m'as rien dit ? insista son frère. Tu avais des façons de me contacter, tu savais que je serais de ton coté. Pourquoi t'es dit que te faire du mal, te tuer, serait une meilleure solution ? 

Ses yeux étaient larmoyants, rouges et débordant de larmes qui ne coulaient pas. Ses mains étaient crispées sur le canapé gris. Regulus, au contraire, était plus calme que jamais. Pas une seule de ses émotions n'était lisible pour James, assis par terre, qui assistait à la scène sans trop savoir où se mettre et surement pas davantage pour Remus, à peu près dans la même situation.

- Je ne voulais pas te faire revenir, te faire regretter d'être parti.

- Je ne serai pas revenu, admit Sirius, mais j'aurais pu t'aider à partir, toi.

- J'étais mineur, les parents m'auraient cherché. Et puis je ne t'aurais pas laissé faire, j'étais tellement sous leurs emprise. 

- On aurait contacter les services sociaux ! Ou la police ! Après ce qu'iels m'avaient fait on avait suffisamment de témoins. Et de preuves. 

- Et ça aurait été réglé avec un bon gros chèque de la Très Noble et très Ancienne Maison des Black

- Pas avec des preuves solides !

- Sirius, preuves ou pas on ne nous aurait pas cru. On ne nous croira jamais. Pas face une famille riche, célèbre, aimée, avec autant d'allié∙es politique et d'histoire. Il n'y a qu'avec les gens qu'on aime pas qu'on accepte sans sourciller qu'iels soit des agresseur∙euses. Regarde Voldemort avec ses dizaines d'accusations, à droite personne n'y croit, à gauche personne n'a de doute sur le fait qu'il soit coupable. Pour Michael Jackson par contre, on décide de ne pas croire les victimes. 

- Nos parents de ne sont pas Michael Jackson ! On a des alliés à gauche. Si je voulais encore dénoncer leurs maltraitance je pourrais faire appel à l'Ordre du Phénix tout entier !

- Qui accepterait ? Combien de membre de "l'Ordre du Phénix" sont accusé∙es elleux aussi ? Je crois savoir que Mondingus Fletcher ou Alastor Maugrey y sont et qu'ils ont leurs lot d'accusation de corruption, de détournement de fonds et pleins d'autres choses, eux aussi. Non ? 

- Exactement pour ce genre de trucs que je suis parti. souligna James en hochant la tête. 

- Bref. On s'éloigne du sujet. fit remarqué l'ainé des Black.

- Quel sujet ?

- Toi !

- Moi ? Et pourquoi pas toi, plutôt, Sirius ? Tu me dis qu'on aurait put déposer une plainte pour maltraitance, pourquoi tu ne l'as pas fait ? 

Il y eu un certain silence. Remus s'appuya contre son petit-ami et ils échangèrent un regard dans lequel il y avait air d'avoir des millions de pensées différentes mais qu'ils avaient pourtant l'air de comprendre. 

- Je n'avais pas la force. reconnu Sirius. J'avais peur que personne ne me croit. 

- Tu vois. »


« Ma psy m'avait parlé de ça aussi, reprit Regulus au bout d'un moment. Quand j'étais en clinique. Mais j'étais pas près à tout ça et je vivais encore chez elleux. Et puis comme l'Ordre, comme partout, la clinique avait sa part de défaut. Un des médecins qui a été arrêté pendant que j'étais là.

Il ne l'avait examiné qu'une seule fois et Regulus en était ressortit terrifié. Cet homme avait le regard méprisant et sarcastique des personnes les plus sadiques. Il était chargé de le peser et de lui faire prendre des médicaments mais il lui avait déclaré son poids alors même que le jeune homme lui avait demandé de ne pas le faire et lui avait donné des somnifères au lieu d'anxiolytiques. Il craignait même qu'il l'ai fait exprès. C'était la seule vague forme de mauvais traitement médical qu'il avait vécu mais ça lui avait fait peur. Savoir que s'il s'était fait arrêté c'était que bien pire était arrivé à d'autres. Égoïstement, il se répétait parfois la litanie terrifiante du "ça aurait pu être moi".

- Comment il s'appelait ? demanda Remus d'une voix blanche. 

- M. Greyback. Fabian...un nom comme ça ? 

- Fenrir. 

Regulus comprit un instant trop tard que l'atmosphère avait changée, tout les autres avaient l'air d'avoir vu un fantôme, aussi se demanda-t-il s'il n'avait pas eu sa pensé "égoïste" à voix haute. 

- Mais, il ne t'ai rien arrivé ? s'enquit James. 

- Oh non il a juste... manqué de tact par rapport à mon poids et il m'a filé les mauvais médicaments. 

- Mais il ne t'as pas fait de mal ? Tu es sûr ? reprit Sirius. 

- Oui, bien sûr. De toutes façon quand je suis sorti de la salle d'examen j'étais avec Pandora tout du long pour me surveiller. Elle est pas super attentive mais elle sait prendre soin des autres, rien ne me serait arrivé avec elle. »

Remus était muet comme une tombe. Il se leva et retourna dans sa chambre, fébrile. Regulus pensa d'abord qu'il était juste fatigué ou de nouveau incapable d'affronter le conflit. Sirius le suivit avec un regard d'excuse. 

Seul restait James et lui, encore imprégnés de la scène, en tailleur sur le sol. 

« Tu ne veux pas retourner la voir, cette psy ? dit le garçon à lunettes pour changer de sujet. Au moins la psy. Je sais que tu veux pas y retourner pour pas que ça te fasse rechuter mais avec un tel passif... 

- Ça va. Je vais mieux. Et puis cette psy était super mais je pourrais en trouver d'autres. Gratuit∙es, maintenant que je suis fauché. 

Il finit par dire son nom, Madame Pomfresh, pour plaisanter et alléger l'ambiance, ne s'attendant pas au regard de James qui était plus surpris qu'amusé. 

- Mme Pomfresh ? s'écria James. C'est une blague ? 

- Tu la connais elle aussi ? 

- Oui. C'est celle que mes parents m'ont envoyé voir en primaire. 


- Attends, quoi ? Re-dit moi ça ? 

- La psychiatre que mes parents m'ont envoyé voir en primaire. répéta James sans comprendre l'air perdu que son copain adoptait. 

- Pourquoi tu es allé voir une psy en primaire ? 

- Euh... J'étais en quelque sorte un élément perturbateur. répondit James sans voir en quoi cela pouvait intéresser qui que ce soit, surtout dans un moment pareil. Après tout ce que Regulus avait (re)raconté, sa vie à lui lui semblait vraiment insignifiante sur tout les points. Ma maitresse l'avait conseillée à mes parents, elle m'a posé un diagnostic assez vite mais personne n'en a voulu, le directeur voulait pas croire autre chose que "c'est un garçon agité, ses parents ont du mal l'éduquer", sans doute que si j'avais été un petit blanc il aurait cru la psy.

- Elle a dit quoi ? 

- Oh, un truc du genre trouble de l'attention. Pourquoi tu me poses toutes ses questions ?

- Trouble du déficit de l'attention ? Mais James

- Mais quoi

- Tu es TDAH !

- Ouais... ? répondit-il sans comprendre. Et alors ? 

- Mais ça explique tout ! Ta situation à l'école, avec Severus. Tu n'arrêtes pas de dire que tu t'en veux parce que tu es trop impulsif, trop "flemmard", de t'en vouloir parce que tu n'y arrives pas mais c'est, ça, la raison ! Tu es traité pour ça ?

- Oh non, comme je t'ai dit. Personne n'y a cru. 

- Tes parents n'ont rien fait ?

- Mes parents sont un peu anti-diagnostic. Ils aiment pas qu'on mettent les gens dans des cases... 

- Il est pas question de ça ! Si tu avais un handicap physique, genre, je ne sais pas, le diabète, tu serais bien content qu'il y ai des gens pour te mettre dans une case, qui puisse te fournir les bons traitement et les aides adaptées. Mais enfin, c'est normal que tu galères autant au quotidien comme ça ! 

- Je sais pas, je trouve que ça va. contra James. Enfin ça dépend des périodes, c'est sûr que le système scolaire ne m'a jamais trop satisfait et qu'il y a des trucs durs à comprendre mais... ça va. 

- Faut que tu retournes voir quelqu'un James. Tu te compliques la vie pour rien. »

Il leva les yeux au ciel, détournant l'attention de Regulus en l'embrassant. Il se laissa avoir, faible amoureux. Incapable d'ignorer son coeur qui continuait d'explorer la nouvelle émotion en criant entre ses battements des invisibles : je t'aime, je t'aime, je t'aime. 

♣︎

« C'est quoi, l'histoire avec Greyback ? chuchota-t-il au milieu de la nuit, s'en voulant d'être trop curieux. 

- Si on te demande tu diras que tu ne sais pas. Mais.. tu sais que Remus est séropositif ? 

- Mhm. acquiesça Regulus, hochant la tête dans le noir. 

- C'est... la faute de ce Greyback. C'était un ami de M. Lupin, le père de Remus. Un collègue en fait. Ils étaient tout les deux docteurs. Et... quand Remus était tout petit il l'a... infecté

Regulus se figea dans les draps, les yeux écarquillés par l'horreur. 

- Tu veux dire... 

- Tu as bien compris. 

- C'est un pédophile. 

- Un pédocriminel, plutôt. Et un gros connard. Il a détruit la vie de Remus, il l'a complètement traumatisé. 

- Tu m'étonnes. C'est affreux. Mais... au moins il a du être arrêté tout de suite après ça ? Je veux dire, avec le virus, ça faisait une preuve. 

- Ça serait trop beau. Il ne savait pas encore qu'il avait le virus, Remus n'as pas parlé tout de suite mais, mais ouais, ses parents ont bien finit par se demander pourquoi il était si malade tout d'un coup. Heureusement le diagnostique est vite tombé. Greyback a pas été emprisonné pour autant, comme tu l'as vu il a continuer d'exercer. Je sais même pas comment. Tu sais, l'impunité des personnes de pouvoir c'est pas nouveau. Il a été emprisonné depuis, comme tu l'as dit. Je ne sais pas si ça changera grand chose ou si ça le rendra pas encore pire. Remus a peur du jour où il sortira, et on sait que ça arrivera. J'espère au moins qu'il ne sera plus jamais au contact d'enfants. Ni de personne. 

Regulus se sentait mal, emplit d'empathie à en pleurer et choqué. Il n'imaginait pas ce que ça avait du être pour Remus et sans doute pour les autres. Cette fille qu'il avait détesté à la clinique... aucun souvenir de son prénom. 

- C'est pas juste. C'est tellement injuste. Je suis désolé pour Remus, j'ai même pas les mots. 

- Nous non plus. assura James, serrant Regulus dans ses bras. C'est horrible, c'est inhumain, même. Enfin non, c'est ça le problème. C'est typiquement humain. Mais ça va mieux, maintenant. Je crois qu'il va mieux. Il a beaucoup de courage. Et puis il a Sirius. Et sa maman a été super. Même si avec les gens cons tout autour de nous ça arrange rien, que ce soit sur la maladie ou les sujets très grave comme ceux-là. 

- Il t'as toi. Il a les Maraudeurs. 

- J'espère que c'est suffisant.

- J'espère. »

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