Ne soyez pas éco-anxieux
Bonjour bonjour ! Comment allez vous ?
Merci à portalv24 assassinefangirl HogwartsZaza58 Brick_by_Brick_ HikaruSea in-activity Oritis74 fairyvb pour vos retours sur le dernier article !
Comme bon nombre d'entre vous, je suis très inquiète pour l'avenir de notre planète. Entre des intagrameuse, tik-tokeuse, bref crâneuses du net qui promeuvent la fast fashion via des défis toujours plus stupide et des footballeurs qui se marrent quand on leur parlent de responsabilité climatique, difficile de croire encore que l'on va s'en sortir face à notre crise climatique. Personnellement, oui ça m'a fait longtemps paniquer. Au sens littérale du terme. Sentiment de culpabilité, d'impuissance, d'angoisse persistante.
Et comme je ne suis pas la seule à angoisser sur le sujet, on se dit naturellement qu'il s'agit d'un phénomène sociologique, et donc comme tout phénomène on le nomme : l'éco-anxiété. Alors l'éco-anxiété qu'est ce que c'est en réalité ? Pour cet article je vais très simplement reprendre le propos de Fréderic Lordon lors d'une conférence du courrier le 28.06.2022 à 18h30 à l'Unil, Lausann.
Alors, Fréderic Lordon - non pas London, on en entend suffisamment parler dans les médias de cette ville en ce moment, inutile d'en rajouter -, pour remettre dans le contexte, en quelques mots : philosophe ; économiste ; penseurs parmi les plus importants de la gauche française. En outre, ce charmant monsieur est chercheur au CSE (centre de sociologie européenne) et au CNRS (centre national de recherche sociologique) - donc autant vous dire qu'il mange, dort, vit, phénomènes sociologiques.
Alors dans cette interview, il s'en donne à cœur joie pour dans un premier temps démonter gentillement la face du terme "éco-anxiété". Tout d'abord parce qu'il s'agit plus d'un terme en réalité médiatique, pas réellement sociologique d'après lui - ça se discute.
On part d'un vrai problème politique - donc ici la question climatique. Sachant que bon définir ce qui est politique ou non... Admettons que ce n'est pas le sujet, pour l'instant, si ça vous intéresse je peux expliquer ce que l'on considère comme politique ou non, c'est précisément l'objet d'un de mes cours donc je peux le faire, dites le moi en commentaire.
Et ce problème politique, on va le prendre, et on va la psychologiser, la transformer en chose psychologique commune à toute la société, et qui va généré des réactions sociales. Donc on part de quelque chose qui demande de la logique, de la rationalité, des études pour le transformer en problème qui appuie sur notre psyché et notre pathos - nos sentiments, nos réactions à chaud.
Je ne vais pas condamner les médias, c'est quelque chose d'assez classique pour capter une audience. Ici Lordon relie cela au néo-libéralisme, idem que pour la question de ce qui est politique, je peux vous en parler un peu plus tard, ou du moins vous donner une définition relativement neutre de l'idéologie néo-libérale dans un prochain article.
Le problème c'est que dans le cas présent, transformer ainsi le phénomène politique, ça le dénature tellement que... Eh bien il ne veut plus dire grand chose. On interroge les jeunes plutôt que des experts, en demandant plutôt "Est-ce que vous êtes anxieux ?". Et fatalement, vous ne trouverez rarement une personne qui vous répondra "Non.", parce que c'est une question qui préoccupe. Et ce "non" n'appelle pas à une vraie argumentation - un ressenti ça ne s'argumente pas.
Pour définir ce que l'on entend par angoisse : il s'agit de l'anticipation d'un péril flou ou d'un péril dont la cause est floue et qui nous laisse dans l'incapacité de monter une réaction un peu articulée. On a donc l'impression d'une peur sans objet puisqu'on ne peut pas clairement la définir.
Alors, poursuivons le raisonnement de Lordon, qui anticipe la question que vous étiez entrain de taper frénétiquement sur votre clavier dans mes commentaires : comment ça la cause de la crise climatique est floue ? Eh bien oui si le problème n'est pas flou et est même clairement établi, c'est à dire pour citer notre cher ami : "la planète crame, on va cramer dessus", la cause de cette fatalité est en permanence eh bien... Floue.
Oui je vous mets au défis de me donner l'exact causalité de notre inefficacité. Vous pouvez rejeter la faute au politique, au lobbies etc, bien sûr ils en sont les acteurs, mais savoir comment tout ça s'organise sur l'échiquier politique, internationale... Eh bien c'est proprement impossible puisque ce n'est pas accessible au grand public.
Donc laisser sur la psyché - qui est quelque chose de fragile chez un individu - un "péril vital dont on a pas la moindre idée du système causale dont il découle et de ce qu'il faudrait faire en conséquence pour le parer", honnêtement, ça relève presque de la torture mentale.
Alors, dans cette interview, Lordon ne se décrit pas comme éco-anxieux, puisqu'il avance qu'il identifie vaguement les mécanismes qui sont à l'origine de cette mauvaise gestion de la crise, et qu'il a une idée générique de quoi faire, ici renverser le capitalisme. Je ne vais pas me prononcer sur ce sujet, je ne m'y connais pas encore assez pour définir précisément ce qu'est le capitalisme. Enfin si évidemment je connais la définition qu'on nous rabâche au lycée et dans les médias, mais je fais des études de Science politique, donc je ne veux pas rester dans des préjugés et j'attends de pouvoir avoir une approche vraiment scientifique de la question.
Je ne reproche cependant pas cette approche à Lordon parce que je suis d'accord avec lui : s'attaquer au système en place, ça me semble plus précis et moins culpabilisant que de dire on va faire le Green new deal ou trier nos déchets, ou arrêter de se chauffer parce que c'est "la fin de l'abondance".
Dédicace spéciale d'ailleurs à notre chère Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, qui nous explique qu'il faudrait arrêter d'envoyer des "email rigolo à ses amis" pour réduire les émissions de CO2, et que réduire les jets privés c'est être à côté de la plaque - si si, ce 30 aout sur France inter.
Bref, tout ça pour dire, ne vous flagellez pas trop, la plupart de ces choses nous dépasse. Mais ce n'est pas pour autant que nous ne pouvons rien faire, non, non. Simplement il faut arrêter d'être anxieux, c'est à dire de réfléchir avec nos sentiments, pour passer à une logique rationnelle face à ces problèmes.
Et là, Lordon utilise un terme que j'adore : il préconise d'être éco-furieux. C'est à dire, dans l'action, plutôt politique, s'engager non plus individuellement, mais collectivement. D'être en colère, plutôt qu'angoissé, en colère parce que notre raisonnement logique nous montre bien que cette réaction est plus que naturelle quand on voit la désinformation autour des causes à effet de ce problème, et l'inaction des acteurs qui pourraient avoir un impact sur cette crise.
Et toi ? Comment te sens-tu face à la crise climatique ? Es-tu d'accord avec ce discours ? As-tu des idées de solution à nous proposer ?
J'espère ne pas vous avoir trop assommé !
Sur ce, passez une bonne semaine et prenez bien soin de vous !
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