Les Choristes - Partie 2

Bonjour à tous ! J'espère que vous avez passé un bon Noël en famille ou entre amis !

Merci à LisaVaugirard LilaMystery SD_GHOST assassinefangirl pour leurs votes et commentaires sur la première partie, j'espère que celle-ci vous plaira tout autant ! Bonne lecture !

-----

Clément Mathieu n'est pas sans défauts. Sa solitude le pèse, il est au début du film dans une indifférence complète, jusqu'à ce qu'il décide de reprendre la musique qu'il avait abandonné face à son échec dans le domaine. Ou plutôt, jusqu'à ce qu'il se décide à la partager avec les enfants. Ce n'est pas la musique qui sauve Mathieu de sa vie morose, c'est son association à ses élèves - et tout ce qui les touche de près ou de loin. Attardons nous donc sur deux d'entre eux : Pierre Morhange, l'enfant prodige, et Mondain, l'échec.

Pierre Morhange est l'héritier de la musique de Clément Mathieu, qui est une réelle figure paternelle pour lui, un miroir dans lequel tous les deux se regarde. Une scène du film montrant leur deux silhouettes face à face illustre parfaitement cette effet. On peut également se rappeler du début du film : Pierre apprend la mort de sa mère, se rend à son enterrement. Puis, dans la scène qui suit directement celui-ci, on sonne à sa porte pour lui transmettre un héritage. Mais pas celui de sa mère ; celui de Clément Mathieu. Son père spirituel, quelque part.

Pour moi, il est assez clair que Mathieu fait une grande transposition entre lui et Pierre tout du long du film, et qu'il veut lui donner la vie de musicien que lui n'a pas pu avoir. Vie que Pierre finira par ailleurs par obtenir, comme on le voit au début du film : musicien émérite, lui aussi sans enfant, pour qui rien n'importe plus que la musique. Pierre Morhange est un prodige, un enfant inspiré, capable de lire une partition et de l'apprendre sans l'aide de personne. Très vite, Mathieu ne le lache plus d'une semelle, le haussant sur un piedestal, le changeant du tout au tout en lui permettant d'exprimer un don qui semble inné.

Et tout au long du film, Clément Mathieu n'aura de cesse de lui adresser des conseils qu'il semble s'adresser à lui même comme cette phrase, où il intime à Pierre : "Tu fais des choses qui ne te resemblent pas" quand lui même joue un rôle pour correspondre au "projet pédagogique" de l'établissement.

Mais il y a une ombre au tableau dans cette relation si inspirante, et cette ombre à un nom : Violette Morhange, la mère de Pierre

Clément Mathieu tombe immédiatement sous son charme, avant même de découvrir le talent de Pierre. C'est à partir de ce moment là, qu'il commence à prêter une attention particulière au jeune homme, pas lorsqu'il découvre son talent.

Pris dans ce sentiment euphorique, Clément Mathieu semble soudain rajeunir. Il agit comme un adolescent, se préparant dès qu'il sait qu'il va la voir, lui courant après sans cesse. Et devant tant de passion, on est en droit de se demander : aurait-il pris autant à coeur le succès de Pierre s'il n'était pas tombé amoureux de sa mère presque au même moment qu'il découvrait son talent ? Cette question devient d'autant plus légitime lorsque l'on voit comment il traite Pierre après que celui-ci ait fait de la peine à sa mère devant ses yeux.

"Personne n'est indispensable" assene-t-il au jeune prodige. Phrase qui va à l'encontre de tout le projet éducatif qu'il a mené depuis le début du film. Lorsque Clément Mathieu est amoureux, il ne se ressemble plus à lui même. Et ce n'est que lorsqu'il apprendra que la mère de Pierre est déjà fiancée qu'il commencera seulement à apprécier totalement en entièrement le jeune homme pour son talent, l'aidant enfin totalement à l'exprimer, sans arrière pensée, simplement pour la réussite du jeune homme.

Clément Mathieu n'est peut être pas devenu son beau père, mais il est indéniablement celui qui inspiré le destin de Pierre, son héritier.

Face à cette figure de l'enfant modèle, de la réussite de Clément Mathieu, on voit se dresser un second antagoniste : Mondain. Mondain, cet enfant qui a déjà vécu un système "d'éducation" dur et violent qu'est celui de l'hopital psychiatrique. Il est immédiatement désigné comme "irrécupérable" et des les premières scènes, on sait que l'équipe enseignante du pensionnat ne va faire que le détruire un peu plus.

Toute l'ironie réside en une scène. Rachin conforte le docteur qui vient de l'amener en lui disant qu'il va recevoir toute l'attention nécessaire. Or, une conversation entière vient de se dérouler devant les yeux de Mondain où l'on parle de lui comme d'un sujet d'expérience, comme s'il n'était pas là. Quelle est cette attention dont parle Rachin ? Surement plus une surveillance constante qu'un accompagnement de cet enfant.

Et même Clément Mathieu échoue à intégrer cet enfant à son projet éducatif. Il cède face à la provocation du garçon, le valorise peu par rapport aux autres - alors que Mondain possède des qualités qui auraient pu être mise en valeur : comme l'admettra plus tard Mathieu, il est le seul bariton de la chorale.

Dans le film, Clément Mathieu est dans une position ambigüe, tentant à la fois de traiter Mondain comme tous ses élèves, et en même temps, ne pouvant cacher son mépris pour ce qu'il incarne : la violence. Ce mépris le conduira à sans le vouloir au cours du film attirer la haine de Mondain envers ses deux protégés : Pierre et Pépino .

Mondain en viendra, comprenant immédiatement l'affect que Mathieu a pour ces deux garçons et le dédain qu'il a pour lui, à en frapper l'un et à harceler l'autre. La haine de Mathieu à son égard arrive à son paroxysme lorsqu'il découvre ce que Mondain fait subir à Pépino. Pour la première fois du film, on le voit témoigner une réelle animosité, s'énerver franchement et proférer des menaces sincères.

Mondain n'est pas foncièrement méchant. C'est un enfant qui a été traumatisé et qui n'a jamais reçu d'oreille attentive ou d'affection. Ses parents l'ont envoyé en hôpital psychiatrique où il a été dénigré toute son enfance, il arrive dans ce nouvel établissement où même celui que l'on pourrait voir comme le plus bons des Hommes ne l'acceptent pas. Le mal être de Mondain se sent de plus en plus tout au long du film jusqu'à arriver à un premier point d'apothéose : sa tentative de meurtre de Rachin, puis sa mise à feu du pensionnat. Une volonté de destruction, à laquelle il avait déjà des prédisposition.

Faire peser la responsabilité de comportement de Mondain sur les épaules de Clément Mathieu serait injuste. Mais on ne peut nier une chose : il montre parfaitement que parfois, même le meilleur des professeurs peut ne pas savoir enseigner à un élève. Surtout un élève aussi difficile. Ce sera finalement cet échec qui sera décisif pour Mathieu, puisque c'est suite à l'incendie provoqué par Mondain qu'il sera renvoyé. Malgré toute ses réussites, l'aventure se termine là. Après un adieu avec ses élèves, le cœur pourtant rempli d'optimisme, Clément Mathieu repart comme il est venu, seul, sans but, avec pour seule compagnie ses partitions et ses souvenirs.

Seul ? Non, pas vraiment. Parce que je vous ai menti. Il existe un personnage dont nous n'avons fait qu'évoquer le nom jusqu'à présent et qui l'accompagnera lorsqu'il partira du fond de l'Etang : Pépino. Pépino est l'incarnation de l'innocence.

Il parle peu, pourtant immédiatement Mathieu est pris d'affection pour lui. C'est le premier enfant qu'il rencontre en arrivant ; le dernier qu'il voit lorsqu'il repart. Si le rôle de Pépino semble ténu dans le film, il est pourtant ce que Mathieu gardera de Fond de l'Etang en plus de ses souvenirs. Il est le véritable père de Pépino, sans ambiguïté, son affection à son égard - contrairement à celle qu'il porte à Pierre - étant sans condition aucune tout au long du film. Pépino n'est peut être pas extraordinaire, n'a pas de mère jolie à courtiser, mais il a choisi Mathieu comme père, comme porte de sortie à ce pensionnat morose, et c'est en ce simple fait, que je trouve que leur relation est la plus belle de ce film.

Alors, il est possible que je ne vous ai rien appris pendant ces deux parties. Que n'importe qui l'ayant vu ai déjà eu ces réflexions, et sans aucun doutes ma nostalgie influence l'idée que je me fais de ce film. Car - il faut bien le dire - ce film possède bien des défauts, est niais, fait pour faire pleurer dans les chaumières, "bien pensant"... Il suffit d'aller lire les critiques de spectateurs pour le voir. Mais je refuse de me laisser dicter mes goûts, et s'il me plaît de revoir et d'analyser un film - aussi mauvais soit il d'après certains - car j'y lis des choses qui m'inspire, alors je le ferais.

Et c'est peut être ça finalement, la plus grande leçon que j'ai tiré des Choristes. N'ayons pas peur d'affirmer nos goûts, soyons niais et même stupide s'il le faut ; si cela nous rend heureux.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top