- partie 5
Depuis le motel, Minho n'avait plus adressé un mot à Chan. Il l'évitait comme la peste, quitte à devoir trouver des stratagèmes plus farfelus les uns que les autres. Hyunjin et Changbin commençaient à s'inquiéter pour leur ami qui devenait de plus en plus étrange. Il était fuyant, à l'affût, toujours à observer les alentours comme si quelqu'un allait surgir de nulle part pour s'attaquer à lui. Il avait bien conscience que ce n'était pas une solution, qu'il ne pourrait pas se cacher indéfiniment et qu'il finirait par revoir Chan un jour ou l'autre. Il ne pouvait pas lui échapper, il le savait.
C'était peut-être une question de destin entre eux, même s'il n'était pas sûr de croire à ces choses-là. Il avait l'impression que tout avait changé dans son quotidien, qu'il ne parvenait plus à se défaire de l'emprise que Chan avait sur lui depuis qu'il l'avait revu pour la première fois en plus de deux ans. Mais en réalité, il ne l'avait jamais oublié. Et il le savait au fond de lui. Il n'avait jamais réussi à revivre une relation sérieuse. Il pensait toujours à lui. Même quand il couchait avec d'autres hommes, il ne pouvait s'empêcher de comparer leur performance avec celle de son ex petit ami. Avec Chan, il avait connu ses premières expériences, il avait connu l'extase. Il n'avait plus jamais pu retrouver toutes les sensations que le jeune homme lui avait fait ressentir. Et même lorsqu'il avait couché avec lui au motel, il n'avait pas réussi à revivre cette chose si spéciale. Parce qu'il avait cherché à agir différemment de ce qu'il aurait aimé. Parce qu'il s'était forcé à se montrer sous un autre jour, un jour qui ne lui ressemblait pas.
Il avait joué les gros durs, le mec confiant et déterminé, alors qu'il souhaitait seulement obtenir de l'attention et de l'affection. Alors qu'il aurait apprécié sentir les bras forts de Chan le serrer contre lui, qu'il aurait voulu sentir son souffle s'échouer dans son cou tandis qu'il lui faisait tendrement l'amour.
— Hé, tu branles quoi ?
Le coup de coude de Hyunjin le fit sursauter, il lâcha un petit cri dans la bibliothèque, ce qui attira les regards inquisiteurs de certains étudiants. Il s'excusa timidement avant de soupirer, le menton logé dans le creux de sa main.
— Réponds pas surtout… se plaignit son ami d'un air boudeur.
— T'as vraiment pas l'air dans ton assiette, ajouta Changbin.
Minho laissa filer un énième soupir. Il ne parvenait plus à se concentrer sur quoi que ce soit. Il n'avait qu'une seule chose en tête. Qu'une seule personne. Chan. Toujours Chan. Et les images de leur partie de jambe en l'air au motel ne cessaient de tourner en boucle dans son esprit. Comment pouvait-il aller bien avec tout ce qu'il ressassait ? Avec tous ces souvenirs agréables, malgré la douleur qui avait aussi bercé cette relation ? Était-il capable de vivre sans cette douleur, en gardant simplement les bons moments avec Chan dans un coin de sa tête ? Il aurait pu. Il aurait dû. Mais rien ne se passait comme prévu. Il avait un goût amer d'inachevé. Leur histoire était une histoire qu'il pensait terminée, mais qui s'avérait en réalité incomplète. Il n'en avait pas fait le tour, il n'avait pas eu la possibilité de vivre tout ce dont il avait eu envie avec Chan. Parce que ce dernier avait agi comme un imbécile.
Un véritable imbécile. Et Minho lui en voulait énormément pour avoir foutu en l'air tout l'amour qu'il éprouvait pour lui. Il s'était donné corps et âme, et il avait eu la sensation de ne pas recevoir le même amour qu'il avait donné sans compter.
D'un bond, Minho se leva. Ses amis lui lancèrent un regard à la fois surpris et perdu.
— Tu vas où ?
— Je rentre chez moi, j'arrive pas à me concentrer.
Changbin fronça les sourcils tandis que Minho passait une bretelle de son sac à dos.
— T'es sûr que ça va ?
Il hocha la tête et tenta d'afficher un sourire qui se voulait rassurant, puis il les salua avant de tourner les talons. Il ne souhaitait pas inquiéter ses amis inutilement et surtout, il voulait garder la face. Jamais il ne leur avouerait tous les tourments qui régissaient son quotidien. Jamais il n'oserait dire qu'il avait eu une liaison avec Chan par le passé et qu'il avait de nouveau couché avec lui récemment. Il avait honte. Honte d'être encore aussi attaché à une illusion d'adolescent. Ils le trouveraient stupide. Ils lui diraient de passer à autre chose, de s'amuser, de profiter de la vie, de ne pas s'empêcher de faire des rencontres pour un seul mec qui l'avait déçu. Mais Chan avait fait bien plus que le décevoir. Il l'avait marqué de bien des manières, et elles n'étaient pas toutes négatives, bien au contraire.
Et s'il avait changé ? Et s'il pouvait désormais lui apporter ce qu'il attendait d'une relation ? Minho secoua la tête. Il ne pouvait pas constamment y penser, ce n'était pas sain et ça ne faisait que remuer le couteau dans la plaie. Cette cicatrice qui le tiraillait depuis des mois, depuis des années, s'était finalement réouverte pour lui infliger une horrible douleur qu'il ne pouvait plus supporter. Mais comment la refermer ? Comment réussirait-il à avancer s'il ne faisait qu'y penser ? Il n'était pas dupe : c'était impossible.
Hors de la bibliothèque, Minho prit une grande inspiration. L'air était encore agréable, les températures de plus en plus élevées avec l'arrivée imminente de l'été. Il avait hâte que les vacances arrivent afin qu'il puisse s'aérer l'esprit. Peut-être tenterait-il de sortir un peu avec ses amis si le job étudiant qu'il avait décroché le lui permettait. Il avait juste besoin de penser à autre chose, loin des révisions, loin de l'université, loin de Chan.
Ses pas se firent de plus en plus rapides au fur et à mesure qu'il apercevait la sortie du campus. Il avait envie de rentrer chez lui et de dormir pour ne plus réfléchir. Il ne relierait même pas ses cours et, s'il avait le courage, il avalerait un simple bol de nouilles instantanées avant de filer sous la douche. Son but était de cesser de cogiter au plus vite, et trouver le sommeil — s'il y parvenait — semblait être une bonne option.
— Minho, attends.
Dans un sursaut, il s'arrêta et recula d'un pas. Son cœur s'était soudain emballé lorsque Chan était apparu devant lui, essoufflé. Il le fixa, sans parvenir à lui dire quoi que ce soit.
— J'ai vraiment besoin de te parler et…
Le jeune homme baissa la tête et Minho fronça les sourcils. Il se comportait de manière bien trop étrange, son attitude n'avait rien à voir avec l'image qu'il avait toujours dégagée, celle d'un gars sûr de lui et provocateur. Un lourd silence prit place et Minho en profita pour reprendre son chemin. Mais bien vite, il sentit des doigts s'enrouler autour de son poignet pour l'arrêter. Il se défit de l'emprise de Chan d'un geste brusque.
— Je t'ai déjà dit de me foutre la paix.
— Écoute ce que j'ai à dire, s'il te plaît.
Minho leva les yeux au ciel, mais il continua sa route. Si Chan voulait parler, il n'avait qu'à le faire là, le temps qu'il passe à la supérette pour acheter son repas du soir.
— Je sais que toi et moi c'est pas terminé.
Cette fois, il s'arrêta et fusilla Chan des yeux. Son cœur était encore complètement fou, il battait de manière déraisonnable, et ça le rendait vulnérable.
Ces paroles étaient difficiles à entendre, et surtout difficiles à admettre. Lui aussi le savait et pourtant, il ne voulait pas y croire. La voix de son ex petit ami était bien plus tremblante qu'il n'en avait souvenir. Et cette manière qu'il avait de baisser la tête, de chercher à fuir son regard, de jouer avec ses doigts… Tout lui démontrait que Chan était différent de ce qu'il avait connu. Cependant, il avait peur. Peur de retomber pour lui, peur de retrouver une relation qui ne lui convenait pas et qui lui apportait de la tristesse autant que de la joie. Il n'était pas prêt à de nouveau subir ce que Chan lui avait fait. Il l'avait trompé et il s'était senti humilié.
— Qu'est-ce qui te fait croire ça ?
— Je l'ai senti la dernière fois, quand on est allés au motel.
Minho déglutit. Une chaleur intense lui embrasa tout le corps, si forte qu'il fut certain que ses joues s'étaient empourprées. Lui qui cherchait à prouver qu'il le détestait, il s'était planté et en beauté. En réalité, il avait seulement voulu se mentir à lui-même, rien de plus. En prendre conscience lui rajoutait un poids supplémentaire. Qu'avait-il fait ? Pourquoi était-il comme ça avec Chan ? Il aurait tant aimé passer à autre chose, oublier cette histoire d'amour ou seulement la voir comme un élément de son passé. Mais impossible. Il n'avait fait qu'y penser, même parfois inconsciemment, et le retour de Chan dans sa vie avait tout balayé sur son passage.
— Tu peux pas me dire des choses pareilles, marmonna Minho.
— Pourquoi ? Parce que ça te fait quelque chose ?
— Oui. Ça me fait chier.
Il s'efforçait de ne rien laisser paraître, même si ça s'avérait compliqué. Il ne voulait pas laisser Chan gagner. Il ne voulait pas laisser ses propres désirs remporter la bataille. Il voulait livrer un combat acharné s'il le fallait, contre ses sentiments, contre lui-même.
— Pour être honnête, ça me fait chier aussi, avoua Chan.
Minho haussa un sourcil avant de l'analyser des pieds à la tête.
— Ah bon ?
— Oui, parce que j'ai jamais pu oublier ce qu'on avait vécu.
Cette fois, Minho pouffa de rire et regarda ailleurs.
— Bien sûr. T'as pas pu oublier que tu m'avais trompé et que c'est à cause de ça qu'on a rompu.
— J'ai été con, vraiment.
— C'est pas moi qui vais te dire le contraire.
— Si c'est ce que tu veux entendre alors je suis désolé.
Minho inspira à pleins poumons avant d'expirer bruyamment. Oui, c'était bien ce qu'il aurait aimé entendre, même avant ce jour. Mais c'était un peu trop facile aussi. Chan débarquait du jour au lendemain et il pensait qu'il allait tout oublier et le pardonner ? Il aurait dû s'excuser bien plus tôt.
— C'est tout ?
— Je suis désolé, répéta-t-il d'une voix basse.
— Et pourquoi t'es désolé ?
— Parce que je t'ai fait souffrir et que tu méritais absolument pas ça. Parce que je regrette de pas avoir su être le petit ami parfait. Et parce que j'ai eu peur de m'avouer que je t'aimais vraiment beaucoup.
— C'est un peu trop tard, non ?
Chan secoua la tête et avala difficilement sa salive.
— Je pense qu'il est jamais trop tard pour te dire à quel point je m'en veux de m'être comporté comme ça avec toi.
Minho ferma les yeux un court instant tout en se mordant la lèvre inférieure. Il ne savait plus quoi penser, quoi dire. Il sentait une sincérité invraisemblable dans les mots de son ex, une vérité qu'il peinait à entendre. Il comprenait qu'il avait mûri, qu'il avait eu le temps de réfléchir à ses actes et il s'imaginait qu'il avait sans doute changé depuis tout ce temps. Certes, il l'avait vu provocant et joueur, mais si ce n'était qu'une façade ?
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Une dernière nuit avec toi. Je veux que tu recommences ce que tu m'as fait au motel. Quitte à ce que tu me fasses mal, je m'en fous. Je prendrai tout ce que tu veux bien me donner.
— T'es sérieux ?
Chan acquiesça. Son regard avait changé. Son attitude était différente. Il n'était plus le jeune homme confiant et aguicheur. Sa proposition le laissait perplexe, mais il avait lui aussi relancé la machine quelques semaines auparavant. Il n'était pas innocent dans cette histoire, il s'était mis dans cette situation seul en lui suggérant de l'emmener au motel.
— Je t'ai jamais oublié. Et j'ai pas envie de t'oublier. Même si ça me fait mal, je veux me souvenir de toi et de ce qu'on a pu partager. Une dernière fois.
Minho était tiraillé. Il avait envie de revivre un moment intime avec Chan, car il savait que ce serait l'extase. Il avait toujours adoré faire l'amour avec lui. Il avait toujours apprécié ses attentions, ses caresses, ses baisers, même si leur relation houleuse l'avait secoué. Il ne pouvait pas oublier le bonheur qu'il ressentait dans ses bras, même s'ils se réconciliaient toujours sur l'oreiller après une dispute et que la communication n'était pas leur fort. C'était étrange, mais c'était ainsi que leur couple fonctionnait le mieux. Il avait trouvé satisfaction dans cette relation, bien qu'elle puisse paraître toxique d'un point de vue extérieur. S'il en avait parlé à n'importe qui, on lui aurait conseillé de tout arrêter. On lui aurait dit que Chan n'était qu'un abruti qui jouait avec lui. Il avait fait une erreur en le trompant, et Minho n'avait pas réussi à le lui pardonner sur le coup. Mais aujourd'hui, qu'en était-il réellement ?
— Je… Je sais pas…
— Tu fais ce que tu veux. Dans tous les cas, que tu me dises oui ou non, je te laisserai tranquille. Je voulais juste que tu saches que je me suis vraiment comporté comme un con avec toi y'a deux ans, que je regrette et que j'ai changé.
Chan était sincère, et Minho n'en avait plus aucun doute. Il le sentait dans sa façon de se comporter, dans son regard presque suppliant, dans sa voix ébranlée. Il ne l'avait jamais vu ainsi, aussi peiné, aussi résigné. Il n'avait aucun intérêt à se comporter de cette manière s'il n'avait pas envie de véritablement le reconquérir. Chan n'avait pas de raison de se venger ou de lui faire du mal. Il était le fautif. Il était celui qui avait tout fait foirer dans leur relation.
— Écoute, je veux bien, lança Minho d'un ton neutre.
— Tu veux… Attends. Tu veux bien quoi ?
— T'accorder une dernière nuit.
Chan manqua de s'étouffer.
— C'est vrai ?
— Oui. Mais j'ai une condition.
— Je t'écoute.
— Je veux que ce soit toi qui me baises.
•••
Heyo !
Finalement c'était l'avant-dernière partie et non pas la dernière comme je le pensais au départ... Je vous réserve encore du croustillant pour la suite 😌
En tout cas, j'espère que cette short fic vous plaît ! Personnellement j'ai bien aimé l'écrire, elle trainait dans mes brouillons depuis si longtemps et je n'avais pas réussi à me décider, mais la force du minchan vous savez 👀
On se retrouve la semaine prochaine !
À bientôt, prenez soin de vous 💜
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