6- A moi.
Vincent
Caelin a mis mes nerfs à rude épreuve. Je serai capable de mettre la maison sens dessus de sous, d'éclater les carreaux des baies vitrées et de mettre mon poing dans la télé. Je suis resté calme, trop calme, et c'est sans doute pour ça qu'elle est revenue à la charge. D'abord ce gosse qui me réveille pendant une de mes rares journées de repos, ensuite son obsession pour que j'aime cet enfant qui me ressemble que trop peu, et enfin Léa. Qu'est-ce qu'elle lui veut, à cette Léa ? Si j'ai envie de me la taper, je le fais. Elle pense me posséder, que je suis sien, mais depuis qu'il y a Nael, elle se fourre les doigts dans l'œil. Depuis presque 1 an, elle se donne pour devoir que je me mette à apprécier cet enfant qui est le mien, mais comment aimer celui qui a volé ma princesse ? Je lui ai tout donné, et c'est comme ça qu'elle me remercie ? En voulant faire changer ma façon de penser et en me remplaçant par un gamin ?
J'ai besoin de me détendre. De me défouler sur quelque chose, quelqu'un, mais elle est partie s'allonger sur le canapé. Alors me voilà seul, avec ma rage et mes poings.
Je fais les cent pas autour de la table de la salle à manger, puis pars m'assoir sur le grand tapis du salon. Je regarde Caelin quelques instants : ses yeux de la plus belle teinte de vert jamais vue ; ses cheveux bruns avec quelques mèches blondes, lissés rien que pour moi ; son visage ovale où aucune imperfection n'existe.
J'ai la plus belle femme, mais peu à peu, je sens dans son regard une étincelle qu'elle avait avant, désormais disparue depuis sa grossesse. Tout est de sa faute. S'il n'était pas là, tout serait mieux pour nous deux.
Ma belle se retourne et m'offre comme simple vu le haut de son dos, sa nuque et ses cheveux. J'y passe ma main, admirant à quel point elle prend soin de sa chevelure, malgré qu'elle se les crame entre 170°C et 210°C.
Tes caprices vont la rendre chauve.
Mais dans le fond, ça m'importe. Personne ne veut d'une femme chauve. Personne pour essayer de me la voler, en plus du petit. Elle sera à moi pour toujours.
Sa respiration me sort de mes pensées, devenue plus forte. Elle s'est endormie.
Même pas encore 13 heures, je ne sais comment occuper le reste de ma journée. Je décide donc de m'habiller et de partir vers quelqu'un sur qui je pourrais me défouler, d'une manière différente de ce que j'aurais préféré.
Je m'installe dans la voiture et fais vibrer le moteur de la Dacia Sandero. Je ne perds pas de temps : à peine la ceinture accrochée que je m'engage sur la route et appelle Emilie.
*
Elle ouvre la porte et m'intime au silence en posant son doigt sur ses lèvres. Mais je n'en ai que faire si sa fille dort. La seule qui va devoir se retenir, ce sera elle.
Elle m'attire à elle en me prenant par la main, et, une fois torse contre poitrine, elle pousse du pied le battant et verrouille. Prisonnier dans cette maison, avec la Caelin de substitution, rien ne me dérange et je continue ce pour quoi je suis ici. Je lui murmure des doux mots à l'oreille qui ne lui sont pas destinés, en espérant que son ex-meilleure amie les entende dans son sommeil. Je ne fais pas attention aux décorations, aux jouets qui traînent et aux meubles, mais, lorsque je repère un mur, je m'empresse de l'y pousser et de l'embrasser de la même manière que j'embrassais ma princesse.
S'ensuit ensuite des actes que les trompeurs font, et une fois terminée, je me rends compte que, celle avec qui j'ai fait l'amour, ce n'est pas ma Caelin. J'avais donné toute la tendresse du monde, tout l'amour à Emilie, fermant les yeux pour mieux imaginer ma chérie à sa place.
Même si désormais, ma rage s'est évaporée, le regret, lui, continue de se loger dans mon cœur. Le regret de m'occuper de toutes ces femmes qui ne sont pas elle, et d'avoir à contre-cœur abandonné peu à peu l'amour de ma vie.
Quoi que je fasse, lorsque je suis avec elle, je ne vois que Nael. Partout. Dans ses yeux, dans son sourire, dans sa peine et sa joie. Dans son esprit. Il n'y a que lui qui existe. Et je n'arrive pas à lui donner ce qu'elle mérite avec cet être qui monopolise la vie de ma chérie.
Lorsque je sors, je constate l'heure sur ma montre et me dépêche de trouver ma voiture garée sur le parking de l'appartement, et de partir chercher Nael. Si je ne le prends pas, ce sera peut-être la fois de trop et elle me quittera.
Elle en est incapable, arrête de stresser.
Le chemin jusqu'à l'école est flou, mais j'arrive – un peu en retard, certes – devant l'établissement. La maîtresse m'attendait, Nael dans les bras. Elle doit avoir du mal à se rappeler qui je suis, puisqu'elle ne le lâche pas tout de suite. Le petit garçon semble lui chuchoter quelque chose aux creux de l'oreille, suite à quoi elle le dépose doucement sur le sol et le laisse s'en aller dans ma direction. Je m'arrête, fainéant de devoir combler les quelques mètres entre lui et moi. Il peut très bien marcher tout seul.
Une fois qu'il se rapproche, je pars en direction de la voiture garée à une dizaine de mètres, le petit me suivant dans mon dos. Je lui ouvre la portière arrière gauche, et m'assois devant. Il se rend difficilement sur le siège-auto, et a du mal à refermer la porte derrière lui, mais je reste là à le scruter par le rétroviseur intérieur. Après l'attente interminable, je finis par prendre la route et deux minutes plus tard, nous voici en face de ma maison. Tout sans un mot de ma part comme de la sienne. Ce n'est pas parce que je suis son père que je dois m'amuser à faire la discussion.
À peine je pose le pied sur le goudron que Caelin sort de la maison et se précipite vers la voiture, pas pour moi, mais pour récupérer Nael. Car il n'y a que lui qui compte.
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