XXV
Jamais je n'aurais cru vivre cela un jour. Il y a un mois à peine, je pensais ne plus jamais le revoir, ne plus jamais caresser des yeux son doux visage ni pouvoir encore goûter ses lèvres. Il y a un mois, je poussais cette porte en bois en donnant un affreux coup d'épaule dedans en espérant que la soirée allait vite passer pour pouvoir me coucher tôt. Il y a un mois encore je le pleurais, le détestais. Je haïssais ma vie et tout ce que celle-ci m'apportait comme malheurs et angoisses. Il y a un mois je n'espérais plus rien du destin, avais même arrêté de prier pour que Dieu me vienne en aide. Je n'avais plus d'espoir en rien. Je restais en vie uniquement pour mon fils, pour ne pas lui infliger le suicide de sa mère désespérée.
En un mois, la vie a pris un tout autre tournant pour moi. Rien, ma vie n'a plus rien à voir avec ce qu'elle était. J'ai embarqué dans un avion pensant retourner à la maison voir ma mère. J'y ai revu des gens qui m'avaient terriblement manqué. Mes parents, Dean, Franck, Emeric, et lui... Nicolas. Il était différent de celui dont j'étais tombée amoureuse mais quand j'ai compris la détresse dans laquelle il était, ma colère envers lui s'est envolée.
Nicolas ne m'avait pas abandonnée parce qu'il ne m'aimait plus mais parce qu'il a vécu quelque chose de difficile. Alors même s'il a couché avec plusieurs filles, et même s'il se noyait dans l'alcool, j'ai effacé tout ça. Je veux qu'on soit heureux tous les deux et nous y arriverons.
Le sourire aux lèvres, je le guide à travers les ruelles aux gros pavés. Je peux affirmer que c'est la première fois que je suis heureuse d'être ici. Sa présence me fait pousser des ailes dans le dos. Je suis sur mon petit nuage et j'ai envie de crier au monde entier qu'il est là, que Nicolas est venu en France rien que pour moi même si les autres s'en foutent.
Je m'arrête devant le café d'Yvonne et Nicolas hausse un sourcil quand je lui crie:
- Bienvenue chez moi!
Rapidement mon sourire se perd quand je vois sa moue dubitative. Merde. Il n'aime pas. Il lâche sa valise et m'attire dans ses bras.
- Bienvenue chez nous non?
Je le serre dans mes bras et l'embrasse. Oui, chez nous. Partout où il sera je me sentirais chez moi, chez nous. C'est lui mon chez moi, pour toujours.
- Tu me fais visiter?
Son sourire m'électrise et je me grouille d'ouvrir la porte à côté du bar. Le courrier s'est amassé sur la première marche de l'escalier et je le prends avant de monter.
Une fois en haut, j'ouvre la porte récalcitrante, grimace en sentant l'odeur de renfermé. Je m'empresse de déposer les courriers sur la table et ouvre une fenêtre. Nicolas dépose les valises dans l'entrée et referme derrière lui. Mon coeur tambourine dans ma poitrine et je me demande s'il va aimer cet endroit. Je ne l'ai jamais spécialement apprécié mais avec lui dedans je trouve que cet endroit a beaucoup plus de charme.
Il avance dans la pièce, regarde la kitchenette attenante au tout petit salon délabré que j'ai trouvé dans un marché aux puces. Il sourit en lisant les mots de Timéo accroché sur la porte du frigidaire et je l'imite.
- Et?
Bah oui, son visage neutre me stresse là. Il ne dit rien et se rapproche de moi tel un prédateur.
- C'est petit. Mais parfait en attendant.
- En attendant quoi?
Je ris quand il me soulève et j'enroule mes jambes autour de sa taille. Il se laisse tomber dans le fauteuil en futon et m'embrasse doucement. Bordel je n'arrive pas à réaliser qu'il soit ici, en France. J'avais tellement rêvé ce moment que j'étais certaine qu'il n'arriverait jamais.
- En attendant d'avoir notre maison.
J'ai envie de crier de joie, de pleurer aussi. Bref je suis euphorique de le voir ici, près de moi.
- Je t'aime Nicolas. Merci d'avoir fait ça pour moi.
Il sourit en resserrant ses bras autour de mes hanches.
- Tu plaisantes? C'est avec toi qu'est ma place, pas seul à l'autre bout du monde.
*****
Nous marchons sur la plage, main dans la main. Il se fait tard ici et le décalage horaire commence à se faire ressentir sur mon sommeil. Par contre et ce malgré la fatigue qui m'assaille, mon sourire de dinde amoureuse n'abandonne pas ma bouche depuis que nous avons fait l'amour sur le vieux canapé. Des touristes sont allongés, d'autres se baignent encore tandis que des gosses courent dans tous les sens. Nicolas n'a pas perdu son sourire non plus et ça fait plaisir à voir. Il semble heureux et je croise les doigts pour que cela ne change pas. Nous nous asseyons dans le sable, moi entre ses jambes, appuyée contre son torse. Je ferme les yeux, savourant ses bras qui m'entourent, son souffle chaud sur ma nuque.
- Ça fait du bien d'être ici, souffle-t'-il, avec toi. Personne ne me connait et donc personne ne me juge. En plus, je peux te dire pleins de cochonneries sans que les Français ne comprennent.
Je glousse avant d'ajouter:
- Détrompes-toi, beaucoup savent parler notre langue.
Je prends ses mains dans les miennes, frissonne quand la brise souffle dans mes cheveux.
- Je suis heureuse que tu sois là, dis-je.
Il m'embrasse les cheveux et resserre son étreinte.'
- Je me sens bien et ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti une telle plenitude. Tout ça c'est grâce à toi honey.
- C'est grâce à ta volonté surtout, souris-je.
Parce que oui je le trouve incroyablement fort. Il a cessé toutes ces addictions du jour au lendemain, il a fait face à des choses que je n'ai jamais vécu et en sort plus fort et plus homme qu'avant. Je suis admirative de sa force, admirative de ce qu'il est.
- Tu n'as pas trop peur pour demain?
Je frémis en pensant à ce qu'il m'attend demain. Si j'ai peur? Non.
- Je suis morte de trouille tu veux dire.
- Mais non honey, soupire-t'-il, tu vas avoir la garde. Si le juge ne te la donne pas je te jure que je lui saute à la gorge.
Je ris en imaginant la scène puis grimace.
- Euh ben non parce que si en plus de ne pas avoir mon fils, je dois venir te voir en prison, je suis sûre de finir dingue.
Nous rions tous les deux en observant le coucher du soleil qui commence.
Le spectacle est magnifique, comme d'habitude mais j'avoue que le fait que Nicolas soit avec moi le rend encore plus merveilleux à mes yeux.
******
Nicolas
L'obscurité de la chambre nous plonge dans une intimité réconfortante. Je l'attire contre moi sur ce matelas qui porte son odeur. Cette chambre sent son parfum unique, délicieux et je reconnais l'odeur de ses vêtements sur les draps. Dès que j'ai mis un pied dans cet appartement, je me suis sentis bien, comme libéré de tout ce fardeau qui pesait sur mes épaules. Si j'avais su qu'en venant ici tout mon passé partirait en fumée, je serais venu plus tôt. J'ai tellement de regrets. Tous la concernent elle, ma honey. J'aurais du lui parler plus tôt, lui dire que j'avais besoin d'elle, qu'elle vienne me chercher dès que les choses ont empirées pour moi. De quoi ai-je eu peur? Je n'en sais trop rien...
Sa bouche se pose délicatement sur la mienne et je savoure ces baisers. J'ai enfin l'impression d'être au bon endroit pour la première fois de ma putain de vie.
Je l'embrasse encore et encore, me délectant de ses lèvres douces. Elle est faite pour moi, je ne peux pas en douter. Ensemble nous sommes plus forts, nous-même. Nous sommes comme le ying et le yang, comme deux pièces d'un puzzle. Elle m'est chère, et irremplaçable.
Je détache son soutien-gorge, l'enlève avant de le balancer quelque part dans la chambre. Sa peau nue contre mon torse me fait frémir. J'adore sa peau douce, la sentir frissonner sous mes paumes.
Elle me pousse doucement sur le dos et me grimpe dessus. Je la serre contre moi, parce que je n'ai pas envie qu'elle se détache de mon corps. Elle est mon monde, mon univers, mon unique.
Quand elle pose sa tête sur mon coeur, celui-ci s'affole. Est-ce possible de tomber amoureux chaque jour de la même personne? Parce que j'ai l'impression que c'est exactement ce que je suis en train de vivre.
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