Quand je frappe les trois petits coups habituels à la porte, je resserre instinctivement les doigts de Nicolas entre les miens.

- Ça va aller honey, dit-il en me prenant dans ses bras.

Je l'enlace à mon tour, retenant mes larmes. La journée a été rude depuis le matin et je me réjouis de me coucher dans ses bras, de dormir.

La porte s'ouvre et mon père nous regarde l'air horriffié.

- Mon dieu Sarah! Qu'est-ce que...

Il tourne son visage vers Nicolas, les poings serrés.

- Destresse 'pa, je vais t'expliquer. On peut entrer?

- Dis-moi que ce n'est pas lui?!

Je suis bouche bée. Il pense vraiment Nicolas capable de me faire ça? Mais quel con.

- Bien sûr que non! M'enfin papa je ne serais pas venue avec lui s'il m'avait tabassée, réfléchis!

Mon père se détend de suite et recule, nous laissant entrer dans la maison.

Je tire la main de Nicolas jusqu'au salon, où ma mère est assise dans le canapé devant une émission télévisée.

- Sarah?

Elle plaque ses mains sur sa bouche, choquée par les hématomes que porte mon visage.

- Sébastien est venu me voir, dis-je en m'installant au bout du canapé. Nicolas s'assied près de moi, les lèvres pincées.

- Comment ça? Il t'a frappée?

- Oui, soupiré-je. J'ai porté plainte, ils ont fait des photos et demain matin je téléphone à mon avocate. Je ne veux pas qu'il ait Timéo alors qu'il est capable de tant de violence.

Je sens Nicolas se crisper à côté de moi et je pose ma main sur sa cuisse.

- Mon dieu, pleure ma mère. Je... Je ne sais pas ce que tu lui as trouvé parce que ce mec est un déchet.

- Je vais aller lui faire bouffer ses dents! Hurle mon père.

- Papa, non!

- Il a osé frapper ma fille!

- Nicolas s'en ait déjà chargé! Crié-je plus fort que lui.

Mon père se calme, regarde Nicolas.

- Qu'est-ce que tu lui as fait?

- Papa...

- Je lui ai recassé le nez je pense, ouvers les lèvres enfin je ne sais pas trop vu que la police l'a embarqué.

Mon père acquiesce alors avant de venir s'asseoir à côté de ma mère.

*****

Le diner se déroule bien, mes parents ne parlent pas de mauvaises choses au sujet de Nicolas mais plus sur le fait qu'il me suive en France. Nicolas est assez optimiste ce qui m'épate. Je me rappelle très bien que quand j'ai débarqué dans ce pays, sans savoir dire un seul mot de français, j'étais paniquée. Pas lui. Il dit qu'il apprendra la langue, que des tas de plateformes existent sur le net. Mon téléphone sonne et je m'excuse en sortant de table. Je fouille dans mon sac, trouve le téléphone qui s'arrête au moment où je m'apprêtais à décrocher. C'est elle. Sophie. Mon coeur tambourine dans ma poitrine et je sors de la cuisine pour la rappeler.

- Allo?

- Tu as essayé de m'appeler.

Elle ne dit rien pendant un court instant avant de reprendre.

- Euh oui. Sébastien est en garde à vue. Sarah il faut que tu enlèves cette plainte!

J'écarquille tellement les yeux que pendant un bref moment j'ai peur qu'ils ne tombent et roulent sur le sol.

- Mais t'es folle ou quoi? Ce connard a débarqué chez mon mec pour me frapper!

- Mais...

Elle fond en larmes alors que je reste impassible. Je n'aurais jamais pitié d'elle et encore moins de Sébastien. Pas après ce qu'ils m'ont fait. 

- Tu ne te rends pas compte de ce que ça implique pour lui Sarah. Il a cru que c'était toi, ou ton mec. Et... Mais imagine ce que le juge va dire pour Timéo...Et oh mon dieu Sarah ce ne sera jamais toléré par son boulot.

Je ferme les yeux, le sourire aux lèvres. Je n'avais même pas penser à son boulot. Et oui, faire des campagnes dénonçant la violence conjugale et tabasser son ex-compagne, ça ne le fait pas.

- Je t'en supplie Sarah... Je ferais ce que tu voudras. Enlèves ta plainte. Je sais que tu m'en veux, je sais que t'es sentie trahie mais on ne commande pas ses sentiments Sarah. Je t'en supplie.

Je grimace en reculant le téléphone de mon oreille et je raccroche. Qu'elle aille se faire foutre cette pute. Je ferme les yeux, et respire calmement. Je n'ai pas envie de gâcher le reste de la soirée à cause d'elle et de son connard de mec. Et puis quoi encore? Elle croyait quoi? Qu'en me téléphonant et qu'en ouvrant les vannes j'allais tout laisser tomber? Elle rêve. Et si ça peut les foutre dans la merde, c'est encore mieux. Je sursaute en poussant un cri quand Nicolas pose ses mains sur épaules.

- Désolé, s'inquiète-t'-il, je ne voulais pas te faire peur.

Je me lève et contourne le canapé pour le rejoindre.

- Non, non c'est rien. J'étais concentrée dans ma zen-attitude.

Pas vraiment, mais soit.

Nicolas me prend dans ses bras et je m'y love en quête du réconfort que lui seul peut m'apporter.

- Je venais te dire que la police vient de m'appeler et...

- Quoi? Paniqué-je.

- C'est rien vraiment, sourit-il. Il veule juste que j'aille faire une déposition. Dean va venir me chercher parce que lui et Franck vont témoigner. Toi tu n'as pas besoin comme ils t'ont déjà interrogée à l'hôpital.

Je grogne et enfouis mon visage contre son torse.

- Vous pouvez me ramener chez toi avant d'y aller? Comme ça je t'y attendrai en me reposant.

- D'accord.

Nicolas m'embrasse doucement et je fais attention de ne pas lui faire  mal non plus.

- Je t'aime Nic'. Je t'aime plus que tout.

- Tu ne devrais pas me dire ça ici honey. Parce que là, j'ai envie de te prendre dans ce canapé pour te montrer à quel point je t'aime.

Je pouffe de rire face à sa réplique.

- Hum, le taquiné-je, j'aurais dit faire l'amour et pas prendre.

Nicolas rit à son tour et je l'embrasse. J'ai besoin de ses lèvres sur les miennes pour apaiser mon stress.

- Je t'aime aussi Sarah, dit-il entre deux baisers.

*****

Quand je rentre dans l'appartement, je ferme derrière moi et allume. Je suis surprise par les taches de sang qui ornent les murs de l'entrée et le parquet. Je ne me rappelle même pas de les avoir vues en partant. J'allume la télévision pour avoir un bruit de fond et échange mes sandales par des pantoufles. Je suis nerveuse à l'idée de savoir Nicolas chez les flics. J'espère qu'il n'aura pas d'ennui et que ses amis non plus. Je prends mon courage à deux mains et décide de nettoyer en l'attendant même si je m'interromps toutes les deux minutes pour regarder l'écran de mon téléphone. 

On dit pas de nouvelle bonne nouvelle, non? Parce que là, il est déjà vingt-deux heures, tout est nettoyé et ils ne sont toujours pas là. Je pars dans la chambre, ouvre la commode de Nicolas et prends un de ses t'shirts.

- Sarah?

Je souris quand je l'entends et cours presque le rejoindre.

- Hey...

Sans que je n'ai le temps d'avancer encore d'un pas, Nicolas fonce sur moi et me soulève du sol. Je crie en riant, surprise.

- Qu'est-ce que t'as?

Nicolas rit aussi en m'attirant avec lui sur le lit. Son oeil au beurre noir me fait de la peine, surtout qu'on arbore presque le même.

- J'étais au commissariat, commence-t'-il. Et je me suis dit mais quelle putain de journée de merde. Tu sais honey, dit-il en caressant mes cheveux, si tu n'étais pas là, j'aurais bu comme un trou. Puis on a croisé Sandra.

- Et qu'est-ce qu'elle faisait là celle-là? Demandé-je en le repoussant.

- Son père est flic alors elle allait le voir, comme souvent.

Je me lève du lit, me déshabille rageusement. Nicolas rit derrière moi avant de se lever et de m'aider à détacher mon soutien-gorge.

- Je crois que ça m'excite quand t'es jalouse honey...

Je le regarde dans le reflet du miroir et ne peux m'empêcher de rire en voyant l'étincelle de malice briller dans ses yeux.

- Je n'aime pas quand cette fille s'approche de toi. Tu la baisais encore il y a deux semaine et demi je te rappelle.

Il prend mes seins dans ses paumes, les presse.

- C'est toi qui va devenir ma femme, pas elle. C'est toi que j'aime pas elle. Et c'est toi qui a des nibards merveilleux pas elle.

Je glousse en tapant sur ses mains et le repousse. Il se laisse tomber sur le lit et je grimpe sur lui.

- Ça aurait pû être romantique tu sais, ris-je.

- J'aime tes seins, je n'y peux rien.

Je frémis quand il les caresse doucement en me regardant dans les yeux.

- Je peux te raconter le reste de mon histoire? Demande-t'-il en souriant.

Je hoche la tête, trop subjuguée par ses mains douces qui pourtant sont blessées.

- Tu sais j'avais envie de boire, murmure-t'-il. Puis je me suis dit soit je bois et j'oublie cette journée pendant quelques heures ou soit je rentre et je te fais l'amour jusqu'à oublier tout pour toujours. J'ai demandé aux mecs de me ramener parce que j'avais envie de te voir, pas seulement pour ça, dit-il en embrassant mes seins, mais pour toi. T'es ma femme Sarah, même si tu dis non pour le moment mais pour moi tu l'es déjà dans mon coeur. Depuis le premier jour où je t'ai vue j'ai su que c'était toi et crois-moi que je ne regrette pas de t'avoir mis la pression et de t'avoir saoulée. Je t'aime comme un dingue. C'est impossible que tu saches à quel point je suis amoureux de toi.

Je me penche vers lui, émue et fière de ce qu'il fait pour moi, pour nous et je l'embrasse.

- Alors demandes-moi de t'épouser, soufflé-je.

- Epouse-moi Sarah Mcgrowen. Je ferais de toi la femme la plus heureuse de l'univers, je te le jure.

- Comme tu le jures, souris-je, c'est oui. Je vais t'épouser Nicolas Paige.