XIV
Le nain enroule ses deux petits bras autour de mon cou alors que je chiale.
- Ben oui je me rappelle de toi bênnet.
Je ris en le relâchant, essuie mes yeux. Putain comment il arrive à se rappeler de ma gueule? Je me relève et l'observe, médusé.
- T'as bien grandi, lui dis-je.
- J'ai eu huit ans hier, sourit-il fièrement.
- Bon anniversaire mon pote.
Il tape de son poing dans le mien avant que la cloche du magasin ne retentisse encore une fois.
Mon regard rencontre directement celui de ce trou d'cul et mes poings se serrent instinctivement alors qu'un sourire arrogant se dessine sur sa bouche.
- Tim, tu ne dois pas parler à des inconnus, tranche-t'-il.
- Mais papa...
- Va dans la voiture avec Sophie.
J'ai envie de lui foutre mon poing dans la gueule. Il le mériterait.
- Au revoir Nico.
- Au revoir bonhomme, dis-je en ne lâchant pas son père du regard.
Sébastien secoue la tête avant de se diriger vers le comptoir de Mossen.
- Deux paquets de malboro.
Même pas de bonjour, s'il vous plait, merci. Rien. Ce mec est le pire des connards sur la terre.
- Au fait, dit-il avant de partir, ne t'approche plus de mon fils. Tu as quitté sa mère. Tu n'as donc plus rien à voir avec lui.
- Sarah et moi sommes ensemble, grogné-je.
Il ricanne tel une hyène. Va s'y rit.
- Ça m'étonnerait. Je l'ai baisée presque chaque soir en France.
Je reste figé sur place alors qu'il quitte le magasin. Je devrais lui courir après, lui éclater sa tronche. Je ne peux pas le frapper. Putain que j'ai envie de défoncer sa p'tite gueule! Il ment Nic, il ment. Il faut que je me calme. J'attrape la bouteille devant moi, la tend à Mossen avant de partir à mon tour.
*****
Sarah
- J'ai menti, dit-elle. On t'a menti.
Je les regarde, éberluée face à ce qu'ils sont en train de me dire. Mes ongles s'enfoncent dans mes paumes.
- Comment ça menti?
Mon pied balance nerveusement sous la table de la cuisine.
- Tu veux dire que tu vas très bien?
Ma voix est montée dans les aigus alors que ma mère et mon père échangent un regard compatissant.
- Sarah, dit doucement mon père. Je... On t'a fait venir ici pour Nicolas.
- Comment ça? Tu m'as dit que tu n'avais plus de nouvelle! Qu'il ne venait plus!
Je me lève de ma chaise, excédée par toutes les vérités qui m'éclatent en pleine tronche depuis que je suis revenue.
- Il ne va vraiment pas bien, soupire ma mère.
- Merci mais je suis déjà au courant, grogné-je.
Mon père fronce ses sourcils, ma mère écarquille les yeux.
- Je l'ai revu, ajouté-jé. Plusieurs fois même.
A voir la tête de mes parents, je devine qu'ils ne s'attendaient pas à ça. Mais là, je m'en fous. Je ne m'attendais pas non plus à ce qu'ils me baratinent pour que je vienne à la rescousse de Nicolas.
- Comment va-t'-il? Demande doucement ma mère.
- Mal...
Parce qu'il va mal et que je ne veux pas leur en dire plus.
- Mais... Comment vous avez-su qu'il allait mal?
Mes parents paraissent mal à l'aise et ça m'énerve.
- On est dans une petite ville Sarah, dit ma mère.
Et là, j'explose. Oui j'explose parce qu'ils savaient pertinemment que je n'avais plus aucune nouvelle, ils savaient pertinemment que j'étais malheureuse et ne m'ont absolument rien dit!
Je me lève, faisant grincer les pieds de la chaise sur le vieux carrelage. J'en ai ma claque.
- Vous êtes vraiment dégueu. Pendant tout ce temps vous saviez à quel point j'étais triste et que je n'avais aucune réponse! Pourquoi vous ne m'aviez rien dit? Pourquoi hein? J'avais le droit de savoir, j'avais le droit de savoir à quel point il était vraiment mal!
- On l'a fait pour toi! Hurle mon père.
- Pour moi de quoi? Crié-je encore plus fort. Il ne s'agit pas de moi mais de lui! Je ne sais même pas comment lui faire remonter la pente maintenant alors que si j'avais été là depuis le début, ça aurait été tellement plus simple!
Je crie au même rythme que mes larmes coulent sur mes joues. Celles de ma mère m'horripilent. J'en ai marre que tout le monde me mente, me cache des choses ou encore m'ignore. Putain mais merde quoi!
Je sors de la cuisine, claque la porte de la maison dans un excès de rage. J'en ai marre!
******
Je n'arrive plus à réfléchir très clairement. Je suis épuisée, je dors peu et je ne sais même plus vers qui me tourner pour me sentir comprise. La seule chose que j'ai envie là, maintenant, c'est d'être avec lui même si je me doute qu'il doit encore être mal.
Je soulève mon énorme valise, monte les marches menant à son appartement. Je n'arrive pas à croire que ma mère ait pu manipuler une dépression. Putain tu m'étonnes qu'elle ait été si joyeuse la veille.
Je frappe doucement à la porte, soulagée d'être enfin arrivée.
Rapidement Nicolas vient m'ouvrir, pâle comme un linge.
- Ca va? Demandé-je prudemment.
Il hoche la tête silencieusement et recule pour que j'entre.
- Une valise?
- Euh... Oui. J'ai pensé qu'on allait passer toutes nos nuits ensemble alors...
- Viens, me dit-il doucement en prenant ma main.
Je laisse ma valise dans l'entrée, le suis dans le salon où il se laisse tomber sur le canapé. Je souris quand je vois une bouteille de coca sur la table basse, à moitié vide. Evidemment, Nicolas remarque ma tête d'imbécile heureuse.
- Tu veux que je te raconte l'histoire de cette bouteille?
Je hoche la tête en fronçant les sourcils. Merde il a des hallucinations?
- Euh... Okay...
- Viens près de moi honey.
Je ne me fais pas prier, grimpe à califourchon sur ses genoux.
- Quand je t'ai déposée... Je suis devenue fou. Putain j'avais peur d'être tout seul, sans aucune surveillance.
Je m'en veux automatiquement de l'avoir laissé seul. Je retiens mon souffle quand il continue.
- Je suis allé chez Mossen, dit-il en fermant les yeux. Putain Sarah je te jure que j'allais acheter une de ces bouteilles. Elle semblaient m'appeler. Et j'allais craquer. Je voulais boire, j'allais le faire. Et là tu sais quoi? Ton nain m'a appelé.
- Hein? M'étonné-je.
- Ouai... Timéo. Pourquoi tu ne m'as pas dit que c'était son anniversaire hier?
Je fonds en larmes parce qu'il ne divague pas, il a bien vu mon fils. Il a vu mon fils alors que moi non, même pas pour lui souhaiter un bon anniversaire.
- Parce que tu étais mal, pleuré-je en haussant les épaules.
Nicolas frictionne doucement mes bras et je me blottis contre son torse.
- T'as le droit aussi d'être mal tu sais... Ce n'est pas encore fini alors?
Je secoue la tête par la négative.
- Tu vas devoir repartir...
Ce n'est pas une question mais j'acquiesce quand même. Nicolas resserre ses bras autour de moi, je sens ses larmes ruisseler sur mon visage.
- Si... enfin je ne sais pas mais... Tu serais d'accord si je viens avec toi?
Je me redresse, le regarde dans les yeux. Il repousse mes cheveux derrière mon oreille et je souris.
- Je sais pas, dit-il, mais peut-être qu'être loin d'ici me fera du bien.
- Tu vas vraiment venir avec moi?
- Si tu veux oui.
- Mais oui je veux!
Et je l'embrasse. Je l'embrasse passionnément parce qu'il vient de dire ce que j'attendais depuis tellement longtemps.
- Attends, attends...
Je recule surprise qu'il me demande d'attendre.
- Je vais venir avec toi Sarah, je sais que tu n'as pas envie que je te promette les choses mais bon... je vais te les jurer alors. Je jure que je viendrai avec toi.
Je glousse alors qu'il essuie mes larmes.
- Donc... J'ai vu ton nain. Avec son père. Enfin d'abord rien que le nain et il m'a reconnu direct! T'imagines? Bref on s'est fait un gros calin avant que son trou d'cul de père débarque.
Je me crispe parce que connaissant Sébastien, c'est impossible qu'il n'aurait rien dit de méchant.
- Il t'a dit quoi?
- Qu'il te baisait chaque jour en...
- Quoi? Crié-je.
Nicolas resserre sa prise autour de ma taille, m'empêchant de me lever.
- Ça va, dit-il, je sais que c'est faux.
- Bien sûr que c'est faux, m'emporté-je.
- Sarah, je te jure que si tu t'énerves encore comme ça, je vais te prendre.
Je lui donne une tape sur le torse et ris en me demandant où est passé le Nicolas des jours précédents.
- Tu m'excites quand t'es en colère, susurre-t'-il.
Et il dit vrai puisque je sens son sexe se gonfler entre nous. Je ne peux pas m'empêcher de m'appuyer un peu plus contre lui, réprimant un gémissement.
- Enfin tout ça pour te dire que j'ai acheté du coca.
Je souris et passe ma main dans ses cheveux en bataille.
- Je suis fière de toi. Très fière.
- Je mérite une récompense, sourit-il.
- Non.
- Oh que si.
Il se lève difficilement du canapé en me soulevant dans ses bras et nous mène jusqu'à la chambre. Je suis sur le cul de la voir parfaitement rangée. Plus rien ne traine sur le sol, même les draps de lit sont propres. Je n'arrive pas à croire qu'il se soit occupé en rangeant sa chambre.
Il nous allonge sur le lit et se couche entre mes jambes.
- On ne couchera pas ensemble, dis-je même si au fond de moi j'en meurs d'envie.
- Pas maintenant du moins, reprend t'-il, mais bientôt. J'ai juste envie de te sentir contre moi.
Il dépose des baisers sur ma bouche, sur mes joues, dans mon cou et je ferme les yeux, le sourire aux lèvres. Je veux tellement qu'il reste comme ça. Sans les tremblements ce serait parfait.
- Ne me laisse plus jamais seul honey, chuchote-t'-il, je n'y arriverai pas sans toi.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top