XIII

Quand j'ouvre les yeux, mon regard rencontre directement celui de Nicolas ce qui fait bondir mon coeur. Un léger sourire, qu'il faut vraiment deviner se dessine sur ses lèvres et j'en frissonne. Je n'ai pas rêvé, je suis bien là, avec lui. Pourtant mon coeur se serre quand je repense à sa lettre. Jamais je n'aurais cru un seul instant que sa vie déraillait à ce point-là. Je pensais simplement qu'il avait rencontré une autre fille et que c'était plus simple pour lui de couper les ponts que de me dire la vérité.
Ca n'avait rien à voir. Rien du tout. Même s'il a couché avec bons nombres de filles, je sais qu'il ne me ment pas en affirmant qu'il pensait à moi. Il m'aime, j'en suis certaine et je l'aime. Aussi fort qu'il est possible d'aimer une personne. Mais j'ai besoin de temps pour lui accorder mon pardon. Malgré qu'il ait souffert, je n'oublie pas non plus le mal qu'il m'a fait. Je n'oublie pas mes deux années seule et encore moins ces septs derniers mois sans aucune nouvelle alors qu'il s'envoyait en l'air avec d'autres que moi.
Nous nous regardons droit dans les yeux et je devine que lui aussi est perdu dans ses pensées. J'aimerais pouvoir savoir à quoi est-ce qu'il pense, pour pouvoir mieux le rassurer mais c'est impossible. Une personne peut vous mentir, vous dire qu'elle va bien et qu'elle pense à vous alors que non.
Je ferme les yeux quand il caresse ma joue doucement, sens mon coeur s'emballer à son contact. Ça m'avait terriblement manqué de sentir ses mains sur moi. Quand ses doigts tremblants effleurent mes lèvres d'un geste délicat et on ne peut plus tendre, j'ouvre les yeux. Un pli soucieux apparait entre ses deux sourcils.

- Qu'est-ce qu'il y a, murmuré-je.

Nicolas retient son souffle.

- Je... Je me demande seulement si tu es certaine de vouloir être avec moi...

J'ouvre la bouche, étonnée de sa question avant de la refermer. Sa question n'est pas si bête après tout. Si je reste, je ne sais pas ce qu'il m'attend vraiment ni si ce qu'est sa nouvelle vie. Mais est-ce que je suis prête à ne plus vivre avec lui?

- Oui, soufflé-je, je suis sûre de moi.

Il m'attire contre son torse et je ne me fais pas prier pour m'y lover. J'embrasse sa peau douce, plusieurs fois en caressant ses flancs du bout des doigts.

Je souris quand il soulève mon visage, qu'il frotte son nez sur le mien et qu'il m'embrasse. Alors là, le monde autour de nous disparait. Nos problèmes disparaissent aussi. Je presse ma bouche plus fermement sur la sienne, gémis quand ses mains me pressent contre son érection. Il soupire, j'en profite pour glisser ma langue contre la sienne. Il aspire entre ses lèvres mon souffle saccadé tandis que je savoure son goût bien à lui. Il se retourne sur le dos quand je le pousse et que je grimpe à califourchon sur lui. Ses mains s'emmêlent dans mes cheveux détachés, je tire les siens pour qu'il n'arrête jamais de m'embrasser. Je mordille ses lèvres, les lèche, les adore. Nicolas geint sous mon assaut, glisse ses mains par-dessous mon pantalon de pyjama pour caresser mes fesses. Ses mains sont rugueuses, c'est nouveau mais j'en frémis. Le désir me fait vibrer, émane de moi comme je le sens exhaler de lui.

- Nic', souffé-je entre deux baisers.

Il coupe court à chacune de mes pensées d'un baiser encore meilleur que le précédent. Je peux sentir mon sexe palpiter d'impatience, dégouliner d'envie. Je l'embrasse à mon tour avec la même avidité qu'il insuffle dans les siens.

- On ne peut pas, soupiré-je.

Parce que non, on ne peut pas aller plus loin. Et même si mon corps hurle son envie de foncer, et même si chacun de mes pores ruissélent de désir non dissimulé, je sais que ce serait précipiter les choses en couchant avec lui.
Il sourit contre ma bouche, y dépose un baiser furtif.

- Je sais...

Il me fait rouler sur le lit et se lève avant de sortir de la chambre. Quelques secondes seulement après, j'entends la douche couler et je pouffe de rire en me redressant. Je fronce les sourcils en me demandant comment il a pu sortir de la chambre à pieds nus sans se charcuter les pieds.

J'enfile mes chaussures et sors à mon tour. Franck dort se réveille doucement dans le canapé alors je vais dans la cuisine. Je fouille les armoires et grimace en trouvant seulement du café soluble. Tant pis va falloir se contenter de ça.
Je prépare donc trois cafés quand j'entends Franck entrer dans la pièce.

Je me retourne et lui souris. Il a l'air crevé le pauvre.

- Bien dormi? Demandé-je.

- Je dormirais mieux chez moi, dit-il en prenant place sur un tabouret. Et toi?

- Oui, j'ai bien dormi... Ecoutes, dis-je en me mordant la lèvre. C'est bon, tu peux dormir chez toi si tu veux. Je prends le relai les nuit.

Il rit en baillant dans ses mains.

- Ouai, je vois le truc. Vous avez remis le couvert donc?

Son regard taquin me fait glousser.

- En quelque sorte, souris-je. On a encore beaucoup de boulot je pense.

Je lui tends son café et il me remercie en levant sa tasse dans ma direction. Je prends la mienne et souffle dessus avant d'en boire une petite gorgée. Nicolas arrive à ce moment là, fronce les sourcils quand je lui tends une tasse. Je sais qu'il n'a pas vraiment envie de boire ça.

- Une bonne habitude à reprendre, lui dis-je en souriant doucement.

Il prend la tasse, en renverse un peu à cause de ses mains qui tremblent et s'installe face à son ami. Franck tape dans la main de Nico, l'air fier et je me dis que Nicolas a de la chance de l'avoir lui et Dean. Ces deux-là se sont occupés de lui comme des frères. Ils ne l'ont jamais laissé tomber alors qu'ils auraient pû en avoir marre de lui et de ses comportements auto-destructeurs.

- Tu vas y arriver mon pote, sourit Franck, on est tous là.

Nicolas hoche la tête alors que je finis ma tasse.

- Bon, dis-je. Je vais devoir y aller parce que mes parents m'attendent pour déjeuner.

Nicolas se lève à son tour et je proteste quand je vois qu'il prend son trousseau de clés.

- Hors de question que tu te balades en pyjama dans la rue, grogne-t'-il.

Mouai il n'a quand même pas tord, alors je le laisse me ramener s'il y tient.
Quant à Franck, il passe la journée avec sa copine qui s'appelle Hayden qu'il promet de me présenter. 

******

Nicolas.
Le trajet se fait dans le silence le plus total. Je m'énerve de trembler autant. Je remarque Sarah s'accrocher à la poignée de la portière en me jetant des coup d'oeil furtifs de temps à autre, prête à récupérer le volant. Quand nous arrivons sur le parking du motel, je réalise que je ne vais pas la voir de toute la journée. Je vais être tout seul. Et merde. Franck va chez sa meuf, Dean travaille et Sarah va chez ses parents.
Quand je coupe le moteur, elle relâche son souffle ce qui me fait légèrement rire.

- Tu devrais aller voir un médecin.

Hein? Non.

- Non.

- Nic...

- Non c'est non, la coupé-je froidement. Je n'ai pas envie d'étaler ma merde chez un toubib qui me filera des cachetons pour que je pieute.

Elle soupire longuement et secoue doucement la tête, déçue.

- Ecoute, ajouté-je, je te promets que si je n'y arrive pas comme ça, j'irais. Mais laisses-moi au moins essayer seul.

Elle grimace avant de serrer ma main dans la sienne.

- Je n'aime pas quand tu promets les choses...

Elle parle bas et je sens que sa voix est chargée de tristesse. Je devrais probablement me vexer mais je n'ai pas le droit de faire ça. Je suis seulement blessé, parce que comme on dit, il n'y a que la vérité qui blesse. 

- Sarah...

Et je n'ajoute rien d'autre qu'un soupir. Je n'ai pas envie qu'on se dispute, je n'ai pas envie qu'on se quitte fâché.

- Tu viens me chercher à vingt heures? Demande-t'-elle en se tournant vers moi.

- On fait comme ça.

Elle attrape mon visage entre ses mains et dépose un baiser sur mes lèvres. J'ai tellement envie de bien plus mais j'ai compris qu'elle avait besoin de temps. Alors je lui souris et l'embrasse une dernière fois avant qu'elle ne sorte de la voiture.

******

Tourner, tourner, tourner, tourner. Encore et encore tourner. Cela fait déjà deux heures que je roule dans les mêmes rues. Pourquoi? Parce que j'ai la trouille d'être seul chez moi. Je sais que si j'y vais, je vais craquer et je ne peux pas le faire. Je ne peux pas la décevoir encore une fois, prendre le risque qu'elle me quitte parce que j'aurais été faible. J'ai peur. Super peur de ne pas savoir me gérer. Ces putains de tremblements sont insupportables, j'en commence à en avoir ma claque! Putain...

Je tourne. Je tourne. Encore et encore. Mossen. Sa boutique semble crier mon nom quand je me gare sur le parking derrière chez lui. Entre mes mains, le volant me retient. Je l'agrippe pour qu'il ne me laisse pas y aller. J'essuie la sueur qui perle sur mon front, je vais vomir.
J'ouvre la portière, gerbe tout ce que j'ai sur le ventre. Un café. C'est tout. Et si je buvais une seule gorgée? Peut-être que ça m'aiderait à mieux gérer ce merdier non? J'ai l'impression d'avoir la gueule de bois depuis bientôt trois jours, c'est horrible. Je me calme, enfin je tente de le faire. Je ferme les yeux. Le sang, la gamine hurle dans ma tête. Je les revois m'insulter quand leurs coups me tombaient dessus. Je vais gerber si je pense encore à ça. Je me dirige vers la boutique, pousse la porte et y entre.

- Hé qui voilà?

Je ne vois même pas le sourire habituel de Mossen. Je déglutis en voyant les nombreuses bouteilles juste derrière lui, remplissant les étagères. Elles m'obsèdent, m'appellent.
- Nico? Ça va?

Putain faut que j'en prenne une. Une petite. J'arrêterais demain. Ce sera mieux demain.

La cloche de la boutique tinte derrière moi alors que je regarde les bouteilles avec désir, envie. Je vais prendre une Jack's daniels. Ce sera la dernière.
- Nicolas?

Je cligne plusieurs fois des yeux. Je me retourne et ouvre la bouche sans émettre un seul son quand je le vois devant moi, un sourire aux lèvres.
Mes jambes cèdent sous moi et je me laisse tomber au sol, en larmes, attirant dans mes bras ce sauveur inattendu.

- Hey le nain, pleuré-je, tu te rappelles de moi? 

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