VI

Je prends Emeric par la main et l'entraine dehors alors que Nicolas crie après moi. J'ai envie de pleurer encore. Je ne sais pas à quoi je m'attendais. Je ne sais pas. Il n'en a vraiment rien à foutre de moi, de ce que je peux ressentir. J'en ai ma claque de souffrir à cause de lui, j'en ai marre d'avoir l'impression de crever quand il n'est pas avec moi, j'en ai marre de lui.
Je marche d'un pas rapide, tirant Emeric qui s'essuie la lèvre avec la manche de sa chemise. Une fois que je suis sur le trottoir, je m'arrête. Respire Sarah, respire. Je ferme les yeux, respire. Je dois me calmer. Je dois faire une croix sur lui, arrêter de chialer après un mec qui s'est foutu de ma poire pendant je ne sais combien de temps. Est-ce qu'il a déjà au moins été une seule fois amoureux? Ca m'étonnerait. Sinon il ne ferait pas tout ça. 

- Sarah?

J'ouvre les yeux et croise ceux d'Emeric qui est posté devant moi. Sa lèvre est fendue et sa mâchoire tire déjà vers le bleu.

- Je suis désolée, lâché-je en soufflant.

- Ça va, soupire-t'-il. Je suppose que cet ex tient encore à toi.

Je le regarde les yeux ronds. Putain lui aussi il veut une baffe ? 

- C'est fini depuis longtemps.

J'essaie de prendre un air détaché malgré la colère qui boue dans mes veines. Mais pour qui il se prend ce connard?

- Bon, soupiré-je en le regardant droit dans les yeux. T'es toujours d'accord ou non?

Il sourit face à ma question très directe. C'est vrai que ça ne me ressemble pas mais j'ai bien trop les nerfs à vif pour prendre des pincettes avec qui que se soit. Emeric se rapproche de moi, passe un bras autour de ma taille pour m'attirer contre son torse.

- Tu en as envie? Ou ce n'est que par vengeance?

Je déglutis. Je ne peux pas lui mentir.

- Les deux.

- Très bien, souffle-t'-il contre mon oreille. Je t'amène chez moi.

Je frissonne quand il m'embrasse dans le cou. Je suis désirée. Et ça fait du bien... 

- Dépêche-toi...

Je ne reconnais même pas ma voix. Putain je suis en manque de cul. Ça fait si longtemps que je n'ai rien ressentit que je serais prête à lui laisser me faire ce qu'il veut contre la façade de la discothèque. Emeric sourit contre ma peau avant de me tirer par la main vers le parking. Les deux phares de son Audi s'allument quand il l'ouvre et je ris quand il m'ouvre la portière en faisant une petite révérence. Putain je vais vraiment coucher avec lui? Je m'engouffre dans sa voiture et attends qu'il fasse le tour de son bolide. Elle est très spacieuse et sens le cuir mêlé à son aftershave.

- Prête?

- Oui, soufflé-je.

Emeric démarre et nous roulons dans un silence qui m'apaise un peu. Je suis une adulte, je suis célibataire et j'ai le droit de coucher avec qui je veux quand je veux. Lui. Putain lui il ne doit sûrement pas se gêner pour aller baiser avec tout ce qui bouge alors que moi pendant deux ans, comme une débile, j'ai fait abstinence de cul, de tendresse et d'amour! Je sens mes larmes poindre mais je m'oblige à les ravaler. Je n'ai pas le droit d'être triste à cause d'un pauvre type pareil. Il n'a pas le droit de me briser le coeur vingt mille fois. Je resserre mon poing sur la poignée de la portière. Je le hais. Je le hais de ressortir avec cette morue, je le hais de l'avoir embrassée devant moi. Putain il a vu que j'étais là, pourquoi est-ce qu'il a besoin de me faire autant de mal? Rien. Je ne lui ai absolument rien fait pour qu'il me fasse ça. Je le déteste. C'est lui qui a voulu que je parte, c'est lui qui m'a tant fait des promesses. Je n'ai fait que de l'écouter, de le croire. Putain si j'avais su... Non rien. J'allais débiter une connerie. J'ai bien fait de partir et même si je ne suis pas heureuse en France, je suis contente. Ça m'aura permis de voir son vrai visage.

- Sarah? On est arrivé.

Je me tourne vers Emeric, lui souris. Je fais le bon choix. Nicolas n'a qu'à souffrir. Ce n'est plus mon problème. Je descends de la voiture, me frictionne les bras. Il fait dorénavant nuit et froid. Je n'ai même pas pensé à prendre un blouson avec moi. Quelle imbécile.
Je suis Emeric à travers le parking. Il appuye sur le bouton d'appel de l'ascenseur et je sens son regard posé sur moi, sur mes seins qui pointent de façon indécente.

Les portes s'ouvrent et j'entre à l'intérieur de la cabine tandis qu'il tape un code sur le tableau. Je me force à ne penser à rien. Je n'ai pas le droit. Je veux vivre ce moment pour moi, pour me prouver qu'il n'y a pas qu'avec Nicolas que c'était exceptionnel. Ça peut l'être avec tous les mecs dont je désire. Les portes se referment et Emeric me plaque contre la paroi de la cabine sans attendre. Je hoquete de surprise, il m'embrasse. Sa bouche dévore la mienne et ses mains glissent par-dessous ma jupe. Ma langue s'immisce entre ses lèvres, il grogne en pressant son érection contre moi. Je me cambre contre lui. J'ai envie. J'ai envie de lui, qu'il me prenne et qu'il me sorte ce mec de la tête. J'emmêle mes doigts dans ses cheveux, le tirant par la nuque pour appronfondir notre baiser. Il embrasse bien, ça s'est sûr. On sent clairement que cet homme est dominant, ce qui me convient parfaitement. J'aime me sentir dominée au pieu, c'est primordial. Emeric me soulève par les fesses et j'enroule mes jambes autour de sa taille étroite. Une de ses mains écarte ma culotte trempée de désir.

- Oh putain Sophie tu m'excites.

Hein? Il faut deux secondes à ma libido pour se faire la malle. Je me débats pour qu'il me lâche. Ce qu'il fait.

- Sarah. Pas Sophie. Putain mais c'est pas vrai!

Emeric parait vraiment mal à l'aise.

- Excuse-moi Sarah, je...

Je ferme les yeux, irritée et lève ma main devant moi.

- Putain tu me baises pourquoi? Moi par vengeance mais toi?

Il baisse les yeux, visiblement gêné de s'être trompé de prénom. Les portes s'ouvrent à ce moment-là.

- Tu veux quand même boire un verre? Demande-t'-il timidement.

Je soupire, me masse les tempes.

- Okay. On fait tout ce que tu veux tant que tu ne m'appelles plus jamais Sophie.

Il hoche doucement la tête, comme un gamin malheureux et m'invite à entrer.

******

Nicolas.


- Nicolas, calmos!

Putain je vais gerber. Elle a embrassé un pauvre con devant moi! Elle plaisante ou quoi? J'essaie de me débattre mais Dean me tient avec Franck. Putain il a même appelé Franck.

- Elle m'a gifflé, pleuré-je.

Dean et Franck se regardent avant de rire.

- Oh putain que oui! C'était génial, rit Dean.

Je ferme les yeux, me laissant trainer jusqu'à la bagnole de Franck.

- Elle m'a gifflé...

- Tu l'as bien mérité, soupire Franck. Putain mais t'as un cerveau mec? La femme de ta vie est là et tu galoches la morue devante elle.

Il secoue tristement la tête alors que je me penche pour vomir dans les graviers du parking. Je me relève, plus mal qu'avant. 

- C'est Sandra qui m'a embrassé! Putain Sarah va baiser avec ce gros naze!

Je sanglote et les mecs sont obligés de m'aider à marcher le reste de la distance. Je suis dégoûté. Ma femme va aller baiser avec ce gros nul.

- Il a bu beaucoup cette fois?

- Depuis le matin, soupire Dean.

Franck jure mais je m'en fout de ce qu'il pense de moi. Putain elle est revenue. Elle me déteste. À cause de Sandra... A cause de moi... Je pleure comme une meuf mais je m'en branle. Je ne voulais pas qu'elle vienne. Je ne voulais pas qu'elle me voit complétement torché. Je n'suis qu'une grosse merde.

Franck me pousse sur la banquette arrière et je m'étale . Ils se marrent en tentant de plier mes jambes pour pouvoir refermer la portière.

- Sarah, pleuré-je. Tu me manques...

Les mecs montent à l'avant alors que je chiale. Je ferme les yeux, la revois parfaitement. Elle est magnifique. Je suis tellement désolé honey. Euh non pas honey sinon elle va encore me frapper. Elle est encore plus belle maintenant. Et ses jambes sont toutes bronzées. Je suis sûr que son cul est aussi bandant qu'avant. Putain Sarah je t'aime.

- Ça ne peut pas durer comme ça, grogne Franck derrière son volant.

Ca me gonfle qu'on parle de moi comme si je n'étais pas là, mais je les emmerde. Alors je ne dis rien.

- Ça ne va qu'empirer maintenant qu'elle est là.

- Je ne serais plus là alors.

- Francky putain mais merde, râle Dean. Je vais aller lui parler moi, je vais aller tout lui dire, la supplier d'aider Nico.

- Nan, marmonné-je en m'endormant. Sarah me dé...teste. T'as pas intérêt à parllll..parlé à Sarah ou...

*****

Je me réveille quand je sens quatre mains puissantes me soulever. Ce sont les mecs qui me portent jusqu'à chez moi.

- Mmmhh...

- Qu'est-ce que t'as mec?

- Je veux... je veux la voir.

- T'es bourré mon pote, soupire Franck.

Je ris quand il me balance sur le canapé comme une vieille merde avant de grimacer parce qu'une bande de connards joue du marteau piqueur dans mon crâne.

- Je veux la voir, z'veux tout lui dire.

- Nico c'est mieux si tu attendais demain, que t'aies décuvé.

Je grogne parce que c'est pas demain que je veux le faire, c'est maintenant.

Je me lève, me trébuche sur le sol avant que les mecs ne me relève.

- Z'vais... Je vais aller tout seul. Je sais où c'est le garage...

J'attrape mes clés tandis qu'ils se regardent inquiets. Je sais qu'ils vont finir par me taper là.

- Putain, s'énerve Franck en m'arrachant mes clés. Je t'y amène et tu te démerdes pour rentrer.

*****

J'attends dans la voiture que Franck revienne. Il n'a pas voulu que j'aille demander le numéro de la chambre de Sarah. Il dit que j'suis trop saoul. Il a raison, je suis mort. Mais je veux tout lui dire maintenant, tant que j'en ai le courage. Tant que je suis encore ivre. Au moins, je me tracasserais pas du comment formuler mes putains de phrases, ça sortira tout seul. J'ai pas envie qu'elle me déteste, j'ai pas envie qu'elle couche avec ce pauvre type avec sa chemise de merde. Je la veux pour moi, pour moi tout seul.

Je m'assoupis deux minutes et sursaute quand Franck tape contre la vitre.

- Le double de la clé. T'as pas intérêt à déconner mec.

J'attrape la clé, la regarde comme s'il était un précieux trésor. Je remercie Franck et monte les escaliers qui mènent à sa chambre. Putain l'autre je vais le faire dégager en moins de deux secondes du pieu de ma meuf et elle... Elle, elle va devoir m'écouter. J'ouvre la porte, il fait noir. J'allume en refermant la porte d'un coup de pied. Vide. Putain elle est chez ce trou d'balle. 

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