V
Je rentre dans ma chambre, déstabilisée d'avoir vu Dean. Maintenant je suis certaine que Nicolas n'est pas mort, et qu'il saura que je suis ici. Il ne se taira jamais, je le sais. Ils sont meilleur ami alors pourquoi me rendrait-il service en se taisant. Je pose ma valise sur le lit double et observe cette chambre. Ce n'est pas le grand luxe, loin de là mais ça passe. Les murs sont d'un bleu pâle et la moquette au sol est au contraire très foncée. Il y a une petite table ronde dans un coin, avec deux chaises, une petite commode au bois usé et une salle de bain. Le strict minimum mais je n'ai pas besoin de plus.
Et s'il venait ici? Non il n'oserait pas... Pas après m'avoir lâchée. Il n'a pas intérêt sinon... Ben je ne sais pas comment je réagirais, faut que je sois honnête avec moi-même. Soit je vais pleurer, soit je vais me jeter sur lui, ou soit je vais l'étrangler. Ou les trois en même temps, j'en suis capable. Non il ne viendra pas. Pourquoi le ferait-il? Il ne m'aime pas. Sinon il serait venu il y a sept mois, quand il était censé le faire.
J'ouvre ma valise, prends mes affaires de douche et un pyjama en coton assez fin.
Et après, je file dormir même s'il est encore tôt.
******
Blottie dans mon lit, j'allume mon ordinateur. Comme à mon habitude, je jette un coup d'oeil sur le mur Facebook de Nicolas. C'est vraiment devenu un rituel dont je n'arrive pas à me défaire. Il n'a toujours rien publié, et ça depuis des mois. Ça me déprime.
J'écarquille les yeux quand je reçois un message d'Emeric, mon ancien patron et l'ex de Sophie.
"Alors te revoilà et tu me dis rien??? "
Je souris, ravie de son message. Je vois que rien n'a changé ici, les nouvelles se répandent à une vitesse hallucinantes.
- Désolée, je n'ai eu le temps de le dire à personne.
- On va boire un verre Mcgrowen. Je suis au Mylady's.
Je soupire longuement. Je suis tellement bien dans mon lit que je n'ai pas spécialement envie de bouger. Cependant Emeric a été un chic type envers moi quand je suis partie. Je n'oublie pas que je l'ai laissé dans la merde en partant au dernier moment, sans préavis ni rien.
- Je serais là d'ici une heure...
- Génial!
J'éteins mon pc, me laisse choir en arrière et ferme les yeux en baillant. Je crois qu'on va pas mal cracher sur Sophie et ça me fera du bien. Qui de mieux que son ex pour ça?
Je repousse les draps avec mes pieds, glousse toute seule quand je m'emmêle encore plus dedans. Je deviens folle je crois.
Je fouille dans ma valise à la recherche d'une tenue convenable pour sortir. Je n'ai pas vraiment ça, j'ai plus pensé que je resterais enfermée ici et chez mes parents. Tant pis, je vais mettre ma jupe en jeans blanc et un dos nu assorti. Il me semble que ce soit le truc le plus potable que j'ai dans ma pile de survet'. Je prends mon temps pour me préparer, nerveuse. Nerveuse parce que c'est la boite dans laquelle j'ai rencontré Nicolas. Et que j'ai la trouille qu'il soit là. Mais pourquoi faut-il que je ramène tout à lui? Pourquoi?
Parce que tu l'aimes, me hurle ma conscience. Sauf que non, je ne peux pas l'aimer si ce n'est pas réciproque.
J'asperge mon visage d'eau froide, histoire de me remettre les idées en place et finis de me préparer.
******
J'ai le coeur qui bat à tout rompre dans ma poitrine quand le taxi me dépose devant la boite. Elle est pleine de monde alors que nous sommes dimanche. C'est hallucinant. Puis je me rappelle que ce sont les vacances alors que forcément, les lieux de sorties sont beaucoup plus prisés. J'ai tellement l'impression d'être retournée en arrière que cela me perturbe. Sauf que je suis seule. Je n'ai pas d'amie qui m'accompagne, ni personne d'ailleurs.
Une fois à l'intérieur, c'est presque l'apothéose. Il fait noir de monde et je me demande vraiment comment on va réussir à avoir assez d'oxygène pour survivre durant la nuit. Une masse énorme de danseurs bouge sur la piste, les tables autour sont pleines de monde. Je repère Emeric dans le fond, souriant à la serveuse qui vient de lui apporter sa consommation.
Je me faufile entre les tables, m'excusant quand mon coude heurte le dos d'une femme avant de rejoindre mon ancien patron. Il n'a pas du tout changé et ça fait du bien de le revoir. Ses cheveux noirs en bataille sont un peu plus longs qu'avant mais ses yeux bleus restent magnifiques.
- Te voilà, s'écrie-t'-il quand il me voit.
Il se lève et arbore un énorme sourire avant de me prendre dans ses bras. Je l'enlace à mon tour, plus que contente de le voir. Il est vraiment bien dans son pantalon de costume et dans sa chemise blanche.
- Comment ça va?
- Ça va super bien, dit-il alors que je prends place à côté de lui. Et toi ma belle? Que deviens-tu en France?
Je croise mes mains sur mes jambes, pour cacher un peu de leur nudité. J'aurais dû mettre un jeans. Cette jupe est bien trop courte pour boire un verre avec son ancien patron.
- Je vais bien, souris-je. Rien n'est encore fait au niveau de Tim mais mon avocate est vraiment géniale.
Nous discutons un peu de ma vie là-bas et de la sienne ici. Jusqu'à ce qu'il mentionne mon ennemie.
- Elle me l'a fait à l'envers, soupire-t'-il, je n'ai absolument rien compris quand elle est partie.
- Tu n'en peux rien. Comme je n'en peux rien. Elle est folle si tu veux mon avis.
- Ouai, elle doit être cinglée, ri-t'-il.
Je ris avec lui et rougis quand il caresse mon épaule nue du doigt. Mais qu'est-ce qu'il fout? Bon ce n'est pas désagréable et c'est vrai qu'Emeric est un très bel homme mais le fait qu'il soit mon ancien patron me dérange quand même un peu.
- Euh...Excuse-moi, dit-il en se levant quand il remarque mon air gêné.
Je le suis du regard alors qu'il se dirige vers le bar. Et là, je meurs. J'arrête de respirer. Il est là. Nicolas est là. Même si ses cheveux ont poussés et même si sa barbe a l'air plus sombre et même si... Je sais que c'est lui. Putain il est encore plus beau. Il a... Vraiment changé. Sa veste en cuir lui va super bien et je crois que je suis en état de choc. J'étais persuadée qu'il allait être là alors pourquoi je suis quand même venue? Apparemment il ne m'a pas encore vue puisqu'il rit avec Dean et cette connasse rousse. Ah oui Sandra. J'ai envie de me lever et de partir, ou de me cacher sous la table en priant qu'il ne me remarque pas. Faut que je parte. C'est mieux pour ma santé mentale. Je prends mon sac, me lève prête à foutre le camp d'ici.
- Hey Sarah!
Je me fige en serrant les mâchoires et les poings quand j'entends Dean crier mon nom. Putain mais quel boulet ce mec!
Je me retourne et nos regards se croisent immédiatement, tels deux aimants. Je n'ose plus bouger, je crois que je fais un arrêt cardiaque. Ses yeux sont cernés de noir, comme si cela faisait des jours qu'il n'avait pas dormi. Mes jambes commencent à trembler, mon coeur tambourine beaucoup trop fort et ma tête se met à tourner. Je vais tomber là, je le sens. Il ouvre la bouche, l'air aussi choqué que moi. Je devrais aller le saluer mais... Je ne sais pas. Il ne semble pas non plus prêt à venir vers moi. Son regard descend doucement sur mon corps avant de replonger dans mes iris. Je suis bouche bée. Je suis pétrifiée. Je sors de ma stupeur quand je me fais bousculer par deux hommes en train de danser.
- Excusez-nous.
Je ne réponds pas, retourne mon visage vers lui.
Un sanglot noue ma gorge quand je vois cette sale pute de Sandra l'embrasser. Comme une imbécile, je les regarde sans pouvoir bouger. Je suis comme paralysée quand je vois sa langue à lui s'enrouler autour de la sienne à elle. Un poignard dans le coeur n'aurait pas su me faire plus mal que ça. Mais qu'est-ce que j'avais cru? Qu'il allait m'aimer éternellement? Elle me regarde en souriant alors que lui, semble excité. Il n'y a qu'à voir la façon dont il mate son décolleté. C'est donc pour elle qui m'a laissé tomber?Il sort avec elle? Ma vision se brouille tandis que je sens mes forces déserter mon corps.
- Sarah? Tu allais partir?
Emeric se poste devant moi, me coupant cette vue atroce.
- Je... non, je mens.
J'aperçois Nicolas se lever et me regarder de travers. Ah parce que lui peut embrasser cette connasse mais quand un homme m'approche ça le dérange? Qu'il aille se faire foutre ce con! J'attrape le visage d'Emeric entre mes mains et presse ma bouche sur la sienne. Ce dernier se fige l'espace de quelques secondes avant de me rendre mon baiser en enlaçant ma taille. Ses mains glissent de mon dos à mes fesses, me rapprochant de lui. Va s'y, souffre connard! Vois ce que j'ai dû supporter!
Emeric léche doucement mes lèvres et j'aspire directement sa langue dans ma bouche. Je geins, sentant l'excition monter en moi. Deux putains d'années où je n'ai plus été embrassée, deux putains d'années qu'un homme ne m'avait pas touchée. Pourquoi? Pour qu'il se remette avec cette pute! Pour qu'il en ait rien à battre de moi! Mon baiser devient plus entreprenant, plus chaud. Ma colère reprend le dessus sur tout le reste. Ce mec est comme les autres, un connard profond. Je le hais de me faire ça!
- Sarah...
Les yeux d'Emeric se sont assombris tandis que son érection grossit contre mon ventre.
- Rentre avec moi, murmuré-je. Il va me le payer.
Emeric sourit en hochant la tête.
Je pousse un cri quand Emeric est brusquement tiré en arrière. Nicolas le pousse jusqu'à ce qu'il tombe sur le sol et lui saute dessus. Dean est rapidement là, tirant son pote par les épaules.
Nicolas se redresse et avance vers moi. Il me lance un regard noir et j'en fais de même.
- Mais t'as un problème!
- Moi j'ai un problème? hurle-t'-il. Putain mais tu fais quoi là?
C'est une farce j'espère! Il m'attrape par le poignet, énervé et je tente de me débattre.
- Lâche-moi.
Emeric se relève, un filet de sang coule de sa lèvre. Je m'en veux. C'est de ma faute s'il vient de se faire agresser.
- Nic laisse-la, l'avertit Dean.
- Putain Sarah, jure Nicolas.
Il me fixe de ses grands yeux bleus. Il est ivre. Ça se voit à ses pupilles dilatées et son regard vitreux. Il pue l'alcool fort à des kilomètres à la ronde. Il m'attire contre lui, me tenant toujours le poignet. Je me raidis en le sentant contre moi mais il est bien plus fort que moi et je me retrouve collée contre son torse.
Il respire mon parfum alors que mes larmes coulent. C'est un connard. Il m'a manqué. Je le hais. Je l'aime tant.
- Tu m'as manquée honey...
Je le repousse tandis qu'il semble incrédule face à ma réaction. Putain mais il ne comprend pas? Il ne comprend rien ce mec! Comment peut-il me dire ça? Comment?!Je le giffle tellement fort que ma main me brûle directement. Il me regarde choqué.
- Ne m'appelles plus jamais comme ça crétin!
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