- Putain mais qu'est-ce qu'elle fout?

Je commence à tourner en rond dans l'appartement. Je vais devenir malade. Il est passé vingt heures et je n'ai toujours pas de nouvelles. Je lui ai envoyé bon nombre de textos mais je n'ai eu aucune réponse. Le nain pieute dans son lit. Je lui ai commandé une pizza vu qu'il avait faim et je lui ai même fait couler son bain. Je prends mon portable, sors sur le balcon pour ne pas réveiller Timéo qui dort et compose le numéro de Dean.

- Ouai mon poulet.

- Dean j'ai vraiment besoin de toi là.

- Me dis pas que t'as fait une connerie.

- Rapplique-toi chez Sarah le plus vite possible.

Je raccroche parce que ça ne sert à rien de m'épandre sur le sujet avec Dean. Si je lui dis que j'ai besoin qu'il garde le nain, il va m'envoyer chier à coup sûr. Alors je préfére ne pas lui laisser le choix. Je rappelle Sarah, tombe encore une fois sur sa messagerie.

- Honey, je ne sais pas où tu es mais je m'inquiète là. Il est... ( je regarde l'heure sur mon écran) Vingt heures douze et tu n'es pas là. S'il te plait, dis-moi si tu vas bien, je deviens fou.

Je raccroche. Sa boite va vite être remplie à force mais j'ai la trouille. Ce n'est pas elle de ne pas rentrer, ce n'est pas elle de ne pas me répondre. Putain. Ça s'est mal passé. Je ne vois que ça. Je reprends mon téléphone, appelle Sophie alors que je ne sais pour quelles raisons je m'allume une clope. La première taffe me fait tousser mais ça fait tellement longtemps que je n'ai pas fumer que je m'étrangle presque. Bordel, des cigarettes à la menthe. C'est dégueulasse. J'écrase la clope juste quand Sophie répond.

- Quoi?

Je sursauterai presque en entendant la colère qui irradie de sa voix.

- Euh...

- Tracasse, elle va arriver!

- Oh mais pourquoi tu m'hurles dessus?

Elle raccroche. Mais quelle connasse. C'est quoi son problème à celle-là?

Mon portable vibre dans ma main et je suis déçu quand je vois que ce n'est pas elle.

" Ouvre-moi couille molle"

Je rentre et vais ouvrir à Dean qui a eu l'intelligence de ne pas sonner.

Je laisse la porte entrouverte et vais vérifier que le nain dort toujours. Dean entre doucement et referme la porte.

- C'est quoi l'urgence? T'as un cadavre à planquer?

Je fronce les sourcils et il s'excuse direct pour sa blague débile de mauvais goût.

- Sarah n'est pas rentrée. Je vais aller voir où est-ce qu'elle peut bien être.

- Merde, souffle-t'-il en se passant une main dans les cheveux.

J'enfile doucement un t-shirt à manches longes en grimaçant. Dean m'aide à le tirer dans le dos et je le remercie intérieurement d'avoir fait attention à ne pas toucher mon dos.

- Euh... Et je fais quoi moi ici?

- Le p'tit dort. T'as une console dans la chambre de Sarah mais tu ne t'assieds pas dans son pieu. S'il te plait.

Je ne lui laisse pas le temps de répliquer et file en fermant la porte derrière moi.

*******

Sarah

Je monte dans ma voiture, démarre le moteur sans plus attendre alors que Sophie pleure sur le devant. Elle peut bien s'en vouloir, elle a raison. J'ai toujours cru qu'elle était de mon côté, qu'elle était mon amie alors que non. Elle s'est simplement immiscée dans ma vie pour mieux rapporter tous les détails à Sébastien. Je crois que je vais tomber dans les pommes tellement je vais de désillusions en désillusions. Je crois que je ne pourrais pas être plus dégoûtée que je ne le suis. Pourquoi a-t'-elle voulu que ce soit lui qui ait la garde?

Est-ce que je suis si misérable comme maman? A croire que oui puisque personne n'a vraiment été de mon côté. Je me suis saignée pour mon fils, je me suis battue, je me suis prise en main et pourquoi? Pour qu'on me l'enlève...

Je m'arrête à un feu rouge, essuie les larmes qui me brouillent la vue. Un sanglot s'échappe de ma gorge. Je vais m'enfuir avec mon fils, on va prendre nos affaires et aller en Thailande ou je ne sais où. Dans un endroit où personne ne nous fera encore souffrir. Et moi? Qu'est-ce que je vais faire sans mon bébé? Je ne suis rien sans lui... Je l'ai porté neuf mois, je l'ai allaité pendant deux années, je l'aime comme une folle alors même si je ne suis pas la mère parfaite, je ne peux m'empêcher de trouver cela inhumain. Et Tim? Qu'est-ce qu'il va dire? Oh mon dieu il va pleurer et moi je suis incapable de ne pas pleurer pour l'instant. Tout me tombe dessus, je n'ai que des merdes. Je ne sais pas ce que j'ai fait au bon dieu mais il doit me haïr et se foutre de ma gueule là-haut.
Le klaxon de la voiture derrière me fait sursauter. Je n'avais même pas vu que le feu était vert.
J'arrive dans ma rue, freine quand je vois Nicolas de loin. Je me gare sur le côté, coupe le moteur. J'ai les jambes en coton tellement je n'ai plus de force. Il part demain.

Mon bébé part demain...

Je sors de ma voiture et Nicolas s'arrête quand il me voit. Je m'apprête à ce qu'il soit furax mais non, il a l'air plus soulagé qu'autre chose. Je cours vers lui et éclate en sanglots quand il me prend dans ses bras.

- Putain tu m'as foutu la trouille.

Je ne réponds pas, j'en suis incapable. Nicolas resserre ses bras autour de mes épaules alors que je tremble contre son torse. Je voudrais tant que tout soit différent, qu'on soit heureux lui, Timéo et moi. 

- Parle-moi.

- Il a gagné, sangloté-je. Il part demain.

- Putain.

Je suis perdue et je le laisse me guider à l'intérieur de l'immeuble.

- Donnes-moi les clés honey, je vais aller garer ta voiture.

Je lui tends les clés d'une main tremblante et il les prend avant de m'embrasser sur le front.

Qu'est-ce que je vais faire sans mon fils...

Quelques minutes plus tars, Nicolas revient et s'accroupit devant moi.

- Honey regarde-moi.

Je relève mon visage vers lui et pleure quand je vois ses larmes. Je sais que lui aussi il aime bien mon fils, ils ne cessent de jouer ensemble, de rire, de se taquiner. Comme un papa le ferait avec son fils. Il est tellement mieux que ce connard, tellement mieux. Pourquoi ce n'est pas avec lui que j'ai eu Tim?

- Pars avec lui demain.

Mon coeur s'arrête. Il plaisante?

- Je ne veux pas que tu sois malheureuse Sarah et si tu restes ici tu vas l'être. Prépare tes affaires et va en France.

Mes tempes vont exploser, mon coeur aussi.

- Et toi?

Parce que lui, parce que tout, parce que je l'aime et que je suis sa petite-amie. Parce que je ne veux pas qu'il soit seul, parce que je ne veux pas qu'il m'abandonne, parce que je ne peux pas partir sans lui.

Nicolas me regarde tristement et mon coeur saigne encore plus.

- Je ne te demanderais jamais de choisir entre moi et le nain. Tu dois y aller Honey. Ta place est avec lui, pas avec moi...

J'essuie ses larmes, il essuie les miennes. Nos mains tremblent et même si dans mon cas prier ne sert plus à rien, je le fais. J'espère vraiment que tout ceci n'est un putain de cauchemar. Que demain matin, tout restera normal. Que Timéo ne s'en ira pas et que Nicolas ne me dira pas de partir de l'autre côté du globe. 

- Je te rejoindrais, pleure-t'-il, plus tard mais je te promets que je le ferais.

- Non, non, non.

Je ferme les yeux, ne retiens plus rien. Je suis malheureuse. Rien mais vraiment rien ne m'épargne.

- Honey fais-le. J'ai Dean, j'ai Franck, j'ai tes parents aussi, sanglote-t'-il. Je ne suis pas tout seul Sarah. Mais je ne veux pas que tu restes ici pour moi. Je ne veux pas que ton fils soit malheureux parce qu'il n'a pas sa maman.

Il m'attrape par la nuque, rive son regard rougis au mien.

- Promets-moi que tu prendras ce putain d'avion demain Sarah. Promets-moi de te battre pour Timéo. N'abandonne pas comme ma mère, je t'en supplie. Mes défenses craquent, je n'ai plus la force de rien. Je voudrais juste que tout soit comme avant, lui, Tim et moi. Quand l'incendie n'avait pas eu lieu, quand on passait nos soirées tous les trois à regarder des films de super héros ou encore quand j'étais heureuse, forte et déterminée. Plus rien. Je n'ai vraiment plus rien. 

- D'accord... Je... je te le promets.

Sa bouche se presse contre la mienne et nous échangeons un baiser baigné de nos larmes. La vie est injuste. Comment pourrais-je être heureuse s'il n'est pas là, avec moi?