37
J'attire Nicolas à l'intérieur parce que malgré qu'on soit en été les nuits restent assez fraiches. Nous allons directement dans la chambre et je me couche sur le lit. Il reste près de la porte, le regard vide. Le voir dans cet état me fait mal, je voudrais tant voir un sourire sur ses lèvres.
- Viens, murmuré-je.
J'écarte mes jambes pour lui laisser de la place entre celles-ci. Il grimpe sur le matelas, et se couche sur moi. Sa tête est posée contre mon ventre et je caresse doucement ses cheveux, espérant que ce geste pourra le calmer. Je parviens toujours à apaiser Timéo en caressant ses boucles.
- Je suis désolé...
Sa voix grave et son souffle chaud contre la peau dénudée de mon abdomen me trouble.
- Je sais, moi aussi je suis désolée bébé.
Désolée de ce qu'il lui arrive. Je l'aime tellement...
J'écarte un peu plus mes jambes. J'ai la trouille de le toucher et de lui faire mal. La guérrison est hyper longue et sa peau encore très abimée par les flammes ne semble pas vouloir l'aider à se sentir mieux.
Ses larmes mouillent mon ventre, les miennes finissent leurs courses rapide dans mes cheveux. Jamais je n'aurais cru pouvoir un jour autant souffrir pour quelqu'un. Ce qu'il a vécu est si injuste et ne plus avoir de famille quand on a à peine dix-huit est terrible.
- Nic...
Il ne dit rien tandis que ses doigts caressent lentement mes hanches.
- Tim et moi on est ta famille aussi. On est là pour toi et jamais on ne te laissera seul.
Les mots ont franchi mes lèvres et je me demande si je n'ai pas fait un faux pas en lui disant cela. C'est peut-être maladroit de ma part.
- Je sais, finit-il par dire.
Je relâche le souffle que je n'avais même pas conscience de retenir. Il sait que nous sommes là pour lui, pour le soutenir. Je ne veux pas qu'il pense une seule seconde qu'il est seul dans sa peine. Je ferais tout mon possible pour l'aider.
******
Nicolas
Je me réveille en étant un court instant désorienté. La cuisse de Sarah à côté de ma tête me confirme que la nuit d'hier a bien eu lieu. Et même si je suis heureux qu'elle soit là, dans ce lit avec moi, un sentiment de honte m'assaille. J'ai chialé comme une meuf devant elle, je lui ai tout raconté. Mon coeur s'emballe jusqu'à ce que je sente ses mains enfouies de mes cheveux. Elle est déjà réveillée. Je redresse la tête et retiens mon sourire quand je la vois lutter contre le sommeil qui l'habite. Elle ne vient pas de se réveiller, elle n'a tout simplement pas dormi.
- Hey...
Elle ouvre de grands yeux quand je redresse la tête.
- Je t'ai fait mal?
Voilà pourquoi elle n'a pas fermé l'oeil. Elle a eu peur de me faire mal.
- Non, souris-je doucement.
Je me hisse sur mes coudes avant de remonter sur son corps. Du bout des doigts, elle caresse ma bouche et je sens déjà ma bite se dresser.
- Enfin un sourire, murmure-t'-elle. Lui aussi m'avait atrocement manqué.
Je suis réellement gêné quand je repense aux évenements de la veille. Je peux parfaitement revoir son visage strié par les nombreuses larmes que je lui ai causées.
Je prends son visage entre mes paumes et fixe mon regard au sien. Ses yeux rougis par les pleurs et la fatigue me serrent le coeur.
- Je suis désolé.
- Arrête de t'excuser éternellement Nic... Tu es déjà pardonné.
Elle est sincère. Je le lis dans son regard, sa voix calme et douce me le prouve aussi. Je ne sais pas comment ça se fait que cette nana m'aime. Je suis tellement con et... Elle est tellement parfaite.
- Je t'aime honey.
- Je t'aime aussi. Bien plus que tu ne le penses.
Sa réplique me fait sourire. Elle m'aime je le sais mais qu'elle dise que c'est bien plus que ça me comble.
Je dépose un léger baiser sur ses lèvres avant de me reculer.
- Alors tu m'épouseras un jour?
Elle ouvre la bouche sans qu'un seul son ne sorte. Je me mords la lèvre pour retenir mon sourire. Je peux sentir son coeur s'emballer contre le mien. C'est ce que je veux, qu'elle soit ma femme, peut-être pas maintenant mais pourquoi pas plus tard?
- Je... Oui. Peut-être.
- Non pas peut-être.
- Non pas peut-être, répète-t'-elle.
- Je t'épouserai parce que tu es... celle que je veux.
- D'accord.
Je ris parce qu'elle parait pétrifiée par ce que je lui dis. Je m'en penche au-dessus son visage, frôle son nez du mien et elle surlève sa tête pour m'embrasser. Ses lèvres sur les miennes sont douces, parfaites. Elle est tout ce qu'il me reste et je compte bien faire d'elle le centre de mon univers. Notre baiser s'enflamme, sa langue s'enroule autour de la mienne et je sens mon sexe grossir contre elle. Je mordille sa bouche, aspire chacun de ses souffles.
- Touche-moi honey...
Je l'implore presque. J'ai besoin de sentir qu'elle me désire encore après ces semaines si éloignés l'un de l'autre. Ma main glisse par-dessous sa blouse de pyjama. Sa peau est douce sous mes doigts et je suis au bord des larmes. Elle m'avait manqué. Trop. Toutes les choses qu'elle me fait ressentir et que je ne voulais plus m'ont manquées. Je ne peux pas lui résister, encore moins la perdre. Je l'aime trop pour ça. Je l'aime elle et ses petits seins parfaits dans ma paume. Je bouge doucement sur elle, frotte mon érection contre son sexe et même si nous sommes séparés par nos pyjamas, la sensation est délicieuse. Elle geint quand je l'observe la bouche entrouverte. Elle est magnifique avec ses grands yeux sombres plongés dans les miens, ses joues sont rouges de désir et ses cheveux en bataille ne font qu'accentuer ce petit quelque chose qu'elle est la seule à posséder.
Je grimace quand elle resserre ses cuisses autour de mes hanches. Je m'immobilise en même temps qu'elle.
- Oh mon dieu, je suis désolée.
- C'est pas grave.
La douleur de sa peau contre celle de mon dos est telle une deuxième brûlure.
- Si, si c'est grave. Bouge-toi.
Elle me repousse et je me fais rouler sur le flan.
- On ne devrait pas tenter ça alors que tu n'es pas rétabli. On n'a pas été malin sur ce coup-là. Allez couche-toi, je vais faire ton pansement, je ne l'ai même pas fait hier soir.
Son air paniqué me fait rire même si je crève de mal. Elle a raison, on ne devrait pas tenter de se sauter dessus alors que j'ai ce truc. Mais la douleur dans mon dos restera éternelle. Certes elle deviendra plus faible mais je souffrirais toujours selon le médecin.
- Il faut juste...Qu'on apprenne à baiser autrement, lâché-je.
Sarah fronce ses sourcils en venant s'asseoir à mes côtés. D'habitude, j'enfouis ma tête dans l'oreiller pour échapper à son regard douloureux, cette fois, je ne le ferais pas. Je lui ai promis de ne plus l'écarter de ma vie. Je veux qu'elle sache que j'ai très bien entendu et accepté ce qu'elle m'a repproché.
Sarah se lave les mains avec un gel avant d'ouvrir un paquet de compresses. Putain j'en ai marre de ces soins. À chaque fois je me dis que c'est un mal pour un bien mais la douleur est telle une lame qui me charcute. Elle arrose les morceaux de bétadine et pour la première fois lors d'un soin, je lui tends la main.
- J'ai besoin de toi.
Elle saisit ma paume et je serre mes doigts autour. Je hais ça, je hais ces moments.
- Je fais une pause dès que c'est trop.
Je hoche la tête en fermant les yeux. Quand est-ce que ce sera fini? Je n'en peux déjà plus.
- J'y vais, souffle-t'-elle.
Je me crispe quand je sens le produit froid sur ma peau. Tellement froid que ça me brûle un peu plus. Je retiens mon souffle le plus longtemps possible alors qu'elle me soigne.
- Stop, stop.
- Okay, dit-elle en arrêtant.
Je respire fortement. Il faut qu'on finisse ça. Je le sais mais j'ai besoin de plusieurs pauses à chaque fois. J'ouvre les yeux et nos regards embués de larmes se croisent. Je sais qu'elle pleure à chaque fois et elle le sait aussi pour moi. C'est douloureux pour nous deux, même s'il ne s'agit pas du même mal.
- Va s'y.
Elle recommence alors et je suis obligé d'étouffer mes sanglots dans l'oreiller. Ses doigts s'enlacent aux miens et j'essaye de me concentrer sur ça. Elle est là. Je ne suis pas seul.
- C'est bientôt fini... Et... Après je vais t'aider à te laver si tu veux.
Malgré mes pleurs je laisse échapper un rire sinistre.
- Allez... Tu vas voir on va bien s'amuser. Tu vas adorer ça.
Je l'imagine de suite à genoux entre mes jambes en train de laver ma queue de sa bouche. La douleur s'estompe alors qu'elle dépose un baiser sur ma main.
- Voilà la première partie est finie.
Comme je ne bouge pas, elle repousse le matériel médical avant de se coucher près de moi.
- Je sais que tu souffres bébé et je m'en veux à chaque soin mais on est obligé si tu ne veux pas que ça s'infecte.
Dans ma tête j'hurle que je m'en branle que ça s'infecte mais je me tais.
- Je veux juste que la douleur s'arrête, pleuré-je.
Elle couvre ma tête de la sienne et de ses mains et m'embrasse sur la tempe.
- Je sais, souffle-t'-elle, moi aussi.
Je pleure de longues minutes dans ses bras, et pour une fois c'est sans honte. J'en ai ma claque de souffrir, j'en ai marre de ne savoir pratiquement plus rien faire parce que cette brûlure me bouffe à chaque mouvement.
- Tu veux qu'on aille se balader? Ça te ferait du bien de sortir Nic.
Je ne sais pas, je ne sais pas si je suis encore capable de sortir comme si de rien était alors que la ville entière sait pour la mort de mon père. Je n'ai pas envie d'avoir leurs condoléances, ni qu'on me demande cinquante mille fois ce qu'il s'est passé.
- Juste un peu, ajoute-t'-elle.
Elle s'écarte mais je la retiens d'un bras autour de sa taille. Hors de question qu'elle s'échappe. J'ai besoin de la sentir encore contre moi, de respirer son parfum que j'adore.
- Merci honey. Pour tout.
Pour tout, absolument tout. Que ce soit pour son réconfort, pour ses soins, pour son amour et pour son pardon.
******
Sarah.
- Tu veux aller boire un verre?
Nicolas me regarde comme si je débitais une couillonade.
- Je n'ai pas vingt et un ans tu te rappelles?
- Bien sûr, mais ça ne t'empêche pas de boire quand même.
Il me répond d'un sourire alors que nous avancions dans la rue bourrée de monde. La chaleur est encore de mise aujourd'hui et je me réjouis d'être en automne pour pouvoir un peu profiter de la fraicheur de la pluie.
- On peut aller au parc aussi, suggére-t'-il.
J'acquiesce comprenant qu'il a seulement besoin de calme. Puis les gens dans la rue ne font pas vraiment attention aux autres et du coup cela devient vite fatiguant de devoir faire attention aux éventuels coups qu'il prendrait dans le dos.
Une fois que nous sommes sur place, nous prenons le temps de choisir un coin tranquille, sans enfant crapahutant autour de nous, sans regard indiscret. On veut seulement être tous les deux.
Je l'aide à s'asseoir dans l'herbe et je viens m'installer entre ses jambes, contre son torse.
- La dernière fois qu'on est venu ici...
- Je n'osais pas, achevé-je.
Il hoche doucement la tête et resserre un peu plus ses bras autour de mes épaules.
- Tout a très vite changé.
- Ouai, soupire-t'-il. Tu es vraiment avec moi maintenant.
Je regarde les gamins courir au loin et je pense à mon fils. Timéo me manque et je me réjouis de partager de bons moments avec lui et Nicolas. Ce sera plus simple, moins froid et il sera heureux de passer plus de temps avec Nic.
- La France.
- Quoi la France?
- Il veut emmener Tim là-bas. Et cette nuit je pensais à tout ça.
- C'est pour ça que tu ne dormais pas?
J'acquiesce alors que le silence s'installe entre nous et je me colle un peu plus à Nicolas. En partie oui. Je pensais à mon couple, à comment on allait s'en sortir et aussi à mon fils.
- Il n'a encore rien gagné.
- Je sais, soupiré-je.
Il m'embrasse dans le cou et je ferme les yeux, avide de sa tendresse. Tous ses gestes m'ont terriblement manqués. Il ne faut pas que je pense à tout ça aujourd'hui. Je dois profiter du soleil, du retour de "MON" Nicolas et de sa bonne humeur.
Je me retourne vers lui et presse ma bouche sur la sienne.
- Tu ne devrais pas faire ça en public, me taquine-t'-il.
- Faire quoi?
Je hausse un sourcil innocent alors que j'ai l'intention de le rendre fou de moi. Je veux revoir cette étincelle de désir dans ses yeux et non la tristesse qui s'y est installée.
- M'embrasser... Comme ça. Dans un espace public.
Mon sourire s'agrandit quand il me bascule sur le dos.
- Tu vas faire quoi?
Son rire rauque est tout ce que j'aime à cet instant. Il me réchauffe de l'intérieur, fait gonfler mon coeur d'un amour plus fort que jamais.
- T'embrasser. On va faire comme tous les jeunes et se rouler des pelles jusqu'à être bien excités, puis, on rentrera et là...
Je rougis quand ses yeux fixent intensément les miens.
*****
Nicolas
- Heureusement que tu as un pantalon, souris-je.
Elle éclate de rire sous moi et je ne savais pas que c'était possible d'aimer autant une fille. Elle est mon rémède contre la déprime, contre mes maux. Quand nous sommes ensemble, l'un contre l'autre, je ne pense plus qu'à elle. Elle est mon obsession et encore plus depuis cette nuit. Ses paroles ont été une giffle, un seau d'eau gelée qu'elle m'a balancé pour me réveiller. Elle m'a percuté de plein fouet et ça a marché puisque j'essaie de me laisser entrainer par sa joie. Je sais que je suis encore loin d'être celui qu'elle a connu mais je ne peux pas tout changer en une journée.
- Embrasse-moi alors...
Je cale sa jambe des miennes et colle mes lèvres sur sa bouche. J'essaie de rester sage mais sa langue gourmande et chaude me désarme. Elle rit quand je lui prends le chewin-gum qu'elle mâchouillait et je l'embrasse encore.
Elle m'aide à maintenir mes démons loin, elle est à elle seule le pansement de mes blessures intérieures.
Mais n'est-ce pas trop dangereux de confier son coeur de la sorte à la personne qu'on aime?
Sarah pourrait me détruire d'un claquement de doigt, d'une parole. Mais je lui fais confiance pour prendre soin de moi, de mon coeur et de mon âme.
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