30

J'ai reppris le boulot ce matin et malheureusement pour moi et mes manuscrits, je n'arrive pas du tout à me plonger dedans. J'ai mes pensées occupées par Nicolas, comme d'habitude.

- Ca va poulette?

Je relève la tête et regarde  Sophie, rongeant le capuchon de son stylo. Ses cheveux blonds sont magnifiquement bien attachés en une natte pas trop serrée qui lui donne un petit style bohème. 

- Ca va, oui.

Elle sourit avant de replonger son nez dans son dossier ouvert devant elle.

Bordel Sarah tu dois travailler pas rêvasser.
Ca faisait longtemps que je n'avais plus ressentit tout ça en présence d'un homme. Nicolas me rend heureuse, vraiment. Quand je suis avec lui, j'oublie que j'ai dix ans de plus et j'ai cette impression de redevenir insouciante. Et ça fait du bien. J'ai quand même réussi à recontatcer l'agent immobilier. Heureusement que l'appart n'a pas encore été loué et je finis donc plus tôt pour pouvoir le visiter. Je suis assez stressée. J'ai peur qu'il ne corresponde pas du tout à ce dont j'ai envie. Certes, ce n'est que provisoire mais quand même. Je ne veux pas d'un taudit pour Timéo et moi. Je veux qu'on se sente bien, qu'on soit heureux d'avoir un chez nous. Puis... je sais qu'il viendra souvent... Et pas seulement pour les nuits. Et rien que pour ça, pour ce semblant de vie de couple en ménage, j'ai hâte.

Nicolas.

Rien que de penser à lui me donne des papillons dans le ventre. Quand je vous dis que je suis redevenue une ado, ce n'était pas une blague. Je l'aime comme une folle et je dois chaque jour me raisonnée pour ne pas lui proposer de venir vivre avec moi. Il fuirait comme la peste, j'en suis certaine. Ou il penserait que je suis dingue puisqu'il n'a pas de boulot et qu'il part bientôt pour la fac. Puis, je sais qu'il ne voudra jamais planter son père comme ça, avec les dettes qu'il a. Si j'étais millionnaire, je les lui payerais. Parce qu'Anthony est un homme gentil avec son fils, avec moi. Certes comme Nicolas le dit, il pleure très- voir trop -souvent sa femme mais je peux le comprendre. Quand Sébastien m'a quittée, mon monde s'est effondré. J'étais perdue, je ne savais plus quoi faire. Sauf que dans mon cas, il n'y avait plus rien à réparer. Notre couple était au point mort depuis longtemps déjà. Tant qu'à Anthony, sa femme est juste partie parce qu'il n'avait plus d'argent. Quoique... Je n'aurais pas du tout apprécié non plus.

Mon téléphone qui sonne sur le coin de mon bureau me tire de ma rêverie. Je l'attrape, et décroche immédiatement en voyant que c'est mon avocat.
Je lui ai laissé un message sur sa boite vocale, lui touchant deux mots de la bagarre qui a eu lieue.

- Allo Alexis?

- Mademoiselle Mcgrowen.

Aie. Il ne m'a encore jamais appelée comme ça.

- Oui, dis-je prudemment.

- J'ai bien reçu votre dernier message. J'ai aussi reçu une copie du rapport médical de votre ex-mari.

- Compagnon.

- Oui, peu importe. Vous comprenez que le comportement de votre petit-ami ne joue pas du tout en votre faveur?

- Quoi? M'écrié-je. Vous plaisantez? Un instant s'il vous plait.

Je me lève sous le regard interrogateur de Sophie et file m'enfermer dans une salle de réunion vide.

- Sébastien a montré des vidéos de nos ébats à mon petit-ami, sifflé-je entre mes dents.

- C'est ce que j'ai cru comprendre dans votre message.  Mais avez-vous lu le rapport médical? Côtes froissées, nez cassé, lèvres fendues, dents cassées, contusions sur la partie abdominale, commotion cérébrale.

J'écarquille les yeux. J'ai envie de lui dire que c'est bien fait pour sa gueule mais je me ravise.

- Je pense qu'il s'agit bien plus qu'une bagarre. Votre ami s'est défoulé.

J'arpente la salle, la main dans les cheveux. Je vais devenir barge.

- Vous êtes censé me défendre moi pas lui!

- Mademoiselle Mcgrowen, soupire-t'-il. Je ne fais qu'énumérer la réalité. Evidemment que ce rapport ressortira à l'audience et le juge ne sera pas clément. Je préfére que vous ne vous voilez pas la face.

Mes yeux s'humidifient de larmes. Mes jambes se dérobent sous moi. Je me laisse tomber au sol, désemparée.

- Dites-moi que vous ferez tout votre possible pour qu'il n'ait pas mon fils, pleuré-je.

- C'est mon métier.

- Je vous en supplie Alexis.

- Je vais devoir vous laisser Sarah. J'ai un client.

Il raccroche me laissant plus désespérée que jamais. Je sanglote entre mes mains, la trouille au ventre. Qu'est-ce que je vais faire si je n'ai plus Timéo avec moi? Je ne serais plus rien. Plus qu'une sombre merde. Je suis sa maman! C'est dégueulasse de me faire ça. C'est répugnant, écoeurant.

*****

A treize heures piles, je quitte mon bureau, m'engouffre dans l'ascenseur. Depuis que mon avocat m'a appelée, mon moral est descendu en flèche. Je sais ce qu'il me faudrait pour reprendre un peu du poil de la bête: un peu de Nic. C'est tout. Rien que lui et moi durant quelques secondes me ferait du bien. Même si... C'est en partie de sa faute si j'en suis là. Mais je n'arrive pas à lui en vouloir. Sébastien a eu ce qu'il méritait.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et comme par magie, je le vois. Il est là. Mais comment a-t'-il su? Il attend sagement sur un des bancs du hall et dès que nos regards se croisent, mon coeur se réchauffe. Il parait mal à l'aise, ce qui ne lui ressemble pas. Je m'avance vers lui, d'un pas rapide quand il se lève et lui saute au cou.

- Je suis désolé honey...

Je hausse les épaules, retenant le sanglot coincé dans la gorge. Je ne veux pas pleurer devant tous mes collègues. Ce serait affreusement gênant.

- Sophie m'a appelé, murmure-t'-il en me lâchant. Je ne sais pas si tu...

Et je colle ma bouche à la sienne. Je savais ce qu'il allait dire, ce qui le mettait mal à l'aise.

Est-ce que j'accepterais de m'afficher avec lui ici? Sur mon lieu de travail?
Et la réponse est oui. Je veux qu'il sache que je n'ai plus peur du regard des autres, que seul lui compte à mes yeux.

Il me rend mon baiser en posant sa main dans le creux de mes reins. J'adore quand il fait ça, je l'adore lui tout simplement. Ses épaules se détendent et je me recule, haletante.

- Je pense qu'on devrait aller manger un bout, dis-je.

Il sourit, prends mon sac contenant tout mon bordel et de son autre main attrape la mienne.

*****



- Je suis désolé, répète-t'-il.

- Je ne veux pas que tu sois désolé.

Il fronce les sourcils, ne comprenant pas ce que je veux dire.

- Ecoute... Il l'a bien mérité non? Puis je suis contente que tu m'ais défendue. C'est vraiment un gros manque de respect pour moi de t'avoir montré ces vidéos.

- Mais...

- Bébé s'il te plait, soufflé-je, j'ai juste besoin que tu sois là, que tu me changes les idées...

Un sourire en coin apparait sur sa bouche et je glousse. Je sais qu'il pense à ce que je pense mais nous ne pouvons pas. Nous sommes dans une petite sandwicherie et il serait très mal venu de nous lever pour aller baiser dans les toilettes. Et on serait très repérables surtout.

- Tu veux que je fasse quoi pour te changer les idées honey?

Son air aguicheur me rend toute chose. Je me tortille sur la banquette face à la sienne en sentant la chaleur du désir monter dans mon ventre.

- C'est toi qui décide, dis-je.

Nicolas arque un sourcil, l'air de me dire "vraiment?" et je souris niaisement. Bordel il est trop beau. C'est injuste envers mon self-control.

- Tu veux que je vienne avec toi honey?

Sa voix chargée de sous-entendu fait crier mon vagin. J'ai faim de lui, de ce qu'il sait me faire. Je regarde du coin de l'oeil la porte en bois des toilettes et Nicolas éclate de rire avant de se pencher vers moi.

- T'es une cochonne Sarah, sourit-il.

Je lui balance ma paille à la figure en gloussant.

- C'est de ta faute ça.

- Je parlais de ta visite, dit-il. Tu veux que je vienne avec toi? On peut récupérer ton nain après et se faire une soirée tranquille.

- Ce serait parfait, souris-je.

Et je le pense. J'adore ces soirées passées ensemble que nous faisons de plus en plus. Nous sommes ensemble depuis un peu plus d'un mois, vraiment ensemble, en couple et j'aime les moments qu'on partage.

******

Nous arrivons pile à l'heure au rendez-vous. L'agent immobiler est devant l'immeuble de briques sombres et regarde sa montre en soupirant.

- Bonjour, dis-je en lui tendant une main qu'il serre fermement.

L'homme chauve me regarde de la tête aux pieds. 

- Bonjour mademoiselle Mcgrowen, me sourit-il. Je vous attendais.

Il serre la main de Nicolas, lui fait un signe de tête.

-Entrons, dit-il. Je vais vous faire visiter les lieux.

Nicolas et moi le suivons à l'intérieur. Nous montons les marches qui mènent à l'appartement et je commence à stresser. J'ai peur que ça ne me convienne pas, que je sois obligée de le prendre. Parce que là, il me faut absolument un domicile, c'est vraiment urgent. L'agent ouvre la porte, nous invite à entrer.

- Je vous laisse votre frère et vous visiter calmement.

Nicolas blêmit alors que j'arrête de respirer.
Bordel, ça se voit tant que ça je suis plus vieille que lui?

-Je ne suis pas son frère, dit-il froidement. Je suis son petit-ami.

-Je vous prie de m'excuser bafouille l'homme chauve.

Je regarde alors autour de moi, faut que je me concentre sur le pourquoi je suis là et non sur la tension qui a pris place entre les deux hommes. La pièce à vivre est assez petite, il fait dire que la kitchenette prend pas mal de place dans cet espace. Les murs blancs sont trop blancs et je ne sais pas encore si j'aime ou pas cet endroit. Je m'avance, visite les deux chambres. Elles sont de taille identique et c'est un bon point pour les jeux de Timéo. La salle de bain est riquiqui mais... Elle a une baignoire et c'est non négligeable quand on a des enfants.

Je sursaute quand Nicolas se colle dans mon dos.

-Tu aimes?

Il hausse un sourcil alors que nos regards se croisent dans le miroir.

-C'est à toi que ça doit plaire honey...

Il m'entoure de ses bras, posant ses mains sur mon ventre et je me laisse aller à son étreinte.

-Je ne sais pas, lâché-je. Je trouve ce lieu tellement froid, sans vie.

-Les gars et moi  viendrons peindre si tu veux. Sarah... Une fois que tu seras dedans avec le nain, ce sera différent.

Il a raison, je le sais. Et puis s'ils viennent peintre, pourquoi pas?

-Okay, tu as raison.

Je réponds à son sourire et me retourne vers lui pour l'embrasser.

*****

-On a un appartement, crié-je en rentrant dans la cuisine.

Ma mère me saute dessus tandis que Timéo saute sur Nicolas. Mon père sourit en nous regardant, sûrement ravi de cette nouvelle étape dans ma vie.

-Le point négatif, ris-je, c'est que la caution m'a ruinée.

-Le plus important, sourit ma mère en embrassant le front de mon père, c'est que tu as enfin ce logement.
J'embrasse mon fils, lui ébouriffe les cheveux avant d'aller m'asseoir à côté de Nicolas.

-Tu as raison 'man. Je suis trop contente!
Je leur explique alors comment est l'appartement et Nicolas ajoute des détails que je n'avais même pas remarqués.
Je suis si heureuse de le voir si bien intégré dans ma famille malgré les réticences que ma mère avait eues. Même Sébastien n'a jamais été accueilli de la sorte. Je chasse cet homme de mon esprit avant que mon moral ne se grise. Mais c'est trop tard, je sens déjà le stress monter en moi alors que les paroles de mon avocat me reviennent en tête. Mais je ne veux pas parler de ça ici. Je n'ai pas dit à mes parents pour leur bagarre et je ne compte jamais le faire. Je sais qu'ils en voudront à Nicolas si Sébastien avait la garde. Puis je ne me vois pas leur dire la raison du pétage de plomb de Nicolas. Ce serait beaucoup trop gênant à raconter.

Le reste du repas se passe bien, j'essaie de sourire quand il le faut, de hocher la tête de temps à autre pour ne pas inquiéter mes parents. Seul Nicolas a remarqué que j'avais quelque chose puisqu'il me lance de temps en temps une oeillade.

*****

-Je suis désolé, me souffle Nicolas.

Je me blottis dans ses bras en soupirant. Après le repas, Nicolas a aidé ma mère à faire la vaisselle tandis que je donnais le bain à Timéo. Ensuite, j'ai couché mon fils qui était épuisé par cette journée. Nous sommes devant un film d'horreur qui ne fait même pas peur. Le genre où on sait automatiquement lequel des personnages va mourir plus tôt, où comme par hasard la blonde écervelée tombe à cause d'une branche alors que le tueur la poursuit.

-Tu n'en peux rien.

-Sarah... Bien sûr que si. Je voudrais tant revenir en arrière et ne pas réagir à ses provocations. Au moins, tu aurais ça en moins comme souci.

Je ne dis rien, réfléchit en me rongeant les ongles.

-Je vais me battre pour mon fils... Je vais essayer de prouver à mon avocat le pourquoi tu t'es battu. Lui faire comprendre que Sébastien t'a provoqué.

Son coeur bat de manière puissante contre ma tempe. Je ferme les yeux, sentant la fatigue monter en moi.

-Honey?

-Hmm...

-J'ai encore les fichiers.

J'ouvre brusquement les yeux, me redresse en repoussant son bras autour de ma taille.

-Tu es sérieux? (Il hoche la tête) Tu fais quoi avec ça?

J'ai conscience que ma voix vient de monter dans les aigus. Je suis abasourdie qu'il ait gardé ces trucs à la con.

-J'en fais rien! Je me suis juste dit que si tu ne me croyais pas, j'avais les preuves.

Je suis bouche bée...

-Tu les as encore regardées?

-Quoi? Non!

Je respire de nouveau. Il ne les a plus regardées alors seulement je réalise ce qu'il m'a dit: Il a les preuves dont j'ai besoin.

Je lui saute alors dessus, pressant ma bouche sur la sienne. 

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