25
Nicolas.
Jamais je n'aurais cru dire ça un jour, jamais je n'aurais cru que cela allait m'arriver à moi. Mais aujourd'hui je peux l'affirmer: Je suis amoureux. Je suis fou d'une femme qui s'en sort mieux qu'elle ne le pense.Tandis qu'elle croit qu'elle a encore beaucoup d'effort à faire pour assumer entièrement notre couple, moi je pense qu'elle assure. Elle m'a présenté à sa meilleure amie, à ses parents, je connais son fils aussi. Certes on n'est pas encore sortis dans un lieu public ensemble mais je n'en ai que faire. Je me sens bien quand nous sommes ensemble, je me sens bien quand elle se blottit contre moi et quand elle s'endort contre mon torse, je ne rêve que d'une chose: Qu'elle reste là encore longtemps. Quand j'entendais des gens dire à d'autres que l'amour arrive toujours quand on s'y attend le moins, j'avais toujours cru que c'était des conneries. Bah non, ils avaient raison. Jamais je n'aurais cru une seule seconde que cette fille allait me rendre dingue d'un simple regard, de simples paroles échangées.
Maintenant, le plus dur reste à faire: La garder.
J'ai la trouille qu'elle trouve un homme plus vieux, un qui corresponde beaucoup plus à ce qu'elle recherchait à la base. Parce que je n'oublie pas que je n'ai que dix-huit ans, que je ne peux pas lui offrir tout ce qu'elle désire. Elle ne me demande rien, j'en ai conscience mais quoi de plus frustrant pour un mec de ne pas pouvoir inviter sa nana au resto, de ne pas pouvoir lui offrir un bijou? Si j'étais plus vieux, si j'avais du fric, je lui dirais de ne pas stresser pour sa recherche de logement, qu'on peut s'installer ensemble et que je payerais tout avec elle mais là, financièrement c'est mort. Mon père bosse comme un acharné et je vois bien que même l'argent de mon job d'étudiant n'est pas suffisant. Les factures s'amassent sur le meuble du salon, je suis certain que dans quelques jours on viendra nous couper le courant tellement on est dans la dèche.
C'est pour cela que cette semaine je finis plus tard au boulot. D'un côté ça me gonfle parce que le temps passé ici m'empêche de voir Sarah mais de l'autre, je n'ai pas le choix.
- Paige! Ramène ton cul par ici!
Je soupire en déposant la carte mère sur mon établi et me lève. Je bosse actuellement pour le père de Dean. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, être un des meilleurs potes de son fils ne m'apporte aucun avantage. Henry est un homme droit, dur, sévère. Il ne veut que le meilleur pour son entreprise alors chaque jour, j'essaye de lui prouver que j'en veux, que j'aime ce que je fais, que je suis prêt à me défoncer à la tâche s'il souhaitait m'engager.
Je déboule dans la boutique, fourageant dans ma tignasse indisciplinée. Un mec est de l'autre côté du comptoir. Je le salue alors qu'il me toise derrière ses Rayban. Encore un connard de bourges.
- Monsieur voudrait te parler. Je vous laisse.
Je fronce les sourcils, me demandant ce que ce pingouin me veut. Un sourire féroce se dessine sur ses lèvres qui étaient jusqu'à présent pincées dans un trait fin et dur.
- Nicolas c'est ça?
- Oui.
Je ne sais pas pour quelles raisons ce mec me met mal à l'aise. Sûrement dû à son air suffisant ou que sais-je encore puisqu'à la base, je suis un type assez confiant.
- Hum okay Nicolas. J'ai besoin que tu me sortes des fichiers de ce pc. Je n'y arrive pas puisqu'il est h.s.
- Euh... D'accord.
Je prends le Mac qu'il me tend, le pose derrière moi.
- Pour demain matin si possible. J'ai besoin de ces fichiers.
Je soupire en voyant l'heure. Il est vingt heures, ce travail va prendre minimum trois heures. Fait chier. Je m'apprête à refuser quand le mec sort une liasse de billets et la pose sur le comptoir.
- Pour les heures sup.
Je reste bouche bée, ne sachant pas trop quoi répondre. Le mec s'en branle puisqu'il sort de la boutique, faisant tinter la sonnette de la porte. Je prends la liasse, compte les billets. Cinq cent dollars?! Je souris en remerciant finalement le ciel d'avoir mis ce gars sur ma route. Putain cinq cent dollars! C'est énorme!
Je suis en train de chipoter sur le pc de Crésus quand mon portable sonne. Je suis le dernier ici avec Henry. Il est en train de compléter ses factures alors je me permets de répondre à Sarah sans avoir peur de me faire gueuler dessus.
- Honey...
- Tu me manques beau gosse.
Je souris en entendant sa voix boudeuse.
- Tu me manques aussi Sarah. Racontes-moi ta journée.
- Timéo et moi avons été se balader avec ma mère. Mon père était à la pêche. Et j'ai pris rendez-vous pour visiter un appartement.
- Où?
Putain il faut absolument qu'elle n'habite pas trop loin.
- Près de mon boulot, à dix minutes environ.
- C'est cool, dis-je soulagé.
- Tu finis dans longtemps? Il est presque minuit.
Je soupire, parce que je ne peux pas lui demander de m'attendre pour dormir même si je dors beaucoup mieux quand elle est là.
- J'essaie de me grouiller. Je te ferais un message dés que je sors comme ça, si t'es encore réveillée, on dort ensemble.
- Ca marche, on fait ça alors.
- Je t'aime Sarah. Je suis désolée si je ne suis pas chaque nuit avec toi.
- Je sais Nic. Termine ce que tu as à faire et rejoins-moi, je planquerai la clé dans le pot de fleurs à côté de la porte de jardin.
- Okay... Merci.
- Hey...
- Hmmm?
- Je t'aime Nicolas.
Je souris alors que mon coeur gonfle dans ma poitrine. Elle raccroche et je me dépêche de finir ce boulot, pressé de la rejoindre. Sarah n'est pas au courant de notre merdier financier. Je la connais assez pour savoir qu'elle se tracasserait pour ça alors qu'elle a d'autres chats à fouetter.
Ah enfin! Je transfère les fichiers sur le pc de la centrale afin de les remettre sur la clé que le mec m'a donnée.
Je fronce les sourcils en lisant le nom de fichiers.
"Je te baise Sarah"
"Le beau cul de Sarah"
"Demande en mariage Sarah".
Mon coeur bat à tout rompre dans sa cage, mes mains deviennent moites. Je n'ai pas le droit d'ouvrir les fichiers des clients, c'est le respect de leur vie privée mais là... Les titres attisent ma curiosité. Je regarde par-dessus mon épaule, vérifie que je sois seul et clique sur le premier fichier.
J'arrête de respirer quand je la vois à l'écran. Elle. Ma Sarah. Je branche le casque pour être le seul à entendre.
Elle... nue. Et lui. Je reconnais la voix de l'homme qui est venu déposer le Mac. Elle sourit, l'attire par sa cravate d'un air aguicheur. Elle geint quand il filme ses doigts qui la pénètrent.
Je coupe.
Mon souffle s'est accéléré sans même que je ne m'en rende compte. Je. Vais. Gerber.
Je décide de passer au troisième fichier. "Demande en mariage Sarah".
Un salon spacieux, assez bien rangé avec des bougies allumées partout dans la pièce apparait sur l'écran. Il filme l'écrin en blablatant. Je n'écoute même plus, je regarde les images défiler. Sarah qui rentre, qui plaque sa main sur sa bouche, qui pleure. Il se met à genoux, lui tend la bague. Elle tombe devant lui, l'embrasse. Les seuls mots que j'arrive à entendre sont les siens: "Je t'aime Sébastien, je t'aime tellement. Je t'aime".
Je coupe. Mes larmes troublent ma vision, bordent mes cils. Je ne parviens même plus à respirer normalement tant mon coeur est opprimé. Je déglutis, ravalant l'acide qui monte à ma gorge. Je dois me résonner, c'est son ex. Sébastien. C'est son ex. Putain. Jamais elle ne m'a regardé comme elle le regardait lui, jamais elle ne m'a foncé dessus de cette façon en clamant vingt mille fois qu'elle m'aime.
- Je peux y aller Paige? Tu fermeras bien la boutique?
J'enlève mon casque, essuie furtivement mes larmes avant de me retourner.
- Oui, je fermerais.
Henry fait un signe de tête, enfonce sa casquette sur sa tête avant de sortir du bureau. Je transfers les fichiers sur ma clé, la sienne n'aura que dalle. Qu'il crève ce connard. Et son putain de fric il pourra aller se torcher le cul avec! Voilà, il m'a appaté avec du blé pour que je regarde absolument ces trucs. Quel fils de pute.
"Hey... Je m'endors..."
Bah oui, pas de "Je t'aime tellement" à moi, bien évidemment. J'éteins les pc, coupe la lumière avant d'enclencher l'alarme et de partir.
*****
J'arrive au boulot assez tôt. Je ne veux surtout pas rater la tête de con. Je n'ai pas dormi, je n'ai même pas rejoins Sarah. Autant dire que je suis de mauvaise humeur. Il fallait que je me pose, que je me calme. J'ai dû me répéter une cinquantaine de fois qu'il n'est qu'un ex pour elle mais malgré ça, voir un autre culbuter celle qu'on aime, ça fait mal. J'ai coupé mon téléphone, pour éviter de lire les messages de Sarah, pour m'éviter de regarder encore une fois ces images, même si elles sont gravées dans ma mémoire. Celle-ci a décidé de les tourner en boucle depuis hier soir et j'en deviens malade.
- T'as une sale gueule Paige.
Je lance un regard noir à Maverick, mon collègue. C'est un grand black assez sympa mais là, je n'ai aucune envie de parler, ni de rire.
- Je m'en tape.
Les heures défilent sur le cadran de l'horloge, je n'arrive pas à avancer dans mon boulot. Je l'attends. Impatiemment. Je veux savoir pourquoi? Qu'est-ce qu'il cherche en me montrant ce genre d'images? Et comment? Comment sait-il qui je suis et l'endroit où je bosse?
Trois coups contre la porte de mon bureau me font sursauter, me tirant de mes idées noires.
- Yo mon frère, dit Maverick, un homme demande à récuper son Mac et ses fichiers.
Un rictus mauvais se dessine sur mes lèvres quand je me lève. Je vais me régaler.
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