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Voilà, je lui ai dit. Il retient son souffle avant de me regarder et à cet instant précis, j'ai la trouille. Est-ce que je n'ai pas merdé en lui disant ça ? Après tout ça ne fait pas si longtemps que ça que nous essayons d'être un vrai couple... Mais à quoi bon réfuter ce que je ressens depuis un petit temps ? Parce que oui, ce que je ressens est de l'amour... Même si l'amour me fait peur, même si je flippe de souffrir, il fallait bien que je lui dise.

- Honey...

Nos regards se croisent et ce que je lis dans le sien me trouble énormément. Il m'aime. Vraiment.

- Je sais que j'aurais dû te le dire à un autre moment mais...

- Non, c'est le moment parfait crois-moi.

Et il m'embrasse. Et je fonds. Ses lèvres sur les miennes sont douces, tentatrices pour aller plus loin qu'un simple bisou. Mais on ne peut pas ! On n'est chez Sophie. Et zut ! J'ai vraiment un timing de merde des fois !

Nicolas sourit contre mes lèvres, effleure ma bouche encore une fois. Un sourire taquin se dessine sur ses lèvres pleines quand il se penche vers moi.

- Tu vois, c'est le bon moment sinon je t'aurais baisée là tout de suite.

Mon ventre se contracte sous ses paroles, mon entrejambe palpite de désir.

- Justement... J'aurais dû te le dire plus tard.

Nicolas sourit, ravi de l'effet qu'il me fait quand Sophie revient dans le séjour en portant un plateau chargé de bouteilles et verres.

- Alcool pour tout le monde ?

- Non pas pour moi, dit Nicolas en souriant.

Le déjeuner se passe bien, Sophie a commandé des bons petits plats chez le traiteur du coin. Elle inclut facilement Nicolas à la conversation et j'en suis ravie. Il nous explique alors qu'il aimerait devenir informaticien dans la boite pour laquelle il bosse comme étudiant. Il commence la fac fin août et se réjouis d'y être.

Rien qu'à l'imaginer là-bas, entouré de gonzesses qui ne cherchent qu'à avoir le meilleur coup de leur vie, mon ventre se tord. Quand j'aime, je suis jalouse je le sais. C'est mal, ça peut être étouffant mais voilà, je n'y peux rien. C'est comme ça. Alors quand Sophie balance le sujet qui me tracasse, je suis toute ouïe malgré l'anxiété qui monte en moi.

- Tu sais que la fac est réputée pour ses fêtes à gogo ?

- Je sais, oui.

- Et... Enfin sans vouloir être méchante ou autre, tu n'as pas peur de t'engager dans une relation sérieuse maintenant alors que tu cours vers l'île de la tentation.

J'arrête de respirer au moment où Nicolas soupire.

- Et que suis-je censé faire ? dit-il en fixant Sophie. Cesser mes études ? Me retrouver au chômage ou sans revenu parce que je n'aurais pas de bon diplôme?

- Bien sûr que non, répond Sophie. Mais je connais les fraternités. J'y trainais les trois quarts du temps et même les mecs casés depuis longtemps se lâchaient quand leur copine n'était pas là.

Soyons honnête, j'adore Sophie. Mais là, elle m'agace. Elle aurait pu dire ça autrement, je n'sais pas moi. Mais pour le moment la seule chose qu'elle ait réussi à faire en parlant de ça, c'est de m'angoisser. Je n'écoute même plus leur conversation qui semble aller de bon train, je suis perdue dans mes pensées.
Bordel... Il va rencontrer des tas de filles de son âge, vachement mieux foutues que moi. Il se rendra vite compte de la connerie qu'il fait en me fréquentant. Mais d'un côté... Je ne pourrais pas lui reprocher. Ce n'est pas parce que maintenant j'accepte d'assumer notre relation, qu'elle est acquise.

******

Le silence règne dans l'habitacle de la voiture. Je remets tout en cause, j'ai perdu l'assurance que j'avais gagné ces derniers jours, je remets en question mes sentiments. J'aurais dû fermer ma gueule, ne pas lui dire que ses sentiments étaient plus que partagés. J'ai peur qu'il se sente coincé avec moi pour ne pas me faire de peine. Mais je ne veux pas de ce genre de relation, je veux qu'il soit avec moi parce qu'il m'aime et non parce qu'il sait que le jour où il me quittera pour une autre, je serais brisée.

Je fronce les sourcils quand il entre sur un parking vide.

- Tu fais quoi ?

- Faut qu'on parle.

Je soupire profondément, lui faisant comprendre que je n'ai pas du tout envie de discuter maintenant. Il n'en a que faire puisqu'il gare la voiture sur un emplacement et qu'il coupe le moteur.

- Dis-moi, commence-t'-il, tu es bizarre.

- Je n'ai rien, soufflé-je, je suis juste crevée et j'ai envie de me coucher.

- Arrête Sarah. Tu regrettes de me l'avoir dit c'est ça ?

Je me retourne brusquement vers lui, haussant un sourcil.

- Non.

- Explique-moi alors !

- Mais il n'a rien à dire !

Il soupire à son tour, se pince l'arête du nez en secouant la tête. Je me sens bête de lui dire que je suis jalouse, que je suis inquiète à l'idée qu'il rencontre une fille plus jeune que moi, qu'il me quitte, qu'il m'oublie. Alors que depuis le début c'est lui qui rame le plus pour que j'accepte d'être avec lui.

- On peut rentrer ? demandé-je.

- Non, tranche-t'-il. Tant que tu ne me dis pas ce que tu as, on restera ici.

J'ouvre la bouche, la referme. Mais quel p'tit con !

- Ben j'espère que t'as rien de prévu d'autre alors.

Je croise mes bras sur ma poitrine, regarde par la vitre.

- Si j'avais prévu de te ramener chez moi, de te faire jouir autant de fois que possible. Mais bon, comme t'as pas l'air de vouloir parler, tant pis ! On va regarder tous les deux ce magnifique mur devant nous.

Je ne peux retenir mon rire. Bordel qu'est-ce qu'il est agaçant. Mais qu'est-ce que je l'aime surtout.

- Okay, regardons le mur.

Le silence reprend place entre nous tandis que nous fixons les briques devant nous.

- Les joints s'effritent là, à gauche.

Je suis du regard l'endroit qu'il pointe avec son doigt en me mordant l'intérieur de la joue. Ne ris pas Sarah!

- Tu remarqueras les auréoles de pisse dans le coin, ajoute-t'-il.

- Vous êtes quand même dégueu de pisser partout comme des chiens.

Nicolas éclate de rire et pose sa main sur ma cuisse.

- T'es juste jalouse parce que tu ne sais pas pisser contre un mur.

Je ris à mon tour. On est ridicule. Je me retourne vers lui et souris en voyant ses yeux briller.

- Viens ici honey.

Il recule son siège au maximum et je grimpe sur ses genoux. J'enfouis mon visage dans son cou, y dépose un baiser. Son parfum m'enivre.

- J'ai juste peur, murmuré-je, j'ai peur que tout ne soit trop beau pour être vrai, que tu trouves une autre...

- C'est à cause de ce que Sophie a dit n'est-ce pas ?

Ses mains caressent mon dos alors que je resserre mes bras autour de son cou, c'est réconfortant.

- Je sais que ce serait normal. Que tu es jeune et que...

- T'as écouté ce que je lui ai répondu ?

Je secoue la tête, toujours blottie contre lui. Les battements de son cœur résonnent contre le mien. Je suis troublée parce qu'ils battent tous deux à l'unisson.

- Je lui ai dit que je m'en foutais des autres. Honey... Tes peurs sont réelles parce que j'ai les mêmes que toi. Et si toi tu trouvais un mec plus âgé, qui t'apporte une certaine stabilité que tu ne peux avoir avec moi? Si tu trouvais un mec qui te proposait de vivre avec lui et ton nain? Je sais très bien que moi je ne peux pas t'offrir cette vie-là pour le moment. 

Sans que je ne puisse les retenir, mes larmes coulent. Jamais je n'aurais imaginé qu'il puisse avoir peur lui aussi. Pourtant ce qu'il énonce est logique même si ce n'est pas un logement qui me ferait céder. 

- Honey regarde-moi.

Je me redresse, plonge mes yeux dans les siens. De ses pouces, il essuie mes larmes en souriant.

- On ne peut pas prévoir l'avenir, chuchote-t'-il, mais on peut décider de se battre pour que ça marche entre nous...

- Oui...

- Je t'aime honey et je ne veux pas que tu doutes de ça.

- Je t'aime aussi.

Il sourit et je l'imite. Il s'enfonce dans le siège alors que je sens son érection gonfler sous mes fesses.

- Redis-le...

- Non, pouffé-je.

Nicolas m'attire contre lui et m'embrasse chastement alors que j'en veux plus.

- Non, ri-t'-il quand j'essaye de l'embrasser plus profondément.

Je ris avec lui en essayant d'attraper son visage qu'il détourne. Bordel, j'ai l'impression de redevenir une ado carrément bleue de son copain.

- Ça va, ris-je. Je t'aime Nicolas Paige.

- Encore...

- Je t'aime. Je t'aime fort même.

Il m'attire alors vers lui et me cède le baiser que je désirais tant. 

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