19

Je lisse ma jupe de mes deux mains, espérant qu'elle ne garde pas trop les plis causés par la soirée que je viens de vivre. Je prends une longue inspiration et pousse la porte de chez mes parents. Je sais très bien que ma mère va me cuisiner pendant cinquante ans et ça me stresse quand même l'air de rien. Parce que dire par téléphone que je déloge est déjà une chose mais l'assumer pleinement en est une autre.
Comme je m'en doutais, ma mère est assise dans le canapé et dès qu'elle me voit, un sourire illumine ses traits.
Ses yeux verts me sondent automatiquement alors qu'elle tapote la place à côté de la sienne.

- Et Tim ? demandé-je.

Je compte sur lui pour abréger mes souffrances.

- Oh, sourit-elle, ton père l'a emmené au parc.

Et merde.

Je m'installe à ses côtés en soupirant. Ma mère se retourne vers moi, ramenant son pied sous sa fesse, avide d'infos croustillantes. Pire que Sophie...

- Alors ?

- Quoi alors ? feinté-je.

- Sarah !

Elle glousse sous mon regard noir avant d'essayer de reprendre son sérieux.

- Je veux tout savoir de ce Nicolas.

Elle dit cela en papillonnant des cils et je pouffe de rire. Bordel! Elle ne va pas me lâcher d'une semelle, je le sens!

- Il n'y a absolument rien que tu dois savoir.

- C'est sérieux ?

Je roule des yeux, hoche néanmoins la tête.

- Oui, on peut dire ça mais c'est vraiment récent maman.

- Il sait pour le p'tit?

- Mais oui il sait...

Ma mère presse ma main dans la sienne et je lui souris.

- S'il accepte Timéo, c'est déjà une bonne chose.

J'acquiesce, la gorge nouée. Bien sûr que c'est génial qu'il accepte mon fils mais... Je ne me réjouis pas que ma mère apprenne qu'il n'a que dix-huit ans.

- Bon, dis-je en me levant, je vais faire un coup de ménage et toi, essayes de te reposer okay ?

- Ca marche, dit-elle en opinant du chef.

*******

La journée est passée à toute vitesse. Il faut dire que j'ai nettoyé toute la cuisine, même l'intérieur des placards y est passé. Ensuite, je me suis occupée des autres pièces, du linge de toute la famille. Tout ceci pour essayer de déstresser un max. Parce que je veux y arriver, je veux pouvoir prouver à Nicolas que ce n'est pas lui la cause de ma gêne mais bien moi. C'est moi le souci, pas lui. Lui n'a rien à se reprocher loin de là. Alors quand il est dix-neuf heures et que je reçois son texto qui me demande de -je cite - « me rappliquer », j'obtempère.

- Maman ? Je pars pour la nuit.

Elle regarde avec étonnement Timéo que je tiens par la main. Lui par contre sautille sur place, impatient et surexcité à l'idée de revoir son copain de jeux vidéo.

- Tu vas avec le p'tit ?

- Oui, soupiré-je. Ecoute, ils se sont déjà vus et tout s'est bien passé alors euh...

Et là, je crois que j'en ai trop dit quand je vois qu'elle écarquille les yeux.

- Ne me dis pas que c'est LE Nicolas Paige ?

On y est ! Je souffle un grand coup en fermant les yeux.

- Chéri, dis-je en me retournant vers mon fils, tu peux aller jouer deux minutes ? On va chez Nico après.

- D'accord maman.

J'attends que Timéo soit sorti de la cuisine avant de reprendre.

- Si, c'est lui.

- M'enfin Sarah !

Et la voilà la première étape que je redoutais. La réaction de ma mère. Elle tape son drap de vaisselle sur le plan de travail avant de s'asseoir autour de la table.

- Quoi m'enfin ?

- Ce n'est qu'un gamin ! Il n'a que seize ou dix-sept ans !

Ses yeux m'envoient des éclairs tandis que mes jambes tremblent nerveusement.

- Il a dix-huit ans, corrigé-je.

- Est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Sérieusement ma fille, je ne sais pas ce qu'il se passe dans ta tête mais ça ne doit pas tourner rond !

- Ce qu'il me passe par la tête ? Non mais là c'est à mon tour de te demander si tu es sérieuse ?

J'allume la hotte et une clope par la même occasion. Je suis dégoutée qu'elle réagisse comme ça. Elle est ma mère merde! Elle devrait me soutenir et non me juger comme le feraient des inconnues!

- Il te faut un homme Sarah ! Un qui a déjà une situation stable. Un qui puisse vous assumer toi et Timéo ! Pas un gamin qui étudie l'informatique !

C'est maintenant moi qui m'insurge. Comment ose-t'-elle déblatérer de telles conneries ?

- Je ne veux pas qu'on nous assume mon fils et moi ! Je ne veux pas d'un homme qui nous entretienne ! Je veux seulement qu'on nous aime, qu'on se sente bien avec cette personne et c'est ce qu'il nous arrive maman ! Alors oui Nicolas est jeune. Oui il est encore dans ses études. Mais je ne lui demande rien !

- Tu ne comprends rien à rien, soupire-t'-elle en se prenant le visage entre les mains. Que vont dire les gens de toi ? Tu vas être la risée de la ville, tu vas devenir celle de qui on parlera le plus.

Je ne réponds pas tout simplement parce que je sais déjà tout ça. Mais soit j'assume mon couple et les « on dits » qui vont avec ou soit Nicolas partira avec une autre. Et je ne veux pas envisager cela. 

- Bonne nuit 'man. J'y vais.

*****

La main de mon fils calée dans la mienne, nous marchons d'un pas rapide dans la rue. Je ne sais pas ce que j'attendais de ma mère... Je savais pertinemment qu'elle n'allait pas sauter de joie, mais j'en attendais pas une crise non plus. Toutes les angoisses que j'avais, toutes ces mauvaises choses que j'avais imaginées commencent à vraiment se réaliser. Mais il faut que je tienne. Il faut que je le fasse pour Nicolas, pour notre couple et bien sûr pour moi. Parce que même si au début je ne voulais pas le reconnaitre, il faut bien que j'avoue que mes sentiments pour lui sont bien présents.

- Hey, salut le nain !

Timéo saute sur Nicolas qui lui ébouriffe les cheveux. Le tableau me fait légèrement sourire.

- Je peux jouer Nicolas ?

- Ouai, tu connais le chemin.

Mon fils enlève ses chaussures dans l'entrée avant de courir dans le salon quant à Nicolas, il m'attire contre lui. Je dépose un baiser léger comme une plume sur ses lèvres et à son contact, je m'apaise doucement.

- Mauvaise journée ? demande-t'-il en me maintenant contre son torse.

- On peut dire ça oui mais on en discutera plus tard si tu veux bien.

Il acquiesce avant de m'embrasser. Sa bouche sur la mienne me fait frissonner tellement j'adore ça.

- Je crois que ton nain s'impatiente, murmure-t'-il contre mon cou.

Je ris quand j'entends Timéo appeler Nicolas.

- Allez go, va jouer.

Tandis qu'ils jouent à une course de voitures, je me surprends à les observer ensemble. Timéo semble adorer Nicolas et ce dernier n'a pas l'air dérangé par la présence de mon fils. Ils se chamaillent comme deux gosses et je pouffe de temps à autre.

- On regarde un film ? demande mon fils.

- Okay le nain, répond Nicolas en rangeant les deux manettes, tu veux quel film ?

- Avengers !

Je soupire parce que j'ai horreur de ces films de super héros.

- Et si on regardait quelque chose d'autre, proposé-je.

- Nan, rit Nicolas, le nain a décidé.

Il s'assied dans un fauteuil, et cherche le film sur l'écran plat devant nous.

- C'est parce qu'elle n'aime pas les super héros, dit Timéo en haussant les épaules.

- Ca, répond Nicolas, c'est parce que ta maman est une fille et que les filles ne savent pas ce qui est bien.

Je lui balance un oreiller à la figure en riant.

- Non mais quel sexiste, gloussé-je. C'est n'importe quoi. 

Nicolas lance le film tandis que je me lève de ma place, je me pose à côté de lui, m'appuie contre son flanc quand il entoure mes épaules. Il dépose un baiser discret sur ma tempe, caresse du bout des doigts ma cuisse. Je prends sa main dans la mienne, y enlace nos doigts sous les yeux rieurs de Timéo. Nicolas se penche vers moi, m'embrasse sur la tempe avant de souffler à mon oreille: 

-Je t'aime honey. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top