15
Je me lève bien avant que mon réveil ne sonne et j'en suis ravie. Ca me permettra de prendre mon temps pour me préparer avant d'aller travailler. Je file sous la douche alors que Timéo dort encore et m'enduis ensuite de crème hydratante à la coco. Un coup d'œil par la fenêtre me confirme les dires de la météo: Tant mieux! Le ciel est bien dégagé et le soleil commence à se lever. J'enfile un tailleur assez près du corps et me maquille après m'être brossé les dents. Mes cheveux quant à eux resteront lâchés puisqu'ils semblent coopérer avec moi.
Quand je retourne dans ma chambre, mon téléphone vibre sur ma table de nuit.
« Passe une bonne journée. Hâte d'être ce soir ;-) »
Je m'empourpre en pensant à la soirée qui m'attend avec lui. Du sexe, du sexe et encore du sexe parce moi, je suis en vacances à partir de ce soir et que je compte bien en profiter pour passer de nombreuses nuits blanches. Et pourquoi pas avec Nicolas. Je lui renvoie une réponse, lui disant que moi aussi j'avais hâte. J'ai hésité à lui dire que mon vagin criait famine mais après réflexion, je me suis dit que non je ne pouvais pas lui dire ça. Ces choses là sont réservées à Sophie qui a un humour décalé en matière de sexualité.
Je réveille doucement Timéo qui suce avidement son pouce. Ses petits yeux s'ouvrent difficilement et je souris en lui caressant les cheveux.
*****
La journée est dingue. La réunion qui normalement se déroulait ce matin aura lieu à dix-sept heures. J'ai donc envoyé un message à ma mère en lui demandant de récupérer Tim à seize heures tapantes chez la gardienne. Et là ! C'est le stress ! Elle n'est pas disponible. Mes parents sont conviés depuis déjà plusieurs mois à une soirée et ils ne peuvent pas se permettre d'annuler. Il ne reste qu'une personne qui puisse le reprendre mais il en est hors de question. Je refuse de demander cela à Sébastien qui arriverait encore à me descendre sur place pour ce service.
- Demande à ton babylove, dit Sophie en regroupant ses différents manuscrits.
Je mâchouille nerveusement le capuchon de mon stylo en la regardant.
- T'es devenue folle toi, pouffé-je.
- Ben non, rit Sophie, si mbg sait baiser la mère, il s'occupera bien du fils.
- Non, non, non, dis-je en tapant le sol du pied comme une gamine récalcitrante. Je ne peux pas lui demander ça et en plus Timéo ne le connait même pas.
Sophie hausse ses épaules, prends ses dossiers et me fait un clin d'œil.
- Appelle-le ma poulette. Ils feront connaissance et au moins tu évites de contacter bite molle.
Elle ne me laisse pas le temps de répondre puisqu'elle entre dans le bureau d'Emeric. Je soupire, fixe le téléphone sur le coin de mon bureau. Putain font chier aussi avec leur réunion reportée ! Et s'il me dit non ? En plus de devoir appeler Sébastien, je devrais par la suite rassurer Nicolas en lui disant que non, je ne cherche pas un père de substitution. Oh la misère !
D'une main tremblante, je sélectionne son numéro et colle l'appareil à mon oreille. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine tant je suis stressée. Quelque part, c'est une façon de le mêler à ma vie. Chose que je ne voulais absolument pas. Mais apparemment le destin en a décidé autrement.
- Sarah ?
- Nico, soufflé-je comme si ma vie en dépendait. Je suis désolée mais...
- Tu as un problème ?
- Oui ! Euh non ! Enfin j'en sais rien.
Son rire qui résonne dans le combiné me donne des papillons dans le ventre. Et merde qu'est-ce qu'il m'arrive?
- Je t'écoute Honey.
- Euh alors tu vois j'avais une réunion de prévue à neuf heures mais elle est reportée à dix-sept heures parce qu'Emeric a oublié de contacter trois de nos auteurs et mes parents...
- Sarah respire, me coupe-t-il. Pourquoi tu es si nerveuse ?
Je retiens ma respiration et ferme les yeux.
- J'ai besoin que tu t'occupes de mon fils ce soir.
- ...
Je regarde le téléphone pour voir s'il ne m'a pas raccroché à la gueule mais non.
- Je t'en supplie, dis-je. Je sais que c'est beaucoup de te demander mais si je téléphone à mon ex...
- C'est bon, c'est bon. Je suis juste... étonné que tu me demandes ça en fait.
- Je sais, soupiré-je, je suis désolée. Je peux téléphoner à la gardienne pour lui dire que tu y vas ?
- Ouai, j'irais.
Un sanglot de soulagement s'échappe de ma gorge. Je plaque ma main sur ma bouche pour l'étouffer.
- Ne pleure pas honey...
- Ah mais je suis tellement soulagée, souris-je. Tu viens de m'enlever une fameuse épine hors du pied.
- Tu as ton temps de pause à quelle heure ?
Je regarde ma montre et tire la langue à Sophie qui vient d'apparaitre devant moi.
- Dans une demi-heure.
- Je peux venir te chercher ? Enfin sois pas gênée de dire non, je comprendrais.
Sa voix hésitante m'attendrit et je glousse quand Sophie mime une fellation devant moi.
- Je serais ravie que tu viennes.
- ...
- Nicolas ?
- Euh oui, je vais vite me préparer alors.
- Okay je te rejoindrais au parc en face de chez Leman's.
- C'est parfait honey.
Je souris niaisement quand il raccroche avant de me rendre compte que je viens d'accepter de m'exposer avec lui face au monde entier.
- Putain mais je suis conne ! Ca devient grave !
Sophie s'assied face à moi et fronce ses sourcils parfaitement épilés.
- Tu viens d'accepter un rencard avec babylove ?
- Ouaip, soupiré-je en enlevant mes lunettes. Et tout le monde va savoir qu'on est ensemble.
- Mais qu'est-ce qu'on s'en bat les ovaires ? Si toi tu aimes lui rouler des pelles, va s'y ! On s'en fiche des autres !
Elle a raison je le sais mais je ne me sens pas du tout prête à assumer le regard des gens. J'ai horreur de me sentir jugée et rien qu'à l'idée de revenir au boulot avec l'étiquette de Cougar collée sur le front me gêne.
- Sarah, je suis sérieuse, reprend Sophie. Profite tant que c'est le moment.
Je hoche la tête, ne sachant pas trop quoi répondre.
A treize heures tapantes, je sors de l'immeuble et me force pour ne pas courir rejoindre Nicolas. Je le repère de suite devant la grille du parc, ses mains enfoncées dans les poches de son jeans. Il porte cela avec un t-shirt noir qui met divinement bien son torse en valeur.
Je rougis quand il balaie mon corps d'un regard empli de désir.
- Salut, souris-je quand je suis à sa hauteur.
- Salut honey...
Il se mord la lèvre et se passe une main nerveuse dans les cheveux tandis que je sens le malaise me gagner. Putain je sais que ça le blesse que je ne l'embrasse pas mais... je ne peux pas.
- J'ai apporté des sandwichs, je n'savais pas si tu avais un truc à grignoter ou non alors.
- C'est parfait, viens.
Nous marchons côte à côte sur l'allée du parc, à la recherche d'un coin discret. Quand nous en trouvons un, Nicolas s'assied dans l'herbe et j'enlève mes escarpins avant de l'imiter.
- J'ai le droit à mon baiser maintenant ?
Je me rapproche de lui et prends son visage entre mes mains. Je dépose sur ses lèvres un petit baiser.
- Je suis désolée.
- Moi aussi.
- De quoi ?
Ses mâchoires se crispent quand il me tend le sandwich.
- Je sais pas, s'énerve-t'-il. Que tu sois gênée de moi, que je ne sois pas né un peu plus tôt, de ne pas pouvoir venir te chercher direct à ton boulot.
Je ne dis rien, pose le sandwich à côté de moi et regarde les gosses qui jouent autour de la balançoire. Un silence pesant s'installe entre nous et j'en ai les larmes aux yeux. J'ai conscience que tout ceci est de ma faute mais je ne pense pas que je sois capable de subir des moqueries sur notre différence d'âge. Surtout qu'il savait que ce serait comme ça entre nous.
- Bon, finit-il par dire, je dois aller chercher ton fils à quelle heure ?
- Tu n'es pas obli...
- Putain Sarah arrêtes ! Je t'ai dit oui alors c'est bon, j'irais.
- A seize heures trente.
Je fouille dans la poche de mon sac à main et lui tend une clé qu'il prend.
- La maison sera vide, dis-je. Mes parents partent vers quinze heures.
- Okay. Il mange quoi ton nain ?
J'hausse un sourcil et cela le fait légèrement sourire.
- Mon nain mange de tout, il a du mal avec les légumes mais...
- Ca va si je commande une pizza ?
- Oui, oui.
Le silence reprend encore une fois et je triture mes doigts, faisant semblant de gratter le vernis rouge vif qui a dépassé de mes ongles. C'est tellement pourri comme situation.
- Bon je crois que tu devrais retourner au boulot, dit-il en se levant.
- Oui.
Je me lève à mon tour, remettant mes chaussures et ramassant le sandwich que je n'ai même pas mangé. Il repart de son côté sans même un au revoir, ni un regard mais je ne peux pas le blâmer. C'est moi qui ai choisi cette situation par simple égoïsme. C'est avec le cœur lourd que je repars au travail, en attendant qu'on parle de tout ceci au soir.
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