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« Si tu es réveillée, tu peux venir... »

Je relis pour la dix-septième fois le message de Nicolas. Il est sept heure trente du matin. Je n'ai pas très bien dormi et ce message me mets un peu mal à l'aise. Les deux fois où nous avions couché ensemble, il faisait noir. Là, le soleil traverse déjà les stores de ma chambre. Si je vais chez lui maintenant, je sais qu'arrivera le moment où notre désir sera au sommet. On se désapera et là... Il écarquillera les yeux, débandera et vomira ses tripes par la même occasion. Je n'ai pas tellement envie qu'il voit tous mes défauts physiques, ceux que j'arrive à planquer derrière une garde-robe bien étudiée. Lui il a un corps à se damner, des muscles abdominaux à me faire baver jusqu'à sécheresse... Enfin bref, il est jeune, en forme et parfaitement parfait. Moi ? Ah ah ! Laissez-moi réfléchir par où dois-je commencer.

a) J'ai de la cellulite sur les cuisses. Et pas qu'un peu...

b) Mon bourrelet post-grossesse/post macdo est bien ancré sur mon ventre. Il y est depuis tellement de temps que je ne me rappelle plus de mon corps de jeune fille svelte et sexy. Quoique je ne sais même pas si je l'ai déjà vraiment été.

c) J'ai des vergetures sur le -dit bourrelet. Vous voyez à quoi ressemble un pain tigré ? Ceux avec la croûte marquée de grosses « griffes ». Ben je vous présente mon ventre.

Alors rien qu'à l'idée de me retrouver nue en plein jour devant cet apollon de dix-huit piges calme mes pulsions sexuelles. Ca équivaut à la douche froide que prennent les hommes. Je remonte mes draps sur ma tête, me cachant de cette journée qui commence. Pourtant, faut bien que je récupère mon pc ou mes fichiers mais j'ai la trouille au ventre.

« Si tu ne viens pas c'est moi qui viendrais à toi Sarah »

Je pouffe de rire en lisant ses messages. Il est complètement barge et si je ne savais pas le pourquoi il insiste autant pour qu'on se voit, je pourrais croire qu'il est un dangereux psychopathe.

« C'est bon, je prends ma douche et j'arrive »

« A tout de suite »

Je soupire longuement et finis par me lever.

La voiture du père de Nicolas n'est pas dans l'allée de leur maison et j'en suis vraiment soulagée. Je monte les deux marches en bois du porche et frappe doucement à la porte. Je regarde dans tous les sens, espérant que personne ne me voit ici. Quand Nicolas ouvre enfin la porte, je m'engouffre à l'intérieur aussi vite que possible.

- Pressée de me voir ? demande-t'-il en souriant.

- Non. Euh si bien sûr que si, soupiré-je.

Il s'approche de moi, effleure doucement ma bouche de la sienne avant de reculer. Je le rattrape par la nuque, presse ma bouche sur la sienne. Je veux un vrai baiser, pas un petit bisou. Nicolas sourit contre mes lèvres et m'embrasse. Ce contact entre nous m'apaise d'une part et de l'autre me réchauffe. Je ne sais pas pourquoi c'est lui dont j'ai envie, pourquoi ce sont de ses baisers dont j'ai rêvés ni pourquoi c'est de sa chaleur dont j'ai besoin. Sa langue qui danse sensuellement avec la mienne est d'une exquise gourmandise. Je voudrais que ce baiser échangé dure des heures encore, que ses dents qui mordillent doucement ma lèvre le fassent encore longtemps. Nicolas me soulève du sol et naturellement, j'enroule mes cuisses autour de sa taille. Ses mains posées sur mon cul, les miennes enfouies dans sa tignasse brune, j'oublie tout. J'oublie son âge, le mien, mes complexes, la raison pour laquelle je suis là. Je le désire si fortement que mon entrejambe se fait douloureuse, que ma culotte se mouille.

- Je vais te baiser, susurre-t'-il entre deux baisers. Tu le sais ?

- Baise-moi alors, je réponds le souffle court.

Il monte les marches menant à l'étage, nos bouches toujours soudées l'une à l'autre. L'odeur boisée de son parfum emplit mes sens lorsque nous entrons dans sa chambre. Je ris quand il me jette sur le lit, le regarde bouche bée quand il enlève son t-shirt noir. Il détache son jeans, le laisse ouvert dévoilant son boxer tendu par son érection. D'un coup de pied, j'enlève mes chaussures. Nicolas s'approche tel un félin prêt à dévorer sa proie. Et là, je n'en peux plus. Je le veux, je le désire, je veux qu'il soit en moi, sentir son corps contre le mien. D'un seul geste, mon pantalon atterrit sur le t-shirt de Nicolas. Il aspire sa lèvre inférieure, comme si j'étais la septième merveille du monde... Ou une pornostar de chez Playboy, au choix...Du genou, il écarte mes jambes et se pose entre celles-ci. Je m'assieds face à lui, nos bouches se rejoignent encore tandis que sa main glisse par-dessous mon pull. Je ne peux m'empêcher de rire quand je le sens se raidir.

- Qu'est-ce que tu as foutu ? me demande-t-il les sourcils froncés.

Il soulève mon pull, rit quand il en en voit encore un.

- Combien de couches ? me questionne-t'-il avec un regard taquin.

- Cinq, gloussé-je.

- Pourquoi ? Tu pensais que j'allais t'en laisser une ?

Il enlève le premier pull, dévoilant le second.

- J'aurais espéré oui, dis-je en toute franchise.

Ouai, j'aurais vraiment espéré qu'il me laisse ses couches de fringues.

- Je te veux nue Honey.  Pas avec ses couches de vêtements inutiles.

Je déglutis. Et pas seulement parce que je suis mal à l'aise hein mais bien parce qu'il vient de m'appeler Honey. C'est étrange... Et agréable. Ses doigts caressent doucement mes cuisses, remontent lentement sur mes hanches.

- Enlève tout ça Sarah...

Sa voix rauque me liquéfie sur place. Je ne suis plus qu'une flaque prête à se faire laper par ce mâle. Je soupire longuement, ferme les yeux sous son regard ardent et enlève l'ensemble des épaisseurs qui me couvrent. C'est le moment de vérité. Soit il débande aussi vite que sa trique est née, soit il se fout de ma gueule, ou soit... J'ouvre un œil, un seul. Ses joues sont rouges, son regard fixé à mes seins recouverts d'un soutif noir. Mes yeux descendent discrètement sur son érection et Ouf...

- Je rêve où tu vérifies si je bande ?

Oh ben merde, moi qui croyait être discrète...

- Je...

Il prend ma main dans la sienne, les plaque ensemble sur sa queue.

- Tu me plais Sarah. okay?

Je ne réponds pas, referme mon poing sur sa hampe. Il sourit, son regard devient féroce. Il se couche sur moi, recouvrant mon corps presque nu.

- Laisse-moi m'occuper de toi avant...

Il m'embrasse langoureusement, me dévore. Je ne suis plus que désir, plus que feu. Sa bouche pulpeuse sème un chemin de baisers jusqu'à mes seins. Il passe une de ses mains dans mon dos, dégrafe le sous-vêtement et l'enlève. Ma poitrine enfin libérée, il lèche mes tétons, les suce un à un. Je gémis doucement quand il continue sa descente. Du bout des doigts, il écarte mon shorty, caresse ma fente déjà moite.

- Te sentir si mouillée me rend dingue Honey.

Il me pénètre d'un doigt, puis deux. Je geins sous le mouvement de ceux-ci, mon sexe se contracte autour. Il enlève ses doigts, nos regards se croisent. Ses yeux bleus d'habitude translucides ont pris une teinte plus sombre. Je suis émerveillée par lui, par sa beauté, par cette assurance qu'il dégage. Je soulève mon bassin quand il enlève mon shorty, retiens mon souffle quand il se penche pour l'embrasser. La pointe de sa langue lape mon clitoris me faisant frémir. Il grogne, me lèche plus avidement. Il m'a à peine touchée, que je sens l'orgasme non loin.

- Oh c'est bon...

Mes doigts s'emmêlent dans ses cheveux, l'attirant encore plus contre mon sexe. Il pose mes cuisses sur ses épaules, continue sa délicieuse torture.

- Je vais...

Nicolas enfonce sa langue dans mon vagin, imite les mouvements d'une pénétration. Je suis gênée, je ne veux pas jouir dans sa bouche, c'est terriblement... gênant mais quand j'essaie de me rétracter, Nicolas me retient. Ses doigts me pénètrent, sa langue joue adroitement avec ma boule de chair. Mes jambes tremblent autour de sa tête, mon bassin se soulève au gré de mes cris.

Et je jouis. Je jouis comme je ne l'avais encore jamais fait avant. Mon cerveau se met en pause, mon sexe palpite, des larmes coulent sur mes tempes. Une fois que je redescends sur terre, j'ouvre un œil. Nicolas me regarde intensément, sa queue dans sa main.

- Je meurs d'envie de te baiser là, tout de suite.

- Va s'y, je suis à toi.

Il se lève, prends un préservatif dans sa table de chevet et termine de se déshabiller. Il enroule le préservatif sur son sexe avant de revenir se coucher sur moi. Il s'enfonce sans aucune difficulté en moi, étouffant un râle dans mon cou. Je prends son visage entre mes mains, l'embrasse. Il a le goût de mon sexe sur sa bouche, sur sa langue. Je n'en peux plus. Je le désire encore plus alors qu'il vient de me donner un orgasme incroyable. Je l'embrasse, bouge mon bassin en même temps que lui.

- Sarah... Tu me rends fou...

- Fais-moi jouir bébé...

Il accélère ses mouvements, grogne. Je jouis peu de temps avant lui.

Nous ne bougeons pas pendant quelques instants, reprenant chacun notre souffle. Il finit par se faire rouler sur le côté. J'en profite pour me pencher et attraper un de mes pulls pour me couvrir mais Nicolas m'en empêche en m'attirant contre lui.

- C'est bon Sarah, reste comme ça. Il n'y a que nous.

Je rougis parce que je n'aime vraiment pas mon corps et que je voudrais bien devenir transparente. Nicolas semble comprendre mon malaise puisqu'il tire les draps à nos pieds pour nous couvrir. Je respire alors, me sentant mieux. Ma tête posée sur son bras, nous nous fixons sans rien dire. Ce que je crois lire dans ses yeux me fait peur : de l'amour ? Non... Ca ne doit pas être cela. Pas maintenant alors que nous nous connaissons à peine. Il ne baisse pas le regard, je ne détourne pas le mien. Le silence qui prend place entre nous est étrangement réconfortant, apaisant.

- Tu sais, finit-il par dire, ton pc...

- J'avais complétement oublié le pourquoi de ma venue, souris-je.

Il dépose un bisou sur mon nez et je ne sais pas pourquoi mais ce geste affectif me surprend.

- J'ai réussi à récupérer certains fichiers mais pas tous.

- Oh c'est génial, m'écrié-je en le serrant dans mes bras.

A son tour il m'enlace et je ferme les yeux de bien-être. Je suis bien là, contre son torse, dans ses bras, sous ses draps. Il repousse délicatement quelques mèches de mes cheveux et je sens son sourire contre mon oreille.

- Alors Honey, on me taxe mes photos ?

Je glousse en lui donnant une tape sur son bras. Il rit maintenant de bon cœur voyant que je m'empourpre. J'avais carrément oublié ces photos tant j'étais stressée pour mes manuscrits.

- Bon c'est pas grave, ri- t'-il. Au moins je sais que tu es sur Facebook. On pourra être ami.

- Ca marche. Et d'où est-ce que tu m'appelles Honey ? Je ne suis pas ta chérie, dis-je en tentant de prendre un air agacé.

- T'aime mieux ma puce ? Bébé ? Princesse ?

Je grimace en pouffant de rire.

- Ce sera Honey alors, confirme-t'-il avant de m'embrasser.
******

Assise sur la banquette moelleuse de ce bar, je regarde par la vitre les passants. On est fin juin, dans une semaine les vacances d'été commenceront et j'ai hâte d'emmener Timéo en vacances. Rien que lui et moi, au bout du monde. Au début je ne voulais pas y aller, préférant garder mes économies pour notre futur logement mais mes parents m'ont convaincue. Ils ont raison, ça nous fera du bien de nous retrouver alors que cette année a été compliquée pour tous les deux. Je fais un signe de la main à Sophie qui vient d'entrer dans la salle. Quelques regards masculins se posent sur mon amie mais elle les ignore, venant s'installer devant moi.

- Hello ! S'écrie-t'-elle. Dis donc, tu es resplendissante !

Je rougis en ouvrant la bouche. Ca se voit tant que ça que j'ai pris mon pied deux fois ce matin ?

- Euh oui... Merci ! Toi aussi tu es magnifique !

Sophie me sourit théâtralement et je la connais assez pour savoir qu'elle ne va pas me lâcher de sitôt.

- Je suis toujours magnifique, pouffe-t'-elle.

Je ris avec elle et nous commandons nos boissons quand le serveur vient à notre table. Nous avons pris toutes les deux un capuccino avec supplément de crème.

- Alors, dit-elle en plein milieu de la conversation, tu as des nouvelles de bébé ?

- Non, bredouillé-je. Bon en fait si !

Elle éclate de rire en se tapant dans les mains et je souris niaisement.

- Raconte ! Je veux tout savoir ! Il t'a encore baisée ?

- Sophie, grogné-je en lui faisant les gros yeux. On nous écoute tu sais ?

Mon amie rit à gorge déployée et sa bonne humeur me contamine, comme d'habitude.

- Ça va, ri-t'-elle, on est en deux mille seize. On peut parler de cul sans être prises pour deux grosses cochonnes.

Quelques rires se font entendre, des raclements de gorges aussi tandis que je me cacherais bien sous la table tant je suis morte de honte.

- Et alors, demande-t'-elle en tentant de reprendre son sérieux.

- Ce que je vais te dire est top secret, murmuré-je.

Elle me tend son petit doigt que j'accroche avec le mien en guise de promesse de fermage de gueules. Elle se penche un peu plus vers moi, attentive comme jamais.

- On a décidé de se voir en cachette. Mais rien que pour le cul. Rien d'autre.

- J'en reviens pas, sourit-elle. Sarah Mcgrowen a un plan cul régulier.

Je ris avec elle parce que moi non plus, je n'aurais jamais cru ça. Je me suis toujours trouvée moche, sans aucun intérêt physique alors qu'un gars comme Nicolas puisse me trouver attirante me donne des ailes.

- Mais, reprend t'-elle, je vais un peu casser ton délire. Les plans cul réguliers ne restent que très rarement de simples plans cul.

- Il est trop jeune pour qu'il se passe quoique ce soit d'autre que du sexe.

- Il n'aura pas cet âge éternellement poulette.

- Mais la différence restera la même, que ce soit dans cinq, dix ou trente ans. Et plus j'avancerais dans l'âge et plus je serais mal à l'aise et plus il se rendra compte de ce qu'il rate en couchant avec moi.

- Ben dans le fond tu t'en tape.

Elle avale une gorgée de son capuccino, me fixe dans les yeux.

- Ce n'est pas parce que vous couchez ensemble occasionnellement que vous n'avez pas le droit de tomber amoureux d'une tierce personne. Baisez, jouissez, rebaisez, rencontrez des autres personnes et tant que vous ne trouvez pas chaussures à vos pieds, continuez à vous voir.


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