Livre sixième, Chapitre vingt-huitième

Alexandre : Pourquoi avoir accepté de l'aider ? Son entrée a été horriblement agressive et tu n'as aucune dette envers elle.

Reiko (confus) : Je... je ne sais pas trop... Quand un humain mes demande de l'aide, du moment que cela n'inclut pas de violence, j'accepte souvent de l'aider... Je pense que c'est parce qu'en tant que mort, j'aime améliorer la vie de ceux qui peuvent encore en profiter...

Ils son dans le parc, cachés dans une clairière. La fille est allongée au sol, Reiko est accroupi, son index droit entre les yeux de l'adolescente, la main gauche sur son front, tentant, comme il l'a expliqué, d'identifier le sort. Alexandre les regarde, bras croisés, adossé à un arbre.

Reiko : C'est... Je n'arrive toujours pas à savoir ce que c'est. Que t'a-elle fait, concrètement ? Elle a récité une incantation ? Elle a dessiné quelque chose sur ton corps ? Et quel est ce « problème » qu'elle a résolvé, au juste ?

Girl : Le problème... Je voulais une solution pour mes problèmes amoureux. Maintenant, il est collant. En plus, ma meilleure amie l'aimait, maintenant, elle me déteste.

Reiko : Oh... hum... je vois. Mais ça vous réconcilierait avec votre amie si vous prenez vos distances avec ce garçon ?

Girl : Ouais... je crois...

Alexandre se pince l'arête du nez, exaspéré par la fille.

Reiko : Et donc... par quel moyen magique a elle exécuté votre demande ?

Girl : Elle m'a donné une bouteille avec un liquide de couleur et m'a fait rentrer dans un cercle chelou...

Reiko (yeux mi-clos lumineux, cheveux commencent à voler) : Te souviens-tu précisément de ce cercle ?

Girl : Pas trop. Il y avait un deuxième plus petit à l'intérieur et des inscription dont je n'ai aucun souvenir entre les deux et un triangle centré dans le cercle avec un autre cercle à l'intérieur dedans je crois...

Reiko (irradie de puissance) : On va voir ça tout de suite.

Dans un flash de lumière, il retire ses mains du visage de l'adolescente pour les placer sur ses tempes.

La lumière se fait de plus en plus intense, il se recroqueville de plus en plus sur lui-même, ses mains glissent de ses tempes à ses yeux, la gravité se fait de moins en moins ressentir, contrairement à une électricité ambiante qui s'installe.

Puis tout retombe, comme si de rien n'était.

Alexandre s'approche de son colocataire, inquiet.

Alexandre : Reiko ? Tout va bien ?

Reiko (ouvre les yeux, se tourne vers Alexandre, sourit) : Oui... cela demande un peu d'énergie et examiner des souvenirs me sonne un peu mais je vais bien.

Le jeune homme remarque que les yeux de l'esprit sont légèrement plus sombres que d'habitude. Cela lui rappelle cette nuit où il l'a retrouvé épuisé, en sang dans le placard à balais. Ses yeux étaient presque gris foncé.

Il lui posera plus de questions à ce sujet, plus tard.

Reiko (à Girl) : Je suis vraiment désolé... Je ne peux rien faire pour vous... Vous devriez retourner voir la sorcière et si le problème est vraiment grave, payer la somme qu'elle demande pour l'antidote.

L'adolescente se relève en position assise et hoche la tête, dépitée, avant de passer son chemin, sans doute à la rencontre de cette fameuse sorcière.

Le jeune homme et l'esprit partent dans la direction opposée. Reiko semble encore fatigué de son sort.

Alexandre (lui touche le coude car trop petit pour atteindre l'épaule) : Tu veux rentrer te reposer ?

Reiko (lui sourit, se redresse, mais faiblement) : Je vais bien. Ne vous en faites pas pour moi.

Le jeune norvégien insiste tout de même pour qu'ils se reposent quelque minutes sur un banc.

Alexandre (sourit à Reiko) : Tu sais, j'admire ta générosité. C'est incroyable cette énergie que tu as déployée pour cette fille alors que tu aurais pu passer ton chemin.

Reiko : Je pense que vous auriez fait la même chose...

Alexandre (fatigué, doute) : Je ne sais pas... j'ai trouvé son problème futile. Ce genre de problèmes qui n'a pas à contracter la magie. J'aurais sans doute essayé d'aider quelqu'un avec un vrai problème... Je crois... je ne suis pas un monstre, non plus, non ?

Reiko (sourit) : J'en suis sûr. Ne doutez pas de vous.

Alexandre (gêné, sourit, tourne la tête) : Merci.

Le silence qui suivit fut vide, comme si les mots formaient des ponts entre les deux êtres, des ponts à présent inexistants.

« Pas comme les silences avec ma grand-mère... »

Reiko (entend sa pensée) : Heum... désolé... je n'entretiens pas trop la conversation, j'en suis navré.

Alexandre : Ne le sois pas, si tu n'as rien a dire, je préfères que tu ne parles pas plutôt que tu parles pour ne rien dire.

Reiko : Mais quand savoir quand c'est vraiment intéressant ?

Le garçon lui sourit.

Alexandre : Je ne te demande pas ça. Juste, à partir du moment où tu te demandes « qu'est ce que je pourrais dire » à la place de « est ce que je le dis », ne te fatigue pas. Tu peux me dire ce que tu veux. Mais je préfère que tu parles pour dire quelque chose plutôt que juste pour parler.

Reiko : Et si... et si j'ai juste envie de parler ?

Alexandre : Tu peux. Mais ne te forces pas. Ça ne me dérangera pas si c'est ce dont tu as vraiment envie.

Dans le nouveau silence, le garçon s'imagine comment ce serait déroulée la conversation si leur relation était restée inchangée depuis leur rencontre.

Sans doute l'esprit aurait acquiescé sa tirade sans un mot.

Peut-être n'aurait-il même pas pris la parole.

Sûrement, même, Alexandre serait juste chez lui, dans sa chambre, à regarder hazbin hotel sur son ordinateur et rembarrer tous les marmots qui sonnent chez lui.

Il regarde le ciel au soleil couchant, confus.

Quel mot devrait-il mettre sur leur relation, maintenant ?

Sont-ils simplement colocataires, après toutes ces confidences, ces instants passés ensemble, ces disputes et ces réconciliations ?

Quand sa Oma lui a demandé si il avait des amis en France et qu'il a répondu :

« Pas vraiment. Sauf un... », c'est à l'esprit bleu à la peau d'étoiles qu'il pensait.

« Amis » ?

Pour que deux personnes soient amies, il faut que les deux soient d'accord dessus.

Il apprécie beaucoup Reiko. Mais est-ce réciproque ?

Que devrait-il faire ?

Poser la question frontalement ?

Ou peut-être de manière dérobée.

Alexandre (peu confiant et confus) : Heum... Reiko ?

Le grand être bleu tourne la tête vers lui, souriant.

« T'ain... Et puis non. C'est tellement nias comme question. Pourquoi définir cette relation avec des mots ? On est ce qu'on est, et puis voila ! »

Chassant toutes ces questions qu'il juge désormais futiles, il reprend, bien plus confiant, lui adressant un sourire chaleureux :

Alexandre : Que veux-tu faire, maintenant ?

Reiko (sourire simple) : Pourquoi pas marcher au lac ?

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