Livre sixième, Chapitre vingt-cinquième
Alexandre passe une excellente semaine avec sa grand-mère, loin de tout, dans son village isolé.
Il apprend à lancer des sorts, d'un simple tracé à l'encre sur sa main, grâce au livre offert par sa grand-mère.
Il apprend à faire des rituels magiques avec sa Oma.
Il passe du temps dans la forêt derrière la maison, un lieu pleinement magique où il croise des esprits qu'il peut désormais voir.
Et à chaque fois, il repense à Reiko.
Il lui manque.
Plus il pense à lui, plus ça macère dans sa tête, plus il s'imagine les pires scénarios.
Et s'il était parti, agacé de l'attendre ?
Et s'il s'était fait attaquer ?
Et si cet autre esprit terrifiant qu'il avait appelé Érénide l'avait encore attaché, dans cette rue, en sang, à bout de forces ?
Malgré ces angoisses, il profite quand même du séjour chez sa grand-mère, toutes ces activités et ces souvenirs chassent les peurs irrationnelles et les doutes qu'il porte lourdement.
Et sans qu'il s'en rende compte, il doit déjà rentrer.
Il aurait aimé rester plus longtemps.
Mais il a envie de revoir Reiko.
Peut-être, la prochaine fois, devrait-il l'emmener avec lui.
Peut-être, la prochaine fois, devrait-il oublier totalement l'idée de passer chez sa famille.
Les mots de Noah ont résonné dans sa tête toute la semaine.
« « Un alcoolique, un échec, une honte » ... c'est vraiment ce que je suis ? »
Il est à présent à la gare.
Il embrasse se grand-mère une dernière fois, avant de monter à bord.
Il refait le trajet, en sens inverse.
C'est très étrange, maintenant, de voir tous ceux qu'ils ne voyaient pas avant.
Une grande femme bleue aux écailles aquatiques l'observe, silencieuse.
Il ne la distingue que très vaguement, pas aussi bien que Reiko, elle est un peu transparente, floue, ce flou créant la seule barrière entre le monde réel et celui des morts, désormais.
Il la regarde de son habituel air hautain, froid et supérieur.
Comme il l'a fait avec n'importe qui.
Comme il l'a fait avec Reiko.
Il pense au fait qu'elle pourrait aisément l'attaquer n'importe quand.
Il pense au fait qu'il pourrait aisément riposter grâce au cercle runique sur sa main.
Il devrait demander plus de conseils à Reiko sur la magie.
Il n'est pas certain que ce petit sort de feu soit plus que rudimentaire.
Il cesse de penser.
Dans son fort intérieur, il est soudain pris d'une panique pure.
Il sent que s'il détourne les yeux de cette femme, sa vie sera en danger.
Jusqu'à l'escale suivante, elle ne cesse de le fixer.
Jusqu'à l'escale suivante, il ne cesse de la fixer.
Ils s'observent mutuellement, guettant la moindre réaction de l'autre.
C'est donc avec le plus grand soulagement qu'il quitte le train pour prendre une autre ligne.
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Midi.
Il arrive à la gare de Torcy, lessivé, au bout de plus de vingt-quatre heures, il prend la ligne de bus qui l'amène au coin de sa rue.
Il monte les marches, presque difficilement, ouvre la porte et retrouve son appartement, sombre, vide.
Tous les volets ont été fermés par ses soins, à son départ, pour éviter d'éventuelles intrusions.
Il pose son sac d'affaires et les ouvre.
La lumière donne vie à la pièce à l'ambiance jusqu'alors macabre.
Néanmoins, il ne le voit pas.
« Il est probablement sorti... »
Il fouille toutes les pièces de la maison, à la recherche, au préalable, du chat.
Il ne trouve rien. Strictement rien ni personne.
Rien qui ne pourrait témoigner de l'existence de l'esprit.
Reiko est-il parti sans laisser de traces ?
Il angoisse terriblement.
Alexandre : Reiko ?
Cette panique, mélangée à la fatigue de plusieurs dizaines d'heures de route, le font chuter, à genoux.
Est-ce que Reiko va revenir ?
Si non, il n'a aucune raison de rester ici.
Il part s'affaler dans son lit, abandonnant définitivement ses bagages où il les a laissés, ne prenant pas la peine de retirer son manteau.
Il se réveille, sous le soleil couchant.
Il a encore besoin de repos.
Il a encore besoin de Reiko.
Il ne sait pas quoi faire.
Il se sent comme un enfant, perdu, sans repères.
Alors, comme d'habitude, dans ce genre de situation, il se relève faiblement.
Pour marcher avec difficulté jusqu'au frigo et s'emparer d'une bouteille de Vodka avant de la porter à sa bouche.
Il n'a absolument pas bu depuis une semaine alors il tousse à la première gorgée.
Puis, les habitudes reviennent et il la termine d'une traite, jetant ensuite la bouteille de verre transparent au sol, répandant des milliers de cristaux tranchants sur le parquet.
Il retire son manteau, puis, au final, sous l'alcool qui commence à faire effet, se débarrasse du reste de ses vêtements et part s'enfermer dans les toilettes, choisissant cette pièce pour une seule raison : son excès d'alcool, son inaptitude à réfléchir.
Au bout d'un certain temps, il sent le contenu de son estomac remonter. Il le laisse sortir sans retenue, introduisant même un doigt dans sa gorge pour en extraire plus.
Il sort, s'enferme cette fois dans sa chambre et s'affale une nouvelle fois sur son lit.
Son regard glisse vers sa main.
Si Reiko le touche, il sera blessé.
Il devrait l'effacer.
Mais cette pensée même est brumeuse dans sa tête.
Il se rendort dessus, impuissant.
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Chat (arrive dans la bibliothèque, surpris): Qu'est-ce que tu fais là, abruti ?!
Reiko est assis dans un coin de la bibliothèque, levant la tête de son livre
Reiko (surpris, ne comprend pas la question) : Je lis. Pourquoi ça ?
Chat : Mon dieu, que t'es bouché ! Tu sais quel jour on est, aujourd'hui ?
Reiko : Je suis un esprit. Par principe, je n'ai aucune notion du temps.
Chat (fulmine) : Espèce de... grrr... C'EST AUJOURD'HUI QUE NOTRE COLOC' REVIENT, ABRUTI !
Reiko (surpris): Oh ! Depuis quand est-il censé revenir ?
Chat : Plus de douze heures.
Reiko (paniqué) : J'y vais tout de suite !
Et il disparaît , repartant dans le monde réel, pour retrouver son colocataire le plus vite possible.
Par envie de le revoir ?
Ou par crainte de sa colère ?
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Au jour d'aujourd'hui, je pars enfin en Norvège.
Je suis à la fois infiniment heureux et profondément inquiet, anxieux que ce voyage ne me plaise pas, que ce dont je rêvais n'était qu'idéaliste.
Je pense que tout le monde connaît ça, tôt ou tard, quand un rêve est sur le point de devenir réalité... ^^'
(Alexandre tient effectivement un peu de moi : anxieux, plein de doutes, mais essayant de se monter une carapace solide 😅)
En tout cas, toute ma gratitude pour avoir lu ce que j'ai écrit, en espérant, comme d'habitude, vous revoir au prochain chapitre (qui ne saurait que vous faire attendre vu que je pars deux semaines sans ordinateur.. 🥲)
Bonheur à vous, bonnes vacances.
W.H
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