Livre second, Chapitre neuvième
Il est vingt heures passées, Alexandre arpente les rues de Torcy en criant son nom.
Les gens le regardent, incrédules ou juste surpris. Une jeune femme l'accoste.
Woman : Excuse-moi, jeune homme, je peux t'aider ?
Il la regarde un instant avant d'apercevoir le brassard qu'elle porte.
« POLICE »
Elle poursuit :
Policière : Tu cherches ton chien ou tu t'amuses juste à emmerder tout le quartier ?
Alexandre : Reiko n'est pas un chien. Et je dois le retrouver de toute urgence.
Policière (ne l'écoute pas) : Tu pues le tabac. Tu fumes ? Tu sais que c'est illégal à ton âge ? Tu vas me suivre au poste.
Alexandre : Madame, j'ai nettement l'âge de consommer ce que je veux quand je veux, maintenant, je suis pressé, mon ami est en danger et personne ne peut l'aider à part moi alors évitez de me gêner.
Il clôt la discussion en partant le plus vite possible, la laissant abasourdie.
Cette situation déjà vécue trop de fois, due à sa taille inférieure à la moyenne, ne le fait que se détester encore plus.
Enfin... il ne doit pas se déconcentrer. Il recommence à appeler Reiko.
Parfois, une réponse, faible. Mais c'est bien lui.
« A droite. »
« Je suis là »
« Continuez par-là »
Plus il avance, plus la voix est forte dans sa tête.
Il entre dans la vieille ville, les rues lugubres et mal entretenues donnent une nette impression d'insécurité.
Rien ne l'arrête pour autant.
Il sent sa présence, maintenant. Il sait ou se trouve Reiko.
« Stop ! »
Il se trouve devant une ruelle par laquelle il comptait couper.
« Pas ici, faites le tour. Ou vous vous mettrez en grand danger. »
Au fond de la ruelle luit une faible lumière orange. Une autre voix lui parle, non pas dans sa tête mais dans une langue a peine compréhensible, presque reptilienne :
???: Mais si ! Approche, petit humain. Approche, que nous jouions. Que nous jouions avec ta vie !
Deux yeux jaunes se rapprochent, menaçants.
???: N'es-tu pas effrayé, petit humain ? Je ne te fais pas peur ? Tu me veux plus effrayante, peut-être.
« Rester calme. Je dois rester calme devant elle ou je vais me faire bouffer. Si je me permets des choses que ferait uniquement quelqu'un de plus puissant que ce monstre, il croira sûrement que je le suis et n'osera pas m'attaquer.»
Alexandre (calmement) : Vous vouliez être effrayante ? Vous avez la même prestance qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Il est totalement déboussolé, au fond. Il veut juste récupérer Reiko et partir le plus loin possible.
« Monsieur Alexandre ! Ne l'énervez pas plus, je vous en supplie »
???: Huh ! C'est lui, dont tu me parlais, avec ton stupide destin ?
Des ombres tentaculaires glissèrent discrètement vers Alexandre.
« Ne lui fais pas de mal, Érénide ! Reviens te battre avec honneur plutôt que d'agresser un humain ! »
???: Tu ne vois donc pas ce qu'il est ? Si je le tuais, je pourrais...
« DISPARAIS ! »
Alors, un gigantesque flash lumineux irradie la ruelle. La lumière se propage loin. Le garçon ignore les effets de cette puissance radiance mais quand elle s'est dissipée, les deux yeux jaunes ont disparu.
« Elle est partie. Tu peux passer. »
La voix de Reiko est devenue très faible. Est-il l'auteur de cette puissante magie ? Très probablement.
Il marche désormais sans crainte, dans le seul but de retrouver son colocataire.
Il le retrouve enfin.
Attaché à un lampadaire, hirsute, les vêtements déchirés et baignant dans le même liquide bleu se trouve Reiko.
Alexandre : REIKO !
Sa tête est relâchée vers le sol. Quand il la relève pour le regarder, son œil est d'un noir d'encre, d'un noir vide qui ne demande qu'à en absorber plus. L'autre est toujours absent.
Reiko : ... m ... monsieur...
Le jeune homme fait le tour du lampadaire. Des liens visiblement magiques lient les mains de l'esprit entre elles.
Reiko : je... je ne sais pas si... vous sau...saurez me... dé...détacher...
D'un coup, une grande surprise se manifeste sur le visage d'Alexandre.
Alexandre : A vrai dire, tu es détaché. Le lien vient de rompre.
Reiko : Ah... ?
Il s'effondre au sol, épuisé.
Alexandre l'aide à se relever.
La douleur causée par le liquide magique est insupportable.
Pourtant, il tient.
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Érénide : Woopie ! Tu as terminé ? Le lien est de plus en plus difficile à préserver !
Woopie : Du calme. Garde-le attaché à ce lampadaire encore une minute, j'ai presque fini de tout casser. Je leur écris de très courtoises salutations et on pourra partir.
L'autre esprit a l'aspect d'une jeune fille à moitié chien aux tâches blanches et brunes, possédant une énorme truffe en guise de nez.
Elle pousse un rire ressemblant fort à un aboiement et sort de l'appartement d'Alexandre avec Érénide.
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Le retour est difficile et douloureux. Mais ce que trouve le jeune homme aux cheveux bleus en ouvrant la porte l'est aussi.
Plus rien n'est en un seul morceau.
Pourtant, il reste calme.
Aucune intention de se montrer brisé, blessé... faible.
Une larme coule calmement. Une seule, la seule depuis longtemps.
Reiko : Je peux réparer tout ça. C'est de ma faute si elles sont venues ! Je dois le réparer.
Alexandre n'a pas le temps de lui dire que ce n'est rien, que ce n'est pas grave et qu'il n'y a pas besoin que ça soit réparer, les éclairs bleus jaillissent déjà de partout, re-soudant tout ce qui a été détruit. Tout redevient comme à son départ, seul demeure un message, sur le mur de la cuisine.
« SEE YOU SOON ! »
Reiko (épuisé) : Il faut... protéger l'appartement.
Alexandre : Je peux le faire. Je sais utiliser les runes, c'est la protection la plus utile que je connaisse pour un lieu.
Reiko : e... exact... comment... savez-vous... cela ? enfin... je... vous fais... confiance...
Et il s'effondre, à court d'énergie.
Alexandre panse ses plaies et l'allonge sur son matelas.
Puis, il sort un pot de peinture et un pinceau.
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