Livre second, Chapitre huitième


Alexandre scroll sur son ordinateur.

Il cherche un emploi.

Nettoyage a domicile.

''Même pas en rêve.''

Baby-sitter.

''Mauvaise idée.''

Caissier carrefour.

''Promised Neverland. Plus sérieusement je devrai probablement me replier sur ça si je ne trouve rien d'autre.''

Promeneur de chiens.

''Aucune idée de comment gérer un animal.''

Il continue de lire la liste avec désespoir.

''Je pourrais vendre mon dessin... Mais qui serait intéressé par ce que je fais, sérieusement ?''

Il ferme l'ordinateur.

Reiko est sorti faire ses affaires. Ces derniers temps il est présent un jour sur trois et à chaque fois qu'il dort dans l'appartement, pleure toute la nuit. Le garçon aux cheveux bleus en est anxieux.

Il essaie de parler davantage avec lui mais l'autre est souvent absent. Il entend toujours son nom crié lorsque les formes humanoïdes qu'il voit à la fenêtre se battent. Mais il est heureux de le voir en rentrant. Il a l'impression d'être attendu chez lui, même si Reiko se force surement. Alors il essaie d'être plus gentil quand il le voit. Et puis il l'aime bien, cet esprit. Il est serviable et maladroit, mais surtout très tolérant et respectueux. Quand Alexandre devient froid comme glace avec lui (souvent après que l'autre ait posé des questions sur sa famille), quoi qu'il puisse lui dire, l'esprit s'excuse simplement et change de sujet.

Il avait tort de penser que la colocation serait difficile. Maintenant il regrette la manière dont il l'a accueilli. Si il avait été moins... odieux, peut-être l'esprit serait-il davantage présent.

Sa sœur lui a dit que sa Oma était tombée. Elle était souvent fatiguée avant son départ. Peut-être devrait-il lui rendre visite pendant les prochaines vacances.

Il se prend la tête dans les mains.

Rien ne va jamais, décidément. Il rallume l'ordinateur et se remet à scroller.

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Deux jours plus tard, il se réveille vers quatre heures. Il n'arrive plus à dormir alors il rallume l'ordinateur pour poursuivre son activité de la veille.

Il s'arrête soudain. Il entend le bruit caractéristique de Reiko qui pleure. Mais il n'est pas dans le salon. Peut-être devient-il fou. Mais il entend le bruit.

« Qu'est-ce que ça peut bien me foutre, pleurer permet de se calmer, ce n'est pas une mauvaise chose. Et puis c'est un grand garçon trimillénaire qui sait se débrouiller. »

Mais tout le reste de son être, donc 90⁒ lui hurle d'aller voir. Pas simplement par empathie, non. Il y a quelque chose de plus profond, de plus fort, de plus envoutant qui lui ordonne d'aller voir Reiko. Ça résonne dans sa tête pour au final lui donner une migraine insupportable.

Il cherche donc l'esprit en fonction de l'endroit d'où provient le son. C'est derrière une porte qu'il n'a jamais ouverte.

Il abaisse la poignée.

Il regrette immédiatement. Il recule d'un pas, horrifié.

Dans la pièce d'à peine un mètre carré est recroquevillé au sol un individu de deux mètres de haut. Un liquide bleu électrique qui coule de l'individu par de multiples plaies couvre les murs et le sol d'un bon centimètre. Un chat est blotti sur sa tête.

Alexandre soulève l'animal et le dépose sur le côté. Vexé, ce dernier part dormir ailleurs.

Les cheveux de Reiko forment une tâche blanche entre le liquide bleu et son visage, plus sombre que d'habitude. D'habitude tirés en arrière, ils cachent ses yeux. Le jeune homme les écarte.

Il ne savait pas que c'était possible de voir pire ici.

Maintenant il a vu. Maintenant il sait.

Le premier œil, le droit, le moins caché, il le croit d'abord fermé. Mais non. Il est noir. D'un noir d'encre profond, presque dégoulinant.

Le second lui, n'est plus là. La paupière gauche de l'esprit est fermée et creuse.

Une bouteille vide baigne aussi dans le liquide. Mais Alexandre n'y prête pas attention.

Il recule encore. Au fond le la pièce est adossée au mur une lance couverte du même liquide qui jonche le sol.

« Du sang d'esprit ? C'est possible qu'un mort saigne ? »

Il regarde Reiko et ses plaies ouvertes.

Il pense un instant à le tirer jusqu'à son lit afin de lui fournir un meilleur lieu de repos.

En aurait-il la force ?

Probablement pas.

Il essaie quand même d'approcher sa main. Elle est à un centimètre d'écart lorsqu'il ressent une vive douleur. De petits éclairs se forment à la surface du liquide bleu, attirés par la main du garçon. Il la retire immédiatement.

Il retourne dans sa chambre, en revient avec une couverture et la pose sur l'esprit. Il reste un moment à rien faire, retourne dans sa chambre, ramène l'oreiller, va dans la cuisine pour ramener un ustensile et, avec toute la difficulté du monde, soulève la tête de Reiko et dépose l'oreiller en dessous.

Il s'adosse au mur d'en face et reste jusqu'à s'endormir. A l'aube, Reiko est parti.

La journée passe. Puis une autre, se clôturant par cinq bouteilles de bière. Puis encore une.

Alexandre rentre chez lui, collé par Jin.

Reiko lui manque. Avec lui, il avait enfin l'impression que quelqu'un attendait qu'il rentre. Rien qu'un peu.

Jin : Tu as l'air fatigué. Ça ne va pas ?

Alexandre (gêné, fatigué, cernes autour des yeux) : Mon... colocataire n'est pas rentré depuis deux jours alors je me demande un peu comment il va...

« colocataire » ... C'est le mot le plus approprié qu'on puisse trouver.

Jin (sourit, prend le bras d'Alexandre) : Ne t'en fais pas. Je suis sure qu'il va bien.

Alexandre retire son bras précipitamment. Le contact l'a surpris, en plus il déteste ça.

Jin : Désolée...

Il accélère la cadence et fausse compagnie à la jeune fille.

Il monte les escaliers et ne pense qu'à une chose : la nouvelle arme de destruction dans sa poche.

Pour sa destruction.

Il espère qu'il sera là en rentrant. Pour l'en empêcher.

Mais non.

Alors une fois chez lui, il se pose directement au balcon et craque une allumette.

Il inspire une grande bouffée de ce tube plein de nicotine et de tabac et souffle une fumée épaisse, grise, dans cette fin de crépuscule.

Et si il lui était arrivé quelque chose ?

Il a regardé plusieurs fois dans le placard, il n'y est pas.

Il reprend une autre inspiration.

Il est déçu. C'est la première fois qu'il essaie mais il trouve que ce n'est pas assez fort. La prochaine fois il achètera de la vodka, ça sera beaucoup plus efficace.

Et dans un élan d'impulsion, il hurle son nom.

Alexandre : REIKOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !

Il s'appuie, haletant, à la rambarde.

Encore une fois.

Alexandre : REIKOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !

Il sent quelque chose arriver vers lui.

Des mots.

Des mots qu'il reçoit de plein fouet.

Littéralement, cela le fait basculer à l'intérieur. Il saigne du nez, le choc mental est fort.

« Monsieur Alexandre ? »

Puis :

« Au secours.»

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Objectif 1000 mots: atteint.

J'essaie de publier un chapitre par semaine, j'ai quelques chapitres d'avance :)

En espérant que ça vous a plu. N'hésitez pas à commenter, ça me fait extrêmement plaisir ^^


A la prochaine  💙

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