L'horloge du salon sonne dix-sept heures.

Allongé sur son lit, Alexandre fixe le plafond en lattes bois vernies de sa chambre.

Deux mois qu'il n'a pas vu cet endroit.

Mais cela lui semble si peu de temps...

Il se souvient soudain de quelque chose.

Il fouille sous son lit et sort un bac, avec diverses choses dedans. Il en extirpe une forme rectangulaire et noire.

Il allume la console de jeu qu'il vient de retrouver et il reprend là où il s'était arrêté.

L'homme à la poêle et la petite fille aux pouvoirs magiques, les personnages du jeu, sont difficiles à manier au début mais au bout de quinze minutes, il retrouve la main.

Après une bonne heure à jouer, quelqu'un ouvre la porte.

Noah : Hey ! Bror !

Alexandre : Dra til helvete rasshøl.

Noah : Tu pourrais être plus sympa, quand même. Je sais qu'on ne s'entend pas mais...

Alexandre : Dégage.

Noah : J'avais juste un truc à te dire.

Son frère jumeau le regarde, l'incitant à en finir vite.

Noah : Je me suis mis à l'art.

Alexandre : Ok. Et donc ?

Noah : Je ferai mieux que toi.

Alexandre : Il n'y a pas de « mieux » en art, Noah.

Noah (s'assoit à côté d'Alexandre) : Tu n'es même plus motivé à faire mieux ? Ça ne te fait plus rien ?

Alexandre : Non.

Noah (lui prend la console de jeu) : Arrête de jouer, écoute-moi !

Et à ce moment, Alexandre remarque quelque chose à l'annulaire de son frère jumeau.

Il porte une chevalière dorée avec une pierre rouge.

Une alliance.

« Je me suis absenté un siècle ou ils n'attendaient que mon départ ? »

Il a déjà rencontré son conjoint, c'est un garçon qu'Alexandre trouve que Noah ne mérite pas.

Il réfléchit.

« De toute façon, même si on m'y avait convié à sa cérémonie, je ne serais pas venu. »

Noah (regarde sa bague) : Tu l'as remarquée ? Tu as remarqué que moi, j'ai réussi à me constituer une vie, sociale et professionnelle ?

Alexandre (sourit brutalement et cruellement) : Pour ce qui est de la vie sociale, tu as toujours été très entouré. Mais pour ce qui est du travail, je ne t'en pensais pas capable...

Il continue, narquois.

Alexandre : A moins que ton pauvre conjoint se tue à la tâche pour faire vivre les deux.

Noah (déstabilisé puis en colère) : Tu ris mais je suis sûr que tu es fauché.

Alexandre : J'ai eu assez d'argent pour mon billet de train.

Noah : Et puis tu me fais honte, honnêtement. T'es alcoolique et antipathique. Personne ne t'attendait ici et je suis sûr que personne ne t'attend en Allemagne.

Alexandre (impassible) : En France. Tu es trop bête pour le situer, évidemment.

Noah : L'alcool n'est pas trop cher, là-bas ?

Alexandre : Hold kjeft kjerring !

Noah : Et puis tu traînes toujours en caleçon le matin ? Je sais que tu dors comme ça mais aies la décence de mettre un peignoir pour te lever, non ? C'est une habitude à prendre vers les huit ans. Tu en as dix de plus et tu n'en es pas capable.

Alexandre : Tu es une horrible personne qui mérite de finir sa vie seul et déprimé !

Noah : Et pourtant je devine lequel de nous deux terminera la sienne comme ça.

Et par pure bonté, il donne cette phrase de violence gratuite à Alexandre, jette la console sur le lit et sort, claquant la porte.

« Peut-être qu'il a raison. Peut-être que je suis une honte, un échec, un alcoolique. »

Il s'allonge de côté, repliant ses jambes contre lui.

Il a envie d'appeler Reiko. Mais il n'a pas de téléphone.

Il voudrait lui parler, entendre quelque chose de réconfortant.

Il ne peut pas le dire à Oma, c'est une dispute d'enfants de bas âge, elle ne le prendrait peut-être plus au sérieux.

Il veut rester avec sa Oma.

Mais il ne veut plus rester ici.

Il pourrait lui proposer d'aller chez elle, loin de son horrible famille.

Mais il ne veut pas la déranger en lui faisant faire un autre voyage en train après seulement un jour.

Que faire ?

Plus il pense, plus les souvenir ressurgissent.

Lui étant seul, car tous préféraient Noah.

Noah, félicité par sa mère, alors que ses notes étaient moins bonnes que les siennes.

Il tremble.

Noah, qui le pousse dans un lac gelé, sans aucun état d'âme ni remords. Ses rires, à la sortie de l'eau. Son absence totale de sanction pour un acte qui aurait pu le tuer.

Il pleure.

Ses frères et sœurs, prenant part aux conflits familiaux et formant deux « groupes », le laissant seul car il ne voulait pas se prêter à ce jeu stupide.

L'oubli total de sa famille envers lui, durant ces vacances en Suède. Il a dû être amené au centre de police, en pleurs, pour que quelqu'un le ramène en Norvège.

Il avait huit ans, à l'époque.

Il savait parler la langue de tous les pays scandinaves.

Mais personne n'y a prêté attention.

Aujourd'hui encore, il se demande si sa famille sait qu'il sait au moins parler anglais.

Il sait qu'il a un rasoir dans son sac.

Là, maintenant, il voudrait l'utiliser, encore.

C'était une mauvaise idée de venir.

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Le dîner se passe exactement dans la même ambiance que le déjeuner : dans le plus grand des vacarmes.

Alexandre ne touche pas à son assiette et reste enfoncé au fond de sa chaise, repliant ses bras contre son torse et griffant ses mains.

Oma : Ça ne va pas, Alexandre ?

Alexandre (sourit) : Je suis juste fatigué.

Il regarde Noah.

Noah le regarde.

Si leurs yeux lançaient des lasers, ils seraient morts.

Oma : Tu es sûr que tout va bien ?

Alexandre (souffle) : Certain. C'est juste que... J'ai du mal avec Noah. Comme d'habitude, quoi.

Il se prend la tête dans une main.

Alexandre : Je vais aller me coucher.

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Reiko rêve.

Encore une fois, il rêve vraiment.

Encore une fois, il rêve de ses vies.

« ■■■■■ ! Au pied ! »

Non. Il ne voulait pas. S'il allait retrouver cet homme, on allait encore le frapper. Mais s'il n'y allait pas, il aurait des coups aussi. Qu'avait-il fait, cette fois-ci, que son maître lui a reproché ?

« ■■■■■ ! Viens là, putain ! »

Il a approché. Les bruits de ses pas et son odeur se sont rapprochées.

« ■■■■■ ! REPONDS QUAND JE T'APPELLES !!! JE SAIS QUE T'ES UN CHIEN TOTALEMENT CON MAIS MÊME CA, C'EST TROP TE DEMANDER ?! »

L'homme est arrivé, apportant avec lui une forte odeur d'alcool.

Il avait une bouteille en verre à la main.

Il l'a levée, ■■■■■ a ressenti une vive douleur, puis plus rien.

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Fiche personnage d'Abel:

Fiche personnage d'Oma:

Fiche personnage de Noah:

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Merci d'avoir lu !

Je m'excuse pour cette longue absence, en cette période d'examens, je n'ai pas trop eu le temps de me connecter ^^'

J'espère que ce chapitre vous a plu, en espérant vous retrouver au prochain ;)

A la bientôt, j'espère :)

W.H