Livre cinquième, Chapitre vingt-et-unième


Le bruit du train décroît, se terminant par un crissement insupportable.

Alexandre manque de tomber à cause du choc de l'arrêt.

Il est arrivé.

Le trajet a mis plus d'un jour mais il est enfin de retour à Sandvika.

En sortant, il remarque aussi que la température n'a pas augmenté.

Peu importe, tant mieux.

Il pleut, ce jour-là. Il n'est que neuf heures du matin et le ciel pleure déjà.

Si la pluie ne s'arrête pas prochainement, il grêlera.

Une voiture petite et bleue stationne sur le parking. Elle est si voyante qu'il la remarque et la reconnaît immédiatement : c'est celle de sa mère.

Il approche, elle lui fait signe de monter et il prend place sur le siège arrière derrière le conducteur.

Noah est installé à coté de sa mère.

Noah : Salut, frangin ! Pas trop fâché d'être à l'arrière comme un gamin de ta taille ?

Alexandre (regarde par la fenêtre, fatigué) : La place derrière le conducteur est la mieux protégée en cas d'accident.

Mamma : Roh, tu vas pas commencer avec ton pessimisme habituel, ha ? Sinon je te pose sur le bord de la route.

Il comptait juste passer une soirée chez eux avant de reprendre le train pour aller chez Oma, mais il a déjà envie de repartir.

« Courage ! »

Mamma : Comment se passent tes études à l'étranger, alors ?

Alexandre est à l'arrière, mollement accoudé au rebord de la vitre.

Alexandre (fatigué) : Hm.

Mamma : On t'a manqué ?

Alexandre : Bizarrement, avec ces appels et ces messages, je n'ai pas arrêté de penser à vous. J'aurais préféré y penser moins. Vous ne m'avez pas manqué pour la simple raison que vous avez fait exactement comme avant que je parte avec moi.

Mamma : Alex ! On voulait juste prendre de tes nouvelles !

Alexandre : Hm.

Mamma (reprend son sourire) : On t'a prévu une surprise, à l'arrivée.

Noah (la coupe à moitié) : On a fait venir toute la famille.

Alexandre (se redresse) : HVA ?!

Mamma : NOAH !

Le reste du trajet se passe en silence.

« Donc... Oma est déjà là ? Comment ils ont pu avoir assez peu de scrupules pour faire faire ce trajet à une personne de son âge ? »

La voiture s'arrête devant une maison.

Le « terrier familial » comme ils aiment l'appeler.

La mère d'Alexandre sort de la voiture.

C'est une petite quarantenaire ronde au chignon teint en bleu et rose aux nombreuses mèches rebelles.

Noah, quant à lui est un garçon aux longs cheveux châtains, grand et fin. Il sourit pratiquement en permanence, ce qui a le don d'agacer Alexandre.

« Je n'arrive toujours pas à croire qu'on est sortis en même temps. »

Ils se fixent pendant que la mère cherche ses clefs et ouvre la porte, l'un moqueur, l'autre haineux jusqu'au plus profond de ses yeux.

Une fois les manteaux retirés, une foule les attend dans le salon.

Ses trois sœurs et ses trois autres frères.

Son père et sa mère.

Un garçon et une femme qu'il ne connait pas.

Ses grands parents du côté de son père.

Et surtout...

Dans un fauteuil à l'arrière de la pièce...

Une femme d'environ soixante-dix ans au visage ridé, dans des vêtements amples, fins, colorés et portant des lunettes fines et carrées est assise. Deux mèches rebelles gris clair partant du milieu de son front descendent de chaque côté le long de son visage, passant parfois devant ses yeux.

Elle est plongée dans un livre, fuyant le brouhaha général qu'engendrent les querelles des autres, qui n'ont même pas remarqué l'arrivée d'Alexandre.

Oma.

Il se fraye un chemin et arrive à son niveau.

Enfin, elle lève les yeux et lui sourit.

Alexandre (sourit) : Jeg er så glad for å se deg igjen.

Oma (lui rend son sourire) : Je suis heureuse de te voir aussi.

Ils échangent quelques mots anodins avant de rester dans un silence communicatif et apaisant.

Il détache son esprit d'elle pour prêter attention aux autres.

Il connait le plan familial et pourquoi sa mère a invité son ex-mari, son père.

Les parents du père d'Alexandre sont appréciés de tout le reste de la fratrie et ces parents ont eux-mêmes tenus à ce que leur fils soit invité.

Mais qui est cette femme assise à côté du garçon d'à peu près son âge qu'il ne connaît pas non plus ?

La femme est grande et répond à tous les critères d'embauche de top modèles. Elle est très maquillée et assez légèrement vêtue par rapport au froid hivernal à l'extérieur. Elle a de longs cheveux roux-blonds, légèrement ondulés et scroll sur son téléphone.

Le garçon a, lui, des cheveux très longs rassemblés en une natte pendant sur son épaule. Les tâches de rousseur sur son visage détonnent avec la perfection factice de la peau de la personne à se gauche. Ses yeux verts parcourent la pièce, légèrement perdus.

Ils se ressemblent, c'est probablement son fils.

Pourquoi sont-ils là ?

Oma : Si je te dis qui c'est, tu ne vas pas apprécier.

Alexandre : Je préfère que ce soit toi qui me le dises.

Oma : C'est la conjointe de ton père et son fils.

Il se tourne brutalement vers sa grand-mère, incrédule.

Alexandre : Pardon ?!

Oma : Il a refait sa vie avec une personne ayant les mêmes croyances que lui, je suppose.

Alexandre (regarde son père, avec dégoût) : J'aurais aimé qu'il fasse ça avant. Ca m'aurait épargné pas mal de temps et de nerfs.

Oma : Moi aussi. J'aurais préféré qu'il ne reste pas autant de temps avec ta mère alors qu'ils ne s'entendaient plus.

Alexandre (se re-tourne vers Oma) : Ils ont officiellement divorcé ?

Oma : Toujours pas.

Le garçon se pince l'arête du nez.

Il sait que ses parents ont toujours refusé de se séparer pour « leur offrir une enfance normale » mais non seulement leurs conflits permanents ont créé des fissures entre leurs enfants et eu l'effet inverse, mais maintenant, leurs enfants ont presque tous la majorité et ils refusent encore d'officialiser leur séparation.

Ça serait trop simple.

Oma (change de sujet) : Ton voyage ne t'a pas trop fatigué ?

Alexandre (se frotte le front) : Pas autant qu'à l'aller.

Oma : Tes études se passent comme tu veux ?

Alexandre : J'arrive à gérer...

Oma : Tu prends tes repères, en France ?

Alexandre : J'essaie. Les coutumes ont l'air... bien différentes d'ici.

Oma : C'est normal. Pour s'intégrer dans un pays, il ne suffit pas de parler la langue locale à la perfection. Il faut en connaître les coutumes.

Alexandre : Je sais... C'est juste un peu plus difficile que je ne l'imaginais...

Oma (plus grave) : Alexandre... j'ai une vraie question à te poser...

Le jeune homme aux cheveux azur l'interroge du regard.

Elle se lève, il la suit. Elle l'emmène dans la buanderie.

C'est une grande salle de carrelage et de machines à laver, de paniers remplis de linge sale.

Oma : Tu as une odeur étrange.

Alexandre : Comment ça, « étrange » ?

Oma (souffle) : C'est une odeur... « paranormale ». Est-ce que tu sais ce qui aurait pu se passer ? C'est peut-être grave, Alexandre. Ça veut dire que tu as été en contact direct avec une créature de l'autre monde... Tu as vu des objets bouger ? Des choses étranges ?

Il hésite.

Elle a l'air vraiment inquiète pour lui.

Mais et si elle trouvait qu'un humain et un esprit n'ont pas à se côtoyer ?

Non, Oma ne ferait jamais ça. Elle le laisserait prendre ses décisions jusqu'à ce qu'il lui demande de l'aide si il a un problème.

Il s'apprête à lui dire mais au même moment, elle lui colle l'index sur les lèvres.

Oma : Il y a quelqu'un qui nous a suivis. Il nous écoute. Il est derrière la porte.

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Bien le bonjour !

Premièrement, merci d'avoir lu, ça me fait infiniment plaisir.

On entrevoit enfin la famille d'Alex, c'est un passage que j'ai beaucoup attendu. Malheureusement, je ne présente pas tous ses frères et sœurs tout de suite, cette partie du livre est notamment dédiée à la grand mère. ^^'

Au début de l'histoire, je faisais de fiches personnages. Si je n'en ai pas mises pour Abel, Oma ou encore Noah, ce n'est pas car j'ai abandonné le concept mais cat j'avais 25 chapitres d'avance donc je me suis dit que... j'avais... le temps... ? Et... j'ai oublié. 😓

J'essaierai de les faire rapidement pour les ajouter au chapitre.

Sur cette outro beaucoup trop longue, je vous remercie, vous souhaite une bonne journée et espère vous retrouver au prochain chapitre ;)

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