Livre cinquième, Chapitre vingt-deuxième
Le garçon roux sort de derrière la porte, trouvé, confus, gêné.
Alexandre (le regarde droit dans les yeux) : Hvem er deg ?
Boy (gêné) : Uh... aha... Anteeksi... En ymmärrä...
Alexandre : Tu sais parler norvégien. Ne mens pas. Quel intérêt de nous écouter ? Tu devrais retourner avec ta mère og innblanding med kålrotene dine.
Il repose sa question.
Alexandre : Qui est tu ?
Boy : Je m'appelle Abel.
Alexandre (s'avance vers lui) : Pourquoi nous écouter ? C'est courant chez toi ?
Il a la démarche de quelqu'un de furieux mais son visage et sa voix restent impassibles.
Il arque un sourcil, attendant sa réponse.
Abel (reprend son calme) : Je suis d'accord avec ta grand-mère. Tu as un... odeur étrange. Quand j'ai demandé à ma mère si elle le sentait aussi, elle m'a pris pour un fou. Quand vous êtes partis tout à l'heure, j'ai su que ça avait un rapport avec la magie.
Alexandre le fixe toujours, interrogateur.
Abel : Haha... je crois qu'il s'impose quelques explications...
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Reiko traverse la porte de l'appartement, lessivé.
Naïvement, il cherche monsieur Alexandre en allant dans sa chambre.
Evidemment, il n'est pas là.
Il est chez lui, à des milliers de kilomètres.
Il se pose dans le fauteuil du salon et le chat vient machinalement sur ses genoux.
Il a passé des millénaires seul mais cette journée a semblé durer une éternité.
Il a dû combattre une sorcière.
Une esprit a tenté de lui voler une bonne parcelle de terrain.
Il a hâte que monsieur Alexandre revienne.
Comme ça, il pourra se sentir utile, même s'il n'en est rien.
Comme ça, il pourra se sentir apprécié, même s'il n'en est rien.
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Pendant toute l'explication d'Abel, Alexandre est franchement ailleurs.
Premièrement il n'accorde aucune importance au fils de la conjointe de son père.
Ensuite ses propos sont très ennuyeux.
Et pour finir, car il pense à Reiko.
Reiko qui a dû rester en France et est probablement en train de vivre un ennui morbide.
Reiko qu'il donnerait tout pour avoir à coté de lui, en soutien moral.
Reiko avec qui il aimerait être, en France, loin de ses horribles frères et sœurs, loin de ses horribles parents, loin de l'horrible conjointe de son horrible paternel et de son horrible fils.
Il est là juste pour sa Oma et un abruti roux est en train de leur faire perdre leur temps.
La grand-mère a elle aussi l'air d'être ennuyée et d'être aussi attentive que lui.
Abel s'arrête enfin de parler.
Alexandre a tout de même saisi quelques mots.
« Rêves prémonitoires » « lié à la magie » « pris pour un fou »
Alexandre : Tu sais, il ya beaucoup de choses liées à la magie, dans ce pays. Tu comptes t'amuser à courir après tout ce qui y touche de près ou de loin ?
Abel : Non... mais je trouvais ça dingue de trouver d'autres gens liés à la magie dans ma belle-famille !
Le garçon aux cheveux bleus serre les dents, sur le point de lui hurler qu'ils n'ont rien à voir et qu'ils ne sont pas de la même famille.
Alexandre : Parfait. Dans ce cas, pourrais-tu maintenant nous laisser ?
Abel : Oh, s'il te plaît... je peux écouter ?
Alexandre (se frotte le front) : Non. Pars. Nous avions une discussion importante et tu n'es pas concerné. Retourne avec les gens normaux et va parler à mes sœurs si tu cherches de la magie.
« Stupide. Tosk, tosk, tosk ! »
Abel part, gêné et frustré.
Oma : Donc...tu as vécu des choses... paranormales, là bas ?
Alexandre : Tu t'inquiètes pour moi ?
Oma : Oui. Tu es seul, à l'étranger. Si un être magique s'en prenait à toi, personne ne pourrait faire quoi que ce soit !
Alexandre (souffle et commence) : J'ai effectivement vécu des choses... là-bas.
Oma : Tu as été en danger ? C'était effrayant ? Menaçant ?
Alexandre (réfléchit) : J'ai été en danger une ou deux fois, maintenant que j'y pense.
Il s'empresse d'ajouter :
Alexandre : Mais l'élément principal n'est pas un problème ! J'ai pris des risques. Volontairement. Et je ne le regrette pas.
Oma : Quel est cet « élément principal, Alex ?
Alexandre : Un esprit. Je l'ai rencontré à l'arrêt de bus devant mon immeuble, le lendemain de mon arrivée. Et depuis, il vit chez moi.
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Alexandre et Oma sont assis côte à côte. Ils discutent calmement à table au milieu des cris et hurlements ambiants.
Sa grand-mère lui a demandé plus de précisions sur son « amical ectoplasme ».
Oma : Quel est son nom ?
Alexandre : Reiko.
Oma (gravement) : Tu lui a donné le tien ?
Alexandre : Hum... oui.
Oma : Il ne t'a jamais fait faire de choses contre ton gré ?
Alexandre : Non.
Oma : Alors s'il n'a rien tenté en deux mois, il n'a probablement pas l'intention de t'utiliser. Mais ne refais jamais cette erreur. Si tu donnes ton nom à un esprit, il pourra t'asservir.
Alexandre : Comment tu sais ça ?
Oma (s'immobilise, triste) : C'est arrivé à ton grand père avant qu'il ne parte vers un autre ciel.
Alexandre (partage sa tristesse, choqué, retient des larmes) : Désolé.
Oma : Les esprits peuvent être dangereux. Tu sais te défendre ?
Alexandre (toujours morose) : Non.
Oma : Je ne veux pas que tu sois en danger, Alex. Tu dois apprendre à te défendre.
Alexandre : J'ai... J'ai déjà réussi à protéger un lieu.
Oma : C'est très bien. Mais ça veut aussi dire que tu as eu à le faire. Je vais te donner le livre que je lisais tout à l'heure. Il contient plein de sorts qui te seront utiles.
Alexandre (lui sourit faiblement, toujours choqué de la révélation): Merci, Oma. Personne ne m'aide comme toi.
« Personne... enfin... presque, encore une fois.»
Alexandre : Noah m'a dit que tu étais tombée. Tout va bien ?
Oma : Je suis vieille, Alexandre. C'est normal d'avoir des moments de faiblesse, parfois. Je ne vais pas mourir.
Alexandre n'en reste pas moins inquiet.
Ils retombent dans leur silence apaisant et communicatif.
Au bout d'un moment, le jeune homme appuie sa tête contre l'épaule de sa grand-mère.
Son corps se rend enfin compte à quel point son esprit est fatigué et il s'ajuste enfin à ce dernier.
« Lamentable » se dit il.
Oma : Tu as été fort, Alexandre. Repose toi.
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Merci d'avoir lu.
J'ai commencé le story-board de la bande dessinée, je la publierai dès le premier chapitre terminé, sur un autre site (gratuit, dédié a la BD): Mangadraft.
J'espère vous voir au prochain chapitre ;)
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