Chapitre 49
Cela faisait maintenant deux jours que je m'étais enfuie de l'infirmerie en laissant Ash en plan.
Cela faisait aussi deux jours qu'il m'ignorait royalement, sans doute n'avait il pas trop apprécié que je lui manque ainsi de respect. Mais je regrettais. Je ne l'aurais jamais avoué mais l'idée de lui avoir fait de la peine m'ennuyait beaucoup. Trop même.
Mes blessures s'étaient presque toutes refermées et il ne restait maintenant de mon accident que de légères marques blanches qui zébraient mon dos. Des marques que de simples éclats de verre n'étaient pas sensés laisser.
- Échec...et math !
- Hein ?!
Le cri de joie d' Anny me sort directement de mes pensées et c'est avec horreur que je me rends compte que j'ai perdue, pour la quatrième fois.
- De toute façon je déteste ce jeu, dis-je en balançant le plateau à travers la pièce, balayant au passage un vase et un chandelier.
Mauvaise perdante, je le suis.
Râleuse, c'est bien pire.
- Tu es pitoyable, me dit Anny en ricanant de sa énième victoire.
- Pardon ?! C'est qui qui s'amuse toutes les nuits à me réveiller en imitant le cri du loup ?!
- Pas toutes les nuits.
Je la regarde l'air de dire : tu essaies de faire gober ça a qui ?
Et sans que je l'ai vu venir, je me prend un coussin en pleine tronche.
- Non mais c'est pas vrai ! T'as un vrai problème ! Pourquoi tu te sens toujours obligée de me jeter des trucs à la figure ?!
Et paf, un autre coussin en plein visage.
- Tu vas le regretter !
Je me jette sur elle et commence à essayer de lui faire manger le tapis.
On est toujours en train de se battre quand on frappe à la porte, nous faisant par la même occasion sursauter.
- Qui est-ce ? M'écriais-je tout en étouffant Anny avec un des oreillers
- Soledad, je n'ai que la journée.
Oh ce timbre grognon, comme il m'avait manqué.
- Ash ?
- Non, la femme de chambre.
Je me lève rapidement et vais lui ouvrir quand je me sens soudain happée en arrière.
Sans avoir eu le temps de le voir venir, je me retrouve plaquée par terre avec Anny assise à califourchon sur moi et qui essaie de m'étouffer avec un autre coussin.
- ANNYYYYYY !
Je roule vite sur moi même, échangeant ainsi nos positions et lui fait bouffer à mon tour le coussin.
- Alors qui c'est la plus forte maintenant ?! Dis-je un sourire de démente collé sur le visage.
- Toi...toi !! t'as...gagné, capitule-t-elle.
Je lève mon poing en l'air en signe de victoire et me remet debout en époussetant quelque peu ma robe.
- Soledad ! Que se passe-t-il ?! Putain si tu m'ouvres pas sur le champ, je te jure, je re-défonce la porte !
Bordel de merde ! J'avais complètement oublié Ash derrière la porte.
Il a tout entendu ? Il va me prendre pour une cinglée.
Je lance un regard noir à Anny et vais ouvrir au garçon avant qu'il ne mette ses menaces à exécutions.
Dès que je lui ouvre, il déboule comme un fou à l'intérieur de la pièce me faisant trébucher au passage.
Super, me voilà maintenant vautré comme une débile par terre.
- MAIS VOUS ÊTES PAS BIEN ?! Je lui hurle.
-C'EST TOI QUI OSES ME DEMANDER ÇA ALORS QU'IL N'Y A PAS DEUX SECONDES, JE T'AI ENTENDU HURLER !
Je l'ai mis en rogne visiblement, c'est pas bon pour moi.
- Bien, après trois jours à m'éviter, vous vous rendez soudain compte que j'existe, vous venez me voir et j'ai même droit à de l'inquiétude de votre part à mon égard ! Que je suis flattée !
D'accord, là je me la joue grosse garce et ça va sûrement pas arranger son humeur mais bordel, j'ai vraiment besoin de me défouler sur quelqu'un après m'être fait avoir quatre fois aux échec !
Note à moi même: ne jamais prendre Ash comme défouloir.
- D'ailleurs à qui parlais-tu ? Il n'y a personne...
Aïe.
Me sentant piégée, je fais ce que n'importe quelle jeune fille aurait fait à ma place, je ramasse le plateau d'échec qui traîne par terre et le lui lance violemment à la figure.
Malheureusement, il est plus rapide et se baisse avant que l'objet ne l'atteigne. Ce dernier finit d'ailleurs sa course sur le mur du fond où il explose dans un énorme fracas.
Nous nous observons tout deux sans rien dire. Moi le souffle haletant et lui l'ai d'avoir vu un fantôme.
- Putain Soledad, prie pour que je ne te rattrape pas...
Quoi ?!
- Pardon ?
- Tu as très bien entendu...Cours !
Sans demander mon reste, je fonce vers la porte fenêtre de la chambre, l'ouvre en grand et saute à l'extérieur, je commence à courir comme une malade pour semer Ash.
Je rentre bientôt dans la forêt qui entoure le château et qui, accessoirement, nous protège de tous danger et slalome entre les arbres sans faire attention à s'il me suit toujours.
Si il m'attrape, je peux me dire adieu.
Apres dix minutes à courir sans m'arrêter ni reprendre mon souffle, je sens ma tête tourner et décide de m'arrêter, de tout façon je l'ai semer et c'est la première fois depuisque je suis là que je peux vraiment être dans mon élément. Mais je me rends vite compte de mon erreur.
J'ai beau adoré la forêt, ça devient vraiment glauque quand on est seule et perdue.
Et, oh ! Il se trouve que je suis seule...et perdue.
Je m'adosse à un arbre et reprend difficilement ma respiration quand j'entends de l'eau qui coule.
Une rivière.
Si je la suis, sans doute me mènera-t-elle au château. Je me remet donc debout et suis le son qui, au fur et à mesure que je me rapproche se fait plus prononcé.
Je suis presque arrivé.
Quand enfin j'y arrive, je suis estomaqué devant la beauté du tableau qui s'offre à moi. Ce n'est pas une rivière, c'est un lagon avec une cascade et des petites falaises ainsi que de la verdure tout autour.
C'est magnifique.
Lentement, je m'avance et m'assieds au bord pour regarder l'écoulement d'eau de la cascade, c'est un spectacle si hypnotique, si apaisant.
Que ça explique sans doute que je ne l'entends pas approcher.
Grossière erreur.
Je sens soudain deux bras me soulever et me jeter dans l'eau glacé. Je hurle
- AAAAAASHHHHHHH !!!!!!!!
À la vue de ce débile en train de m'observer parfaitement sérieux depuis la berge , je vois rouge.
Oh, il va me le payer.
Je plonge sous l'eau, prend une grande gorgée que je garde en bouche, remonte vite avant qu'il ne voit mes joues gonflées par le surplus d'eau m'avance vite vers lui et, une fois le visage à deux millimètres du sien, je lui crache tout à la figure.
Sur le moment c'est très drôle, mais en voyant son regard noir, j'ai des doutes sur la bonne idée de mon acte.
- Ash, je suis désolé, non ne...NON !
Il me reprend dans ses bras et cette fois saute avec moi dans l'eau.
Je remonte à la surface et le fusille du regard
- Espèce de crétin !
- Tu l'avais cherché.
Puis il appuie sur ma tête et m'enfonce la tête sous l'eau.
Je ressort, prends une grande goulée d'air et essaye à mon tour de le couler sans grand succès.
On joue à ce jeu environ vingt minutes et quand il ne me voit commencer â claquer des dents, il me reprend dans ces bras et me ramène sur la rive.
En me posant délicatement par terre, il enlève sa chemise d'un geste incroyablement sexy qui me ferait sans doute baver si je n'étais pas si frigorifié.
- Monsieur crois qu...que en enlevant sa chem...chemise, il va me...donner chaud ? Réussis-je à sortir entre chaque claquements de dents.
Il me regarde amusé et me lance son haut au visage.
- T'as qu'à mettre ça par dessus, elle est mouillée mais c'est mieux que rien.
- Oh...merci
Je me sens très bête tout à coup.
Je suis assise grelottante de froid et l'observe du coin de l'œil. Torse nu, il est encore plus impressionnant. Il n'est pas monstrueusement musclé mais plutôt mince. Ses muscles bien dessinés et sa peau bronzée lui donne vraiment un côté d'homme sauvage.
- Comment vous faites pour avoir toujours chaud ? Lui demandais-je soudainement pour me changer les idées et éviter de baver.
Il se retourne vers moi et m'observe l'air moqueur, comme si j'étais une petite chose idiote mais amusante. D'ailleurs c'est sans doute ce qu'il doit penser.
- Il m'arrive d'avoir froid mon ange.
Mon ange. À l'entente de ce surnom, je me fige.
Ce n'est pas la première fois que je l'entends me dire ça et pourtant, impossible de me rappeler quand il me l'a dit...
- Qui a-t-il ? Me demande-t-il en remarquant mon trouble soudain.
- Mon père m'appelait comme ça.
- Ton père ?
- L'homme qui m'a élevé, un homme bon, dis-je avec tristesse.
- Les hommes ne sont pas bon, me répond-il aussitôt en reportant son regard sur l'eau qui coule lentement.
- Lui l'était.
- Il est mort...
Ce n'est pas une question, juste une simple constatation. J'avais déjà pu remarquer qu'il ne s'encombrait jamais de manière pour exprimer les choses. Bien que ça pouvait parfois être un peu brutal, c'était sans doute la meilleure chose à faire.
- Oui, quand j'avais quatorze ans.
Je ne pleure pas. Je l'ai déjà bien trop fait.
Il ne me répond pas, je me tourne vers lui pour voir ce qui l'occupe et je croise immédiatement son beau regard vert.
Ces grands yeux qui à cet instant sont si expressifs et dans lesquelles un million d'émotions tournoient à toute allure. Elles vont si vite que je n'arrive pourtant a en comprendre aucune.
Il a l'air triste, pourtant je n'en mettrais pas ma main à couper, avec lui on ne sait jamais à quoi s'attendre. Ce que je sais en revanche c'est que j'ai mal dans la poitrine. Mal au cœur. Tellement mal que j'aimerais pouvoir hurler de douleur.
À la place et avant que je ne prenne pleinement conscience de ce que je fais, je suis debout accroché à son cou et les lèvres plaquées contre les siennes.
Pardonnez-moi.
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