Chapitre 41
- Bon, on est sur qu'ils parlaient de moi. Je suis la seule fille présente ce soir là. Donc, d'après ce qu'on a entendu, ils seront de retour...demain.
- Ça nous laisse pas beaucoup de temps, lance Anny.
- Non, ça nous laisse rien du tout.
- Ils tenteront sans doute quelque chose ce soir.
- Ce soir ?
- On t'as apporté une robe pour l'occasion, souffle le fantôme comme si j'étais un cas désespéré.
Merde ! C'était ce soir que se tiendrait l'assemblée. Bien que je n'avais aucune idée moi, de ce que ça pouvait bien être. Pour l'occasion, on m'avait juste donné une robe.
Je m'apprête à lui avouer que j'avais complètement oublié quand on toque à la porte. De peur, je pousse un petit cris et me retourne avec crainte vers la grande porte.
- Ne fais pas de bruit. Ils ont peut-être décidé d'agir plus tôt, me souffle Anny toute crispée.
J'hoche la tête et lentement, attrape le vase posée sur la commode pour me protéger. Apres quelques secondes sans faire de bruit, on toque à nouveau et je me tends un peu plus.
- N'ouvre pas.
- Mademoiselle ? Lance une voix de fille de l'autre côté de la porte.
En entendant la voix, pas menaçante pour un sous, j'hésite et me tourne vers Anny qui affirme
- C'est un leurre. N'ouvre pas.
- Je m'appelle Valérie. C'est le maître qui m'envoie pour vous préparer pour ce soir, reprend la voix.
De plus en plus indécise, je me tourne à nouveau vers Anny qui, pour mon plus grand malheur, a l'air tout aussi perdue.
- Qu'est-ce que je fais ?
- Ouvre-lui, me répond-elle après avoir réfléchi, mais sois prête à bouger si la situation dégénère.
Je tremble légèrement mais j'hoche tout de même la tête. En m'avançant de nouveau, j'attrape la clenche de la porte et la tourne très lentement. Quand j'ai ouvert la porte, la jeune femme ne se fait pas prier et entre dans la chambre comme si elle était la maîtresse des lieux. Mais lorsqu'elle m'aperçoit, l'air morte de peur et un vase agrippée à la main, elle se fige et m'observe sans bouger.
- Mademoiselle, dit-elle avec dans la voix, une pointe d'appréhension.
Un coup d'œil sur la gauche m'apprend qu'Anny a fichu le camp. Et à bien y réfléchir, elle ne m'aurait pas laissé si cette fille avait été une menace. Je pense que je peux lâcher le vase.
Précipitamment, je repose donc le vase sur la commode et souris à la jeune femme qui m'observe comme si j'étais folle à lier.
- Tout va bien ?
- Oui ! M'empressais-je de répondre, j'étais juste en train de chercher...une meilleure place pour ce vase quand vous avez toqué à ma porte !
Elle m'observe encore un instant avant de se décider à rentrer avec tout de même une pointe d'appréhension dans le regard.
- Le maître m'a envoyé pour vous préparer. J'ai apporté plusieurs toilettes qui devraient vous aller.
J'hoche la tête et m'écarte pour la laisser complètement pénétrer dans la pièce. Elle se détend légèrement et je la suis jusqu'au lit à baldaquin ou elle dépose trois robes complètement différentes.
- Avez-vous déjà pris votre bain ?
Non, mais l'idée de me déshabiller et de me retrouver vulnérable dans un endroit aussi dangereux avec une personne dont j'ignore tout me donne la nausée.
Hors de question que je me lave, quitte à sentir la mort.
- Oui, je venais de finir.
- Parfait, cela nous fera gagner du temps. Si vous voulez bien vous asseoir, je vais commencer par vous coiffer.
Elle me fait signe d'aller m'installer et j'obtempère de mauvais grace en sachant parfaitement quelle séance de torture je m'apprête à subir.
Étonnement, les coups de brosse sont plus doux que la dernière fois. Soit mon cuir chevelu s'est endurci, soit la première voulait me voir chauve.
Je pencherais pour la deuxième option.
- On m'a autorisé à répondre à certaines de vos questions à propos de ce soir, j'imagine que vous en avez ? Dit-elle d'une voix douce tout en tirant mes cheveux en arrière.
- Je...ce soir... j'ignore tout de ce qui va se passer...
- Allons, pas la peine de jouer à ce jeu avec moi. Je sais bien que les banshees sont au courant de ce qu'on fait lors de ces assemblées.
- Je viens de loin, dis-je en sentant le mensonge m'érafler la gorge tellement il devenait gros, il n'y a pas beaucoup de démons là d'où je viens.
Elle s'arrête brusquement de me coiffer et m'observe l'air perplexe dans le miroir.
Moi je m'efforce de sourire. Seigneur, faites que je n'ai pas sorti une abominable connerie.
- Vous voulez dire que vous ignorez tout de nos coutumes mais que vous vous êtes quand même aventurée seule sur les terres d'Abalam...
- ...
- Au nom des enfers...comment ce fait-il que vous soyez toujours vivante ?
- Je n'en sais rien...
Elle soupire un grand coup puis d'une voix basse, commence à m'expliquer
- Ce soir à lieu l'assemblée. C'est une nuit où tous les démons et néphilims vivants sur les terres du maître se réunissent pour rendre hommage à Lucifer.
Je sursaute en entendant ce nom chuchoter si bas. Je suis nerveuse et me tourne légèrement vers elle pour l'interroger du regard.
- C'est une sorte de cérémonie où les barons reconnaissent enfin certains de leur progéniture et les accepte officiellement en tant que néphilim. C'est à partir de ce moment qu'ils peuvent commencer les descentes, quand on les marque.
- Une marque ?
- Celle de leur maître et celle de leur géniteur, deux marques qui font d'eux des néphilims reconnus, qui leur offre le péché qui leur est destiné. C'est un honneur.
- Et...et Lucifer...il sera là ?
Dans le miroir, elle m'observe en fronçant les sourcils puis, sans crier gare, éclate de rire. Moi je sursaute et l'observe les joues rouges de gêne.
- On voit que vous venez de loin ! Mais enfin, je croyais que les banshees étaient les prêtresses de Lucifer !
- Q...qu'est-ce que j'ai dit ?
- Le Porteur de lumière est enfermé dans les limbes...comment voudriez-vous qu'il participe à notre assemblée ?
- Je...
- Vous ne connaissez donc pas la légende ? Celle qui prédit son avènement ?
- Si, bien sûr.
- Il faudra d'abord trouver son héritière, mais ce n'est pas gagné. Je connais des démons qui ont vécus toutes les morts de l'héritière et qui n'ont jamais réussis à foutre le grappin dessus. Bizzarement, les humains gagnent toujours à ce jeu-là.
- Tu veux dire qu'ils trouvent toujours l'héritière avant vous.
- Et ils la tuent, vite. Pour éviter sa revenue. À chaque fois.
- mais c'est la dernière...
- Oui...sa dernière vie. Les hommes sont en effervescence, pour eux, c'est leur dernière fois. Pour nous, c'est notre dernière chance. On va devoir se dépêcher pour la trouver.
- ...
- Vous devez aussi savoir, ce soir, il y a certaines règles à ne surtout pas transgressé. La plus importante est qu'une fois que l'assemblée aura commencée, vous ne devrez parler sous aucun prétexte.
- Je ne pourrai pas parler ? Demandais-je en fronçant les sourcils.
- Non, personne à part Abalam et les barons n'a le droit à la parole. C'est une soirée en l'honneur du Porteur de lumière et nous ne devons pas souiller sa mémoire avec nos langues impures. Je vous répète exactement ce qu'on nous apprend quand on est jeunes.
- C'est ridicule...
- C'est une règle ancestrale, croyez-moi, vous n'avez pas intérêt à la transgresser.
Je me retourne carrément maintenant pour l'observer et sur son front, je remarque un pli soucieux qui n'était pas là avant. De plus en plus nerveuse, je lui demande
- Tu veux dire que si je venais à parler
Je ne termine pas, elle le fait pour moi.
- Il faudrait vous tuer. Pour réparer le tord, oui.
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