Chapitre 40
Je suis assise dans les cuisines et mange mon petit déjeuner en solitaire, ça va maintenant faire deux jours que j'évite Ash et donc que je prend mes repas à l'écart. Je sais, c'est idiot parce que je le croiserai tôt ou tard et je devrais sans doute le laisser s'expliquer mais je ne suis pas encore prête...du moins c'est l'explication que je m'efforce de me fourrer dans le crâne.
Depuis l'incident du bal, plus aucun des neph n'osent m'approcher alors pour passer le temps je me fais la parlote à moi même. Et Anny refait de plus en plus souvent surface, je crois que c'est elle qui m'empêche de devenir complètement dingue.
Oui, bien sûr, vous allez me dire que pour éviter de devenir dingue il y a mieux comme idée que de parler à un fantôme qu'on est seule à voir et vous avez raison, mais...depuis mon erreur d'il y a onze ans, elle est celle qui me connaît le mieux, elle fait partie de moi et ce que je ressens, elle le ressent aussi. Et puis avec elle je peux parler librement... mais en fait j'ai pas le choix vu qu'elle devine tout
Non après il y a des désavantages aussi, comme elle partage mes émotions, je peux rien lui cacher et ça c'est super chiant surtout en ce moment que j'essaie de lui faire avaler ma pitoyable excuse du pourquoi j'évite Ash.
- Je te l'ai dit, c'est trop tôt.
- Trop tôt mon cul.
Je relève les yeux vers elle en souriant, c'est étrange de voir une fillette de cinq ans sortir des trucs pareils.
- J'ai peur de ce qu'il pourrait me dire.
- Et qu'est-ce qu'il pourrait te dire ?
- J'en ai pas la moindre idée.
Je me rend bien compte que j'agis bêtement.
Surprise de ne pas entendre Anny me répondre, je tourne la tête vers elle pour voir ce qu'elle fait. Mais je n'ai pas le temps de voir le coup partir. J'entend un grand bruit, je sens une douleur mordante au visage et je bascule. Mon corps frappe le sol et je pousse un pitoyable gémissement. Putain ça fait mal.
Je sens le sang couler sur mes lèvres et en m'appuyant sur mes mains, je me redresse.
- Mais t'es complètement malade ?!
Anny est debout devant moi, une casserole à la main et l'air parfaitement serein. Moi je me tiens le nez à deux mains pour éviter de détruire ma robe. Merde, il est déjà en train de gonfler.
- Ça fait un mal de chien ! Qu' es-ce qui est t'as pris ?!
- J'en avais marre de t'entendre te lamenter. Tu pleures et tu râles mais tu restes assise à ne rien faire !
- Mais pourquoi tu m'as frappé ?!
- Tu m'ennuies.
- Je...tu n'es qu'une pétasse Anny !
- Pétasse, pétasse, pétasse ! Répète-t-elle en rigolant
Il faut savoir que Anny a gardé son physique de petite fille mais aussi l'état d'esprit qui va avec. Donc pour ce qui est des discussions philosophiques, on repassera.
- Mais qui vois-je ! Si ce n'est pas ma tigresse préférée !
Je me retourne en plaquant vite un sourire aimable su mon visage pour découvrir un Pan très souriant.
- Pan, comment allez-vous ?
- Mieux que vous à mon avis. Répond-il en pointant mon nez du doigt, votre nez à triplé de volume et ça fait bien cinq minutes que je vous observe parler dans le vide.
Chiotte.
- Oh et bien je...je répète pour une pièce !
- Une pièce ? Voila qui est étrange. D'habitude je suis toujours le premier au courant quand il y a un événement au château...
Zut.
Je vais jouer le coup de la fille seule et perdue, ça devrait marcher.
- En...en fait c'était une pièce que j'adorais réciter quand j'étais petite...avant...tout ceci, avec ma famille, dis-je avec des sanglots dans la voix.
Je vois le garçon pincer les lèvres avec pitié et je ne peux m'empêcher de faire des bons de joie intérieurement.
Et le prix de la meilleure comédienne de tout les temps revient à...Soledad !
- Oh mon petit, je suis tellement navré de tout ce qui vous arrive, me répond-il avec un air compatissant.
Quand je vous dit que tout ces démons sont vieux comme mathusalem. Il n'y a qu'à entendre leurs expressions ! "Mon petit" à part mon grand-père, je ne vois pas qui pourrait encore sortir ça ! Pan a beau ressembler à un adolescent de dix-huit ans, on ne m'y trompera pas, il est plus vieux que n'importe quel humain vivant.
- Non non, je vais bien ne vous inquiétez pas, répondis-je en forçant mon sourire à être le plus triste possible.
Ce que je semble bien faire car sans plus attendre, il me prend dans ses bras pour me réconforter.
Qu'est-ce que je vous disait, même son odeur sent le papy !
Je suis toujours serrée contre son torse quand un raclement de gorge venant de l'entrée le décide enfin à me lâcher.
Sans se départir de son grand sourire, il se retourne vers la voix et s'exclame
- Bien le bonjour maître !
À ces mots, mon corps entier se fige et je me décale légèrement pour apercevoir, devant moi, la personne que j'évite depuis deux jours.
- Bonjour Pan...Soledad, me salue-t-il ensuite en hochant la tête.
Je fais comme si je n'avais rien entendu et baisse la tête, analysant mes souliers comme si c'était la chose la plus intéressante qu'il m'ait été donné de voir.
- Maitre, permettez-moi de me retirer. J'ai rendez-vous avec Baal, il veut encore me parler d'un de ses stupides projets qui ne se réalisera jamais parce que c'est un paresseux et...
- Pan, l'interrompt soudain l'homme sans jamais élever la voix et pourtant d'un ton qui n'admet aucun refus.
- Oui maître ?
- Vas-t-en.
À ces mots, l'intéressé perd son sourire et d'un ton tout sauf serein bégaie vite
- O...oui oui, tout de suite ! A bientôt tigresse.
Puis il s'incline devant son maître et sors en refermant la porte. Me laissant seule avec Ash et provocant ainsi la situation que je redoutais.
- Tigresse ?
Sans prendre la peine de répondre ni même de relever la tête, je lui demande
- Que faites-vous là ?
- Si je te dis que je te cherchais, me croirais-tu ?
- Non.
- Veux-tu bien relever la tête quand je te parle.
- Non.
Il soupire et d'ici, je sens la frustration qu'il dégage.
- Qu'as-tu ?
- Rien. Je n'ai rien du tout.
Et c'est bien ça le problème.
Je croise ensuite le regard moqueur de Anny qui me lance du bout des lèvres
- Menteuse...
- La ferme ! Répondis-je de plus en plus fébrile.
- Qu'as-tu dis ?
- Hein ?! M'écriais-je en me retournant vers Ash. Non pas vous ! Elle ! Enfin, je veux dire...vous avez entendu quelque chose ?
Il me regarde comme si j'étais folle et d'une voix tremblante que j'essaie pourtant de maîtriser, je lui demande
- En imaginant que je vous crois. Pourquoi me cherchiez-vous ?
- Ça va faire deux jours que tu m'évites. Je sais que tu es en colère mais ça ne peut pas continuer ainsi.
- Ah non ? Et pourquoi donc ? Parce que vous l'exigez ?
- Quoi ? Non, bien sûr que non mais
- Alors si vous ne l'exigez pas, je ne vous pardonne pas et je ne vous reparle pas non plus.
Il ne répond rien et son air effaré est la meilleure des réponses. Il ne s'attendait pas à ça.
- Si je peux choisir, repris-je, je ne veux plus rien avoir à faire avec quelqu'un comme vous.
- Si tu peux choisir...
Il semble réfléchir et aussitôt, je me tends. Ce n'est jamais bon signe. Qui sait ce qui est capable de sortir de son esprit complètement malade.
- Et si je l'exige ?
- ....
- Hein ? Que se passe-t-il si je te l'ordonne ?
- Ne faites pas ça, murmurais-je. Je vous détesterez encore plus...
Je voulais juste avoir le choix. Ce n'était pas grand chose. Mais sans prêter la moindre attention à mes souhaits, il me dit
- Je veux que tu arrêtes de faire l'enfant. Et que tu me parles à nouveau.
- C'est un ordre ? Demandais-je en plissant les yeux, comme pour le mettre au défis.
- Oui.
- ...
- Tu m'a entendue ?
- Je ne vous pardonne pas. Je vous reparlerez si vous me l'ordonnez mais jamais je ne vous pardonnerez. Vous pouvez toujours aller au diable, crachais-je avec mépris.
Bizarrement, il ne semble pas en prendre ombrage et se contente de sourire devant mon air furieux. Puis, se penchant vers moi, il me chuchote
- J'en viens juste.
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