Chapitre 4

Merde, j'avais presque oublié à quel point il était beau. Avec son visage aux traits durs, ses cheveux sombres tirés en arrière et ses yeux perçants qui semblent toujours essayer de lire en moi, il me donne des frissons. Mon cœur bat la chamade comme à chaque fois et comme à chaque fois, il le remarque.

Ma mère disait toujours qu'on avait qu'un seul véritable amour dans sa vie et qu'on savait tout de suite quand on le rencontrait. Le grand chamboulement, c'est comme ça qu'elle décrivait les sensations qui nous atteignaient à la vue de notre "âme-sœur". Quand j'ai vu Ash pour la première fois, j'ai immédiatement su que c'était lui qui provoquerait le grand chamboulement en moi. Même si par la suite j'ai eu de sérieux doutes.

Il n'a toujours pas remarqué mon changement et franchement, je ne sais pas vraiment si j'ai envie qu'il le voit.

- Tu...tu vas bien ? Demandais-je incertaine.

Lui demander comment il va... première idée de merde de la journée. On commence fort.

Il ne répond rien, se contentant de sourire face à mon air anxieux.

- Tu ne vas rien dire ? Tu vas te contenter de me regarder me débattre pour trouver quelque chose à te dire ?

- Tu es mignonne quand tu es essaie de trouver quelque chose à me dire.

J'avais aussi oublié cette voix grave et rocailleuse qui me donne toujours la chaire de poule.
Il m'observe toujours et sous ses prunelles brillantes, je frissonne.

- Tu as froid ?

- On ne s'est pas vu depuis six mois et tu me demandes si j'ai froid ? Aurais-tu perdu une case pendant ce laps de temps ?

- Toujours aussi agaçante. Ça ça n'a pas changé.

- Tu aimes ça, répliquais-je en souriant à moitié.

Il y a quelque chose qui cloche. Je ne sais pas quoi mais je le sens. Il n'est pas dans son état normal ou alors si, il est beaucoup trop normal, comme au début où nous nous sommes rencontrés...

-...

- Je...je suis contente de te voir. Six mois, c'était long.

- Je t'ai promis que je reviendrais.

- Tu avais dit deux mois...

- Je n'avais pas prévu ça. L'essentiel c'est d'être arrivé.

Je m'attendais à tout sauf à ce côté froid et impersonnel qu'il est en train de me servir à cet instant. C'est comme s'il essayait de dresser une barrière entre nous. Oui, exactement comme au tout début.

- Ash, qu'est-ce qu'il se passe ?

-...rien, il n'y a rien.

- Je te trouves bizarre...

- T'a-il fait du mal ?

- Du mal ? (Je l'emmerde lui et sa manie de passer du coq à l'âne) Non, sauf si l'ingestion de force de médicaments et toutes les injections et prise de sang sont considérés comme de la torture...

- Non, je ne parle pas de l'humain, je parle du maître.

- Oh...non, étrangement il ne voulait que discuter avec moi.

- Ça ne lui ressemble pas. Il doit être en train de tramer quelque chose.

- Je ne pense pas, il avait l'air sincère...

- Comme toujours, dit-il en se détournant pour partir.

Maintenant complètement sur le cul, je le retiens par la manche et lui demande

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je m'en vais, ça ne se voit pas ?

- Que...qu'est-ce que tu as à la fin ? Ça fait six mois qu'on ne s'est pas vu et tu agis comme un inconnu...

- Je viens de me battre contre plusieurs centaines de personnes Soledad... excuse-moi de ne pas te sauter dans les bras.

- Je...oui, je suis désolé. C'est atroce... je suis trop bête à ne penser qu'à moi et

- J'ai aimé, les tuer. Seulement là je suis crevé. C'est ça que je veux dire.

Je le regarde bouche bée. Je sens mon visage se vider de ses couleurs et la nausée m'envahir. De quel monstre au juste suis-je tombée amoureuse ?

- T'as pas l'air bien, continue-t-il un sourire mauvais sur le visage.

Merde ! Merde ! Merde ! Mais qu'est-ce qui lui arrive ?! Il me fait peur et je n'ai vraiment pas besoin de ça dans l'immédiat !

-...

- Jz suis fatigué, souffle-t-il aussitôt comme s'il regrettait ses derniers mots.

Malheureusement pas assez pour s'excuser.

- On se verra ce soir, rajoute-t-il sans même me regarder en tournant les talons pour sortir.

-...

Je reste là, comme une potiche. Une main dans celle de la petite charlotte, une autre sur mon ventre rond. L'ange déchu qui s'est révolté contre le créateur vient-il vraiment de me planter là en prétextant la fatigue ?!

Je sens en moi la colère montée et je resserre mon emprise sur la main de la princesse.

Oh démon de mes deux, tu ne vas pas t'en sortir comme ça !
                                                                                                   *****

- Vos nouveaux appartements madame, me dit l'homme en s'inclinant.

Un vampire, si j'en crois sa peau blanche et ses canines qui dépassent de ses lèvres pales. Mais pas un descendant direct. Ceux-là ne sont pas relégués au rang de domestiques.

- Savez-vous où je pourrais trouver les nephilims ?

Il se redresse et me regarde les yeux ronds. Est-ce si étrange que je tienne à voir mes amis ? Ça fait six mois.

- Madame, les...les neph...ilims ont servis leur maître. Ils étaient au premier rang...

- Au premier rang ? Demandais-je en fronçant les sourcils. Au premier rang pour quoi ?

- Ils se sont battus pour notre victoire madame...

Au premier rang. Je comprend immédiatement, ces enfoirés ont envoyés leurs propres enfants mourir pour leur cause...
Pendant qu'eux les regardaient.

- Ils sont...morts ? Hoquetais-je en sentant autour de moi la pièce tourné.

C'est impossible... Valérie, Nana, Éric, Line, John et Pierre... ils n'ont pas pu...

D'une main tremblante je cherche derrière moi le canapé pour m'y adossé.

- Madame ! S'exclame-t-il, vous devez faire attention !

- Y a-t-il des survivants ?

- Madame, vous ne devez pas vous agiter, c'est mauvais pour l'enfant !

- Répondez !

- Oui, oui, on les a regroupé dans la salle de bal.

- Quelqu'un s'occupe d'eux ?

-...

- Vous les avez regroupés là pour les laisser mourir ?! Ils se sont battus pour vous !

- Madame, se sont les ordres...

- Vos ordres sont cruels ! M'écriais-je en me relevant d'un bond.

J'attrape la main de Charlotte et me précipite dans le couloir. Le vampire me suit de près et balbutie

- Madame, je vous en prie, il ne faut pas

- Quel est ton prénom ?! Lui demandais-je en me retournant brusquement.

- Oliver madame.

- Oliver, tu vas aller chercher Anya et tous ce qu'il faut pour soigner des blessures. Puis tu viendras me rejoindre dans la salle de bal. Tu as compris ?

- Madame, je ne pense pas

- Olivier ! Je ne te demande pas ton avis ! Dépêche-toi !

Il devient soudain blanc comme un linge et s'incline vers moi avant de déguerpir dans l'autre sens.
Moi, je me tourne vers la petite princesse et tente de lui sourire calmement en captant son regard terrifié.

- Tu vas m'aider, n'est-ce pas Charlotte ?
**

La salle sent le sang, la cendre, la sueur et la pourriture. Elle a beau être immense, elle est remplie de neph plus amochés les un que les autres. Je me protège le nez de ma manche et indique à la princesse d'en faire autant.

Je ne sais pas par quoi commencer...il y en a trop...

- Venez m'aider ! Quelqu'un peu m'aider ! Je vous en prie !

Une jeune fille crie, elle a l'air dans tous ses états et je m'approche d'elle en vitesse.
Elle est accroupie aux côtés d'un jeune homme, dix-huit ans environ dont la jambe a été sectionnée. Sous l'horreur de la situation, je reste un instant la bouche ouverte sans rien dire.

- Vous pouvez m'aider ?!

- Je...oui, je vais essayer...

Je me tourne vers Charlotte qui pleurniche dans ma robe et lui murmure d'aller me chercher de l'eau. Je n'ai pas envie de traumatiser cette enfant a vie...

Une fois que la petite est sortie, je me tourne vers la fille.

- C'est mon frère ! Il faut que vous l'aidiez ! Vous êtes guérisseuse ?!

- N...non, je

- Tous leurs guérisseurs, ces connards les ont envoyés guérir leurs démons ! Ces imbéciles sont bien plus résistant que nous ! On devrait passer en premier ! Comme sur le champ de bataille !

- Je...j'ai envoyé chercher du renfort...

J'ai conscience qu'Anya et Oliver ne suffiront pas mais je n'ai pas d'autre solution...

- Il faut empêcher le sang de continuer à couler. Je vais

- Soledad !

Je me retourne vers Anya, suivie d'Olivier qui accoure vers moi. Des sauts d'eau, des bandages et pleins d'autre machins dans les bras.

- J'ai envoyé chercher le peu de domestiques humains qu'il restait encore. Ils ne vont pas tarder à arriver, me dit Anya en s'agenouillant en face du garçon.

- Occupe toi de lui. Il ne faut pas que ça s'infecte. Il faut cautériser ! Je vais voir les autres.

À chaque fois que je vois un jeune capable de marcher, je lui demande de nous aider. Au final, avec les domestiques, nous sommes une cinquantaine à nous occuper des blessés.

Mais ceux là sont tellement plus nombreux.

Je suis en train de nettoyer la plaie d'un garçon inconscient quand je sens des petits bras m'entourer la taille et une tête se lover dans mon dos.

- S...Soledad, pleurniche Nana.

Je me fige. Comment cette petite chose a-t-elle survécu ?
Je ne l'ai plus revu depuis très longtemps. Lentement je me retourne et croise ses grands yeux noyés par les larmes.

- Nana, soufflais-je en l'attirant contre moi.

Elle renifle contre ma robe et autour de moi, je sens ses petits bras trembler.
Personne ne pourrait se douter que cet être dont l'apparence est celle d'une petite fille de dix ans est en fait une hybride de plusieurs centaines d'années.

- Où sont les autres Nana ?

- Les...les autres...

- Ginger, Marna, Blake et les autres. Tu les as perdu ?

- Ils ont voulu nous mettre au premier rang, pour le combat... j'ai eu peur et je me suis enfuie avant. Je ne sais pas où sont les autres et le maître va me tuer pour avoir déserter ! S'écrie-t-elle complètement paniquée à présent.

Quand je prend conscience de ce qu'elle m'avoue, je sens mon sang se glacer dans mes veines.
Désertée...

- Mon dieu...Naëlle, tu n'aurais jamais du revenir...

- Je m'en faisais pour eux, je voulais les voir, me répond-elle au comble du désespoir.

-...

- Tu pourrais parler au maître toi ! Il t'écoutera peut-être ! Parle lui pour qu'il m'épargne ! M'implore-te-elle en tirant sur mes jupes.

- Je

-...

- Il ne m'écoutera pas Nana...tu...tu n'aurais jamais du revenir...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top