Chapitre 3
J'ai du mal à y croire. Après six mois à imaginer nos retrouvailles sans arrêt, je suis légèrement désappointée par la réalité qui vient me heurter de plein fouet.
À quoi je m'attendais sérieusement ? Qu'il entre ici comme un prince, papote trois secondes avec mon geôlier et me sorte de la aussi sec ?! Merde, je suis trop conne...
Mon beau prince se tient la devant moi et je ne sais pas comment réagir. À le regarder de plus près, il n'a vraiment rien du prince des contes de fées. Si je me rappelle bien, ces derniers ne sont ni couvert du sang de leurs adversaires ni de suie.
Non, il ne ressemble en rien à ces hommes proprets sur eux, à l'allure élégante et aux manières sophistiquées. C'est un démon et ça se voit.
Pour arriver jusqu'ici, il a tuer, ils ont tous tuer. Seulement des hommes ou tous le monde ? Mais après tout en quoi le crime est-il plus grave puisque ces gens tués n'ont rien à voir avec tout ça. Rien à voir avec cette soif de puissance, de vengeance. Cette guerre que se font deux hommes... elle n'est pas juste, elle prend des milliers de vie pour en satisfaire seulement une au final...
Ça fait six mois mais j'ai l'impression que ça fait mille ans. Il a changé, je ne sais pas si c'est la guerre ou m'a disparition mais son visage est plus sombre qu'avant, plus dur. Ses cheveux emmêlés sont couverts de ce liquide gluant et son visage est noir de crasse. Malgré cela, je peux clairement distinguer ses grands yeux qui me fixent eux aussi...
Il bouge et s'approche. Au moment où je pense qu'il va s'arrêter devant moi, il continue sa route comme si de rien n'était et vient se poster au côtés de son père. Déçue, je grimace et baisse les yeux vers Charlotte qui n'a elle, pas lâché Ash des yeux.
- Où sont les autres ? Ne sont-ils pas plus que deux ? Demande ce dernier à son père en fixant d'un œil sombre James.
- Tu arrivais cinq minutes plus tôt mon fils et tu les voyais encore respirer ! S'exclame le maître en partant dans un grand rire fou.
J'observe sa réaction et surprend son petit sourire en coin. Encore plus déroutée, j'observe cette fois la réaction du prince qui sert les dents et les poings de rage.
- Et regarde qui nous avons trouvé en même temps ! Bien le bonjour ma très chère fille !
En serrant les dents je le salue de la tête sans rien dire. Je déteste cet homme, peut-être même plus que le roi.
Cette fois Ash tourne la tête vers moi et je peux enfin capter son attention. Ils n'ont pas encore remarqué mon état grace à la robe de chambre que je tiens serrée autour de moi et si la situation n'était pas aussi catastrophique, je rirais peut-être de leurs inattentions.
Qu'est-ce qui a changé ? La dernière fois que je l'ai vu, il semblait près à tout affronter pour qu'on se retrouve...même son père. Et maintenant il se tient là-haut, me regardant comme si nous étions redevenus les mêmes étrangers l'un pour l'autre.
- Je voudrais te parler seul à seul, es-tu d'accord ? Me demande soudain le maître d'une voix doucereuse.
- Avec moi ?
- N'as-tu pas compris ? Ces six mois de captivité t'aurait-il rendu idiote ?
-...
- Et bien sortez ! Ordonne-t-il aux autres en faisant des grands geste de ses bras.
Aussitôt, les démons présents dans la pièce s'activent comme s'ils avaient tous le feu aux trousses et je les regarde mi-amusée mi-apeurée a l'idée qu'ils me laissent seule avec cet être de nature assez instable.
Quand la salle est presque vide, je me tourne vers Ash qui descend de l'estrade et le supplie du regard de ne pas me laisser. Pour toute réaction il me passe devant en détournant le regard. Estomaquée par son attitude, je reste là la bouche ouverte.
Quand nous sommes seuls hormis charlotte qui est toujours accrochée à ma robe, j'ose enfin relever la tête et constate qu'il m'observe, l'air grave.
Le silence est lourd et dure au moins deux minutes avant qu'il ne se décide à prendre la parole. Mais les mots qu'il prononce, je pense que dans soixante ans encore je m'en souviendrai encore.
- Je suis sincèrement désolé mon enfant...
Surprise, je cherche dans son regard la moindre trace de moquerie. Il a l'air sérieux mais c'est si improbable...
À cet instant il n'a plus rien du roi des enfers mais tous de l'homme triste et abattu.
- Qu...quoi ? Murmurais-je.
- Je t'ai cherché. Mais quand j'ai vu que tu n'étais nulle part et qu'une des domestiques humaine n'était plus là, j'ai vite fait le rapprochement.
- Alors pourquoi ? Pourquoi cela a-t-il duré six mois ?
- Je sais que ce n'est pas une excuse mais il me fallait être le mieux préparé possible. Il fallait que ça aille vite... trouver tous les démons habitant cette terre c'est avéré être plus long que ce que je croyais.
-...
- Je sais ce que tu penses de moi. Tu penses que je suis un être cruel, qui as tué ses propres enfants et ta mère.
- Je
- Et c'est vrai, du moins en partie. Je ne suis pas quelqu'un de bon. Je n'ai aimé qu'une seule personne dans ma vie et si elle est morte c'est uniquement de ma faute. Ne te crois pas responsable, j'étais en colère quand je t'ai dit ça...
Sache aussi que tu n'as rien à craindre de moi. Aussi cruel qu'on me décrit, je ne le suis pas assez pour tuer son enfant.
- Mais vous l'êtes assez pour tuer tous les autres...
- Garder sa place demande des sacrifices. Et je suis prêt à presque tous les faire.
En souriant amèrement je répond
- On croirait entendre Ash, il m'a dit exactement la même chose un jour.
- Abalam est sans doute de tous mes descendants celui qui me ressemble le plus. Ne l'as-tu jamais remarqué ?
- Bien sûr que si...
- Et pourtant tu l'aimes...ne trouves-tu pas cela ironique ? Tu me hais et pourtant tu aimes l'être le plus proche de moi.
- Je...il n'est pas comme vous, jamais il ne ferait ce que vous faites.
- Tu l'as vu comme moi quand il est entré dans cette salle. Crois-moi, sur le champ de bataille il n'est pas homme à faire distinction. Il tue tous ce qui est à porté de son épée.
- C'est vous qui le lui avez demandé !
- Mais il l'a fait.
Mes lèvres tremblent, a-t-il vraiment tué tous ces gens qui n'avaient rien à voir avec ce combat ?
- Su as l'air triste. À quoi t'attendais-tu ? C'est un démon. Il a perdu sa place au paradis et ses ailes parce que sa nature est mauvaise. Si j'étais quelqu'un de bien, je te dirais de l'oublier. Tu ne seras jamais heureuse si tu t'accrocher à lui.
-vous êtes stupide de penser que parce que vous êtes des anges déchus vous êtes complètement mauvais ! Regardez-vous, si vous étiez aussi effroyable que vous le dites, jamais vous n'auriez aimé ma mère ! Personne n'est complètement mauvais. Si vous avez été chassé du paradis c'est seulement la punition de votre désobéissance et pas votre soit disant mauvaise nature.
-...
- C'est trop facile. Mettre tout vos crimes sur le dos de votre nature de démon , c'est trop facile.
Je relève les yeux et le surprend à m'observer avec un tout nouvel intérêt. Comme si je valais enfin la peine qu'il s'intéresse à moi.
- Quand tu parles ainsi. C'est fou ce que tu lui ressembles. Elle aussi s'emportait toujours pour un rien. En fait, on ne savait pas vraiment avoir une discussion posée avec elle...
En souriant à présent je rétorque
- Vous deviez faire la paire tout les deux.
Il me sourit et c'est comme s'il renaissait. Il est beau, d'une beauté irréelle, trop pour être humain. Rien que ce sourire, c'est le plus beau que j'ai jamais vu.
- Ta famille, je veux dire les personnes qui t'ont élevées, t'aimaient-elles ? Étais-tu heureuse avec elles ?
Quelque peu désappointée par ce brusque changement de discussion, j'hoche pourtant la tête et déclare
- Ce sont des personnes formidables, ma mère est la femme la plus aimante et la plus forte que j'ai jamais rencontré. Mon...mon père est mort quand j'avais quatorze ans et elle a continué à nous élever seule ma sœur et moi. Elle a continué à se lever tout les matins, à sourire et à nous protéger comme s'il était encore là. Pendant quatorze ans, j'ai été une enfant comblée et heureuse.
- Pendant quatorze ans ?
- Jusqu'à ce que mon père meurt.
Nous nous regardons en silence jusqu'à ce que deux grands coups frappés à la porte brise le semblant de lien qui se formait entre nous. Aussitôt, son expression change du tout au tout, son visage se ferme et devient plus grave, plus froid.
- Entre Abigor !
La porte s'ouvre et la montagne de muscles fait son apparition.
- Qu'y a-t-il ?
- Maître, Léonard demande à vous voir.
- Pour ?
- Il n'a rien voulu dire maître...
-...
- Je le fais venir ou
- Non, je vais y aller, dit-il puis se tournant vers moi il ajoute, retourne dans tes appartements. Le château n'est pas encore complètement sur.
Il observe mon ventre une seconde de trop et se lève. Moi, j'hoche la tête et attend qu'il soit sorti pour attraper la main de Charlotte et me diriger moi aussi vers la sortie.
Quand je m'apprête à ouvrir la porte, celle-ci s'ouvre à nouveau. Surprise, je pousse un petit cri et bondis en arrière.
"Le château n'est pas complètement sur", c'est ce qu'il a dit. Sur mes gardes je pousse Charlotte derrière moi.
La porte s'ouvre finalement complètement et il apparaît. Propre cette fois.
Mon cœur bat trop fort. Mes jambes menacent de lâcher et mon cerveau lui est parti en vacance.
Bon sang il m'a manqué.
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