Chapitre 2

- Ils ont réussis à rentrer ! Ils sont là !

Ces mots, ça fait six mois que tous les jours je rêve de les entendre. Et enfin, il est là.
**
La bouche ouverte comme une carpe je me retourne vers le prince et le soldat qui l'accompagne. Il ne dit plus rien, et regarde son père attendant que celui-ci prenne une décision.

- Ils sont dans le château ? Demande le roi avec un calme ridicule.

- Ils ont réussis à rentrer père ! Il n'y a plus une minute à perdre ! Il faut fuir !

- Il faut regrouper toute l'armée. Essayer de les retenir le plus longtemps possible, la fuite n'est pas une solution envisageable.

- Mais il n'y a plus d'armée ! Vous n'avez plus aucun soldat père !

Une seconde je vois l'effroi et la surprise se refléter sur le visage du souverain mais celles-ci cèdent vite la place à l'impassibilité. Je détourne le regard et croise celui du prince qui lui semble bel et bien terrifié.

- Comment est-ce possible...et les Errants...

- Il y a parmi eux un démon avec une étrange épée, elle ne fait que les effleurer et pourtant les Errants disparaissent...

- Ils n'en restent plus un seul ?

- Ni Errants ni soldats...ils faut se rendre à l'évidence, ils ont gagnés père...

-...

- Je vous en conjure mon ami ! Écoutez votre fils ! Il nous faut quitter ce palais si nous voulons survivre ! S'exclame soudain la reine l'air encore plus effrayé que son fils.

- Tu étais au courant ? Me demande-t-il soudain.

-...

- T'avaient-t-ils prévenu ? Les as-tu aidé ?!

- Je n'ai rien fait. Maintenant écoutez votre fils et partez. Réponds-je d'une voix calme et maîtrisée qui m'étonne moi même.

- Ça ne va pas se passer comme cela ! Il est hors de question que je laisse ces suppôt de Satan s'approprier mon royaume !

- Croyez moi, quand ils passeront ces portes et qu'il n'y aura plus rien pour vous séparer d'eux, que pensez-vous qu'il vous feront à vous et votre famille ? Leur chef est parmi eux aujourd'hui et il hait la race humaine plus que tout, ses sujets sont comme lui... Vous ne vivrez pas longtemps soyez en assuré.

- Pourquoi me dis-tu cela ? Pourquoi veux-tu nous aider ? Est-ce un piège ?

- Je ne vous aide pas. Je ne ferai rien pour vous aider. Je vous donne juste mon avis, dis-je en m'asseyant tranquillement dans le fauteuil le plus proche sous les regards atterrés des membres de la famille royale.

- Mais dans quel camp es-tu à la fin ?

- Dans le camp qui assure ma survie et celle de mon enfant votre majesté. Et pour le moment celui qui me garantit cela, ce n'est pas le votre...

Qu'espérait-il enfin ? Que je sois reconnaissante de tout ce qu'ils m'avaient fait ?!

- Père, il n'y a plus une minute à perdre. Allons-nous en... pensez à Julia, Charlotte et Agnès ! Vous l'avez entendue, ces monstres n'auront aucune pitié. Pour personne !

-...

- Père !

- Très bien...nous allons partir nous

Dans un grand fracas la double porte vient se fracasser contre le mur. Morts de peur, nous poussons tous un cri. J'ai beau savoir qu'à présent je suis en sécurité, je ne peux m'empêcher de me recroqueviller sur moi même en m'agrippant le ventre.

- Ils sont là ! Appelez le maître ! On les a trouvé !

Trois hommes armés jusqu'aux dents pénètrent dans la pièce. Deux mercenaires et un vampire à voir leur insignes.
Je n'ai toujours pas bougé et ils ne m'ont pas remarquée. Le plus grands des trois s'approche de la reine à la vitesse de l'éclair et, sans même broncher, l'abat d'un seul tire à la poitrine. Deux fois, il répète l'opération pour les deux princesses, Agnès et Julia.

J'ai beau savoir que si les rôles avaient été échangé, ils en auraient fait tout autant, je ne peux m'empêcher de pousser un cri d'effroi à la vue des corps sans vie qui s'écroulent sur le beau tapis beige.
Deux enfants qui n'avaient rien à voir avec tout cela. Deux petites filles inoffensives qui ne menaçaient en rien la prise du royaume. Juste pour le plaisir de tuer...

Vivement les trois hommes se tournent vers moi et leurs visages semblent s'éclairer d'un coup. Toujours le même homme qui doit diriger les opérations lance à l'un des deux autres

- Préviens aussi le Maître qu'on l'a retrouvé.

Celui-ci hoche la tête et sans même un regard pour les cadavres au sol, sort en courant pour prévenir son maître.
Je me tourne vers le roi et James. Ce dernier a les yeux exorbités d'effroi et fixe le corps de sa mère sans mot dire. Quant à son père, il n'a pas l'air très affecté. Son visage encore une fois n'exprime rien.

Je n'ose toujours pas bouger. Je sursaute quand je sens une petite main m'attraper la cheville. Je baisse la tête et rencontre le regard plein de larmes de Charlotte, la plus jeunes des trois princesses.
Avec ses longues boucles rousses, elle me rappelle Nelly. Ce qui explique sans doute que je l'attrape par la main et la pose d'une main tremblante à côté de moi.

- Qui est-ce ? Demande le vampire.

- Une jeune domestique, elle s'occupe de ma garde robe, mentis-je sans broncher.

L'homme semble me croire puisque aussitôt il se re-concentre sur le roi et son fils.
Une minute plus tard le mercenaire parti prévenir le maître revient en courant et s'exclame

- Il veut qu'on les lui apporte. Dans la salle du trône.

-Tous ?

- Il n'a pas préciser, j'imagine...

En pointant son arme face aux deux hommes le vampire s'exclame

- Vous nous suivez ! Vous allez enfin pouvoir rencontrer le maître, chanceux que vous êtes.

En parfaite synchronisation, les deux mercenaires viennent les entourer et les escortent jusqu'à la porte. Quand je pense qu'ils m'ont oubliés et que je vais pouvoir me tirer en douce l'un d'eux se retourne vers moi et m'ordonne doucement

- Viens, le Maître va sans doute vouloir te parler aussi. Il va être sacrément surpris, rajoute-t-il en lorgnant mon ventre.

Toujours en serrant la main tremblante de la princesse, je me redresse et passe devant lui sans traîner. Sur le chemin nous menant à la salle du trône, j'ai la mauvaise idée de relever la tête et de croiser le regard mi furieux mi effrayé du prince. Je détourne vivement les yeux, gênée et j'entends l'un des hommes ordonner à James de garder la tête baissée.
Quand nous arrivons devant l'imposante entrée, j'ai la gorge si serrée que je crains de m'étouffer avec ma salive. Je pense ne jamais avoir été autant angoissée de ma vie. J'ai peur de ce que je vais découvrir derrière cette porte...

Dans un grincement, les doubles portes s'ouvrent sur l'immense salle occupée seulement par des démons. J'en conclus donc que les métamorphes, vampires et autres sont restés dans la cour. Nous entrons tous d'un pas traînant, je ne distingue d'ici pas très bien le trône mais aucun doute qu'il est assit dessus, se délectant de sa victoire si chère payée.

Nous traversons la petite foule et quand le vampire nous fait signe de nous arrêter, je relève la tête.
Comme je l'imaginais, il est assit sur le trône. Sans prêter la moindre attention à notre petit groupe, il continue sa conversation avec Bélial et un démon que je ne reconnais pas. La main de Charlotte autour de la mienne se resserre. Moi qui n'ai rien à craindre, je suis pourtant angoissée, je n'ose imaginer dans quel état est cette petite.
Je tourne la tête dans tous les sens, essayant par tous les moyens de trouver Ash parmi tout ces visages.

- Regardez moi ça, la famille d'imposteurs à déjà considérablement diminuée de volume, dit-il soudain en fixant d'un œil moqueur le roi et son fils.

-...

- Alors ? Impressionner ? Vous qui vous pensez à l'abris derrière vos murailles, protégés par vos morts. C'était une erreur de vous croire supérieurs à nous, une grosse erreur. Maintenant il va falloir assumer les conséquences...bien que les trois quarts de votre royaume les ont déjà subis.

- Vous ne serez jamais le roi des hommes ! S'écrie soudain le prince.

Surprise, je laisse échapper un petit hoquet de stupeur. Mais au moment où je me dis que le maître va se mettre en colère, celui-ci éclate de rire sous nos regards ahuris à moi et au prince qui ne s'y attendait pas non plus.

- Pauvre petite chose stupide, je ne veux pas être le roi d'une espèce aussi faible ! Ce serait faire honte à ma lignée.

- Que...que voulez-vous alors ?

- Je veux cette terre. Je veux ce que votre Dieu m'a refusé. Mais je ne partagerai jamais avec vos rois.

Soudain la grande porte s'ouvre à la volée nous faisant sursauter. Une armée de légionnaire fait son entrée. Je tourne la tête vers le spectacle avec Charlotte cachée derrière moi. Quand ils sont tous entrés, ils s'écartent pour laisser apparaître, pour mon plus grand bonheur, un Ash couvert de sang et de cendres.

- Mon fils ! Il était temps !

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