Pdv Zelda
- Je t'en supplie, arrête! Arrête!
Ces mots s'échappent seuls de ma bouche, sans que je ne sache les retenir. Devant moi, Link est... Ses vêtements sont déchirés, son sang coule de toutes parts, et il peine à tenir sur ses deux jambes. Et pourtant, il se place devant moi dans une attitude de protection. Autour de nous... Dix Lynels d'Or font tournoyer leur immense lame. Mon ami leur fait face, avec à peine une épée rouillée...
- Je t'en prie, ne te sacrifie pas pour rien! Sauve-toi!
Il secoue la tête.
- Alors laisse-moi t'aider! hurlé-je. Je t'en supplie... Tu as beau être fort, tu n'es pas immortel!
- Tu n'as pas d'arme, Zelda... et puis, je ne te mettrai pas en danger comme ça. Je refuse.
Il s'exprime d'une voix chancelante. Il ne va pas bien, il est grièvement blessé...
- Arrête ça, espèce d'idiot!
En un clin d'oeil, il parvient à sauter sur le dos du Lynel et lui plante sa lame dans le crâne. Ses ressources sont impressionnantes... plus que neuf!
Nous sommes encerclés. Aucun moyen de fuir, de le soigner... nous allons mourir dans quelques minutes. Devrais-je lui dire que... non, j'aurai l'air de le narguer. Je le regarde, il a l'air tellement peiné, comme s'il portait tous les malheurs d'Hyrule.En l'espace d'un instant, je revois son premier duel avec moi, nos lames qui s'entrechoquent, se brisent sous l'impact des coups portés. C'était quand ? Il y a quelques mois seulement... Ensuite, nos disputes, nos boutades, et son habituel "well excuuuuuuuuuuse me princess". Moi en train de brosser Épona, lui qui harnache Goldi, mon cheval doré. La dispute avec sa mère... là où je l'ai vraiment connu. Une complicité nouvelle, apparue entre nous... Et c'est tout? Si peu de moments échangés... J'ai pourtant l'impression un peu étrange de l'avoir connu toute ma vie et même au-delà. J'ai tout de même de la peine pour lui, car je sais que la fille avec qui il aimerait passer le restant de ses jours n'est autre que Ruto, et pas moi... Il doit penser à l'instant même qu'il ne l'a plus jamais revue, et que le goût de ses lèvres est tellement lointain, désormais...
Il se relève. Je les vois, désormais... ses entailles au torse. On dirait qu'elles n'ont pas été commises par les monstres, elles semblent bien trop anciennes. Il se prépare à attaquer...
- Link, tu ne vas pas bien! Donne-moi cette épée, et repose-toi!
Il répond par la négative, et on dirait que même ce geste lui coûte. Il est fou à lier... Cependant, il ouvre la bouche, et s'exprime d'une voix pâteuse...
- Zelda, je ne t'ai pas tout révélé sur moi... Avant que je ne parte, tu dois savoir une chose.
Le Lynel lui assène un violent coup de rapière, qu'il esquive d'une roulade maladroite sur le côté. Il poursuit:
- Je n'ai jamais vécu à la citadelle d'Hyrule. Je vivais à Elimith. Quand mon père a affronté les ennemis qui lui ont ôté la vie, il n'a pas été appelé à les détruire sur ordre du Roi. Il voulait simplement nous protéger.
Il encaisse une nouvelle attaque, avec plus de dégâts cette fois. Je me précipite sur lui.
- Avant de succomber... Il nous a souri, à ma soeur et moi. Il nous a dit qu'il était heureux de mourir, si au moins nous avions la vie sauve. Et il a ajouté qu'il espérait qu'on rencontre un jour des êtres à qui l'on tient véritablement, au point de ce sacrifier pour eux.
Je le regarde, hébétée. Il ne pense quand même pas à...
Si. Il se précipite, l'arme à la main, sur son ennemi. Au loin, j'aperçois des gardiens qui nous rejoignent. Oh non... Le Lynel s'apprête à lui effectuer un coup fatal...
- Arrête!
Je tends machinalement la main. Quelle est cette immense lumière qui me recouvre et m'aveugle? Je perds connaissance... Le paysage change, je me retrouve assise sur un trône doré, face à une table d'été, garnie de thé, de beurre, de lait, de crème, de café, de sucre et de petits gâteaux. Et autour de moi... Le temple du Temps (mais pas en ruines, comme celui que je connais). Un espace propre, net, sur lequel on a dressé d'immense tapis rouges. Sur un piédestal, reposent trois joyaux: les pierres ancestrales. Serais-je revenue... à l'époque du héros du temps?
- Impressionnant, n'est-ce pas?
Devant moi, se tient une femme en robe bleu indigo. Je dirais qu'elle me ressemble, mais elle est beaucoup plus belle que moi... Comme si on avait épuré ses traits, que le bleu de ses yeux était plus limpide, et que ses cheveux avaient été plongés dans l'or pur. Elle ne porte aucun bijou, aucune parure, et son vêtement est simple, ce qui ne fait que renforcer son charisme divin. Elle m'observe attentivement, avec une étrange curiosité.
- Tu tiens beaucoup de Tetra, ça se remarque à ta bravoure et à ton effronterie. Et je reconnais la trace de Sheik dans ta force d'esprit. Tu possèdes également la Sagesse de la prêtresse céleste, et la maturité de la princesse du Souffle Sauvage, et de celle de l'ère du Crépuscule. Oui, observe-t-elle, ton esprit est un parfait combo de ces cinq-là. Je crois avoir réussi mon coup...
- Hylia? m' exclamé-je brusquement, car j'ai deviné l'identité de celle qui me fait face.
Elle acquiesce stoïquement, plongeant un sucre dans son café.
- Tu n'a pas idée de "nos" réincarnations, toi, moi et Link...
- Link! crié-je, car je m'en souviens, à présent. Faites qu'il ne soit pas mort, pitié...
Elle hausse les épaules.
- Ne t'en fais pas. Quand tu reviendras, une seconde ne se sera même pas écoulée.
Elle pointe du doigt une colonne de lumière bleue, près des pierres ancestrales.
- Si tu empruntes ce téléporteur, tu devrais pouvoir regagner ton ère facilement. Ah, les téléporteurs, ajoute-t-elle, songeuse. Cela me rappelle l'époque du héros du temps, ma préférée. Ce Link là est tellement courageux... nda: ou plutôt ce Chef là, car on l'avait appelé comme ça sur notre partie d'ocarina of time, ma soeur et moi. Enfin bref. C'est le début de la fin, ou alors la fin du début. Brise le cycle éternel de nos réincarnations, et détruis mon ennemi millénaire. Link, toi et les sages êtes les seuls à pouvoir oeuvrer à sa destruction.
Je m'avance dans le téléporteur...
- Attendez, votre majesté... Vous ne venez pas avec moi? J'aurais besoin de votre aide, pour sauver Link...
Elle secoue la tête.
- L'emprisonnement infligé par mon ennemi m'empêche de rejoindre la terre avec mes pleins pouvoirs, et c'est pour cela que tu es apparue, toi, issue de mon âme. Ce qui ne veut pas dire, évidemment, que je ne puis pas te venir en aide. Tu recevras ma force une fois retournée chez toi. Va, je ne te retiens pas.
La colonne de lumière m'emporte. Je m'éveille dans la plaine, face au Lynel, interposée entre Link et le monstre. Ma main brille d'une étrange lueur... Mon ennemi est décimé sur le champ. Bientôt, tous les monstres de la plaine connaissent le même sort... La plaine se recouvre d'une lumière d'or, et le champ de force vole en éclats.
Je... J'ai réussi? Nous sommes sauvés?
- Zelda, Link!
Je reconnais cette voix... Je me tourne, pour faire face à Urbosa, Ruto, Mipha, Saria, Médolie et Revali!
Urbosa me serre dans ses bras (et manque de me briser les côtes au passage).
- Vous n'avez rien, madame, Hylia merci.
Elle ne croit pas si bien dire!
- Linkounet! hurle Ruto. Oh, pauvre chéri!
Rah, elle peut pas s'en aller, la morue?
- Pousse tes nageoires de là, ordonne Mipha. Je vais le soigner.
En effet, une aura bleue l'entoure, et les blessures de l'hylien s'estompent. Impressionnant!
Mipha me serre également dans ses bras.
- Ouh les amoureuses-euh! se moque Dumoria (le korogu).
Je n'ai même pas la force de le réprimander.
- Le champ de force a explosé! s'enthousiasme Mipha. C'est ton pouvoir qui...
Saria hurle à la canonnade:
- Que ceux qui pariaient qu'elle n'éveillerait pas le pouvoir du Sceau me donnent cinquante rubis!
Avec un soupir, Revali les lui tend, mais elle les refuse en bredouillant:
- Non, toi c'est bon... C'est gratuit!
***
Au bout de quelques heures, nous atteignons la Citadelle. Rauru et l'armée d'Hyrule nous y attendent, désespérés:
- Ah, mes enfants, mes enfants, quelles inquiétudes! Est-ce que tout le monde va bien?
A ses côtés, Astor s'excuse:
- Je suis vraiment désolé, pour le champ de force. Dès le premier jour du projet "Breath of the Wild" je me suis fait capturer par des monstres, qui sont parvenus à altérer mon pouvoir de moitié... Mais je suis heureux de constater que la plupart d'entre vous s'en tire bien.
- Astor! le réprimande Rauru. Ce n'est pas de votre faute, vous n'avez pas à vous en justifier!
Le magicien fait face au directeur, des larmes aux yeux.
- Peut-être que si j'avais su me défendre contre ces misérables... Personne ici n'aurait succombé...
Je ne sais pourquoi, mais j'éprouve une colère sourde en l'apercevant. En effet, s'il avait su se défendre contre ses ennemis... Non c'est absurde, il n'y est pour rien. Il a souffert, comme nous.
Une cérémonie est organisée au temple du Temps pour rendre hommage aux quinze élèves morts. Une statue de guerrière est érigée en l'honneur de Riju. A ses pieds, Saria fait pousser des Princesses de la Sérénité, ces fleurs magnifiques et très rares, qu'on retrouve souvent près des Grandes Fées. Quant à moi, je passe quelques jours au château, afin de célébrer l'éveil de mon pouvoir. Mon père se montre tout aussi froid qu'à l'accoutumée, mais il me félicite quand même. Enfin, arrive le moment crucial: la remise des diplômes.
- J'arrive pas à croire que c'est toujours d'actualité, s'énerve Ruto. Après tout ce qu'on vient de subir?
- On subira pire, rétorque Mipha, quand Ganon s'éveillera.
Nous sommes réunis dans le hall de l' École des Sages, celui où nous nous sommes réunis, la première fois. Sur l'estrade, Astor à ses côtés, Rauru, vêtu de son habituelle robe rouge et miel, annonce:
- Jeune gens, voici le moment tant attendu, pour lequel vous oeuvrez depuis le début de l'année. Aujourd'hui, j'ai décidé, malgré les... circonstances qui ont poussé certains à la mort (Nayru ait leur âme!), de vous rappeler que pour ne pas connaître pire sous la menace du Roi-Démon, vous vous devez d' œuvrer pour Hyrule. Vous devez imiter les légendes, qui ont tracé un chemin précis que nous suivons, selon une tradition séculaire. Je procéderai désormais à l'appel des noms... Seuls dix élèves sur les cinquante seront aptes à passer la deuxième année. Je décerne en ce jour le diplôme de sage à ...
Dumoria!
Scaff!
Pru'ha!
Yunobo!
Faras!
Orlène!
Guly!
Asarim!
Célès!
Eeeet... Asphar!
Nous nous regardons, hébétés. Aucun de nos amis, si ce n'est Dumoria, n'a été appelé! Je n'ai pas le temps de me lamenter, que le directeur reprend:
- Mais, j'ai également une annonce exceptionnelle à vous faire. Aujourd'hui, quatre d'entre vous rejoindront ce que seuls trois dans l'histoire (dont moi) sont parvenus à faire... Quatre élèves de première année se sont éveillés en tant que Sages Légendaires. Que s'avancent, sur le podium, à l'appel de leur prénom...
- Ruto, Sage de l'Eau.
La jeune zora s'avance, avec fierté. Comment est-ce que...
- Mipha, sage de l'Esprit.
Mon amie grimpe sur le podium, éberluée. Ouah... Sage Légendaire?
- Médolie, Sage de la Terre.
La jeune Piaf secoue la tête.
- Il doit y avoir erreur.
- Il n'y a pas d'erreur, répond Astor avec un sourire bienveillant.
Elle les rejoint, déboussolée, manque de trébucher un nombre incalculable de fois...
- Et enfin, Saria, sage de la Forêt.
Link et moi contemplons toutes nos amies rayonnantes sur l'estrade. évidemment, je suis heureuse pour elles... Mais je ne puis m'empêcher de penser à moi. Mon père aura vent de mon échec, probablement... Je vais devoir rentrer chez moi, où l'absence de ma mère semble planer indéfiniment. Enfin, Link connaîtra pire... Il retrouvera la sienne...
Mon monde s'effondre. je suis prise de vertiges, et les larmes coulent d'elles-mêmes.
Notre directeur se racle la gorge.
- Une nouvelle exceptionnelle m'est également parvenue. Si j'avais cru trouver, ici, en ma propre école, le Héros, et la représentante de la Déesse... Que s'avancent ceux qui joueront un rôle capital dans le destin du monde, selon d'ancestrales prophéties! Je suis certain qu'ils sauront se reconnaître!
Il n'appelle personne, laissant rejoindre les heureux élus de leur plein gré.
Mido s'avance de son habituelle démarche d'enfant.
- C'est môa, le grand Mido, qui suis l'illustre héros! Et Saria est l'élue de la Déesse, par la même occasion! Nous sommes amoureux, et lui offre un pot confectionné par mes meilleurs esclaves... EUH ARTISANS KOKIRIS!
Il en profite pour déposer un vase sur l'estrade. Médolie s'approche, afin de l'examiner... Et malheureusement tombe, emportant l'oeuvre des meilleurs "artisans" de Mido. D'ailleurs, mon père n'a-t-il pas aboli l'esclavage il y a quelques années? Il faudra que j'en touche deux mots à l'arbre Mojo.
- Bah bravo, la Sage de la Terre, se moque Revali.
- Au lieu de te moquer de ta douce et tendre amie, Revali, ramasse donc ces morceaux d'argile, réplique Rauru (avec un clin d'oeil). Quant à toi, Mido, regagne ta place. Sauf ton respect, je m'adressais à... quelqu'un d'autre. Link, Zelda, puisque vous êtes visiblement trop modestes pour vous désigner de vous-mêmes, venez ici, je vous prie.
Nous recevons un tonnerre d'applaudissements. A mes côtés, mes amis rayonnent, et saluent les autres (est-il bon de préciser que Mido boude dans un coin)
- Peuh...Cette gourdasse de Médolie, Sage Légendaire? Et ce minus, héros? Avec ça, Hyrule va dans le mur, moi je vous le dis!
Je...je suis la représentante de la Déesse? Cela explique probablement ma vision d'Hylia, mais... pourquoi a-t-elle tant tardé à se manifester en moi? Et, surtout, saurais-je à nouveau utiliser ses pouvoirs? Dois-je en parler à Link? A mon père? A Kaepora Gaebora (Rauru)? à...
Astor?
Coucou!!! Petit rappel, plus qu'un chapitre avant la fin du tome! Et (même si vous le savez sans doute) merci encore à ma soeur!
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