Chapitre 9
Un jeune homme d'une trentaine d'année se trouve dans le hall des arrivées de LAX, l'aéroport de Los Angeles, avec une pancarte où figure les noms de Gibson et le mien. Il est basané et assez trapu. Ses cheveux sont bouclés et remontés en un chignon sur le sommet de son crâne. Il porte une chemise blanche, dont les deux premiers boutons sont ouverts et laissant apparaitre des auréoles de transpirations sous ses aisselles. J'espère que c'est à cause de la chaleur californienne...
A la vue de mon nom écrit noir sur blanc et brandi dans les airs, je ressens une certaine gêne et, immédiatement, je regarde autour de moi si personne n'a remarqué l'écriteau.
- Moi qui voulais me la jouer discret, je glisse à l'oreille de Gibson, alors que nous nous laissons descendre sur l'escalator.
La nervosité s'empare de moi. Et si j'allais être mal accueilli ? Je préfère ne pas y penser. Une casquette vissé sur la tête, des lunettes de soleil sur le nez et mon look de hippie raté, comme l'avait si gentiment souligné Mercy, c'est la parfaite panoplie du mec qui veut passer incognito.
En arrivant en bas de l'escalator géant, nous nous dirigeons vers le détenteur du panneau. Il s'approche de nous avec un grand sourire, avant de baisser sa pancarte. Il serre la main de Gibson, qui le gratifie d'un sourire.
- Hassan, mon ami ! lui dit Gibson avant de le prendre dans ses bras.
Lorsqu'ils mettent fin à l'accolade, le scénariste se retourne vers moi.
- Hero, je te présente Hassan Hamidi, notre régisseur et ton chauffeur pour la durée de la production du film.
Je souris à l'homme, en lui disant que c'est un plaisir de faire sa connaissance. Il me tend sa main, que je serre avec plaisir, me retournant mon compliment.
- J'espère que votre vol s'est bien passé, nous dit-il en se dirigeant vers les tapis roulants où défilent les bagages.
De prima bord, ce jeune homme me semble très sympa. Gibson lui assure que le voyage s'est bien passé, malgré quelques turbulences lorsque nous survolions les plaines du Midwest. Après avoir récupéré nos bagages, nous nous élançons vers la sortie.
A travers les vitres de la voiture, je redécouvre la ville dans laquelle j'avais vécu il y a quelques années. J'avais oublié les palmiers qui bordent les routes, le Pacifique qui lèche les côtes de ses grosses vagues et cette ambiance qui n'appartient qu'à cet état ensoleillé. Je suis heureux d'être ici.
Quelques minutes plus tard, la voiture se gare devant un immeuble en plein centre ville. Nous en descendons et pénétrons dans le bâtiment d'en face, composés de bureaux à louer. L'ascenseur monte jusqu'au huitième étage. Lorsque les portes s'ouvrent, je découvre une immense pièce très éclairée par le soleil entrant par les immenses baies vitrées. Cinq personnes sont présentes, toutes assises derrière leur bureau. Une grande table ronde est installée au fond de la pièce, en face d'un énorme tableau où figurent déjà plein de gribouillis que je n'arrive pas à déchiffrer. Sur les murs, pleins de feuilles et de pense-bêtes sont accrochés. En nous rapprochant, je remarque qu'il y a trois filles et deux garçons.
Gibson passe un bras derrière mon épaule.
- Hero, je te présente mon équipe de choc ! m'annonce-t-il fièrement. Les amis, regardez un peu qui j'ai débusqué en Angleterre.
Les gens se tournent vers nous. J'enlève mes lunettes de soleil. Certains sont étonnés de ma présence -- deux des filles, en tout cas -- tandis que les trois autres me toisent, ne sachant pas quoi penser de ma venue. Ils se lèvent et viennent vers nous.
Les deux filles étonnées me gratifient de leur plus beaux sourires en venant vers nous.
- Voici Sarah, m'apprend Gibson, notre assistante réalisatrice.
La jeune femme brune me prend dans ses bras, ce qui m'étonne un peu. Elle est grande et mince, habillé d'un débardeur jaune et d'un jean skinny délavé. Ses cheveux sont courts et coiffés en pic. Elle porte une dizaine de boucles à chaque oreille. Malgré ma retenue, son entrain est contagieux et je lui rends son étreinte.
- Franchement, je n'arrive pas à croire que tu sois là ! Je veux dire... Tu es Hero Fiennes-Tiffin, l'un des meilleurs acteurs de ta génération ! Waouh ! Je ne sais pas ce que Gibbs t'a dit pour te convaincre, mais je suis heureuse que tu ais accepté le rôle !
Ses mots me vont droit au cœur. Je ne m'attendais pas à un accueil si chaleureux.
- Euh... merci, je lui réponds, embarrassé. Je ne sais pas si je suis l'un des meilleurs, mais je vais faire de mon mieux pour défendre ce rôle et ce film.
Son sourire redouble avant qu'elle ne retourne à son travail. La seconde fille s'avance vers moi. Elle ne ressemble pas du tout à la première. Elle est assez petite et ronde. Elle porte des lunettes rondes, un peu plus grandes que celles de Gibbs et arbore une coupe au carré avec une frange. Elle est vêtue d'un t-shirt blanc avec les armoiries de Captain America, ainsi qu'une jupe longue noire lui arrivant presque aux chevilles. Un ensemble vestimentaire très... intriguant. Des tâches de rousseurs parsèment son visage potelé.
- Et nous avons Myra.
Elle me fait un grand sourire, mais je la sens sur la réserve.
- Je... je suis... j'adore ton travail, bégaie-t-elle, en détournant le regard. En fait, je... je suis fan de toi...
Elle rougit au fur et à mesure qu'elle parle. Je ne peux réprimer un sourire devant sa réaction.
- Merci beaucoup, Myra. Je suis ravi de te rencontrer et...
Alors que je n'ai pas le temps de terminer ma phrase, elle me saute dans les bras. Je recule un peu sous l'effet de son élan et de la surprise. Gibson essaie de me défaire de son emprise et je dois avouer qu'il y a de la force dans ce petit bout de femme.
- Myra, Myra...calme-toi, lâche-le, lui demande gentiment Gibson, tandis que la jeune femme desserre son étreinte.
Elle continue de me fixer de ses yeux marrons rieurs.
- Désolée, mais... je t'aime tellement ! lâche-t-elle en faisant de grands gestes.
Même si elle est un peu étrange, je suis touché par son amour. cela faisait longtemps que je n'avais pas reçu de témoignages aussi encourageants et, en voyant ces deux jeune femmes, je suis de plus en plus certain que j'ai pris la bonne décision en revenant ici.
- Merci. Et tu fais quoi, exactement ? je lui demande, pour changer de sujet.
- Je suis la costumière ! s'exclame-t-elle avec entrain.
- Vraiment ? je lâche, abasourdi.
Elle hoche la tête, ne remarquant pas l'ironie de la situation.
- On ne dirait pas comme ça, mais elle est plutôt doué, chuchote Gibson dans mon oreille.
Je pouffe de rire dès qu'elle nous tourne le dos, repartant à ses occupations. La troisième fille vient vers nous. Elle est encore différente des deux premières : elle arbore un style garçon manqué, avec une casquette à l'envers cachant ses longs cheveux bruns gris. Elle est également plus âgée. La quarantaine, très certainement. Elle porte une chemise bleue, avec un t-shirt en dessous dont le slogan "Error 404" apparait sur sa maigre poitrine.
- Je te présente Billie, notre chef opérateur.
- Ravie de te rencontrer, Hero, me dit-elle d'une voix rauque, trahissant son addiction à la cigarette.
Avec un grand sourire, elle me sert la main sans grande démonstration d'affection, dont je la remercie. Les deux garçons viennent à mon encontre.
- Et pour finir, nous avons Mike et Jasper, qui travaillent sur les décors du film.
Je les gratifie d'un sourire et après nous être serrés la main, ils s'en retournent également à leur travail, comme le reste de l'équipe.
- Je sais que pour l'instant, ça ne paie pas de mine, mais ça va être quelque chose d'exceptionnel. Nous ne sommes pas encore au complet, mais je peux t'assurer que ces gens-là sont compétents et qu'ils sont motivés, m'explique Gibson, alors que nous nous dirigeons vers la grande table.
Hassan est installé au coin détente, un café à la main. Le scénariste me monte alors l'avancée du projet. Ils ont déjà commencé à faire des repérages quant aux potentiels lieux de tournages et des autorisations de tourner sont en attente de validation. Depuis le canapé, Hassan lui apprend qu'il a pu avoir du matériel cinématographique pour un bon prix.
- Je sais que tu es habitué à des productions bien mieux structurées que la nôtre et j'espère que ça ne te fera pas changer d'avis, s'inquiète-t-il.
En jetant un rapide coup d'œil à tout le travail qu'ils avaient abattu, je ne peux qu'être époustouflé par leur détermination.
- Ce sont des gens comme toi, et comme eux, qui savent ce qu'est l'essence du cinéma. Pas ces grosses sociétés de productions qui ne voient que le profit qu'ils peuvent tirer du prochain blockbuster... Peu importe le challenge auquel nous devons faire face, je t'ai dit que j'étais partant, alors mettons-nous au boulot !
Je lui donne une tape amicale sur l'épaule et nous nous mettons à rire. A ce moment-là, les portes de l'ascenseur s'ouvrent et une jeune femme débarque dans les bureaux. Son visage me semble familier, mais ce n'est qu'au moment où Gibson l'interpelle que je la reconnais.
- Jade, qu'est-ce que tu fais là ? lui demande le scénariste...
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Petite note de moi : ce chapitre (un chouïa plus long que les autres) est dédié à @MllexAngelique qui est une lectrice adorable qui laisse des commentaires super sympa et des compliments à vous faire rougir ! Elle écrit également une fiction que je vais m'empresser de commencer à lire !!! Alors, je vous encourage à faire de même !
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