Chapitre 8

Dans la foulée de mon retour du pub, j'ai appelé Gibson pour lui confirmer ma participation au film. Il était plus que surpris par la rapidité de ma réponse. Il me proposa alors de partir vendredi avec lui pour Los Angeles, afin de rencontrer l'équipe. Cela me parait un peu précipité, mais rien ne me retient vraiment ici. Professionnellement parlant. Et comme je sais que ma famille soutient cette décision, je n'ai pas la moindre hésitation lorsque j'accepte de retourner avec lui aux États-Unis.

La veille de mon départ, ma mère a organisé un diner avec mon père, mon frère et ma sœur, histoire de porter un toast à mon (second) nouveau départ. Chris et Henry étaient aussi de la partie. C'était la première fois qu'ils venaient dans la maison de mon enfance. Pour une dernière soirée en Angleterre, j'étais heureux de la passer avec les gens qui comptaient pour moi.

Le lendemain matin, le taxi qui véhicule Gibson vient me chercher au pied de mon immeuble. Il est 3.45 am et je suis encore tout endormi. Malgré la torpeur qui m'habite, pendant le trajet vers l'aéroport, je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine excitation. J'ai quand même un petit pincement au cœur en quittant ma ville natale.

Dans l'avion, je suis assis à côté de Gibson. Il veut en profiter pour faire le point avec moi avant de commencer les tables de lectures avec mes futurs partenaires. Je n'avais même pas songé une seconde aux autres acteurs qui rejoindraient le projet. Pour l'instant, il a trouvé des acteurs pour des rôles secondaires, mais il est toujours à la recherche de l'actrice qui va jouer le rôle de Violet. Je repère une fiche dans son énorme dossier avec une liste d'actrices. En lisant les premiers noms, je m'aperçois que je n'en connais aucune.

- Pour le rôle de Violet, je verrais bien Jade Walters... Tu la connais ? me demande-t-il, en me montrant une photo de l'actrice.

Elle est âgée de vingt-et-un et a travaillé jusqu'à présent dans des séries télévisées. Elle a tourné dans des clips musicaux et son expérience s'arrête là. Si elle était choisi pour incarner Violet, ce serait son premier grand rôle. Après avoir lui son CV, je m'attarde longuement sur sa photo. Elle a de magnifiques cheveux blonds ondulés ainsi que de grands yeux bleus très clairs. Ses lèvres sont très fines et son sourire éclatant. Elle a un visage très doux.

- Non, je n'ai jamais travaillé avec elle, je lui réponds.

- Je l'ai contactée pour faire des essais avec toi, dès demain, m'apprend-il. Elle est très enthousiaste à l'idée de travailler avec toi.

Je hoche la tête. J'étais un habitué des lectures de test d'alchimie, quand il y avait une histoire d'amour dans le scénario. Ce n'était pas ce que je préférais, mais on devait en passer par là pour être sûr de la bonne entente entre les deux acteurs et du potentiel qu'ils pouvaient dégager en tant que couple à l'écran.

- Avant de commencer le tournage, j'aimerais que tu fasses des recherches sur la dépression. Pour cela, j'ai contacté un centre spécialisé, un peu comme celui du film, qui a accepté que tu passes du temps avec certains de leurs résidents. Tu pourras leur poser des questions et t'imprégner de leurs histoires afin de construire ton personnage.

J'étais plus partant pour ce genre d'engagements. J'aimais construire mes personnages, faire des recherches à leur sujet s'ils avaient existé. Ça, c'était la partie que je préférais dans le job d'acteur : tout le travail en amont afin de délivrer la meilleure performance possible.

- Très bien. J'aurais combien de temps consacré à mes recherches ? je lui demande.

- Deux mois, répond-il. Le tournage ne devrait pas commencer avant. Ça me laissera le temps aussi de trouver des sponsors pour financer le film.

Huit semaines, c'est un peu court, mais je devrais bien pouvoir me débrouiller.

- Ah, et puis... ce serait bien si tu pouvais faire quelque chose pour tes cheveux. Brody les a courts et n'a pas de barbichette...

Il semble gêné, ce qui m'amuse.

- D'accord, je soupire.

De toute façon, je comptais m'en débarrasser. A Londres, je m'en fichais de ressembler à rien. La seule chose que je voulais c'était ne pas ressembler à Hero Fiennes-Tiffin, l'acteur déchu.

Nous avons ensuite abordé la question du salaire. Bien évidemment, étant donné qu'il s'agit d'une petite production indépendante, je n'exige pas des millions, mais arrive à un compromis avec lui : je suis prêt à investir des billes dans le projet et mon salaire consistera à toucher un pourcentage sur chaque billet de cinéma vendu. Rien d'autre.

Gibson est halluciné par ma proposition, qu'il accepte sans hésiter. Cependant, ayant vu la manière dont je vivais à Londres (une cage à lapin en guise d'appartement, un salaire de serveur), une question le taraude : d'où vient l'argent que je suis prêt à injecter ?

- J'ai encore quelques économies de ma belle époque, je réponds. Je touchais des salaires mirobolants et j'ai eu la bonne intuition de ne pas tout claquer en drogues et en soirées. A Londres, je ne voulais pas toucher à cet argent. Un peu comme s'il appartenait à quelqu'un d'autre... Alors, au lieu de dormir sur un compte, autant qu'il serve à mener à bien ce projet.

Le sourire déjà éclatant de Gibson s'étira encore plus.

- Je savais que je misais sur le bon cheval, se félicite-t-il en me tendant la main, que je serre avec joie.

Son enthousiasme est contagieux et je me prends à rêver soudain que ce film peut être un succès et peut-être la clé de mon retour à Hollywood...


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Petite note de moi : ce nouveau chapitre est cette fois dédié à @NorineBouhafs qui m'a fait part de son enthousiasme quant à mon travail ! Alors, ce chapitre est pour toi, en remerciement de ton soutien ! J'espère qu'il te plaira et que tu crieras le plus fooooort possible !!! T'es adorable et merci encore pour toutes les gentillesses que tu m'as écrites ! <3 <3 <3


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