Chapitre 7
Gibson McMillan a quitté mon appartement quelques minutes plus tôt. Il me laisse jusqu'à vendredi pour prendre une décision quant à ma participation à son film. Je dois avouer que son discours d'encouragement m'a fait du bien. Il a raison. Je dois me pardonner à moi-même avant de pouvoir avancer dans la vie, et dans la bonne direction.
J'ouvre la fenêtre pour fumer ma cigarette. Le scénario à la main, je commence à le feuilleter. Avant de partir, Gibson m'a confié que le rôle dans lequel il m'imaginait était celui du héros, Brody Bennett, un jeune homme souffrant de dépression chronique. L'histoire se passe dans un établissement spécialisé pour les jeunes en dépression ou ayant des tendances suicidaires. Apparemment, le personnage que je suis supposé jouer souffre des deux. Le voilà gratiné ! Il ne parle à personne, reste le plus souvent dans sa chambre et refuse la visite de sa famille. Quelques pages plus tard, une jeune fille fait son apparition dans l'espèce d'hôpital psychiatrique. Elle porte une camisole de force. Depuis sa chambre, Brody l'aperçoit et un regard est échangé. Il est intrigué par cette nouvelle arrivante.
Je tourne les pages, surpris de me retrouver captiver par cette histoire. Quelques scènes plus loin, Brody interagit enfin avec Violet, la fille du début. Au fil des répliques, ils semblent se lier d'amitié. Il lui demande pourquoi elle est arrivé aussi menotté. Elle lui avoue qu'elle a tué toute sa famille sur un coup de colère et que le tribunal l'a jugée instable tout en la condamnant à une peine de 15 ans en institut spécialisé. Dans les mots de la jeune fille, on peut sentir une certaine violence se dégager. Et Brody semble attiré par sa noirceur. Lui-même a été admis dans cet hôpital à la suite d'une tentative de suicide après que sa petite amie l'ait quitté. Quelle mauviette, je pense.
En arrivant aux dernières scènes, je suis complètement happé par l'histoire. Et le twist de la fin me laisse sur les fesses ! Il y a des métaphores sur la culpabilité, sur le fait d'accepter les conséquences de ses actes... Vraiment, ce Gibson est doué pour raconter des histoires. Le personnage qu'il m'offre pourrait me permettre de montrer une autre facette de mon jeu d'acteur. Après tout, je n'avais tourné que dans des productions où je jouais les bad boys ou les petits délinquants. J'avais envie d'autre chose.
Je sors au pub du coin de la rue, celui où j'ai l'habitude de me rendre. J'ai appelé ma sœur pour qu'elle me rejoigne. Je m'en voulais de la façon dont les choses s'étaient déroulées plus tôt dans la journée et je voulais me faire pardonner. Je m'installe à une table et, quelques secondes plus tard, je repère le manteau kaki de Mercy. Je lui fais un bref signe de la main pour attirer son attention. Elle se dirige vers moi et enlève sa veste avant de prendre place sur le tabouret. J'avais déjà passé commande avant qu'elle arrive. Une pinte de bière est devant moi, tandis que je lui ai pris un Coca. Elle fronce les sourcils en regardant la bouteille noire.
- Un Coca ? Tu sais que j'ai dis-huit ans ? râle-t-elle.
- Je suis ton grand frère, je ne vais pas t'inciter à te soûler, je la réprimande avec un sourire.
Elle arrête de faire la moue et me renvoie mon sourire.
- Alors, comme ça, tu as discuté avec Gibson toute la semaine ? Derrière mon dos ? je lui demande, calmement.
- Tu ne voulais pas en discuter et, en partant de chez toi, j'ai attrapé un bout de la lettre qui trainait par terre, où figurait son adresse mail, m'explique-t-elle. Je savais que c'était la bonne chose à faire et je ne vais pas m'excuser de me préoccuper de ton bien-être.
Je baisse la tête, un sentiment de culpabilité m'accapare.
- Non, tu n'as pas à t'excuser. C'est moi qui dois te présenter des excuses, lui dis-je, en la voyant écarquiller les yeux. Je me suis comporté comme un con et, cet après-midi, mon entrevue avec le scénariste m'a ouvert les yeux.
Ses yeux sont tellement ronds qu'ils sont à deux doigts de quitter leurs orbites.
- Donc, ça veut dire que...ça veut dire que...
- Oui, je pense que je vais accepter le rôle, j'admets en levant les yeux au ciel, sans pouvoir réprimer un sourire.
Mercy en tombe presque de son tabouret et se met à hurler de joie.
- Oh ! Je suis tellement heureuse de t'entendre dire ça ! s'écrie-t-elle en me sautant dans les bras.
Je remarque que tous les regards sont braqués sur nous. Elle continue de pousser des petits cris aigus qui continuent d'attirer l'attention. J'essaie de la calmer. Elle reprend sa place autour de la table.
- Il n'y a que des bonnes nouvelles cette semaine. Entre ma série et ton film... s'enthousiasme-t-elle.
- Attends, attends... de mon côté, rien n'est fait... Le scénario est vraiment génial, mais y'a zéro production derrière, je ne sais pas comment il compte financer le projet, mais c'est déjà un pas dans la bonne direction, j'admets.
Elle me regarde, ses yeux bleus remplis de tendresse.
- Je savais que t'allais dire oui, dit-elle, en sirotant une gorgée de son soda.
- Tais-toi et raconte-moi un peu comment va se passer ton tournage, je lui demande, en levant les yeux au ciel, une nouvelle fois.
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Petite note de moi : aujourd'hui, je tiens à dédier ce chapitre à @AnaFlyx qui écrit une super fiction que je vous recommande chaudement ! Et en plus, elle est super sympa :) Douée et gentille ! Foncez lire sa fiction :) Vous ne serez pas déçu !
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