Chapitre 62

Stella est toujours dans mes bras, paisiblement endormie. J'ignore depuis combien de temps je suis ici. Tout ce que je sais c'est que, depuis que je me suis glissé dans ce lit, je n'ai pas bougé d'un millimètre. Je peux sentir sa respiration faible mais régulière et,  pour une raison que j'ignore, je me sens terriblement apaisé à son contact, malgré la gravité de la situation.

Toutes les heures environ, une infirmière vient relever les dernières données, sans indiquer si la méthode du corps à corps fonctionne. Avec la faible luminosité ambiante, je n'arrive pas à distinguer son expression. Elle m'a seulement appris que le docteur Gallagher avait dû retourner à GoldenBay House pour une urgence. Il m'a semblé qu'elle m'a dit que quelqu'un avait vandalisé la cuisine, ou quelque chose dans ce genre. Comme je m'inquiète pour Freddie, j'avais immédiatement pensé qu'il avait fait une connerie. Plusieurs fois, elle m'a conseillé de dormir et, même si je suis épuisé, je suis sur le qui-vive, au cas où il y aurait un changement dans l'état de Stella. Et puis, les divers bips qui résonnent continuellement dans la pièce me tiennent également éveillé.

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J'ouvre les yeux avec difficulté. Je ne sais pas comment, mais j'ai réussi à m'endormir. Cela faisait une éternité que je n'avais pas aussi bien dormi. La dernière fois était après notre escapade à la plage. La clarté de la chambre m'éblouit, m'indiquant que la matinée est déjà entamée. Je plisse les yeux tout en m'étirant. Je baille avant de tourner la tête vers Stella. Je me redresse d'un coup quand je réalise qu'elle n'est plus à côté de moi. Un sentiment de panique m'envahit immédiatement et je me rhabille en quatrième vitesse pour partir à sa recherche. S'est-il passé quelque chose pendant que je dormais ? Comment ai-je fait pour ne pas m'en apercevoir ? Les pires scénarios défilent dans ma tête alors que j'arrive en trombe dans le couloir. Les cheveux en bataille, mon tee-shirt blanc à moitié enfilé, je cherche du regard une des infirmières qui s'occupent de Stella. Rapidement, mes yeux s'arrêtent sur l'employée qui est en charge de son cas. Je me précipite vers elle, en panique.

- Madame ! Madame ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est Stella ? je demande, en posant une main sur son épaule, pour lui signifier ma présence.

La petite bonne femme se retourne vers moi et m'adresse un sourire. Pourquoi elle sourit ?

- Jeune homme, calmez-vous, me dit-elle d'une voix posée. Votre amie est dans une autre chambre, en train de se faire ausculter.

Je ne comprends pas ce qui se passe. J'essaie de poser ma question, mais la tête me tourne et j'ai un peu de mal à respirer. L'infirmière s'en aperçoit et m'invite à m'assoir sur un des sièges du couloir.

- Respirez, me conseille-t-elle. En aidant mademoiselle Atkins, vous avez également perdu de la chaleur corporelle, vous affaiblissant à votre tour. Vous devez laisser le temps à votre corps de récupérer, ce qui se fait assez rapidement, je tiens à vous assurer. Mais évitez de vous mettre dans des états de panique comme ça.

J'écoute ses conseils et commence à me calmer. Je baisse la tête pour essayer de faire le vide et de me focaliser sur ma respiration. Mais je veux savoir comment va Stella.

- Grâce à vous, votre amie s'est réveillée, m'apprend-elle en souriant franchement. Elle est encore très faible, mais elle a ouvert les yeux.

Je relève brusquement la tête vers elle, abasourdi. Je n'arrive pas à en croire mes oreilles. Stella est réveillée et bien vivante. Je me redresse sur mes pieds et surplombe la petite infirmière de toute ma hauteur.

- C'est un très bon signe ! Maintenant, nous devons procéder à plusieurs tests pour déterminer les séquelles que son hypothermie a engendré.

- Est-ce que je peux la voir ? je demande, plein d'espoir.

Elle sourit de nouveau et hoche la tête. D'un signe de la main, elle me suggère de la suivre. Je ne me fais pas prier et la talonne de près. Nous marchons sur une courte distance, mais j'ai l'impression que les mètres qui me séparent de Stella sont infinis. L'employée de l'hôpital finit par s'arrêter devant une porte en bois. Contrairement à la précédente chambre, il n'y aucun moyen de voir à travers. Elle frappe et entre en premier, sans me laisser l'occasion de l'apercevoir. La frustration me guette, mais je suis certain qu'elle a de bonnes raisons. Quelques secondes plus tard, elle ressort, suivi d'un médecin que je n'avais pas encore vu.

- Vous pouvez la voir, mais pas longtemps, m'annonce l'infirmière. Elle a besoin de se reposer.

C'est déjà mieux que rien. J'acquiesce et l'infirmière s'éloigne. Le médecin, grand et mince, avec une moustache aussi blanche que ses cheveux pose son regard sur moi.

- Comment va-t-elle, docteur ?

- Elle a eu beaucoup de chance de se réveiller, commence-t-il. Et vous y avez grandement contribué. La médecine a beau avoir fait des progrès dans de nombreux domaines, parfois il faut savoir regarder en arrière et utiliser des vieilles méthodes d'antan. Comme vous l'a dit l'infirmière, elle est très faible et je ne peux pas me prononcer sur son état. Mais elle a l'air d'une battante et elle semble avoir des personnes qui tiennent à elle...

Il me regarde avec insistance en prononçant cette dernière phrase, avant d'esquisser un léger sourire. Il me fait un bref signe de tête avant de se retirer à son tour. La porte est entrouverte et, j'ignore pourquoi mais j'hésite à entrer. A vrai dire, j'ai peur de constater son état. Même si je l'ai vue endormie, les séquelles que sa condition a pu engendrer me terrifient. Qu'importe, l'envie de la voir est plus forte.

Je pousse doucement la porte en bois et je la vois allongée dans le lit. Ses yeux sont fermés et sa tête est tournée dans ma direction. Elle n'est plus affublée de toutes ces couvertures de survie, seulement d'un plaid et de draps. Ses bras sont posés sur le lit. Je remarque qu'elle a retrouvé de jolies couleurs sur ses joues, malgré la présence des cernes violacées. Je n'arrive pas à réaliser qu'un simple contact physique puisse faire des miracles. Je m'approche lentement d'elle, hésitant à la réveiller. Même si elle était dans le coma jusqu'à présent, elle doit cependant être épuisée. Mais je m'en fiche, je resterai là, quitte à la contempler dans le silence le plus total.

J'attrape une chaise que je ramène en évitant de faire grincer les pieds sur le sol vers le lit. Je la pose en essayant de faire le moins de bruit possible. Je m'assieds et me penche vers elle. J'ai envie de saisir une de ses mains, mais je ne veux pas troubler son sommeil. Mes yeux remontent vers son visage. Sa bouche est à moitié entrouverte et un son trop mignon sort de ses lèvres à chaque inspiration. Je ne peux m'empêcher de sourire.

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Je sens quelque chose... quelque chose dans mes cheveux. Ma tête est posée sur mes bras croisés, sur le bord du lit. Je la relève soudain, réalisant que je me suis de nouveau endormi. Je mets quelques secondes à retrouver mes esprits, à savoir où je suis. Mais lorsque mes yeux se plantent dans le bleu azur de ceux de Stella, mon cœur manque un battement et un sentiment de plénitude m'envahit. Un large sourire est dessiné sur son visage fatigué. Elle retire sa main de ma tignasse avec difficulté, sans rompre le contact visuel. Je me mets à sourire, à mon tour, comme un idiot.

- Mon... Hero, prononce-t-elle avec difficulté, d'une voix éraillée.

L'entendre dire mon prénom est quelque chose que je ne croyais plus revivre. Je m'approche un peu plus d'elle et saisis sa main. Elle n'est pas chaude, mais tiède. Même en l'ayant gardée près de moi toute la nuit, j'ai besoin encore et toujours de la toucher.

- Comment tu te sens ? je lui demande.

- Comme... si je... revenais... d'une... ex... expédition... pol... polaire, bafouille-t-elle en souriant.

Je rigole à son trait d'humour. Malgré tout, j'ai envie de savoir ce qui lui as pris d'aller se jeter dans cette eau glacée. Mais, pour l'instant, je ne veux pas l'accabler. Soudain, la bonne humeur que je lisais sur son visage fait place à une expression grave.

- Je suis... désolée, murmure-t-elle.

Je sais à quoi elle fait référence. Mais je ne veux pas gâcher nos retrouvailles en évoquant les problèmes. Ils seront au rendez-vous quand nous rentrerons à GBH.

- Hey, hey, hey... l'essentiel, c'est que tu sois tirée d'affaire. Le reste, on s'en fout, d'accord ? lui dis-je, en caressant sa joue et en sondant son regard.

Il hoche la tête. Elle pince ses lèvres et se met à pleurer. Je me lève et m'assois sur le bord du lit pour la prendre dans mes bras. Elle pose sa tête sur ma poitrine et agrippe mon tee-shirt avec le peu de force qui lui reste.

- J'ai... j'ai... besoin... de... de... toi, lâche-t-elle dans un sanglot, sa voix se brisant.

J'embrasse le sommet de son crâne, en la serrant un peu plus contre moi. Une larme roule sur ma joue, en entendant le désespoir dans sa voix.

- Je suis là, je n'irais nulle part, je te l'ai déjà dit, je lui rappelle, en reniflant. Et cette fois-ci, je te le promets.

Stella relève la tête vers moi, pendant que je baisse la mienne vers elle. Ses yeux bleus rougis entrent directement en contact avec les miens.

- Moi aussi, j'ai besoin de toi, je murmure, alors qu'une seconde larme coule.

Je suis aussi désespéré qu'elle. C'est la vérité. La magnifique jeune femme blonde dans mes bras pose sa main sur ma joue pour essuyer la goutte d'eau avec son pouce. Son geste est à la fois tendre et doux. Je ferme les yeux pour savourer ce moment. Puis, elle fait glisser sa main jusqu'à mon cou pour attirer mon visage plus près du sien. Nos fronts se touchent. Lorsque je les rouvre, ses iris couleur océan me scrutent au plus profond de mon âme, jusqu'à ce qu'ils bifurquent sur mes lèvres. Sa respiration est saccadée, due à ses pleurs.

- Je... dois... te dire... quelque... chose... chuchote-t-elle, en remontant son regard vers moi. Tu... mérites de... sa... savoir... la... vérité...


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Petite note de moi n°1 : aujourd'hui, je voudrais dédier ce chapitre à @PaulineH98 qui est une super lectrice et dont les avis sont toujours pertinents ! Je te remercie de ton soutien et de tes encouragements qui me touchent énormément ! J'espère que ce chapitre te plait ! En tout cas, j'en suis assez fière pour ma part !! <3 <3 <3

Vous l'aurez compris, les dédicaces sont de retour ! Alors, si vous voulez votre chapitre à vous, n'hésitez pas à commenter et à voter... Je vous vois !!!

Petite note de moi n°2 : Je suis tellement heureuse que #Hella soit de retour que j'ai posté une photo différente pour ce chapitre... parce que je trouve qu'elle va très bien avec les scènes que je décris... Voilà voilà !

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