Chapitre 6
Nous nous installons dans le salon. J'attrape une bière que je tends à mon invité inattendu. Il semble un peu plus à l'aise qu'il y a quelques minutes. Il prend place sur le fauteuil en cuir marron usé près de la fenêtre. Je me rassois sur le canapé. Un étrange silence flotte entre nous. Il ne semble pas décider à prendre la parole en premier, donc je me lance.
- C'est la... C'est la première fois que vous venez à Londres ? je lui demande, ne sachant pas quoi lui dire.
- Euh... Je suis déjà venu en Angleterre, mais c'était en voyage scolaire et... j'avais bien aimé... C'est très différent de Los Angeles et des États-Unis en général, me répond-il en souriant de manière crispé.
Visiblement, je le mettais mal à l'aise. J'avais l'impression qu'il avait peur de moi. En même temps, la première fois qu'il m'a vu, j'ai fait une scène chez mes parents. L'après-midi va être longue si nous continuons comme ça.
- Parlez-moi de vous, dis-je. Comment en êtes-vous venu à devenir scénariste ?
Ma démarche lui redonne confiance. Il se redresse sur le fauteuil avant de prendre la parole.
- Je suis né à San Diego, il y trente-et-un an. Mes parents ne sont pas du tout du milieu. Mon père est docteur et ma mère institutrice. C'est elle qui m'a donné le goût des histoires et de l'écriture. Après le lycée, j'ai poursuivi mes études à Los Angeles, en intégrant une école de cinéma. Je me suis spécialisé dans l'écriture de scénario et, pourquoi pas, plus tard, réaliser mon premier court-métrage.
Je dois reconnaitre que ce jeune homme est plein d'ambition, ce que je respecte.
- Et y'a-t-il des films connus dont vous êtes l'auteur ? je l'interroge.
Gibson se raidit. Le peu de confiance qu'il avait regagné est aussitôt repartie. Je fronce les sourcils devant ce changement de comportement.
- A vrai dire... je... ce projet... Je suis en pourparlers avec une boite de production... mais...
- Attendez, vous êtes en train de me dire qu'aucun financement n'est prévu pour ce film ? je lui demande, en me penchant vers lui. Il n'y a aucun producteur, ou même d'investisseurs prêt à s'associer au film ?
Il se renfonce dans le fauteuil, visiblement effrayé par ma réaction.
- J'ai pensé qu'avec votre participation au projet... peut-être que...
Je me mets à rire.
- Ma participation ? Vraiment ? Vous pensez que mon nom va attirer les boites de productions ? Vous avez misé sur le mauvais cheval, mon gars ! Plus personne ne veut de moi à Hollywood !
Je bois une gorgée de bière, en me laissant tomber sur le dossier du canapé. Gibson me fixe, vexé par ma moquerie.
- Vous avez bientôt fini de jouer les martyrs ? s'exclame-t-il, en colère. On sait tous ce que vous avez fait, mais il serait temps de dépasser tout ça, vous ne croyez pas ? Okay, vous n'avez pas fait de prison, mais est-ce une raison pour vous punir continuellement ?
Je suis surpris par son nouveau changement d'humeur. Cette fois-ci, il se penche vers moi.
- Ce film est ce qu'il vous faut pour combattre vos démons, m'affirme-t-il. Comme je vous l'ai dit dans ma lettre, je vous admire, j'admire votre travail. Et l'amour que vos fans vous louaient ne disparait pas comme ça, en un claquement de doigts. Certes, votre attitude a déçu, mais quoi de mieux que de se faire pardonner ? Mais d'abord, vous devez vous pardonner à vous-même.
Il semble extrêmement convaincu par ce qu'il dit. J'ai envie de le croire. Mais comment me pardonner ce que j'ai fait ? Je soupire en réalisant qu'il a raison. Je me redresse et cette fois-ci, il ne recule pas.
- Est-ce que... est-ce que vous avez un double de votre scénario ? je lui demande.
Un grand sourire apparait sur son visage, avant d'y lire de la confusion.
- Je croyais vous en avoir envoyé une copie...
Je jette un rapide coup d'œil vers la cuisine.
- Disons que je me suis un peu... enflammé en trouvant votre courrier, je mens en souriant.
Il attrape, dans sa sacoche, une copie du scénario qu'il me tend. Je regarde la première page où le titre est écrit en caractère gras au centre.
- "Dying To Love You", lis-je en levant un sourcil interrogateur.
- C'est un titre provisoire, me rassure-t-il.
- J'espère que ce n'est pas une histoire d'amour cucul la praline, avec des ados malades qui tombent amoureux, je lance.
- Certes, il y a une histoire d'amour, mais je la raconte d'une manière tout à fait inédite, m'explique-t-il. Écoutez, je vous invite à le lire et vous me dîtes ce que vous en pensez. Je suis prêt à faire des changements s'il le faut...
Je capitule devant ses arguments.
- Très bien, je vais lire votre scénario. Par contre, si j'acceptais de tourner dans votre film, étant donné que vous n'avez aucune équipe, aucune production derrière vous, comment ça va se passer ?
- Je n'ai jamais dit que je n'avais pas d'équipe avec moi, répond-il d'un air malicieux. Je sais que ce que je vous demande est très risqué, mais j'ai tellement foi en ce projet que je suis certain que ça va marcher. Maintenant, une seule question se pose : Hero, êtes-vous partant pour cette aventure ?
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Petite note de moi : Je n'ai pas l'habitude de faire ça, mais j'ai envie de dédier ce chapitre à @world_of_dream qui est une super lectrice et une super écrivain aussi ! Je vous invite à lire sa fiction, elle est tout bonnement géniale !!!
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