Chapitre 32

- Je sais ce que tu essaie de faire, mais ça ne fonctionnera pas, je lui assure.

Stella continue de me fusiller du regard. J'ignore la raison de son changement de comportement, mais je découvrirai le pourquoi du comment d'une manière ou d'une autre.

- Alors, tu es encore plus pathétique que je le croyais ! raille-t-elle en lâchant un rire qui me glace le sang. Tu es comme un petit chien qui me suit partout ! Tu n'en as pas marre de tout ça ?

Sa méchanceté se transforme en cruauté. J'encaisse, même si la colère bouillonne en moi. Elle n'est clairement pas elle-même. A-t-elle pris son traitement ? M'a-t-elle menti sur sa condition ? Parce qu'elle me fait penser à une bipolaire doublée d'une schizophrène en cet instant...

- Tu ne le penses pas, je réplique.

Elle se contente de secouer la tête, un rictus mauvais sur le visage. Je suis certain qu'elle joue la comédie. Depuis l'incident du plaid, les choses ont changé entre nous. J'aimerais tellement savoir quel est le problème avec cette satanée couverture. Je décide de la confronter directement. De toute façon, rien ne peut être pire qu'en ce moment !

- Pourquoi t'as tapé une crise à cause de ta couverture ? je lui demande, intrigué et énervé par son attitude.

Ma technique semble fonctionner et, la prendre à contre courant la déstabilise complètement. Son visage furibond exprime désormais l'étonnement.

- Ça ne te regarde en rien ! marmonne-t-elle en serrant le tissu un peu plus autour d'elle.

Elle est nerveuse et embarrassée. Son secret est donc directement ou indirectement relié à cet objet étoilé. Je dois en savoir plus, malgré sa résistance. Je me fiche de la pousser dans ses retranchements.

- Qu'est-ce que tu caches derrière cette barrière de tissu ? T'as peur que les gens te voient telle que tu es ?

Cette façade de dureté commence à s'étioler. Son regard s'affole légèrement. Je tiens le bon bout. Je déteste avoir à en passer par là, mais elle ne me laisse pas le choix.

- Sors de ma chambre ! m'ordonne-t-elle.

- Je ne bougerais pas tant que je n'aurais pas des réponses.

Mon ton se veut calme, même si, en moi, c'est un tourbillon d'émotions que ne demande qu'à exploser. Elle doit être dans le même état que moi, ses yeux s'humidifiant de plus en plus.

- Pourquoi ? Pourquoi veux-tu en savoir tant sur moi ? hurle-t-elle.

- Tu es mon amie, et je m'inquiète pour toi, je lui avoue sincèrement.

- En plus d'être pathétique, tu es un imbécile, s'esclaffe-t-elle en secouant la tête. Tu ne vois vraiment que la personne pour laquelle tu devrais t'inquiéter, c'est toi-même ?

Je suis déconfit. Je ne reconnais pas Stella. Pourquoi me dit-elle une chose pareille ?

- Si c'est à cause de Ben...

- Ben ?

- Oui, Ben ! Qu'est-ce qu'il y a entre vous ?

Elle me regarde, stupéfaite. Je me rends compte que j'ai dû paraitre jaloux en lui demandant ça. Je le vois à la manière dont elle me fixe. Une once de satisfaction apparait sur son visage.

- Ça t'embêterait qu'il y ait quelque chose entre nous ? me demande-t-elle.

- Ben est un gros connard qui a clairement de mauvaises intentions à ton égard, je lui réponds, essayant d'esquiver sa question. Pourquoi traine-t-il autour de toi ?

- Qu'est-ce qui te fait croire que c'est lui qui me tourne autour ? Peut-être est-ce le contraire...

Elle me provoque. Une nouvelle fois, des images d'eux ensemble apparaissent dans ma tête et me rendent malade. Je suis sur le point de vomir.

- Tu es plus intelligente que ça, je fais.

- C'est ce que tu penses, dit-elle avec cynisme. Tu as cette... image de moi, mais je peux te certifier qu'elle est bien différente de la réalité.

Je me lève du lit et m'agenouille en face d'elle, pour être à sa hauteur.

- Alors, dis-moi qui tu es ! Je veux te connaitre, je ne demande pas plus.

Stella scrute longuement mon regard. Mes yeux plongés dans les siens, je pourrais rester des heures à la contempler de cette manière. Mon ton suppliant semble la toucher. Encore une fois, son expression change.

- Tu devrais rester loin de moi... Rien de bon n'en découlera...

A ce moment-là, je me rappelle que Freddie avait dit quelque chose d'assez similaire.

- Peu importe ce que tu caches... je ne pense pas être capable de rester loin de toi, de toute façon, je lui avoue.

C'est la vérité. Voilà, je l'ai dite à voix haute. C'est ce que je ressens. Quoi que je fasse, elle est toujours dans mes pensées et semble s'y être installée indéfiniment.

- Tu auras beau me repousser de toutes les manières qui existent, je n'arriverais pas à...

Je ne trouve pas les mots. Stella pose sa main sur ma joue. Son contact est si doux que je ferme les yeux pour en apprécier la moindre seconde. Ça m'avait manqué. Rien que cette sensation efface instantanément le dernier quart d'heure qui vient de se dérouler. Je porte ma main sur la sienne, comme pour éviter qu'elle ne l'enlève trop vite. Je rouvre les yeux et constate qu'elle me fixe intensément. Je suis troublé. Une drôle de sensation nait dans mon estomac.

Lorsqu'elle retire sa main, je remarque qu'elle est tourmentée. Elle baisse la tête et fixe son plaid.

- Brody, dit-elle d'une voix hésitante.

L'inquiétude me reprend.

- Je veux te montrer quelque chose, finit-elle par dire après plusieurs secondes de silence.

Sa voix tremble. Elle a peur. Mon cœur bat plus vite que d'habitude. J'ignore pourquoi, mais j'appréhende la suite des évènements. Stella s'est toujours montrée tellement prévisible que je ne sais jamais à quel sauce je vais me faire manger.

- Écoute, tu n'es pas obligée de faire quoi que ce soit...

Elle commence à faire glisser la couverture sombre de ses épaules, jusqu'à ce qu'elle arrive au niveau de sa taille. A ce moment-là, elle s'arrête. Alors que je suivais ses mouvements, je relève la tête vers elle et remarque les larmes poindre dans ses yeux. Je pose mes mains sur les siennes.

- Stella...

Ma voix n'est que murmure. Peu importe ce qu'elle veut me montrer, je sens que c'est une épreuve pour elle.

- Ne le fais pas si tu ne veux pas...

- Je le veux... mais j'ai peur... peur de ta réaction.

Sa voix se brise sur le dernier mot. Peur de ma réaction ? Qu'y a-t-il sous ce plaid pour qu'elle soit si effrayée ?


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