Chapitre 22
Je suis de nouveau dans le bureau de Gallagher. Gibson a été prié de rester à l'extérieur mais, au vu de son expression déçue et mécontente, je vais passer un sale quart d'heure avec lui aussi.
- Je peux tout vous expliquer, je lui dis.
- Je pense en voir vu assez, dit-il sur un ton las. Je croyais que nous nous étions mis d'accord, tous les deux...
- Ce qui s'est passé n'a rien à voir avec...
- Vous étiez d'accord pour suivre les règles, non ? me demande-t-il, en me coupant la parole. Si je vous ai accepté au sein de mon établissement, c'est parce que je vous fais confiance. Vous semblez être un jeune homme intelligent. Je vous ai déjà prévenu pour ce qui est de vous mêler aux autres patients.
Étrangement, il ne mentionne pas la bagarre avec l'autre fumier.
- Mais pour mes recherches, j'ai besoin d'interagir avec eux, je me défends. Je pensais que vous le compreniez. D'ailleurs, vous m'avez vous-même autoriser à aller vers eux, avec une histoire à leur servir. C'est ce que j'ai fait.
- Je suis d'accord, mais lorsque je vous parle de suivre les règles, j'entends que lorsque vous êtes en groupe, comme pour la sortie en forêt, vous n'êtes en aucun cas autorisé à déserter pour quelque raison que ce soit. En plus, vous avez mêlé Freddie à votre mensonge...
Freddie... Oh, mon dieu ! Je n'ai plus pensé à lui. Je m'en veux terriblement.
- Il a essayé de vous couvrir, mais il n'est pas très bon à ce jeu-là, poursuit le directeur. Lorsqu'il a été questionné au sujet de votre absence, il a fait une crise d'angoisse. Nous avons dû lui administrer un tranquillisant afin de le calmer. Je crois que vous ne vous rendez pas compte de l'impact que le moindre de vos actes peut avoir dans un endroit comme celui-ci. Vous avez créé plus de problèmes en moins de vingt-quatre heures qu'au cours de ces six derniers mois.
Je ferme les yeux, saisi par un fort sentiment de culpabilité. Je n'aurais jamais dû demander à Freddie de mentir pour moi. J'ai une vague idée de la fragilité de son état, mais c'est pire que ce que je croyais.
- Est-ce que je pourrais aller voir Freddie ? je lui demande, peiné.
- Vous n'êtes pas autorisé à entrer dans la chambre d'un autre patient, mais c'est une règle que vous avez déjà enfreinte, si je me souviens bien...
Il est furieux et je le comprends. Je ne pensais pas que ce serait aussi compliqué d'être un faux interné dans cet institut. Je ne pensais pas rencontrer une personne aussi adorable que Freddie et encore moins lui causer du tort. Et Stella...
- Je veux seulement m'assurer qu'il va bien et lui présenter des excuses, j'insiste.
- Il vaudrait mieux que vous vous contentiez de faire vos recherches à la bibliothèque et que les seuls autres contacts se fassent avec l'équipe médicale. Ils vous fourniront toutes les données nécessaires à vos recherches. Je ne peux pas me permettre un autre faux pas de votre part. Si vous voulez rester ici, ce sera seulement à cette condition, est-ce bien clair ? Ce qui signifie que si je vous revois ne serait-ce qu'adresser un mot à un des patients, je me verrais dans l'obligation d'écourter votre séjour.
Je n'avais pas le choix. J'accepte sa proposition à contrecœur. Je dois mener à bien cette immersion, quitte à sacrifier l'aspect humain que je recherchais tant.
Gallagher se lève et me fait signe de sortir. Lors que je passe le seuil de la porte, Gibson m'attend de l'autre côté du couloir, adossé au mur, les bras croisés sur sa poitrine. Il arbore un air blasé sur son visage. Il se met à m'applaudir tout en s'approchant de moi.
- Alors là... Bravo, mon pote ! dit-il avec ironie.
- Gibbs, écoute...
- Non, toi tu vas m'écouter ! gronde-t-il. Je suis en train d'essayer de monter un putain de film, de constituer une équipe solide et de trouver des financements. Je suis vraiment à deux doigts de péter les plombs et devine qui m'appelle hier soir pour me prévenir qu'un certain faux patient s'amuse à déranger le fragile équilibre de cet institut?
- M'amuser ? Il se passe des choses vraiment glauques ici, je lui explique. Je ne pouvais pas rester le cul assis dans ma chambre et les laisser faire !
- Ta mission est de collecter le plus de renseignements possibles pour créer ton personnage. Ni plus ni moins, ajoute-t-il sur un ton un peu plus calme. Tu n'es pas venu jouer les justiciers !
- Peut-être, mais Stella avait besoin d'aide, j'insiste.
Il lève un sourcil interrogateur, en ayant un mouvement de recul.
- Stella ? En plus, t'as fait ça pour une fille ? s'indigne-t-il. Non, mais je rêve ! Tu es prêt à mettre tout ça en péril à cause d'une gonzesse ?
Le ton qu'il emploie ne me plait pas du tout, surtout quand il parle d'elle. Je le fusille du regard pour lui faire comprendre qu'il ne vaut mieux pas qu'il continue sur sa lancée.
- Écoute, je savais que tu étais un mec à problème, mais j'ai quand même pris le ris...
- "Un mec à problèmes" ? je répète, abasourdi. C'est vraiment de cette façon que tu me vois ? je m'offusque. Alors pourquoi tu m'as choisi, en sachant qui j'étais ?
- Malgré tout, tu es un putain d'acteur et je pensais que du plomb était rentré dans ta cervelle depuis le temps !
- J'ai changé ! Je ne suis plus le petit con que j'étais ! Si je l'avais été, je ne me serais jamais précipité dans cette chambre pour lui venir en aide...
- Oui, mais tu es quand même prêt à compromettre un autre patient pour arriver à tes fins... Écoute, je ne peux pas tout gérer en même temps. Jade aussi à eu quelques problèmes aujourd'hui et...
- Quels problèmes ? je demande, très inquiet, connaissant sa situation actuelle.
La colère qui déformait ses traits a fait place à de l'inquiétude.
- Pendant une entrevue, elle s'est faite agressée par une des détenues, m'avoue-t-il en baissant la tête. Elle lui a cassé un poignet et lui a ouvert l'arcade sourcilière. Elle est en ce moment même à l'hôpital.
Je pâlis. Je n'ose imaginer l'état dans lequel elle se trouve. Je ferme les yeux pour faire redescendre la colère qui monte en moi.
- Il faut que j'aille la voir, lui dis-je sur un ton intransigeant.
- Hors de question. Tu as une mission et tu vas t'y tenir, me répond-il sur le même ton, ne laissant place à aucune discussion possible.
- Merde, Gibbs ! C'est Jade ! Je dois aller la voir !
- Je te donnerais de ces nouvelles en temps voulu. Maintenant, tiens-toi à carreaux, que je n'ai plus à remettre les pieds ici !
Sur ces derniers mots -- ou ce dernier ordre -- il tourne les talons et s'éloigne, me laissant dans ce couloir, seul et désemparé...
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Petite note de moi n°1 : Bonjour à toutes et à tous ! Je suis désolée du retard que j'ai pris dans le post de mes chapitres, mais j'ai eu des journées très chargées dernièrement, me laissant très peu de temps pour me consacrer à vos fictions, à la mienne, à vos commentaires et aux miens... et j'espère que ce chapitre aura comblé cette attente... Encore désolée...
Petite notre de moi n°2 : C'est reparti pour les dédicaces ! Le chapitre du jour est dédié à @anonymabooks qui est une lectrice et une commentatrice de choc ! Merci pour ton engouement, ton soutien et tes petits mots qui me font très plaisir ! Alors, à mon tour, ce chapitre est pour toi et j'espère qu'il t'a plu :) Je vais me plonger dans ta fiction aussi et je vous invite à en faire autant :D
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