3 | 'PREMIERES ANGOISSES'
« Iwa-chan, si tu détestes autant mes fans, c'est seulement parceque les filles ne s'intéressent pas à toi ! »
Si Oikawa n'avait jamais semblé nécessaire d'avouer ses sentiments à son meilleur ami, c'était probablement parcequ'il pensait qu'il pourrait se satisfaire de leur relation actuelle. Il n'avait pas peur que son cœur lui fasse mal un jour ; Iwaizumi était toujours avec lui, ne l'avait jamais quitté. Il n'avait jamais prêté attention aux filles, aux adolescentes autour de lui, sûrement parceque la grande majorité d'entre elles léchaient les bottes de Tooru.
Bien qu'il ne l'admettrai pas, il trouvait ça étrange, quand il s'en faisait la réflexion. Iwaizumi était beau. Il ne comprenait pas pourquoi il ne recevait aucune lettre d'amour le jour de la Saint Valentin. Certes, Oikawa était plus éclatant que lui, mais ça ne voulait pas dire qu'il raflait tous les cœurs de son lycée. Peut-être qu'Iwaizumi leur faisait peur. Cette simple hypothèse le faisait toujours pouffer de rire.
Il n'avait donc jamais eu peur qu'un jour, quelqu'un puisse lui voler son partenaire.
Jusqu'à ce mercredi.
En cours de biologie, Iwaizumi était au front de la classe, les deux ayant été séparés après qu'ils se soient chamaillés trop bruyamment, ou qu'ils aient eu du mal à cacher leur fou rire persistant. Quand la sonnerie annonçant la pause déjeuner avait retenti, il avait sorti son bento de son sac et s'était dépêché de quitter sa place pour rejoindre son meilleur ami.
« Iwa-chan !
Le concerné arrêta de ranger ses cours pour l'examiner.
— Désolé Oikawa, je ne peux pas manger avec toi ce midi.
— Hein ? »
Ce fut à son tour de se figer net. Son sourire s'éclipsa, ses yeux étincelants tournant au trouble en un battement de cil. Il n'osa pas répondre, sachant que s'il osait rouvrir la bouche, il ne serait bon qu'à balbutier avec profusion.
Iwaizumi mangeait quasiment tout le temps avec lui.
Les seules fois où ils n'étaient pas ensemble, c'était quand Oikawa se faisait tirailler par d'autres de ses camarades, qu'il appréciait bien moins.
« Je dois retrouver quelqu'un. On a prévu quelque chose. »
S'il n'avait pas été aussi égaré, peut-être qu'Oikawa en aurait ri. S'il n'avait pas été aussi affolé, peut-être qu'il aurait tenté de lui tirer les vers de nez, qu'il se serait moqué. S'il n'avait pas eu aussi peur, Oikawa aurait pu faire beaucoup de choses.
À la place, il resta bêtement sans réaction.
« Hajime ! une voix féminine sembla évincer le silence qui traversait son esprit. Tout aussi contrit, il sentit ses yeux s'écarquiller. Il était à deux doigts de sentir tout son monde s'effriter.
— Ne m'appelle pas par mon prénom, je t'ai déjà dit, grommela l'adolescent concerné en se tournant vers la nouvelle arrivée. Il n'avait pas l'air si énervé.
— Pardon, pardon, c'est plus rapide c'est tout. »
Tooru osa lever le regard. Elle devait avoir leur âge. Une fille aux cheveux châtains, le front recouvert d'une frange coruscante. Ses yeux étaient tout aussi rayonnants, le bleu profond presque déstabilisant. Elle arborait un sourire qui donnait mal aux joues rien qu'à l'apercevoir.
Peut-être qu'il se faisait des films, qu'il s'inquiétait pour rien. Il essaya de se rassurer, mais ses pensées tournoyaient, envahissantes, assourdissantes.
« T'as une petite amie, Iwa-chan ? se força-t-il à rire, feignant le choc dramatique, comme s'il devait en rire. Sa voix tremblait.
— T'es con. Bien sûr que non. C'est juste Yumi.
— Ne me le dis pas comme si c'était une évidence ! s'étrangla-t-il. Il soupira. Il était à la fois soulagé, à la fois loin d'être rassuré. »
Peut-être était-ce tout simplement la réalisation qu'Iwaizumi ne serait pas à ses côtés toute sa vie, qu'il trouverait quelqu'un, qu'il l'abandonnerait, qu'ils ne se verraient plus.
Et qui sait si ce quelqu'un ne serait pas bientôt Yumi ?
Si lui était tombé pour son meilleur ami avec autant de facilité, son meilleur ami pouvait bien s'enticher de cette fille aux cheveux soyeux, aux iris pétillants.
« Bon, on se retrouve en littérature alors.
Oikawa crut qu'il allait vomir.
— Ouais, ok, s'entendit-il répondre. »
Il resta immobile, ses pieds enracinés dans le sol, alors qu'Iwaizumi se retournait, attrapait son repas et trottinait pour rejoindre Yumi, qui commençait à débiter sur un ton trop enjoué. Même une fois qu'ils furent hors de son champ de vision, il eut du mal à se rétablir.
Une fille de sa classe qui était restée manger le vit, et remarquant qu'il ne bougeait toujours pas, décida de tenter sa chance. C'est à ce moment précis qu'il décida de quitter la classe, les larmes lui montant aux yeux, ignorant la vie qui continuait son cours autour de lui.
C'était ridicule. Lui aussi avait d'autres amis qu'Iwaizumi. Ça ne voulait pas pour autant dire qu'il était amoureux d'eux.
Pourtant, il n'arrivait pas à se défaire de cette mauvaise impression. Son cœur était lié, sa gorge nouée, et il avança rapidement vers les escaliers qui menaient au toit, n'ayant certainement pas envie de rester dans un lieu public alors qu'il était au bord de la crise de nerfs.
Le toit était normalement interdit d'accès. Tooru n'était cependant pas un idiot, et avait très vite remarqué que la porte qui y menait n'était pas fermée à clé comme on aurait pu croire : la serrure avait été cassée quand il était encore en première année.
Il partit s'adosser contre le mur, afin de ne pas non plus être visible aux yeux de tous les élèves présents dans la cour, et se laissa glisser sans adversité. Il avait l'impression d'être une poupée de chiffon.
Il attrapa son téléphone qui vibrait en même temps de sortir ses baguettes, et jeta un coup d'œil au groupe que Kuroo avait fait avec lui et Bokuto.
Bokubro : OHH BROIKAWA
Bokubro : KAWA KAWA
Il avait eu peur de se sentir atrocement seul ce midi, mais en voyant le selfie de Bokuto devant son lycée, avec Kuroo derrière qui cherchait à lui faire des oreilles de lapin, il manqua de s'étouffer.
Kubro : T'as parlé à ton coach ?? On a du temps libre ce soir, si tu veux !
Il commença à taper frénétiquement sur son clavier.
Broikawa : J'en ai parlé, mais je sais pas si on peut ce soir ?
Bokubro : BAH ON EST DEVANT TON LYCÉE ALORS TU VIENS ET ON VA VOIR
Broikawa : maintenant ???
Broikawa : je finis de manger d'abord ??
Kubro : on te rejoint, t'es où =v= ?
Broikawa : sur le toit
Kubro : wtf
Bokubro : ON ARRIVE
Oikawa ne répondit rien. Il n'arrivait pas à déterminer s'ils étaient sérieux, s'ils allaient vraiment oser entrer, et s'ils allaient trouver l'entrée du toit.
Ça l'effrayait même un peu.
Il attrapa un de ses pains au curry, et commença à mastiquer anxieusement. Ses sourcils froncés, sans avaler la maigre bouchée qu'il continuait de mâcher, il n'arrivait pas à ignorer l'appréhension grandissante dans son estomac. Elle lui coupait la faim.
« HEY HEY HEY ! »
La porte du toit s'ouvrit dans un tonnerre de bruit métallique, et Oikawa manqua de s'étouffer en avalant de travers.
« Fais moins de bruit, idiot de Bokuto !
— C'est vrai, normalement on n'a pas le droit d'être ici, appela Tooru, et les deux étrangers se tournèrent dans sa direction.
— Oikawa ! il n'avait pas l'air d'avoir écouté les remarques, parceque Bokuto s'écria quand même tout aussi bruyamment.
— Je croyais que t'avais plein de fans, qu'est-ce que tu fiches seul ici ? remarqua Kuroo en se laissant tomber à ses côtés sans plus de réflexion.
— Je suis seul et j'ai le seum, avoua Oikawa en brandissant ses baguettes vers lui d'un geste accusateur, Mon meilleur ami m'a abandonné pour aller manger avec une fille.
— Ton meilleur ami ? Est-ce que c'est un meilleur ami comme Kuroo et Kenma ou c'est un vrai meilleur ami ? se moqua Bokuto. Ça lui valut un regard de travers suivi d'un feulement agacé. Il lui tira la langue et l'ignora, préférant porter toute son attention sur Oikawa.
— J'ai rien compris.
— C'est ambigu ou pas ?
— Arrête d'insinuer que moi et Kenma c'est ambigu ! s'étrangla finalement Tetsurō.
Tooru les empêcha de partir dans les tours. Sa voix était calme, peut-être même trop posée, alors que son regard se dirigeait vers son repas. Il était las, ses gestes à peine perceptibles, son expression dépitée.
— C'est pas ambigu ... En tout cas, pour lui, y'a rien d'ambigu.
Bokuto s'accroupit à son tour, intrigué. Il resta anormalement muet, examinant Oikawa comme s'il était un alien. Le châtain n'était pas à l'aise, devant son regard perçant. Il avait peur qu'il arrive à sonder son esprit juste en le fixant de cette manière.
— Tu l'aimes ? Tu sais, faut lui dire si tu l'aimes.
— C'est pas si facile !
— On n'a pas tous un Akaashi en face de nous, vieil hibou !
— Vous êtes deux gros nuls qui n'osent rien ! s'offusqua finalement Bokuto en se redressant.
— Ouais, fin là, si le fameux meilleur ami il traîne avec une fille, vaudrait peut-être mieux ne rien oser ... marmonna Kuroo en grimaçant.
— Dans ce cas, une seule chose à faire !
Le silence qui suivit son annonce eut l'air de lui plaire. Les deux adolescents encore assis le dévisageaient, visiblement ennuyés par ses envies de mêler du suspense à son discours.
— Il n'y a plus qu'à se jeter dans le volley ! »
Après tout, ils étaient venus là pour ça. Alors que Kuroo hochait vigoureusement la tête, tout aussi décidé à se défouler dans le sport, Oikawa fit la moue. Il n'était pas contre l'idée, et ce serait une honte de tenter de dire qu'il n'avait pas envie de passer des heures à s'éreinter sur le terrain, jusqu'à ce qu'il soit suintant de sueur et au bord du malaise. Seulement, jouer au volley-ball pour essayer d'oublier Iwaizumi, ça n'était à ses yeux pas la meilleure solution.
Après tout, c'était dans le volley qu'ils étaient le plus proches. Ils se connectaient, ils se comprenaient. Au volley, pour eux, les mots n'étaient plus nécessaires. Et Oikawa n'était pas sûr que cet état d'esprit l'aide à se relever.
Pour autant, ce serait aussi mentir que de dire qu'il n'avait pas envie de défier deux grosses équipes de Tokyo, le champion de Fukurodani, et le block de Nekoma. Ce simple fil de pensée lui donnait l'impression de bouillonner d'envie, de rage de vaincre. Personne ne pourrait lui retirer ça.
« Soit, conclut-il en souriant, Je finis de manger, et je vous amène voir le coach.
— Si tu veux, je peux t'aider à finir ton repas, si tu penses que tu seras trop lent, murmura Kōtarō, lorgnant ses crevettes frites avec une autre sorte d'envie.
— Rêve toujours, je ne partage pas la nourriture de ma maman. »
Ça fit rire Kuroo, alors que le ventre de son meilleur ami commençait à se faire entendre. Oikawa sourit. Rencontrer ces deux énergumènes, c'était possiblement la meilleure chose qui aurait pu lui arriver, étant donné la situation dans laquelle il se trouvait.
Grâce à eux, l'angoisse qui lui tordait l'estomac et la détresse qui l'avait attrapé quand il avait vu Yumi ne lui paraissaient plus aussi oppressants.
NDA : Une Yumi sauvage apparaît !!
Ahah, ma reine, je l'aime d'amour.
Y'en a qui vont m'en vouloir de la refaire apparaître dans une situation similaire à mon autre Iwaoi lol, toujours à s'immiscer dans leur couple on dirait (jk, ça se passera bien)
Bokuto et Kuroo be like : okay I pull up 🔥‼️
Mdrr, allez, eux aussi je les aime.
Hâte de vous voir la semaine pro !
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