Chapitre 7
Jonathan n'avait jamais aussi bien dormi que cette nuit-là. Roulé en boule dans une couverture de Maxime, il se détacha de ses problèmes pour sombrer dans un sommeil sans rêve.
Les deux garçons avaient passé la soirée devant un jeu vidéo, et Maxime avait eu la délicatesse de ne pas poser trop de question, mais Jonathan savait qu'il n'y couperait pas. Le lendemain, pendant le petit déjeuner, Maxime appela leurs deux autres amis et leur donna rendez-vous une heure plus tard à leur lieu de rendez-vous habituel, une aire de jeu pour enfant. Tant pis pour les cours : Jonathan n'avait pas décroché un mot de la journée, il était temps de faire quelque chose.
Comme convenu, les quatre amis se retrouvèrent dans le parc. Léo s'assit sur une balançoire, Jonathan sur la deuxième, Maxime en haut du toboggan et Alexis sur le tourniquet. Ce dernier avait un peu rechigné à venir, mécontent de louper une journée entière de cours, mais le ton insistant de Maxime avait achevé de le convaincre. Il fut le premier à prendre la parole.
- Alors, expliquez-vous les gars, qu'est-ce qu'on fait ici ?
- On est là pour Jonathan.
- Pourquoi ? Qu'est ce qu'il a ?
- Je vais bien.
- Arrête de mentir, on sait tous que c'est faux. Tu ne serais jamais venu dormir chez moi sinon. Et pourquoi tu ne portes pas tes lunettes ?
Honteux, Jonathan sorti les morceaux de ses anciennes lunettes de sa poche pour les présenter à ses amis.
- Merde alors ! s'écria Léo. Qu'est ce qui s'est passé ?
- Je les ai cassées.
- Mais pourquoi ?
- J'étais énervé.
- A cause du cours de sport hier ?
- Pas seulement. A cause de mes parents aussi.
- Qu'est ce qu'ils ont fait ?
- Ils voulaient...
Jonathan respira un grand coup, sentant les larmes revenir. Il se remémora la soirée de la veille. La dispute, la course, les pleurs, ses lunettes en mille morceaux sur le béton, les bruits de la ville, la voiture au coin de la rue. La douleur qui avait transpercé sa tête. Aujourd'hui il entendait parfaitement, mais il avait eu peur, si peur...
- Ils voulaient que j'aille voir un psy.
- Et en quoi c'est mal ?
- En quoi c'est mal ? Je ne suis pas malade, je n'ai pas besoin de psy !
- Ce n'est pas une question d'être malade ou pas, parler fait du bien, c'est tout. Tes parents voulaient juste t'aider.
- Mais je n'ai pas besoin d'aide !
- Ah bon ? Alors pourquoi tu es venu dormir chez moi ? intervint Maxime.
- Vous ne comprenez pas ! Mes parents souffrent à cause de moi ! Vous ne savez pas ce que ça fait d'être moi ! D'être dévisagé comme si j'étais un monstre ! De n'avoir personne pour vous comprendre !
- Parce que tu crois que c'est facile pour nous ? s'écria Léo. Tu crois que personne ne se moque de nous ? On est comme toi, personne ne veut de nous, mais on s'en fout de ce que peuvent penser les autres non ? Qu'est ce que ça peut bien leur faire qu'on soit différent ? Et tu dis n'importe quoi au sujet de tes parents ! C'est évident qu'ils t'aiment et qu'ils veulent de toi ! Si ce n'était pas le cas, ils ne te paieraient pas un psy !
Voir Léo dans un tel éclat de colère, lui qui d'habitue était si timide et renfermé calma Jonathan. Ses amis souffraient aussi. Ils étaient comme lui. Ils le comprenaient. Et lui n'avait été qu'un égoïste prétentieux à croire qu'il était le seul à avoir des problèmes.
- Il a raison, approuva Alexis. Moi j'ai de bons résultats mais à part vous, tout le monde me prend pour un intello et un fayot.
- Et moi je suis le "geek" de la classe, enchaîna Maxime. C'est vrai que je passe beaucoup de temps derrière les écrans mais c'est ma passion, et je ne suis pas idiot pour autant.
- Moi je n'ose pas aller vers les autres, acheva Léo, alors personne ne vient me parler.
Jonathan baissa les yeux vers ses baskets, honteux.
- Je suis désolé, s'excusa t'il. J'ai dépassé les bornes.
- C'est normal d'en avoir marre, Jo, mais ce n'est pas pour autant qu'il faut te laisser aller, ni te rejeter la faute. Tu n'y es pour rien si tu es hyper-sensoriel.
- Je sais. Merci les gars. Merci d'être là pour moi. Je vais mieux, je crois.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top