Jonathan s'effondra sur le banc, à deux doigts de perdre connaissance. Un sifflement suraigu persistait dans ses oreilles quand il se releva et les sons lui parvinrent lointain, comme étouffés. L'odeur brûlée des pneus lui embrumait encore l'esprit quand, affolé, il se leva et se mit à courir à la recherche d'un endroit plus tranquille. Il trouva refuge dans un parc vide, bouleversé par les évènements récents.

Il en avait assez. Il voulait rentrer, mais il avait peur de la réaction de ses parents. Il sortit son téléphone de sa poche et appuya sur l'icône des contacts. Il en avait huit en tout : ses parents, ses deux grands-parents, son oncle et ses trois amis.

Alex ne répondrait pas, il devait être en train de réviser pour le contrôle de demain. Léo n'avait presque jamais son téléphone sur lui. Mais Maxime devait être en train de jouer à Fortnite et conservait toujours son portable à proximité. Jonathan l'appela en priant pour qu'il réponde.

- Allo ?
- Maxime ? C'est toi ?
- Qui veux-tu que ce soit d'autre ?
- Oh mon dieu merci, je suis tellement heureux de t'entendre !
- Heu... T'es sûr que ça va vieux ?
- Tu peux m'aider ? J'ai vraiment besoin de toi.
- Qu'est ce qui se passe ?
- Je peux dormir chez toi ce soir ? S'il te plait, c'est vraiment important.
- C'est encore à cause de ta famille ?

Un blanc.

- Oui.
- Je demande à mes parents j'arrive.

Jonathan garda l'interphone collé à son oreille le cœur battant. Les sons lui parvenaient encore difficilement mais son mal de tête s'était estompé.

- Ils sont d'accord. J'ai prétexté un exposé à préparer pour jeudi.
- Merci ! Tu me sauves la vie !
- Tu es sûr que ça va ? Ta voix tremble.
- J'arrive dans vingt minutes !

Et il raccrocha. Il n'était pas encore sûr d'aller bien. En fait, il ne savait pas trop où il en était. Il sorti du parc, demanda son chemin à une dame qui passait par-là, pris le tram en fraude et arriva devant la porte de son ami une demi-heure plus tard. Transi de froid, il attendit que la mère de son ami lui ouvrir.

- Bonjour Jonathan ! Comment vas-tu ?
- Bien merci.
- Tu n'as pas pris ton sac ? Maxime m'a dit que tu dormais ici.
- Oui je... il me prêtera ce dont j'ai besoin, je n'ai pas eu le temps de me préparer.
- Ah bon... Tu peux le rejoindre, il est dans sa chambre.
- Merci !

Il lui passa devant sans plus de cérémonie et grimpa les escaliers. Il découvrit son ami en plein partie sur Fortnite.

- Jo ! T'en as mis du temps !

Il perdit son sourire en constatant l'état du garçon. Tremblant et sale, il semblait sur le point de s'effondrer de fatigue.

-  Allez viens, dit-il. On va s'occuper de toi.