Lettre du 30 avril 1937



30 avril 1937,

My love,


C'est à une danse que ressemblait depuis des mois la guerre en Espagne. L'un des camps faisait un pas en avant, obligeant son adversaire à reculer mais celui-ci finissait toujours par avancer lui aussi d'un pas, forçant l'autre camp à avancer à reculons. Et cela recommençais sans fin. Et, autour de ce couple d'ennemis, des badauds attroupés, Grande-Bretagne et France, main dans la main pour rétablir l'ordre, Allemagne et Italie, se tenant en retrait et rechignant à se positionner sur cette valse singulière, et bien d'autres.


Il y a quelques jours, tu as certainement vu ça dans les journaux, le contrôle des frontières terrestres et maritimes de l'Espagne est enfin entré en application et je pensais naïvement que ça changerait les choses, que grâce à cela, et peut être aussi au retrait des volontaires étrangers toujours au point mort, la fin de la guerre s'amorcerait.


Mais il faut croire que rien ne se passe jamais aussi simplement qu'on l'aurait pensé.


Tu as sans doute, non, pas besoins de douter, tu ne peux pas avoir échappé à cela. Tu as donc entendu parler du bombardement de ce petit village basque, Guernica. Les journaux l'ont déjà titré comme le plus meurtrier depuis le début de la guerre et comme le plus fourbe. Car les personnes décédées étaient de simples civiles, pas l'ombre d'une garnison, d'un régiment, ni même d'un seul militaire ne planait sur ce village.


Et sur les ruines fumantes de cette poignée de maison est née une rumeur, celle de l'implication allemande. Les nationalistes affirment qu'ils ne sont nullement impliqués dans ce bombardement et les gouvernementaux n'iraient jamais attaquer l'une de leur position. Il semblerait donc bien que coupable vienne d'ailleurs.


D'Allemagne ?


Nous en avons parlé après les cours avec mes amis et Louise et sommes tombés d'accord sur le faites que c'est l'hypothèse la plus probable car depuis le début du conflit ce pays, ainsi que l'Italie, était réticent à l'idée de la non-intervention. Et s'il est réellement derrière la destruction de Guernica alors le pacte est brisé et je ne sais ce qui pourrait arriver si l'Allemagne décidée d'intervenir officiellement dans cette guerre.


Celle sonnerait certainement la fin de la résistance des gouvernementaux.


Adrien pense d'ailleurs que si Bilbao chutent aux mains des nationalistes il leur sera très difficile, voir impossible, de retrouver un avantage et de contrattaquer. Les jours à venir nous en dirons certainement plus sur cette spéculation.


Louise, elle, ne se passionne pas pour cette guerre qu'elle trouve trop abstraite et incompréhensible. Elle n'arrive pas à saisir pourquoi ils se battent ni pourquoi les combats durent depuis si longtemps. Le matin elle me lit les articles concernant l'Espagne à haute voix avant de filer faire les mots croisés en buvant son café.


Non en ce moment ce qui la passionne et l'enflamme plus que tout c'est cette expédition que monte un professeur de l'Université. Elle a pour but de mieux comprendre les mœurs et les coutumes des habitants du Tibet et plus précisément de l'Himalaya. D'après Louise le professeur en question s'intéresserait surtout à la question de l'adaptation dans un milieu aussi hostile et elle m'a raconté que des chercheurs étudiants la faune et la flore, mais aussi l'histoire de ce pays serait aussi du voyage.


Mais lorsque je dis que cela la passionne et l'enflamme je suis loin, aussi loin que nous le sommes l'un de l'autre, de l'état véritable dans lequel se trouve Louise. Mon pauvre petit une pièce peine à accueillir tout les livres et documents qu'elle y a ramené. Tous traites de cette partie du monde, de son histoire, des religions y étant présentes, des animaux et des végétaux que l'on peut y trouver mais il y en a aussi parlant de l'alpinisme ainsi qu'une multitude de carte et j'ai bien peur qu'elle ne ramène bientôt des piolets et des cordes.


Elle ne parle plus que de cela et je commence très sérieusement à envisager la possibilité de l'entraver avec une camisole le jour du départ du dirigeable emmenant l'expédition jusqu'en Asie. La connaissant elle serait bien capable de se faufiler comme une petite souris clandestine pour réaliser ses rêves de voyages.


D'ailleurs en parlant de cela elle m'accompagnera certainement lorsque je rentrerais voir ma famille et toi, surtout toi, cet été. J'en ai parlé à mon père qui n'a visiblement rien compte, il a juste tenu à préciser qu'elle, ou il devrais-je plutôt dire car bien entendu je lui ai présenté Louise comme étant Louis, travail à la ferme.


Cela l'enthousiasme moins que le voyage en Asie mais elle m'abreuve quand même de questions variés allant de la traite de vache à la tonte des moutons en passant par le ramassage des œufs de poules. Pour tout te dire je ne pensais même pas qu'on pouvait poser des questions sûr un tel sujet et Louise à eut l'air singulièrement déçue lorsque je lui ais apprit qu'il suffisait de rentrer dans le poulailler et de glisser sa main sous une volaille encore à moitié endormi.


Là tu me crois certainement heureux et tu as peut être même hâte de la rencontrer mais cela va changer. J'étais dans le même état que toi au début, je nous imaginais travaillant tout les trois sous le soleil, ou sous la pluie, notre pays étant bien connu pour sa belle saison renommable « humide saison ». Je ne voyais tout le trois nous promenant dans la campagne. J'anticipais les jeux que nous pourrions tous les trois faires avec mes petites sœurs.


Tout les trois.


Toi, Louise et moi.


Toi et moi.


Elle ne sait rien à propos de nous. Elle a bien remarqué que je recevais régulièrement des lettres mais j'ai prétendu que c'était celle d'un ami. Or, s'il m'est facile de nous cacher à ma famille, je doute que cela soit aussi simple avec elle. Louise sait peut être peut de chose sur les relations amicales et amoureuses mais elle est loin d'être stupide. Si j'insiste pour être seul à seul avec toi, et je le ferais sois en certain, elle trouvera ça étrange, peut être pourrait-elle-même en parler à ma mère et à la tienne, sans vouloir mal faire bien sûr, juste pour chercher à comprendre.


J'ai pensé à me confier à elle mais même si je sais qu'il ne lui viendrait ni à l'idée de me dénoncer à la police ni à un psychiatre j'ai peur qu'elle me rejette. Soyons logique un instant l'autorité principale condamnant notre amour est l'Église et Louise a grandit parmi des religieuses. Mais auraient-elles mit en garde des petites filles contre les dangers de l'homosexualité ? Déjà qu'elles ne leurs parlaient pas de ce qui se passe durant la nuit de noce...Et puis Louise n'a jamais montré un grand amour pour la religion. C'est vraie le dimanche c'est toujours d'un œil dédaigneux qu'elle regarde les croyants se rendre à l'église et le jour où elle a trouvait une Bible dans ma bibliothèque j'ai eut le droit à un regard déçu.


Je voudrais savoir ce que tu en penses. Tu as toujours crains que quelqu'un le découvre pour nous et dés que tu n'es pas certain que nous sommes absolument seul tu ne t'autorise aucun geste ambigüe envers moi.


Je me souviens encore, c'était il y a presque cinq ans, tout au début de notre relation, tu t'étais fait violemment corrigé par notre professeur de mathématiques et il t'avait même gardé à la fin du cours pour continuer son humiliation. Lorsqu'il est sorti je suis entré dans la classe et tu étais là, tremblant de honte et les larmes coulaient le long de tes joues. Aujourd'hui encore je ne sais pas ce qui m'a prit mais je me suis approché et très naturellement j'ai embrassé tes larmes puis ta bouche.


C'était le soir, il n'y avait plus personne ni dans la classe ni dans l'école mais tu m'as repoussé si brusquement que je suis tombé sur l'estrade de l'instituteur et avant d'avoir eut le temps de me relever tu étais parti en courant.


C'est ce jour là que je me suis promis que ça resterait pour toujours notre secret et que je ferais tous pour le protéger.


Mais maintenant il y a Louise et cela change beaucoup de chose.



Néanmoins tu es là toi aussi et c'est également ta décision.


Je ne ferais rien contre ta volonté je te le promets.


Mais Louise et moi partageons tellement de choses, pour le moment nous n'avons rencontré aucuns sujets qui ne soit tabous dans nos discussions. Avant cela tu étais le seul avec qui j'avais connu cela.


Elle a même fini par me révéler l'histoire du carnet. Je voulais t'en parler plus tôt, j'avais prévu de le faire juste après le voyage en Asie mais, comme souvent, je me suis laissé emporter. C'était hier soir, nous étions rentré tard car Armand et Adrien avaient tenu à aller voir une pièce au théâtre et que le résumé avait plu à Louise qui m'avait entrainé. Et sur le chemin du retour nous avions croisé une de ces fêtes dansantes se passant dans un bar et nous nous y sommes arrêtés. Alors en rentrant j'étais exténué et je n'ai rien dit lorsque Louise est venue se glisser dans mon lit, inutile de bondir et de traverser la Manche pour t'en prendre à elle, je t'ai déjà expliqué ce qu'il en était. De plus elle fait cela souvent mais ne reste que rarement dormir avec moi. La plus part du temps nous parlons et lorsque ses yeux commencent à se fermer elle retourner dans son hamac.


Cette nuit là elle était allongé sur le dos, les yeux grands ouverts, un de ses bras passés sous sa nuque, l'autre reposant sur son ventre. Je ne l'ai regardé qu'un instant avant de rouler sur le côté et de fermer les yeux.


C'est à ce moment là qu'elle a commencé à parler et en l'entendant je me suis douté qu'elle allait encore se confier. Elle le fait toujours lorsque je ne peux pas la voir où lorsque quelque chose la dissimule, je crois que les regards, mon regard, la gêne.


Et par sa voix elle peignit derrière mes paupières closes un film saisissant de réalisme. Je ne sais si c'était à cause du sommeil ou parce qu'elle dévoila à ce moment là un talent insoupçonné de conteuse mais j'eus réellement l'impression de vivre ses souvenirs.


Ceux d'un homme de taille moyenne, en costume sombre et barbe soigneusement taillé qui, le chapeau à la main et un air humble sur le visage venait chercher une épouse pour son fils d'une vingtaine d'année. Il avait l'attitude calme et nonchalante d'un petit bourgeois sûr de sa fortune et de son rang mais comme souvent les apparences sont trompeuses. Car en partant il oublia malencontreusement sur la table d'un petit salon où il avait patienté un carnet.


Le carnet.


La petite Louise qui passait par là le trouva et s'en empara avant de gagner un placard où elle avait l'habitude de s'installer pour lire à son aise. Sur la première page elle reconnu le nom et le prénom du père du futur époux d'une des grandes qui l'aidait à nouer ses cheveux le matin.


Le bourgeois sédentaire était en fait un fier aventurier.


La fillette qu'était alors Louise n'avait aucune idée de l'immensité du monde extérieur ni de toutes les merveilles qu'il contenait. Pour elle le monde c'était cette vieille bâtisse en pierre, ce par aux arbres noueux et cette chapelle froide et lugubre. A travers ces pages elle découvrit une Asie mystérieuse et belle qui l'envoûta et l'attira à elle comme ces courtisanes qui, jadis, savaient charmer les plus grands.


Durant toute son enfance elle en rêva. En songe elle ne voyait que l'Asie et sa culture si opposé à celle Occidentale. Chaque fois qu'elle s'ennuyait en classe elle tournait la tête vers la fenêtre et le morne paysage devenait des montagnes et des temples en l'honneur d'un sage ventripotant.


Et maintenant elle veut monter une expédition semblable.


Cet argent dans le bocal, celui qu'elle rechigne tant à utiliser, elle le réserve pour cela : partir. Je m'en doutais déjà un peu mais je n'avais jamais osé lui poser la question car si je l'avais fait il aurait fallu que je brise ses songes. Car elle ne pourra jamais s'en aller avec le contenu de ce pot. Même si elle travaillait cinq ans au marché elle n'irait sans doute pas plus loin qu'Istanbul.


Mais cette nuit là, alors qu'elle était allongée prés de moi, je n'ai rien dit. J'aurais pu faire éclater son avenir fantasmé comme une bulle de savon mais je n'en ai rien fait. Elle est encore jeune, elle a bien le droit de rêver un peu, non ? La réalité la rattrapera bien assez tôt.


Alors voilà, maintenant nous savons. Est-ce que toi aussi tu avais imaginé quelque chose de plus palpitant ? Au final et, avec le recul que m'a apporté cette nuit, je trouve que c'est une jolie histoire, un très bon terreau à idéal impossible.


Je vais te laisser, je rédige cette lettre durant ma pause de midi et il est bientôt l'heure que je retourne en cours.


J'attends avec impatience, et appréhension, ta réponse sur Louise et notre relation.


Je t'aime et t'embrasse, maintenant que j'ai parlé de cet été j'ai hâte de rentrer et de te voir. Je t'embrasse encore, tendrement, et te dis au revoir.


Sean O.



Hello!!

Pleins de choses à vous dire dans ce mot de fin de chapitre!

Déjà Hymne à nos masques à dépassé les 2K de vues et les 400 votes donc juste...merci! Et merci également à ceux qui prennent le temps de commenter!

Ensuite suite à des soucis sur le compte chicken-on-a-raft l'interview de Sean a été effacé et bien sûr je ne l'avais pas enregistré sur pc. Donc est-ce que l'un de vous accepterez de faire l'interview de Sean ou de Louise? 

Bon maintenant le chapitre.

Déjà Guernica. J'étais obligé d'en parler car cela n'a pas fait les gros titres à l'époque, nan cela a fait des titres énormes, gigantesques même.

Enfin Louise.  Que pensez-vous de son histoire? J'espère que cela vous a plu. :)

Rendez-vous le 9 février pour la suite!!

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